Théodore Botrel, le chansonnier des armées
Mots-clés :
Botrel, Bretagne, chansons de chez nous, chansons de route, chansons en sabots, Dinan, La Paimpolaise, les chants du bivouac, Pont-Aven, Tranchées. chansons,
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Les refrains de guerre de Botrel
Théodore Botrel, une vie en chantant
1932, Pont-Aven rend hommage au barde Théodore Botrel
Les Chansons de la Grande Guerre, par Albert Larrieu
Théatre et revue aux armées
Rosalie !
Né à Dinan le 14 septembre 1868, Théodore Botrel passe son enfance en Bretagne. Il suit ensuite ses parents à Paris où, après plusieurs petits métiers, il est embauché par une compagnie de chemin de fer qui lui laisse du temps pour se consacrer à la chanson.
C'est à Montmartre, au cabaret Le Chien Noir, qu'il débute. Présenté comme un chansonnier breton, il ne tarde pas à se forger un répertoire pseudo-folklorique, et à se produire sur scène en costume régional, un exotisme qui séduit le public parisien. Le succès de Mayol en 1895 avec une de ses chansons, "La Paimpolaise", assure à Théodore Botrel une reconnaissance incontestée. Mayol, qui voit sa carrière lancée avec ce titre, interprétera d'autres de ses chansons, en particulier le sentimental "Lilas blanc" en 1904.
Le premier recueil de chansons édité par Théodore Botrel en 1898 se vend à plusieurs dizaines de milliers d'exemplaires. Présentant à travers ses chansons une vision traditionaliste de sa région, le "barde breton" a également chanté la chouannerie, avec "Les Mouchoirs rouge de Cholet" ou "La Fleur de Lys" (interprété aussi par Eugénie Buffet).
Membre de la Ligue Patriotique de Paul Déroulède, il joint sa voix au courant belliciste et revanchard, et écrit dès 1914 des chansons aux titres évocateurs, "La Kaiseriole", "Au front", "Tant pis pour eux", dont la plus connu reste "Rosalie", du nom de la baïonnette des soldats français. Il est décoré pour avoir chanté devant les soldats pendant la Première Guerre mondiale. Il décède le 26 juillet 1925 à Pont-Aven en Bretagne.
Portrait de Paul Jobert
Théodore Botrel né en 1868 à Dinan, décédé en 1925 à Pont-Aven.
Article du Monde Illustré du 17 Juin 1899
Botrel, soldat du 41 RI de Rennes
Botrel, né à Dinan-22 en 1868, est le fils d'un forgeron pauvre. Il entre aux Chemins de Fer comme employé. Le soir, il se produit sur la scène des modestes cafés-concerts de Dinan.. Le succès, viendra en 1895 lorsque Mayal interprétera La Paimpolaise. A la déclaration de guerre en 1914, il a 46 ans. Il ne sera donc pas mobilisé autrement que comme artiste aux armées, ce qui lui permet d’échapper à cette réalité qu’il met si joyeusement en musique.
Le 41e RI, régiment de Théodore Botrel. Carte postale. Collection J.-Y. Coulon.
http://enenvor.fr/eeo_actu/wwi/chansons_du_temps_de_guerre_botrel_et_les_autres.html
Une croix dans la tranchée
Nous suivions la tranchée à vingt mètres des Boches,
Silencieux, le dos voûté, le pied glissant.
Et les canons « tapaient » là, près de nous, si proches
Que le vent des obus nous fouettait en passant.
Nous voyions, à travers les créneaux, La Boisselle,
Son petit cimetière et son ilot brumeux :
Paysage banal qu’un frôlis de ton aile
A fait sublime – Ô Gloire ! et pour jamais fameux.
Nous bonjourions les gâs bretons du dix-neuvième
A leurs postes d’écoute au bout des longs boyaux :
On se disait deux mots – « brezonnek » parfois, même –
Les « Tiens bon ! » se croisaient avec les « Kénavos ».
Quand, tout à coup, je vis au ras de la tranchée
Une petite croix faite avec deux roseaux :
Croix sans date et sans nom, timidement cachée
Comme en font les enfants sur les tombes d’oiseaux.
Qui donc était ce mort ? Quand tomba-t-il ? Mystère !
Il était de ceux-là qu’on note « disparus »
Et qui, devant les yeux des remueurs de terre,
Sous un coup de leur pic, un soir, sont reparus.
On ne dérange pas le corps du camarade :
On salue, on se signe et le travail reprend ;
Si bien qu’il reste encor (là sous la fusillade
Soldat jusqu’au-delà du tombeau) dans le rang !...
…Et devant l’humble croix, saisi d’un trouble étrange,
Je me sentis jaloux de ce mort radieux
Qui, face à l’Ennemi, dans son linceul de fange
Dormait le grand sommeil des héros et des dieux !
Voir les liens :
http://botrel-jean-francois.com/Theodore_Botrel/Sommaire.html
http://www.cpa-bastille91.com/cartes-postales/theodore-botrel/
http://www.cparama.com/forum/serie-theodore-botrel-t8717.html
http://collections.banq.qc.ca/bitstream/52327/1987071/1/0000238702.pdf
http://www.dutempsdescerisesauxfeuillesmortes.net/botrel theodore.htm
Ses œuvres
Ses chansons sont principalement Folkloriques, patriotiques et religieuses.
Elle sont réunies par thémes :
- Chansons de chez nous,
- Chansons en sabots,
- Chansons en dentelles
- Chansons de la fleur de lys,
- Chansons en dentelles
- Chansons pour Lison
- Chansons des clochers à jour
- Chansons de Jean-qui-chante
Sans compter les poésies, contes et légendes, les 'Coup de clairons. On compte plus de 400 chansons !
Il soutient les soldats de la guerre 14-18 en donnant de nombreuses représentations.
Chansons de chez nous, 1898
Ce recueil, Chansons de chez nous fut couronné par l'Académie française en 1898.
Voir le lien :
http://gallica.bnf.fr/Chansons de chez nous
I
Enfin ! te voilà revenu
Mon pauvre gâs, de la grand'ville !
La goule pâle, à moitié nu,
Le cœur mort et le corps débile
Reprends ta veste et tes sabots,
Chante tes chansons de naguère ;
T'as encor des jours longs et beaux
A vivre auprès de ton vieux père :
Notre petit coin est si doux !
Pour vivre heureux, restons chez nous !
II
Lorsque tu t'en fus, je t'ai dit :
« Reste, mon Yvon! » et la cloche
Sonna l’Angélus de midi
Avec un air de doux reproche ;
Nos pommiers te tendaient leurs bras
Chargés de bouquets blancs et roses.
Mais, alors, tu n'entendais pas
La voix des êtres et des choses :
Notre petit coin est si doux
Pour vivre heureux, restons chez nous !
III
Tu croyais ben trouver.. là-bas,
L'Amour, la Joie et la Fortune
Mais le Soleil que tu trouvas
N'était qu'un pâle clair de lune !
Pourquoi, si loin, aller chercher
Le vrai Bonheur qui ne peut être
Qu'à l'ombre du joli clocher
Qui, l'un et l'autre, nous vit naître ?
Notre petit coin est si doux !
Pour vivre heureux, restons chez nous !
IV
Tu sais que de nos vaillants bœufs
La force s'est encore accrue :
Toi, tu marcheras auprès d'eux;
Moi, je guiderai la charrue.
Puis, l'hiver, du matin au soir,
Nous irons semant à mains pleines
Les grains de seigle ou de blé noir,
Espoir des récoltes prochaines.
Notre petit coin est si doux !
Pour vivre heureux, restons chez nous !
V
L'Eté venu, tu goûteras
Comme jadis la joie extrême
De faucher à longs tours de bras
Le blé que tu semas toi-même ;
Et puis le soir, avec lenteur,
Nous fumerons notre pipée
Durant que monte la senteur
De l'herbe fraîchement coupée.
Notre petit coin est si doux !
Pour vivre heureux, restons chez nous !
VI
Mais. trouves-tu pas, pour nous deux
Un peu grande la maisonnette?
Si, comme autrefois, tu la veux,
Que n'épouses-tu l’Yvonnette ?
Hé?... tu souris : Dans quinze jours
Nous ferons la noce, j'espère !
Et, si Dieu bénit vos amours,
Je serai donc, enfin, grand-père !
Notre petit coin est si doux !
Pour vivre heureux, restons chez nous !
VII
La chose qui te manquera
C'est la Foi dont ton âme est veuve.,
Mais notre Recteur te fera
Une belle âme toute neuve :
Demande-lui de te bénir
Pour que le Roi de tous les êtres
Te laisse aimer, rêver, mourir
Dans le lit-clos de tes Ancêtres !
Notre petit coin est si doux !
Vivons ! Aimons ! Mourons chez nous !
Chansons en sabots, 1901
http://gallica.bnf.fr/Chansons en sabots
Les chants du bivouac, publiés en 1915.
Le Miroir, 7 Mars 1915
L'Image de la guerre, juin 1915
Lire la préface de Maurice Barrès :
Page 1
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Page 61
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Page 105
Page 209
Page 165
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Page 241
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Chansons de route, 1915
Voir le lien :
http://fr.wikisource.org/wiki/Livre:Botrel_-_Chansons_de_route,_1915.djvu
TABLE DES MATIÈRES
Préface : « Trois auditoires de Botrel » (Eugène Tardieu).
Pages
1. Chantons légèrement ! Chanson-Préface 21
2. Sur les routes du Kaiser 27
3. La « petite maman » 33
4. Avec mes sabots 39
5. Le petit prince soldat 45
6. La messe au camp 49
7. Crucifié ! 55
8. Italie, écoutez-moi donc ! 59
9. Résurrections ! 65
10. Dans la boue… 69
11. Si le Kronprinz avait voulu 77
12. Les « bleuets » 83
13. Le soldat-prêtre 89
14. La chasse au loup ! 93
15. Printemps de guerre 99
16. Le drapeau de Jacques Bonhomme 103
17. La vierge du clocher d’Albert 109
18. Il pleut, il pleut des bombes !… 113
19. Jean-Sac-au-dos 119
20. La marche des « Poilus » 123
21. Les mains bénies 129
22. Le pain K K 133
23. La douleur du drapeau 139
24. Des chacals, non des lions ! 143
25. La victoire double, double… 147 Pages
26. La grosse Bertha 153
27. Arock, Bretonel !… 159
28. En avant, Bretons !… 161
29. Le sourire de Mireille 165
30. Les A… E… Ou… Us ? 169
31. Dans la houle des blés 175
32. Si je meurs ici 179
33. Au front 183
34. Dunkerque, après Reims 189
35. Le convoi de ravitaillement 192
36. La crève-aux-Boches 203
37. Le « refrain » du 41e 209
38. Le « Kamarad » 215
39. Lettre a l’ambulancière 221
40. Les « quatre jours » 227
41. Une croix dans la tranchée 233
42. Les cuistots 237
43. Le retour du roi-héros 243
44. « Jean Gouin » 247
45. L’Horatius Coclès Breton 253
46. Noël a Jeanne 257
47. Salut a toi, mon régiment !… 263
48. Le « Lusitania » 267
49. Les gas axphyxiants 273
50. Les vins du Rhin 277
51. Nous pleurerons nos morts, demain !… 283
52. En passant par ton Berlin 287
53. Tant pis pour eux !… 293
Au front, 1915
Témoignage du Général Joppé envers Botrel
Chanson écrite par Botrel pour la journée du Finistère, le 10 octobre 1915
Le 25 juillet 1925
L'Ouest-Eclair, 28 Juillet 1925
Description : Stèle en granit blanc de Bourgogne. Une fontaine et un bassin semi-circulaire entourent le monument. Localisation à l’origine : Paimpol, place de la Vieille-Tour (Côtes-d’Armor).
Inscriptions : sur la face principale de la stèle : THEODORE BOTREL 1868-1925, sur l’arrière : Paris / Paimpol / Canada / Belgique / J’aime le parfum de la Paimpolaise / Son église et son grand pardon / J’aime surtout la Paimpolaise / Qui m’attend au pays breton, sur la stèle, en bas à gauche : Pierre Lenoir, sculpteur 1928.
La Dépêche de Brest, 28 Juillet 1925
Sa tombe porte pour épitaphe : « J’aime, je chante, je crois ».
Statue de Botrel, square Botrel, Pont-Aven
Le Bretagne touristique illustrée, 1931
Voir l'article sur la chanson de la Grande Guerre :
http://87dit.canalblog.com/archives/2013/03/09/26603845.html
Hommage à Clemenceau
À Théodore Botrel
C’est la croyance populaire !
On dit que les chansons de bord
Font danser dans le ciel polaire,
Les blanches aurores du Nord.
On dit aussi que la cadence
De la rame et des avirons,
Ralentit ou presse la danse,
La danse ronde des Clairons.
Botrel, plus grande est la magie
De tes refrains évocateurs,
Ô quelle merveille surgie
Dans nos esprits et dans nos cœurs !
Comme un preste vol d’alouettes
Qu’éveillent les pas du semeur ;
Comme une bande de mouettes
S’enlève au rythme du rameur,
L’essaim doré de nos légendes,
Nos cantilènes d’autrefois,
Vieux noëls, berceuses normandes,
Ouvrent leurs ailes à ta voix.
Entends-tu la note lointaine,
Perçois-tu le frais gazouillis
Du rossignol de la Fontaine,
Du rossignol des Bois Jolis ?
Écoute la Belle Françoise,
Qui veut toujours s’y marier,
S’y marier dans sa paroisse,
Et qui se fait toujours prier.
N’entends-tu pas la Belle Rose,
La belle rose au rosier blanc,
Qui désire et veut, mais qui n’ose
Offrir son petit cœur tremblant.
La Belle Rose me repousse :
La mignonne attend, pour s’ouvrir,
Que le petit doigt de ta Douce
S’en vienne en passant la cueillir.