Le Centre d'aérostation maritime (CAM) de St-Viaud, Loire-Atlantique
Mots-clés :
St-Viaud, Amérique, Bretagne, CAM, dirigeables, Ville en Bois, Base aérienne de S-Viaud, ballon captif, Capitaine Caussin, Zodiac, René Moritz, Dirigeable Astra-Torrès, CAM Paimboeuf,
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Les saucisses, dirigeables pendant la Grande Guerre
Je remercie un ancien élève d'Avril, habitant près de Nantes pour sa contribution à la rédaction de cet article.
L’aéronavale française multiplie le nombre de ses bases aéronavales et ses centres de commandement (PC).
En 1917 elle disposera, en France, de 15 bases appelées CAM (Centre Aéronautique Maritime).
Le 11 novembre 1918 : Armistice de la première Guerre mondiale.
L'Aéronautique maritime dispose de 36 centres d'aviation mettant en oeuvre environ 1.260 hydravions, 20 centres de ballons captifs, auxquels s'ajoutent 50 chalutiers porte-ballons mettant en oeuvre 200 aérostats.
Elle possède également 12 centres de dirigeables totalisant 37 appareils souples.
Le personnel volant comprend 630 pilotes et 693 observateurs d'avions et d'hydravions ; 104 pilotes et 175 hommes d'équipage de dirigeables ; 239 observateurs de ballon captif.
Le personnel non volant est réparti comme suit : 6.800 hommes dans les centres d'aviation ; 1.662 hommes dans les centres de ballons captifs ; 2.657 hommes dans les centres de ballons.
La Ville en Bois, une énorme base de 25 ha.
Décidée dès février 1917 par le chef d'État-major de la Marine, du fait de la présence d'usines de produits chimiques fabriquant de l'hydrogène, le Génie français construit une base d'aérostats aériens de plus de 25 ha en à peine un trimestre.
Les baraquements sont réalisés en bois, afin d'aller plus vite. Ce quartier en gardera son nom :
la Ville en Bois.
Dès le 30 juin 1917, l'un des plus gros ballons dirigeables, le Capitaine Caussin y est affecté. La présence française est relayée progressivement par les troupes américaines qui comptabilisent jusqu'à un demi-millier de militaires sur la NAS (Naval Aviation Section) de Paimboeuf. Ils effectueront 257 vols sur les trois dirigeables présents, soit une durée de 1 538 heures de vol et 48.630 miles parcourus sur un secteur allant de Belle-Ile à l'île d'Yeu. Leur mission première était de repérer les sous-marins allemands pour permettre aux bateaux de transports des troupes américaines de débarquer à Saint-Nazaire sans encombre.
Base aérienne de S-Viaud en 1917
Implantation des bases des dirigeables et ballons captifs en Bretagne
Le Centre d'aérostation maritime (CAM) Paimboeuf 1917-1919 (Saint-Viaud - Loire-Atlantique)
En mars 1917, pour assurer la protection de la navigation maritime (menacée par les sous-marins allemands depuis septembre 1916), un Centre d'aéronautique maritime est constitué sur le littoral sud de la Bretagne sous le nom de Centre aéronautique de Lorient-Paimboeuf. Il est alors commandé par le lieutenant de vaisseau Vaschalde et utilise deux sites : à Lorient (Morbihan) pour les hydravions, et à Saint-Viaud, près de Paimboeuf (Loire-inférieure), pour les ballons dirigeables.
Le premier hangar est installé à Saint-Viaud en avril 1917, et peut recevoir le ballon dirigeable Capitaine-Caussin (9 000 m3) le 30 juin.
Les ballons dirigeables présentaient l'avantage sur les hydravions et avions de pouvoir franchir de grandes distances et de pouvoir se placer en observation au-dessus des convois. Ils pouvaient ensuite calquer leur vitesse sur celle des navires, ce qui faisait d'eux de sérieux adversaires pour les sous-marins. Leur défaut résidait dans l'hydrogène (de 3 à 10 000 m3), en cas de réplique armée du U-boot ou en cas d'orage.
Pour plus de sécurité, les ballons furent donc équipés d'un canon léger, et travaillèrent généralement en relations avec les hydravions, jusqu'à 40 milles des côtes, sur les routes d'atterrages des convois depuis Penmarc'h jusqu'à la Loire.
Construction d'un nouvel hangar en 1918
La base employait fin 1918, 250 marines
Dirigeable semblable au Capitaine Caussin
Le Capitaine Caussin :
- Mise en service : 1917
- Retrait : 1918
- Volume : 9 100 m3
- Motorisation : 2x Salmson de 250 ch
Il n’y avait pas d’équipage type. L’équipage d’un ballon dirigeable était fonction du volume de celui-ci. Les vedettes Zodiac (2 700-3 000 m³) étaient montées par un officier, (commandant et pilote d’altitude), un mécanicien pilote de direction, un radio-TSF et parfois un observateur. Les Astra-Torrès et Chalais-Meudon (6 000 à 8 000 m³) étaient montés par un officier commandant, un pilote d’altitude, un pilote de direction, deux mécaniciens faisant également fonction d’observateurs, un radio-TSF. Le Capitaine-Caussin (9 000 m³) se démarquait avec neuf hommes : un commandant, un second commandant, un pilote d’altitude, un pilote de direction, deux mécaniciens, un radio-TSF, un canonnier, un timonier (pour les signaux et la surveillance).
Jusqu’à sa cession à la marine américaine en novembre 1918, l’équipage du Capitaine-Caussin était constitué de militaires du génie (capitaine Leroy) bien qu’il fût affecté à une base de la marine (CAM Paimboeuf).
Les jours de beau temps, les dirigeables volaient à une hauteur de 1000 m et pouvaient se porter jusqu’à 100 voire 120 milles au large.
Le 16 juillet 1917, permier largage, le Capitaine-Caussin lâcha huit bombes sur un sillage suspect d'un U-Boot allemand.
Les départs avaient lieu au petit matin, car les ballons ne volaient jamais de nuit, ni par plafond bas ou lorsque le vent dépassait 7 m/s au sol. Comme le jour n’était pas toujours levé, le champ devait être éclairé par des projecteurs. Le ballon était d’abord sorti du hangar à bras d’hommes, puis le plein des réservoirs d’essence était fait grâce à des bidons de 50 litres et à une pompe Japy. C’était à ce moment aussi que les colombophiles (des militaires détachés) apportaient à l’équipage une ou deux boîtes en osier contenant de deux à quatre pigeons voyageurs élevés au colombier du Centre et destinés à donner l’alerte en cas d’amerrissage forcé.
La pesée permettait ensuite de savoir la charge offensive qu’on allait pouvoir embarquer, ainsi que sa répartition. Le commandant ordonnait ensuite de lâcher le lest, d’abord des sacs de sable (quelques dizaines de kilos selon le volume du ballon), puis après une montée à quelques mètres, 100 litres d’eau qui arrosaient généralement les matelots les plus proches.
Base aérienne de St-Viaud en 2018
Plots d’amarrage d'un ballon captif américain.
Après l'Armistice de 1918, la base sera démantelée, mais les plots d'amarrages des ballons dirigeables resteront sur place pendant 75 ans. Quatre d'entre eux sont conservés pour témoigner de cette présence américaine. Ils servent de fil conducteur au mémorial qui explique l'histoire de cette base au coeur de la zone industrielle.
René Moritz, fondateur de la Société des produits chimiques à Paimbœuf
Le principe d'un dirigeable
Dirigeable Astra-Torrès, AT1
Voir les liens :
https://www.youtube.com/watch?v=DJ_rdUe_hgU
http://blogotobo.blogspot.fr/2014/01/pataphysique-et-aeronautique-histoire.html
http://www.bretagne-aviation.fr/Steles/CAMpaimboeuf.htm
http://rosalielebel75.franceserv.com/aerostation.html
Le personnel de l’aérostation maritime française
Voir l'article :
Saint-Nazaire à l'heure américaine
Tenue de vol
Les hommes de l'équipage devaient porter un passe-montagne, un cache-nez en laine, un chandail à col montant, et lorsque le froid descendait, ils devaient enfiler des sous-vêtements, des gilets, des chaussettes et des gants en papier très efficaces. Les équipages ayant rencontré quelques difficultés avec les chaussons qui leur avaient été tout d’abord attribués, ils reçurent en février 1917, des bottes fourrées du modèle utilisé par des aérostiers militaires. Une brassière de sauvetage, des lunettes et un bonnet de vol complétaient la panoplie.
Ainsi engoncés, les hommes avaient parfois un peu de mal à gagner leur poste, surtout sur les petites unités, mais à bord, ils n’avaient guère à bouger et les ascensions pouvaient durer de longues heures, à la verticale des convois.
L'insigne de Pilote de dirigeable,
mêlant l'ancre et les ailes.
Les hommes du personnel volant se distinguaient par un insigne métallique de poitrine, inspiré de celui des aviateurs militaires, créé par la circulaire ministérielle du 18 avril 1917 en même temps que celui de l’aviation maritime.
Les pilotes de dirigeables avaient pour insigne une « ancre d’argent sur couronne câblée, portant deux ailes dorées et surmontées d’une roue de gouvernail ». Les insignes des équipages étaient tous identiques et ressemblaient fort à celui du pilote, à la différence qu’ils n’avaient qu’une seule aile.