Citroën Javel, usine de guerre
Mots-clés :
Munitionnettes, obus, Citroën, balles de plomb, atelier, dames de Javel, André Citroën, usines de guerre. usine Citroën, femmes,
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En 1916, le Gouvernement charge un Comité du Travail Féminin de recruter des ouvrières, de les acheminer vers les lieux de production et d’organiser leur hébergement.
Des patrons, tel André Citroën, et surtout des oeuvres philanthropiques, aménagent des foyers-cantines, des coopératives, des crèches et des dispensaires.
En 1917 puis en 1918, les munitionnettes participent, nombreuses, aux grèves organisées par leurs consoeurs de la confection pour obtenir de meilleurs salaires et le retour de leurs maris. Dès 1919, 500 000 ouvrières sont renvoyées des usines d’armement avec une maigre indemnité.
Les salaires féminins baissent tandis qu’on fait l’éloge de la mère au foyer.
Les munitionnettes doivent laisser la place aux hommes revenus du front et contribuer au repeuplement de la France !
André Citroën, 1878-1935
Après un passage aux automobiles Mors, l’ingénieur André Citroën crée en 1912 une fabrique d’engrenages (origine du chevron). Il voyage aux Etats-Unis où il visite les usines Ford. En 1915, il fait construire une usine quai de Javel à Paris pour produire des obus. Après la guerre, il revient à l’automobile. De nouvelles usines sont ensuite créées à Levallois (1922), Saint-Ouen (1924), Clichy (1925).
Usine Citroën, 143 quai Javel, Paris 15 ème
Dès le début de la Grande Guerre, il apparaît que les arsenaux de l’État ne sont pas en mesure de faire face aux besoins en munitions. Afin d’y remédier, André Citroën, déjà présent à Grenelle, propose au Gouvernement de créer une usine uniquement destinée à la fabrication d’obus de 75 mm. Le marché est conclu en février 1915 et des terrains - essentiellement maraîchers - sont rapidement acquis à Javel.
La production intensive de munitions, qui atteindra vingt-six million d’obus, est confiée en grande partie à du personnel féminin, les munitionnettes, qui suppléent l’absence des hommes partis au front. En compensation de conditions de travail difficiles, des mesures sociales sont mises en œuvre, qui feront de l’usine de Javel un modèle du genre (infirmerie, pouponnière, cantine, coopérative…) et, en matière d’organisation du travail, une vitrine pour les visiteurs de marque et les délégations étrangères.
Type d'obus fabriqué à l'usine Citroën Javel
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http://gallica.bnf.fr/ark:/Citroën Javel
Les « dames de Javel »
Dures à la tâche, les 6 000 femmes de l'usine d'André Citroën pouvaient au moins compter sur un patron « social », et plutôt novateur en matière de relations humaines : André Citroën installe douches et vestiaires, cantine et infirmerie, ouvre une crèche et une pouponnière sur place, distribue des primes de naissance ou de convalescence, améliore les prestations sociales.
Voir le lien :
On les appelait « les munitionnettes ». Jeunes filles, mères et épouses, entre 1915 et 1918, elles ont « travaillé comme des hommes, onze heures par jour, sept jours sur sept, à fabriquer les obus pour la grande boucherie ». Dans la voix émue d'André Lalanne, le président de l'association des anciens de Citroën, c'est un chapitre méconnu de l'Histoire qui prend corps. La France des poilus manquait d'hommes et de bras autant que de munitions pour affronter l'artillerie allemande. « On était passé d'une guerre de positions à des duels d'artillerie », continue André Lalanne.
Le salut arrive alors par un jeune capitaine d'artillerie, qui réussit à convaincre le ministre de la Guerre de son projet, inspiré du procédé de fabrication américain du constructeur auto Ford : André Citroën crée une usine, sur 15 ha de friches bordant le quai de Javel, et promet d'y produire de 5000 à 10000 obus par jour. « Un obus de plus, ce sont cent vies françaises sauvées », disait André Citroën. Tous les hommes sont au front? La main-d'Å?uvre sera féminine, en équipes de jour et de nuit. Car le temps manque autant que les shrapnells, ces obus de 75 que Citroën produira sur le site de Javel. « Au début, ce fut 10000, à la fin, elles en fabriquaient 50000 par jour, dans le bruit et les dangers des machines et des presses hydrauliques », complète André Lalanne, l'un des principaux artisans de l'hommage rendu cet après-midi : une plaque au souvenir de ces « dames de Javel », apposée au collège André-Citroën de la rue Saint-Charles (XVe)*.
Dures à la tâche, les 6 000 femmes de l'usine d'André Citroën pouvaient au moins compter sur un patron « social », et plutôt novateur en matière de relations humaines : André Citroën installe douches et vestiaires, cantine et infirmerie, ouvre une crèche et une pouponnière sur place, distribue des primes de naissance ou de convalescence, améliore les prestations socialesâ?¦ Vrai, c'est aussi grâce à elles que la France a finalement gagné sa guerre.
« Cette plaque est la reconnaissance de plusieurs générations à ces femmes patriotes et déterminées, qui se sont dévouées pour le salut du pays », estime Philippe Goujon, maire du XVe.
Ne nous installons pas dans la guerre,
mais organisons-nous dans la guerre.
Le Miroir, 29 juillet 1917