Armistice : 11 novembre 1918
Mots-clés :
Alsace-lorraine, Armistice, Château de Francfort, Clemenceau, Forêt de Compiègne, Maréchal Foch, signature, Victoire, Vitry-Le-François, Foch, Allemagne, wagon, carrefour de Rethondes, 11 novembre 1918, Journaux,
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L'"Internationale" des Soldats inconnus
Du 26 octobre au 4 novembre 1918, les gouvernements de l’Entente définissent les conditions d’un armistice. Elles sont pour l’essentiel celles qu’a proposées Foch, qui impliquent l’évacuation de tous les territoires occupés, de l’Alsace-Lorraine, la livraison quasi totale de l’armement lourd et de la flotte, de 5.000 locomotives, des avions, l’occupation de la rive gauche du Rhin avec des têtes de pont rive droite.
Avec quelques difficultés, la délégation de plénipotentiaires allemands passe les lignes, le 7 novembre au soir. Le 8, elle est en forêt de Compiègne, à Rethondes. A 9 heures, reçue par le maréchal Foch dans son wagon-bureau, la délégation, après avoir clairement exprimé sa demande d’armistice, se voit notifier les conditions et un délai de 72 heures pour accepter ou refuser.
Durant cette période, les combats ne cessent pas, la guerre continue. Les Belges reprennent Gand, les Anglais Maubeuge et Mons, les Américains Sedan, les Français Rocroi et Mézières.
Le 11 novembre, à 5 heures du matin, les plénipotentiaires allemands signent la convention d’armistice dans le wagon. La délégation allemande est conduite par Matthias Erzberger, le général von Winterfeldt et le capitaine de vaisseau Vanselow. Lui font face dans le wagon l’amiral Sir Rosslyn Wemyss, Premier Lord de l’Amirauté britannique et le maréchal Ferdinand Foch. Le général Maxime Weygand assiste les deux plénipotentiaires alliés. Au lieu des “ propositions ” qu’ils attendent, les Allemands, “ à la merci des vainqueurs ” selon Foch, se voient soumettre des “ conditions ”. Aucune marge de négociation ne leur est laissée.
L’armistice est conclue pour 36 jours mais sera régulièrement renouvelé jusqu’au traité de paix du 28 juin 1919.
Dernières offensives alliées
Tableau de Georges Scott, 7 Nov 1918
Les drapeaux blancs de l'Allemagne.
Article publié par le Monde Illustré du 16 novembre 1918
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Historia Les parisiens se mettent à y croire
Les vaincus
La position de l'Allemagne
Dès début octobre 1918, les chefs militaires allemands sont encore convaincus qu’ils trouveront un moyen de sortir de la guerre sans être acculés à une demande formelle d’armistice, ce qui équivaudrait à une capitulation plus ou moins inconditionnelle. Mais, sans se concerter préalablement avec l’Allemagne et sans négocier, l’Autriche-Hongrie demande un armistice, qui est signé le 3 novembre 1918.
Dès lors, le 3 novembre à Kiel, et le 7 à Munich, par exemple, des mouvements insurrectionnels éclatent et des Soviets de soldats se constituent.
L’Allemagne vacille politiquement et risque de basculer dans l’anarchie… La « Révolution de Novembre » a débuté. Le 9, un soulèvement populaire éclate à Berlin. Guillaume II renonce à la couronne impériale et la République est proclamée. Le chaos s’empare du pays.
En Allemagne, la défaite est refusée. Le traumatisme est important. Les soldats allemands sont reçus en héros. La capitulation reste pour beaucoup incompréhensible, étant donné que l’Allemagne occupait encore, le 11 novembre, un territoire important, qu’elle a remporté la guerre à l’est et qu’aucun ennemi n’a foulé le sol de la patrie.
Pour certains, la responsabilité de la défaite revient aux « traîtres de l’intérieur » : la gauche (socialistes et communistes), le parlementarisme et/ou les juifs.
Retour à Berlin des troupes allemandes après la signature de l’armistice.
La légende du « coup de poignard dans le dos » (Dolchstoss) est née et les événements révolutionnaires d’octobre et de novembre 1918 ne feront qu’accentuer ce mythe. Un antisémitisme radical, alimenté notamment par la guerre, est donc davantage présent dans la population dans l’immédiat après-guerre.
Hitler et le NSDAP (parti nazi) utiliseront la défaite allemande pour alimenter la frustration de la population de ce pays. Ce phénomène sera encore amplifié lors de la signature du traité de Versailles en 1919.
Les derniers morts
Un des derniers soldats à mourir fut le Canadien George Lawrence Price, tué à 10h58 le 11 novembre 1918.
Côté français, Augustin Trébuchon, soldat au 415 RI fut tué le 11 novembre à 10h45.
Il est considéré comme le dernier Poilu mort au combat.
Sur sa fiche, la mention Tué à l'ennemi est antidatée au 10 novembre.
Pour les autorités militaires, il n'était pas possible de mourir pour la France le jour de l'armistice, jour de Victoire.
La signature de l'armistice
Dans un wagon en forêt de Compiègne, signature de l'armistice le 11 Novembre 1918.
Les 18 clauses de l’armistice du 11 novembre 1918
1 – L’armistice entre en vigueur six heures après sa signature par les belligérants.
2 – Évacuation immédiate de la Belgique, de la France et de l’Alsace-Lorraine dans un délai ne dépassant pas quatorze jours. Tous les soldats allemands occupant encore les zones en question après expiration du délai seront faits prisonniers de guerre si l’ordre d’évacuation n’est pas respecté.
3 – L’Allemagne abandonne aux puissances alliées 5.000 canons lourds, 30.000 mitrailleuses, 3.000 mortiers de tranchées et 2.000 aéroplanes.
4 – Sur la rive gauche du Rhin, les villes de Mayence, Coblence et Cologne seront occupées dans un rayon de 30 kilomètres aux alentours.
5 – Sur la rive droite du Rhin, une zone neutre est créée, d’une profondeur de 30 à 40 kilomètres, que l’Allemagne doit évacuer dans un délai maximal de onze jours.
6 – Rien ne doit être détruit sur la rive gauche du Rhin. Toutes les usines, chemins de fer, etc. doivent rester intacts.
7 – L’Allemagne abandonne aux puissances alliées 5.000 locomotives, 150.000 wagons et 10.000 camions.
8 – Maintien d’une occupation des troupes alliées sur le territoire allemand.
9 – À l’est, les troupes allemandes évacuent le terrain conquis et doivent se positionner derrière les frontières du 1er août 1914. Les délais sont indéterminés.
10 – L’Allemagne renonce aux traités de Brest-Litovsk et de Bucarest.
11 – Capitulation sans aucune condition des colonies allemandes en Afrique.
12 – L’Allemagne retourne les titres de propriétés saisis aux Trésors belge, russe et roumain.
13 – L’Allemagne retourne tous les prisonniers de guerre sans aucune réciprocité.
14 – L’Allemagne abandonne 160 sous-marins, 8 croiseurs légers et 6 cuirassés lourds ; le reste de la flotte allemande sera détenu dans les endroits portuaires des puissances alliées ou neutres.
15 – Garanties assurant la liberté de commerce, destruction d’éventuels champs de mines et évacuation des forts et diverses batteries jusqu’à ce que ces dernières soient occupées par les puissances alliées.
16 – Le blocus naval contre l’Allemagne reste en vigueur. Tous les navires allemands seront détenus.
17 – L’Allemagne renonce aux quotas imposés sur les navires marchands neutres.
18 – L’armistice est effectif pour une durée de trente jours.
Toutes les préfectures de France et le gouverneur d’Alger ont reçu ce télégramme annonçant l’armistice, signé dans la forêt de Rethondes près de Compiègne. Le ministère enjoint de faire sonner les cloches dans les villes et jusque dans les moindres hameaux, et de faire donner le canon.
Paris en liesse
Au Palais Bourbon, à 16 heures, Clemenceau lit les conditions d’armistice, salue l’Alsace et la Lorraine et rend hommage à la Nation.
Ce “ jour de bonheur ” ne peut faire oublier à l’ancien combattant,
revenu à la vie civile,
l’expérience tragique et le message dont il est porteur.
Il importe en effet que le courage et les sacrifices des soldats durant ces quatre années de guerre restent dans chaque mémoire.
Paris, place de l'Opéra
Paris, boulevard Montmartre
Paris, les grands boulevards
Voir le site :
http://www.paris-unplugged.fr/1918-larmistice-a-paris/
Journaux datés du 12 Novembre 1918
Charger les journaux du 12 Novembre 1918 :
Le Journal : http://gallica.bnf.fr/Le Journal
Le Matin : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k572712h
Le Petit Journal : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6220923.langEN
La Croix : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k260167v.langFR
Le Temps : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k243461v.langFR
L'Echo de Paris : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k809445m.langFR
l'Humanité : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k255461n.langFR
L'Ouest-Eclair : http://gallica.bnf.fr/ark:/l'Ouest-Eclair
Honneur à nos grands morts qui nous ont fait cette victoire.
Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu,
aujourd'hui soldat de l'humanité,
sera toujours le soldat de l'idéal.
Clemenceau, JO, Chambre des députés, séance du 11 novembre 1918
Le Journal, 12 Novembre 1918
Général Joffre : Notre retour est définitif.
Je vous apporte le baiser de la France
Conférence, donnée le 11 Novembre 1922, à Vitry- le - François,
Sous les auspices de la Municipalité par M. E. JOVY
Professeur Honoraire, Officier de l’lnstruction Publique, Conseiller Municipal,
A l'Occasion de la Célébration de l’anniversaire de l’armistice.
Cet armistice était l'œuvre de nos soldats qu'un irrésistible entrain emportait vers la terre allemande et qui en imposèrent ainsi à l'Allemagne la rapide signature. C'était eux qui, par leur vaillance, donnaient à la France ces magnifiques conquêtes sanctionnées par l'armistice – l’arrêt de mort, momentané, de la puissance militaire de l'Allemagne, l'effacement de la défaite de 1870, le retour à la patrie de l'Alsace et de la Lorraine, de Metz et de Strasbourg, les possibilités de développer notre influence, si nous savions tirer parti des événements, sur la rive gauche du Rhin.
Aussi bien devons-nous une gratitude éternelle à ces grands morts dont le sacrifice nous a valu de pareils trophées, à ceux, chefs et soldats, qui ont si noblement devancé leur destin pour la France dans les sillons bouleversés, dans les tranchées bourbeuses, dans les profondeurs des mers, qui ont donné tout leur être pour nous, qui pour nous ont versé « le sang de France », «les saintes gouttes du sang de la France éternelle » ! Honneur aux plus modestes, aux plus obscurs, aux plus minimes d'entre eux. Il n'en est pas un seul dont la mort n'ait aidé à délivrer notre pays, à affranchir l'humanité de cet idéal germanique et de cette pensée boche qui voulait s'emparer du monde entier et le façonner à son image.
Gratitude éternelle à nos mutilés ! Gratitude éternelle à nos prisonniers si souvent martyrs pendant leur captivité, que les Allemands si souvent faisaient mourir de faim, de fatigues, de mauvais traitements et qu'ils nous ont si souvent renvoyés exténués, affaiblis, émaciés, condamnés à une mort prochaine !
Gratitude éternelle enfin à tous nos chefs et soldats survivants qui, après avoir si longtemps opposé aux furieux assauts de l'ennemi leur inflexible énergie, leur inlassable ténacité, après avoir personnifié sur le front les vertus militaires de la race, sont destinés à être dans notre société civile les représentants des idées d'ordre, de discipline, e justice, de dévouement à la Cité et à la Patrie, d'expérience sociale !
C'est d'ailleurs ce que signifie la belle devise : « Unis comme au front ». Les anciens combattants indiquent ainsi qu'ils veulent maintenir cet esprit de concorde, de fraternité, d'entente, de serviabilité qui les unissait dans le danger, qu'ils ont aussi tout particulièrement ressenti dans le beau jour de l'armistice, qu'ils veulent donner à la société française, cette unité, cette union en quelque sorte torrentielle qui emportera toutes les difficultés et qui permettra à notre pays de poursuivre, ce qui paraît lui être si difficile maintenant, le cours de ses magnifiques destinées.
Le mot de César reste toujours vrai : Les Gaulois, pourvu qu'ils soient unis, peuvent défier l'univers.
Lire le document :
Les jours de guerre, Yves Pourcher
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La réintégration des provinces perdues s'amorce dès le lendemain de l'armistice.
Le 17 novembre, le général Hirschauer fait son entrée à mulhouse, le 18 c'est au tour de Messimy à Colmar, le 19 Pétain à Metz, le 22 du gégéral Gouraud à Strasbourg rejoint par Pétain le 25.