Guerre des gaz, du chlore via le phosgène à l'ypérite (gaz moutarde)
Mots-clés :
Belgique, boite à grillons, bombes asphyxiantes, chlore, Fritz Haber, gaz, gaz moutarde, gaz ypérite, le groin de cochon, les protections, ypérite, Ypres, John Singer Sargent, masque à gaz M2, ARS 17,
Lire les articles :
Fritz Haber 1868 - 1934
Seconde bataille d'Ypres : 22 avril - 25 mai 1915
Les gazés 1918-1919.
Tableau de John Singer Sargent
Lire le document :
Georges Scott, premiers masques 1915
- Le 22 avril 1915, l'Allemagne utilise du chlore comme gaz de combat, violant l'interdiction décidé à la conférence de la Haye, en 1899.
- En 1916, à Verdun, d'autres gaz sont utilisés : le phosgène, mélange de chore et d'oxyde de carbone qui est plus toxique que le chlore seul.
- A partir de 1917, on utilise l'ypérite ou gaz moutarde (la première utilisation se fit près d'Ypres) à base de sulfure d'éthyle.
Le gaz moutarde doit son nom à son odeur, il est huileux, toxique et lacrymogène, il provoque des cancers des os, des poumons, et du larynx.
Au front, il attaque les muqueuses, brûle les poumons, il s'infiltre dans et sous les uniformes, provoque des ampoules sur la peau, y laisse des taches rouges qui peuvent se dévopper aussi à l'intérieur du corps, le rongeant et condamnant la victime à une mort lente.
De 1914 à 1918, 125.000 tonnes de produits toxiques
(chlore, ypérite) furent utilisés par les deux camps
causant la mort de 94.000 combattants.
Cliquez sur les vignettes pour un agrandissement.
Voir quelques pages de cet ouvrage :
http://www.amazon.fr/La-Grande-Guerre-chimique-1914-1918
L'attaque d'avril 1915
Le 22 Avril 1915, vers 17h00, les allemands libèrent près de 150 tonnes de chlore sur les alliés. Un nuage verdâtre d'une hauteur de dix mètres et d'une longueur de six kilomètres se dirige lentement sur les lignes françaises au nord d'Ypres, entre Bixschoote et Languemark.
Les attaques se produisent les 22, 24 et 26 avril, les 1, 5, 8 et 24 mai mais comme le vent tourna ensuite au sud-ouest, les Allemands cessèrent leurs attaques.
Les troupes du 87 DIT, de la 1er Division canadienne, de la 45e Division Algérienne du général Quiquandon seront les victimes des premières attaques d’un gaz (chlore) qui deviendra tristement célèbre sous le nom d’ypérite en 1917.
Ces attaques d'avril à mai 1915 feront 4.000 à 5.000 hommes chez les Alliés, suivant les sources.
Côté canadien.
Les pertes subies pendant la bataille par les trois brigades d’infanterie canadiennes, du 22 avril au 3 mai, furent presque égales : pour la première B.I.C. 1,839, pour la deuxième B.I.C. 1,829 et pour la troisième B.I.C. 1,838. Du 15 avril au 17 mai, les pertes de la division s’élevèrent à 6,341 et il y eut 1,556 malades évacués.
Le bilan de la guerre des gaz s'élèvera au niveau mondial à 95.000 morts.
Je n'ai pas trouvé d'articles de journaux relatant les attaques au gaz qui eurent lieu début mai 1915.
Carte montrant la progression allemande fin Avril 1915
Extrait de La Croix du 28 Avril 1915
Extrait du Journal des Débats du 26 Avril 1915
Extrait du journal, Le Matin du 28 Avril 1915
Article publié par L'Ouest-Eclair le 14 Décembre 1936
A mon avis, il y a 2 erreurs dans ce texte.
Il ne s'agit pas du 97 DIT mais du 87 DIT.
Il ne s'agit pas du 75 RIT de Rennes mais du 73 RIT de Guingamp.
D'après cet article de L'Ouest-France, 1120 hommes du 74 RIT et 926 hommes du 73 RIT sont morts dans cette attaque par les gaz.
Le 23 Avril 1915, le 74e RIT occupait les tranchées de 1ere ligne dans le secteur de l'écluse de Boesinghe. Il y a subit l'attaque par émission de gaz en provenance des lignes allemandes et y a perdu plus de 800 hommes. JMO 26N/790/1, page 48 et suite.
Lire le document :
Boezinge la première attaque de gaz
Le Télégramme, 13 juillet 2014
Hommage au 74 RIT de Saint-Brieuc
Voir l'article sur la seconde bataille d'Ypres :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/07/07/30202428.html
Gaz phosgène en 1916
Dans la bataille de verdun 1916, ce furent les obus à croix vertes qui furent utilisés. Les moyens de protection étaient rudimentaires et personne n'était préparé à une telle agression.
Il s'agissait d'obus de phosgène (qui provoquaient suivant la quantité inhalée : de la toux, de l'irritation et parfois de l'oedème aigu du poumon). Ultérieurement les Allemands utilisèrent des obus à arsine sternutatoire : croix bleu et finalement les obus à croix jaune emplis d'ypérite à effet vésicant.
Les résultats de l'hypérite en 1918 furent effroyables mais fort heureusement en 1916 on en n'était pas encore là. En 1916 à Verdun, ce furent donc les obus à phosgène qui furent employés. On peut dire que tout le monde fut désemparé aussi bien les soldats qui étaient pris de panique et qui ne savaient pas bien utiliser leurs masques rudimentaires, ne sachant quand les mettre et quand les retirer, que les médecins qui ne savaient que faire de ces gazés. Les services médicaux de l'arrière eurent des difficultés à se rendre maîtres de cette nouvelle agression.
Pages d'Orages d'acier de Ernst Jünger
Gaz ypérite en 1917
Rebaptisé gaz moutarde par les français, il fut utilisé pour la première fois par les allemands en juillet 1917.
L'yperite brûle les yeux et les poumons et pénètre dans le corps même sous les vêtements.
Extrait du Petit Journal
L'ypérite brute est un liquide brunâtre et huileux, pratiquement insoluble dans l'eau, qui dégage une forte odeur d'ail, de moutarde et de caoutchouc. L'ypérite distillée est pratiquement inodore. Elle est bien soluble dans les huiles, les graisses et les solvants organiques (alcool, acétone, éther).
Lire le document :
Voir les sites :
http://www.ecpad.fr/wp-content/guerre des gaz
http://lewebpedagogique.com/bsentier/langemarck-1915-la-guerre-chimique-commence/
http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/01/guerre des gaz.pdf
Lire les documents :
Mourir comme dans un piège à rats
Masques à gaz de la Grande Guerre
Obus à croix jaune, obus à croix bleu, obus à croix verte.
Les obus à croix bleu contenaient du cyanure et du chlore (emploi en 1915).
Les obus à croix jaune contenaient du sulfure d'éthyle dichloré,
Ces derniers (gaz moutarde) contaminaient la terre des combats, donnant des œdèmes partout où la peau était en contact avec le gaz, notamment aux latrines.
L'artillerie allemande utilise 34 millions d'obus toxique
entre juillet 1915 et novembre 1918,
l'armée française 17 millions.
Les protections
Dès le mois de mai 1915, des dizaines de milliers de compresses imprégnées d'hyposulfite de soude sont distribuées aux soldats anglais et français pour qu'ils l'appliquent sur leur visage en cas d'attaque. Puis viennent des tampons plus élaborés, avec ou sans lunettes intégrées, des cagoules avec visières, tandis que les allemands optent pour un masque de caoutchouc qui recouvre le visage et qui permet la respiration via une cartouche filtrante.
Ensuite, les masques à gaz au charbon actif furent utilisés.
Le Flambeau, 28 Août 1915
Larousse médical illustré, 1917
Les différents masques utilisés sur le front ouest
Apprenez à mettre votre masque à gaz correctement et rapidement.
Un des aspects les plus horribles de la Première Guerre mondiale fut l'utilisation de gaz de combat toxiques, que les forces allemandes utilisèrent pour la première fois à grande échelle en avril 1915 lors de la deuxième bataille d'Ypres, dans les Flandres, en Belgique. Pour se protéger, les armées se munirent rapidement de masques à gaz et de respirateurs. Cette affiche montre un soldat sur un champ de bataille, s'effondrant et se serrant la gorge après avoir été exposé au gaz de combat. Elle visait à informer les soldats sur l'utilisation appropriée des masques à gaz, et elle fut également placardée dans les usines où les masques étaient fabriqués pour souligner auprès des ouvriers l'importance de la perfection et de l'attention requises pour leur travail.
L'illustration fut produite par le lieutenant W.G. Thayer de la Division de défense contre les gaz de l'armée américaine, précurseur du Service américain de la guerre chimique (CWS) qui émit l'affiche. Le CWS fut officiellement fondé le 28 juin 1918.
Le dessin de Thayer servit également de frontispice à l'ouvrage Le gaz et les flammes dans la guerre moderne (1918) du major S.J.M. Auld, officier britannique détaché aux États-Unis comme conseiller sur la guerre chimique.
Cet ensemble de protections contre les gaz françaises, anglaises et allemandes illustre les trois générations de matériels employés ;
- les premières compresses, associées aux lunettes (1 à 4),
- les masques et cagoules (5 à 9),
- et enfin les masques « modernes » (10 à 12) utilisant une « cartouche filtrante ».
Masques allemands
La Science et la Vie, N°33 de juillet 1917
Masque à lunettes allemand
Ce masque est en cuir avec des protections occulaires en plastique et des fixations en acier.
Ce modèle est fabriqué entre 1915 et 1918.
« Dös bin ih kennst mi net ? » [C’est moi, tu ne me reconnais pas ?].
Dessin de Karl Maria Lechner (1890-1974).
Die Sappe, no 33, 1918.
Masques français
Masque à gaz M2 français, utilisé de fin 1915 à 1917
Etui de protection des masques
Avertisseurs de gaz
Boite à grillons
Les grillons étant particulièrement sensibles à l'hypérite,
la mort des grillons dans leur boite déclenche l'alerte.
Crécelle d'avertissement contre les gaz
Le groin de cochon
Nom donné au masque par les poilus.
A chaque alerte, les soldats s'en équipent. Ils apprennent à lire et à se battent avec ce masque. Ils en mettent aux chevaux et aux chiens.
Soldats français équipés de groins de cochon se préparant à l'assaut.
Chien de liaison muni d'un masque à gaz
Tableau de référence et d'entraînement aux agents de guerre chimique
Un des aspects les plus horribles de la Première Guerre mondiale fut l'utilisation du gaz toxique comme arme, que l'armée allemande introduisit pour la première fois à grande échelle lors de la deuxième bataille d'Ypres, en Flandre belge, en avril 1915. Les armées adoptèrent rapidement des masques à gaz et des respirateurs comme mesures de protection. Destinée aux soldats et Marines américains, cette affiche sur les agents de guerre chimique fut préparée par le lieutenant–colonel Walter P. Burn, expert en armes chimiques au sein de l'armée des États–Unis. Elle répertorie les principaux composés chimiques utilisés au combat, leur méthode de propagation, les effets physiologiques, les premiers soins à administrer en cas d'exposition, ainsi que d'autres faits pertinents.
Un des gaz les plus mortels employés durant le conflit fut le chlore, qui entraîne la mort en stimulant la surproduction de fluides dans les poumons, les noyant. L'affiche appartint au lieutenant William Frederick Nice, également connu sous le surnom de « Gunner Nice », de la 49e Compagnie du 5e Régiment de Marines. La compagnie était appelée « Devil Dogs ». Lorsque les États–Unis entrèrent dans la Première Guerre mondiale, Nice était déjà un vétéran avec 12 années d'expérience, ayant participé à des campagnes à Haïti, à Saint–Domingue, au Mexique et à Cuba.
Les hommes du 5e Régiment de Marines furent les premiers soldats américains envoyés en France après l'entrée des États–Unis dans le conflit. Un détachement initial arriva à Saint–Nazaire le 26 juin 1917, suivi du régiment tout entier le 3 juillet. La série de documents de la Première Guerre mondiale constituée par Nice est conservée dans les collections du Projet d'histoire des vétérans de l'American Folklife Center de la Bibliothèque du Congrès, dont la mission est de recueillir, de préserver et de fournir l'accès aux récits personnels des anciens combattants américains.
Bilan
Voir les liens :
http://www.guerredesgaz.fr/Pertes/Pertes.htm
http://archives.ecpad.fr/wp-content/uploads/2011/01/guerre_des_gaz.pdf
Le Miroir, 23 Avril 1916
Le Miroir, 27 Février 1916
Voir l'article sur Fritz Haber :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/01/13/33190597.html
Monument aux morts d'Ypres :
Aux morts du 48 ème Rég d'Infanterie, victimes des gaz asphysiants
Les chemins de la mémoire, Août/Octobre 2015
Pierre Baudry (1897-1918).
Croquis et dessins préparatoires pour le journal de tranchée Le Gafouilleur, 1917.
Crayon, encre et aquarelle sur papier.
Texte tiré du livre : 14-18, la Très Grande Guerre (le Monde édition)
Lire le document :
Masques à gaz de la Grande Guerre