Le sac de Dinant, Août 1914
Mots-clés :
Dinant, Belgique, George Bellows, de Gaulle, Allemagne, Max von Hausen, pont,
Citadelle, exécutions, civils, massacres, sac, Grande Guerre,
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Barbarie allemande
Le sac de Louvain, 1914
Août 1914, la résistance belge
Villes martyres, villes françaises et belges décorées
Villes étrangères décorées de la Croix de guerre
La ville de Dinant fut décorée de la Croix de guerre le 23 août 1919.
Excelsior, 18 septembre 1914
Le 4 août 1914, les troupes allemandes pénètrent en Belgique, pays neutre. Pour la première fois depuis la reconnaissance de son indépendance, le pays se retrouve dans un conflit armé.
Face à la résistance belge, l’armée allemande exerce, pendant le mois d’août 1914, des représailles très dures à l’égard de la population civile belge. Plus de 5.000 civils vont être tués en 20 jours (5 août- 26 août). L’armée allemande n’avait ni prévu de rencontrer une résistance militaire aussi acharnée ni d’avoir affaire à une population civile aussi rebelle à son autorité.
Dans certains cas, suite à des actions de prétendus francs-tireurs, les Allemands vont fusiller sans aucune forme de procès de nombreux civils choisis au hasard. Le 22 août 1914, les soldats de l’armée allemande vont fusiller sur la place de Tamines plusieurs centaines de Taminois. On comptera 383 victimes. Le lendemain, à Dinant, ce seront 674 personnes qui seront tuées.
Par ailleurs, 15.000 maisons vont être incendiées. On en comptera 1.500 rien qu’à Dinant, 600 à Visé sans compter les autres villes comme Andenne, Tamines et Louvain.
Dinant, aujourd'hui
Dinant, Août 1914
Max von Hausen
33ème RI : régiment de Charles de Gaule
Le Petit Havre illustré, N°6, 1914
Dinant, Place Patenier, 1914
Dinant, Eglise St-Pierre, 1914
Dinant, Hôtel Citadelle, 1914
Photos de Dinant avant guerre
Dinant, Hôtel de ville et hôtel des postes depuis la rive gauche, 1914
Les destructions
Dinant, Collège de Belle-vue
Dinant, Hôtel de Ville
Dinant, Collégiale et Pont
Dinant, rue Grande en ruines
Les «vainqueurs» dans les ruines de Dinant
Les murs des exécutions des civils, 23 août 1914
Plus de 650 martyrs ont été sacrifiés cyniquement par les Teutons pour la plus grande gloire
de Guillaume II et de l’Allemagne :
- Faubourg de Leffe : 244 victimes (dont 4 femmes et 12 enfants)
- Quartier Saint-Pierre : 90 victimes (15 femmes, 2 enfants)
- Quartier Montferrand : 6 victimes (2 femmes, 1 enfant)
- Quartier Saint-Nicolas : 151 victimes (8 femmes, 2 enfants)
- Faubourg des Rivages : 89 victimes (29 femmes, 18 enfants)
- Hauteurs de la Citadelle et d’Herbuchenne : 18 victimes (4 femmes)
- Faubourg de Neffe : 45 victimes (15 femmes, 11 enfants)
- Quartier Saint-Médart : 4 victimes (1 femme).
Soit un total de 643 personnes auxquelles il faut ajouter une dizaine de disparus. L’incendie a détruit plus des deux tiers de la ville. Il ne reste rien des quartiers Montferrand (Centre),
Saint-Pierre et presque rien du quartier Saint-Nicolas. Le faubourg des Rivages a aussi
beaucoup souffert.
Par contre, les faubourgs de Neffe, Leffe et Saint-Médart (quartier de la gare) ont été relativement épargnés.
Les fermes et les châteaux sis sur les hauteurs, les usines, tous les édifices publics (sauf le Palais de Justice) ne sont que ruines.
Mur Tschoffen
La furie teutonique
L’Allemagne déclare la guerre à la Russie le 1er août et à son alliée, la France, le 3 août. En
mettant le pied sur le territoire belge le 4, les troupes allemandes violent la neutralité belge et déclenchent une guerre mondiale. L’Angleterre garante de la neutralité belge déclare la
guerre au Reich, en entraînant son empire, le Commonwealth. De plus, l’Etat belge refuse le libre passage aux armées ennemies et lance ses régiments contre elles.
Deux événements inattendus qui compromettent le plan de guerre allemand. La haine des Belges enflamme les soldats et leurs officiers allemands. Lors des combats autour de Liège, ils se livrent à des massacres de civils dans les villages traversés. Ils iront crescendo les jours suivants. La guerre s’étend aux civils.
La même furie meurtrière s’est abattue sur les villes de Tamines, Andenne, Leuven,
Aarschot, Herve, Visé, Termonde. Des dizaines de villages subirent le même sort : 83 en
tout ! Fusillades collectives, viols, pillages, incendies.
Les autorités allemandes justifieront leurs massacres comme des actes de justice militaire
pour punir des terroristes civils pris les armes à la main : les insurgés auraient tiré en
embuscade, sur leurs soldats dans de nombreuses localités.
Le mythe justificatif des francs-tireurs leur permettra de couvrir les atrocités du mois d’août.
Massacre at Dinant, George Bellows, 1918
Excelsior, 19 décembre 1914
Excelsior, 24 août 1919
Mémorial aux victimes du 23 août 1914
Ancien Mémorial : Furore Teutonico
Panneau central :
ANIMUS
MEMINISSE HORRET
[Traduction : À ce souvenir, mon âme frémit d'horreur.
(Virgile, "Énéide", Deuxième Livre, v. 12]
DEVANT DIEU ET
DEVANT LES HOMMES,
SUR NOTRE HONNEUR
ET NOTRE CONSCIENCE,
SANS HAINE ET SANS COLÈRE,
PÉNÉTRÉS DE L'IMPORTANCE
DU SERMENT QUE NOUS
ALLONS PRÊTER,
NOUS JURONS TOUS
QUE NOUS N'AVONS,
EN AOÛT 1914,
RIEN CONNU, VU, NI SU
QUI AURAIT PU CONSTITUER
UN ACTE DE VIOLENCE
ILLÉGITIME À L'ÉGARD
DES TROUPES
DE L'ENVAHISSEUR "
La main levée est le symbole du serment prêté solennellement par la population dinantaise qui oppose un démenti formel à la légende des francs-tireurs.
Inauguration : 23 août 1936.
Dimensions : 25m de long avec un corps central de 9,50 m de haut.
(Source : Site de la ville de Dinant).
Statuaire : Pierre DE SOETE.
Monument situé : Av des combattants, 16-20, 5500 Dinant
Inauguré le 23 août 2014 en présence du roi et des autorités, le mémorial aux victimes du 23 août 1914 est une œuvre de l’atelier d’architecture bruxellois Kascen. Sa forme s’apparente à celle d’une stèle ultra sobre, tel un monolithe émergeant du sol dans lequel une crypte s’enracine. Fondé dans la mémoire et le passé, il remplace le monument originel jadis situé Place d’Armes, intitulé Furore Teutonico, inauguré en 1936 et détruit par les Allemands en mai 1940.
Ce nouveau mémorial est une coiffe avec un angle sommital de 90°, écho au transept de la collégiale en arrière-plan, épousant le contexte urbain. Ses dimensions ont été symboliquement extrapolées à partir du chiffre 674 ; nombre de victimes civiles dinantaises.
Des textes percés dans les parois illuminent intimement l’espace. Il s’agit des noms des victimes comme gravés dans le ciel où l’imaginaire se plaît à voir le souvenir des défunts et les messages de paix qui éclairent à jamais les ténèbres, en autant de métaphores lumineuses du souvenir.
L’entrée dans le mémorial se veut être un voyage intérieur, humble et respectueux, à la recherche des patronymes disparus. Des noms, uniquement lisibles de l'intérieur qui se découpent dans le ciel dinantais et que les rayons du soleil projettent sur le sol ou sur les visiteurs eux-mêmes par temps ensoleillé. L'âge des victimes est signifié via un graphisme épuré, fait d’un carré pour un an et d’une ligne pour une dizaine d'années.
Des appels à la paix se dévoilent depuis l’extérieur, clamés en promesse d’espoir au monde des vivants.
Une cartographie des massacres est dessinée à même la tôle. Chaque lieu d'exécution collective est marqué par des perforations évoquant les impacts de balles ayant frappé les victimes et les façades de la cité. Au centre, le lit de la Meuse accueille des paroles de paix réconciliatrices.
Enfin, la matérialité de la rouille renvoie à un effet sur un objet de métal à l’abandon, conséquence d’une guerre.
http://www.dinant.be/patrimoine/histoire-dinantaise/memorial-aux-victimes-du-23-aout-1914
Le lieutenant Charles de Gaulle
Le 15 août 2014 a eu lieu l'inauguration de la statue de Charles de Gaulle à l’entrée du pont de Dinant.
Si beaucoup de personnes connaissent le rôle déterminant qu’a joué le général de Gaulle sur le cours de l’histoire du XXe siècle, peu savent qu’il fut blessé sur le pont de Dinant quelques jours avant le massacre du 23 août 1914.
C’est en ce sens qu’une statue en sa mémoire fut érigée.
La statue en bonze de 2,50 m de haut est posée sur un socle de 70 cm de haut.
Elle représente Charles de Gaulle lorsqu’il avait 24 ans.
Extrait de journal évoquant Ch. De Gaulle. "Le Petit Gaulois"
[Périodique qui semble bien informé ; avec correspondant sur place (?)]
"Nos premiers blessés" ; Dinant (Belgique), 15 août 1914.
Depuis que la déclaration de guerre de l'Allemagne a été remise, le 3, à la France, les événements se sont précipités. Simultanément (le 4) on apprenait l'attaque des Allemands en direction de Liège, la rupture anglo-allemande et la modification du dispositif français qui glissait rapidement de l'est vers le nord. Les armées belges font ce qu'elles peuvent.
Quant aux armées françaises, elles se trouvent au contact, de l'Alsace à la Belgique. Qui dit contact dit blessés. C'est ainsi que le 1er corps d'armée s'est heurté, devant Dinant, à un corps d'armées adverses qui protégeaient un mouvement vers Givet. Et c'est encore ainsi qu'a été blessé, sur le pont, le lieutenant Charles de Gaulle, du 33e régiment d'infanterie : une balle lui a déchiré le péroné droit, lui paralysant le nerf sciatique.
Le lieutenant de Gaulle a reçu les premiers soins au poste de secours du château de Bouvignes. Il sera sans doute évacué sur Charleroi et Arras.
Que nos blessés se rassurent : ils ne manqueront de rien.
Charles de Gaulle, 1910, St-Cyrien
Charles de Gaule, lieutenant
Voir les liens et documents :
Dinant, bulletin d'informations communales N°105