Poilus permissionnaires
Mots-clés :
Georges Léonnec, Jonas, Marco de Gastyne, Maurice Grare, permission, permissionnaires, Poilus, Steinlen, Téry, train des permissionnaires.
Lire les articles :
Les trains de permissionnaires.
Dessins de Ricardo Florès.
Les permissions permettent d'oublier un temps la difficulté des tranchées. Les permissionnaires retrouvent pendant quelques jours leur famille. Dans les régions rurales les permissionnaires sont happés par les travaux agricoles en attente. Dans les villes, les permissionnaires concentrent leur temps au divertissement : cinéma, restaurant, café-concert, music-hall, et à l fréquentation des débits de boisson, voire à la prostitution.
Les premières permissions furent données en octobre 1915 : courtes, durée de 4 jours.
Les permissionnaires sont tentés de prolonger parfois leur "perm", voire sont tentés par la désertion.
Ils sont passiblent du Conseil de guerre.
Le Matin, 20 Décembre 1915
Après les mutineries de 1917, le Général Pétain augmenta leur fréquence et durée : 10 jours.
Ceci lui valut de paraitre plus humain auprès des poilus et augmenta sa popularité.
Article paru dans Le Petit Parisien du 3 Octobre 1917
Voir le document :
http://gallica.bnf.fr/ark:/Guide du permissionnaire
Le Figaro, 3 octobre 1917
L'Illustration : poilus en permission sur les Grands Boulevards
L'Illustration, 31 Juillet 1915
L'Illustration, arrivée du permissionnaire.
Dessin de Lucien Jonas
Le Figaro, 9 août 1915
Le Matin, 28 Décembre 1915
Le Petit Journal, 12 septembre 1916
D'après L'Image de la guerre
Ces 3 dessins sont de Steinlen.
L'Illustration, 16 décembre 1916
Permissionnaire tenant une canne, Steinlen
Permissionnaires, gravure sur bois coloriée au pochoir de Paul Hermann, Juillet 1915
Poilu permissonnaire retrouvant sa famille
Pendant quatre jours, le poilu permissionnaire goutera la douceur du foyer retrouvé.
Il pavoisse en l'honneur des camarades.
Voir les documents :
Permissionnaires en gares parisiennes
http://france3-regions.francetvinfo.fr/permissionnaires
L'Intransigeant, 17 juillet 1916
Gazette Laloux, N°29, 1917
Le permissionnaire :
Ils en en avaient bougrement besoin,
les civils qu'on aille leur insuffler un peu de courage !
Faut bien aller les rassurer.
Dessin de Forain
Le frère est venu en permission.
Toute la ferme est en fête, tout en recousant les boutons du poilu,
examinant curieusement le casque des tranchées
et les divers effets d'équipement.
L'Œuvre, journal de Gustave Téry
Les Hommes du Jour, 19 Novembre 1916 N°451
Perm de 10 jours, à bientôt !
Aquarelle réalisée à l'armée par Maurice Grare en 1915
Article du Matin, le 21 Mai 1918
Lire les documents :
http://gallica.bnf.fr/Poilus permissionnaires
Train des permissionnaires
Les soldats se plaignent du maintien de trois classes dans les trains spéciaux, qui confirme une discrimination selon le grade et le mérite.
- La première classe est réservée gratuitement aux officiers, qui voyagent en réalité dans les trains de voyageurs jusqu’en octobre 1917, puisqu’il n’y a pas de voiture de première classe dans les trains spéciaux avant cette date.
- La deuxième classe, quant à elle, est encore ouverte gratuitement aux adjudants, adjudants-chefs et aspirants, puis s’ouvre à tous les combattants décorés de la Légion d’honneur à partir de la fin 1916.
- Tous les autres sous-officiers et soldats voyagent en troisième classe, sans confort, et doivent financer leur surclassement en seconde dans les trains commerciaux. Dans les wagons de troisième classe bondés et dépourvus de toilettes, de vives tensions règnent car les permissionnaires s’entassent comme ils le peuvent et sont souvent tenus de rester debout sur de longs parcours. Admis dans les trains commerciaux par défaut, quand il n’existe pas de desserte en train spécial, ils ont le sentiment de ne pas être traités à la hauteur de leur sacrifice.
Voir le lien :
http://www.archivespasdecalais.fr/Le-train-des-permissionnaires
Chanson du permissionnaire
Le Petit Journal, 22 Août 1915
L'Anti-Boche illustré du 14 Août 1915
Le poilu (qui retourne au feu) : Courage ! ...
Le Rire Rouge N°90, 5 Août 1916
Le Rire Rouge, 24 novembre 1917
La baïonnette N°22 du 2 décembre 1915, spécial Permisionnaires
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6580709r/f1.item
Dessin de Marco de Gastyne
Permissionnaire angoissé, dessin de Marco de Gastyne (1889 - 1982)
La Baïonnette, 2 décembre 1915
Dessin de Herouard
Dessin de Icart
Après son départ
Et qu'est-ce qu'il t'a raconté de la guerre, pendant ces six jours ?
Oh !...j'ai oublié de lui en parler.
Dessin de Georges Léonnec
Insomnie
C'est quand on a son mari tout le temps,
qu'on voudrait bien le voir quelquefois permissionnaire !
Le 9 Juillet 1915, un rapport de l'armée recommande aux permissionnaires qui vont avoir la joie de revoir leur famille de surveiller leurs paroles, de ne pas faire de récits terrifiants qui ne serviraient qu'à amollir le courage de leurs auditeurs et de diminuer la confiance du pays dans la victoire finale, qui est certaine.
Enfin, les permissionnaires ont un grand devoir à remplir. Que tous travaillent à augmenter le nombre de leurs enfants. Ils se conduiront en bon Français.
La Baïonnette, N°116 du 20 septembre 1917
Cartes humoristiques
Voir l'article sur Graine de Poilus :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/03/26/33565229.html
A bientôt, la rentrée au foyer - pour toujours.
Sexes en guerre
La guerre censurée, Frédéric Rousseau
Voir le lien :
La permission, un ressort essentiel du moral
Les soldats étaient affligés de « nostalgie », « mal du pays » et autres troubles nerveux. Les soldats cherchent à reproduire, surtout chez les ruraux, les structures sociales nombreuses qui les entouraient. Le moral flanche souvent : les soldats passent plus de temps à attendre la perm’ qu’à en profiter. Le fléchissement de 1916 est perceptible.
Surtout, la permission est ambiguë, car elle « fonctionne comme un substitut la paix, dont l’attente a peu à peu remplacé celle de la victoire » (215). Car les permissions « entérinent la prolongation de la guerre » (216) et « signent la perte des illusions d’une paix prochaine » (216). La permission est une obsession pour les soldats. « Nous y rêvons la nuit, nous y pensons le jour », dit une chanson. C’est en même temps un point d’ancrage des projets familiaux, et de l’envie de s’amuser.
Par ailleurs, c’est au moment de la perm’, qu’on parle de vie et de mort. La hantise de se faire tuer renaît avant la perm’, qui est perçue comme un « brevet de vie » (221). Souvent, cette parenthèse du front est vécue comme une hallucination, et garde une dimension morbide. L’attente du départ est terrible, provoquant des sentiments contradictoires et violents. Jusqu’en octobre 1916, on ne part que si les autres reviennent : c’est un moyen, pour l’armée, d’éviter les désertions via le sentiment d’abnégation. Malgré l’ambivalence des sentiments, la perm’ permet de donner aux hommes un objectif personnel à court terme, dans une logique « de survie émotionnelle, trait universel des individus en situation de crise » (227).