Le Rhin allemand
Mots-clés :
Rhin, Nikolaus Becker, Hansi, Alfred de Musset, Alphonse de Lamartine, frontière, Allemagne, Carl Wilhelm, Allemagne, France,
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Le Rhin prend sa source dans les Alpes suisses (à Tamins). Il mesure 1.320 kilomètres.
Il longe : l'Autriche, le Liechtenstein qu'il sépare de la Suisse. Il sépare l'Allemagne de la Suisse, puis de la France. Il traverse l'Ouest de l'Allemagne et se jette dans un delta aux Pays-Bas.
La rive gauche du Rhin, avatar de la théorie des frontières naturelles, ne devint une possession française que par la force des armées révolutionnaires en 1794.
La défaite de Napoléon et les traités de 1815 sonnent le glas de cette revendication territoriale qui perdure tout au long du XIXe siècle.
Le Courrier du Rhin, pièce satyrique de 1813,
Napoléon perdant tout à son retour de Leipzig,
Le Rhin, célébré par les romantiques, rêvé comme un lieu de réconciliation, est l’objet de fièvre nationaliste.
Les artistes des deux nations font assaut de chauvinisme.
Le Rhin des poètes et des conteurs
Les dessins de l'Oncle Hansi
Au temps de la première République
Ici commence le Pays de la Liberté.
Cartes postales françaises sur le thème de la frontière franco-allemande
Non, nos frères, ce ne sont pas les 43 ans
qui suffisent pour changer nos sentiments !
La borne des trois Puissances
L'Alsacienne et la Lorraine au Poteau frontière
Cartes postales allemandes : la surveillance du Rhin
Chère patrie, sois calme ; la veille sur le Rhin est ferme et fidèle !
Schmalkalden, Monument à Carl Wilhelm (Veille sur le Rhin)
La Garde sur le Rhin de Lorenz Clasen
Le peintre Lorenz Clasen (1812 - 1899) a créé le tableau "Die Wacht am Rhein" en 1860, qui montre Germania comme la personnification de l'Allemagne sur le Wacht am Rhein.
Ce tableau est exposé au Musée Kaiser Wilhelm à Krefeld.
La Garde du Rhin
Texte : Max Spiral Burger (1819-1849), 1840
Mélodie : Karl Wilhelm (1815-1873), 1854
- Un appel gronde comme le tonnerre,
comme le fracas des épées et le fracas des arcs
au Rhin, au Rhin au Rhin allemand
Qui veut être le gardien du fleuve ?
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle ! - Il se contracte rapidement à travers cent mille,
et tous les yeux brillent de mille feux ;
la jeunesse allemande, pieuse et forte,
protège le saint Landesmark.
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle ! - Il lève les yeux vers l'Au'n du ciel
où les pères héros regardent vers le bas
et jure avec un fier esprit combatif
que vous Rhin restez allemand comme ma poitrine !
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle ! - Tant qu'une goutte de sang brille encore,
qu'un poing tire l'épée
et qu'un bras arme le fusil,
aucun ennemi ne mettra le pied ici sur votre plage !
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle ! - Et si mon cœur se brise dans la mort,
tu ne deviendras toujours pas français.
L'Allemagne est aussi riche en sang héroïque que votre déluge
est en eau !
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle ! - Le serment retentit, les vagues déferlent
, les drapeaux flottent haut au vent
sur le Rhin, sur le Rhin, sur le Rhin allemand,
nous voulons tous être des gardiens.
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle !
à partir de 1870 :
- Alors conduisez-nous, vous avez fait vos preuves;
Dans la confiance de Dieu, attrapez l'épée,
Hoch Wilhelm ! A bas la couvée !
Et effacer la honte avec le sang de l'ennemi !
Chère patrie, sois calme ; la montre sur le Rhin
est ferme et fidèle
Les paroles ont été corrigées et modifiées plusieurs fois au fil des ans.
Parfois, même le 4ème couplet était simplement omis dans les recueils de chansons.
La 7e strophe a été ajoutée en 1870 lors de la guerre franco-prussienne et conservée plus
tard.
Le Rhin allemand, par Nikolaus Becker
Traduction française.
Non, vous ne l'aurez pas notre Rhin germanique,
Avides et criards corbeaux !
Tant qu'en sa robe verte il roulera ses eaux ;
Non, vous ne l'aurez pas notre Rhin germanique,
Tant que ses vignes fleuriront,
Tant qu'à son vin de feu nos coeurs s'abreuveront.
Non, vous ne l'aurez pas notre fleuve héroïque,
Tant que ses clochers, ses châteaux
Viendront se refléter au miroir de ses flots.
Non, vous ne l'aurez pas, tant qu'à nos filles blondes
Nos bons garçons feront la cour :
Les jeunes Allemands sont hardis en amour !
Non, vous ne l'aurez pas jusqu'à ce que ses ondes
Entraînent, dans leurs plis mouvants,
De ses fils immolés les derniers survivants.
Cette traduction est platement fidèle :
Nos journaux font grand bruit de la chanson nouvelle.
Lamartine et Musset, au barde fanfaron
Tous deux ont répondu sur un différent ton.
Je hasarde mon mot dans cette polémique :
Après ma version écoutez ma critique :
Ce blanc-bec d'Allemand... peut-être est-il barbu,
A-t-il de longs poils roux le menton revêtu,
Ce poète impoli que Jean Becker on nomme,
N'importe ; il n'est pour moi qu'un blanc-bec, ce jeune homme,
Lui qui m'ose nommer un corbeau, moi, vieillard :
L'injure est collective et j'en reçois ma part :
Dans son Rhin allemand, tudesque Marseillaise,
Il injurie en bloc la nation française ;
Nous sommes des corbeaux avides et hurleurs !
Dans mille cabarets, trente mille buveurs
Répèlent du Tyrol à la sombre Baltique,
Le dimanche, en chorus, la chanson satirique.
Si l'air en est joli, je comprends le succès :
On chante en allemand beaucoup mieux qu'en français,
Témoins certains criards de l'hymne de Marseille,
Faubouriens, émeutiers, nous déchirant l'oreille !
Leur sang impur, souvent, dans la nuit des tombeaux,
De feu Rouget de l'Isle a troublé le repos,
Par l'exécrable accent dont ils frappent la note ;
On peut, avec voix fausse, être bon patriote :
Soit, mais je ne suis pas radical exailé :
Lorsqu'on la chante mal, je hais la liberté.
L'Allemagne applaudit à cette bagatelle,
Que la rime y soit bonne et l'expression belle,
Il se peut : un Français n'est pas juge en ce point ;
Mais du sel, de l'esprit, nous n'en découvrons point.
Le refrain n'est pas mal, mais l'auteur plagiaire
Escamote à la France un vieux air populaire,
Pour donner à la Prusse un chant national :
Comparez la copie avec l'original :
Notre ancienne chanson a bien plus de mérite.
Laquelle, me dit-on !... Faut-il que je la cite ?
J'ai du bon tabac
Obervation critique de M. Boniface
Le Rhin allemand, Alfred de Musset
Le poète allemand Nicolaus Becker ayant publié en 1840 une chanson patriotique inspirée par le mouvement de Ia ‘’Jeune Allemagne’’ qui disait :
«Vous ne l'aurez pas, le Rhin libre d'Allemagne, quoique, semblables à d'avides corbeaux, vous croassiez après lui !»
la réaction fut naturellement très vive en France : elle vint des deux grands poètes, Lamartine, qui composa ‘’La Marseillaise de la paix’’, et Musset.
Celui-ci jugeait que le ton idéaliste du poème de son aîné répondait fort mal à la provocation de Becker.
En deux heures de temps, il improvisa :
Nous l'avons eu votre Rhin allemand,
Il a tenu dans notre verre.
Un couplet qu'on s'en va chantant
Efface-t-il la trace altière
Du pied de nos chevaux marqué dans votre sang ?
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Son sein porte une plaie ouverte,
Du jour où Condé triomphant
A déchiré sa robe verte.
Où le père a passé, passera bien l'enfant.
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand.
Que faisaient vos vertus germaines,
Quand notre César tout-puissant
De son ombre couvrait vos plaines ?
Où donc est-il tombé, ce dernier ossement ?
Nous l'avons eu, votre Rhin allemand,
Si vous oubliez votre histoire,
Vos jeunes filles, sûrement,
Ont mieux gardé notre mémoire ;
Elle nous ont versé votre petit vin blanc.
S'il est à vous, votre Rhin allemand,
Lavez-y donc votre livrée ;
Mais, parlez-en moins fièrement.
Combien, au jour de la curée,
Étiez-vous de corbeaux contre l'aigle expirant ?
Qu'il coule en paix votre Rhin allemand,
Que vos cathédrales gothiques
S'y reflétent modestement ;
Mais craignez que vos airs bachiques
Ne réveillent les morts de leur repos sanglant.
C’est une chanson alerte, pleine de verve railleuse, encore plus humiliante pour I'adversaire
que ne l'avait été la hargne de Becker.
Musset avait pris le ton d'un aristocrate qui se vante avec hauteur d'avoir séduit les filles
d'un valet !
Par cette verdeur gaillarde, la chanson est aussi française que l'était
‘’La Marseillaise de la paix’’ par son généreux idéalisme.
Roule libre et splendide à travers nos ruines,
Fleuve d’Arminius, du Gaulois, du Germain !
Charlemagne et César, campés sur tes collines,
T’ont bu sans t’épuiser dans le creux de leur main.
Et pourquoi nous haïr, et mettre entre les races
Ces bornes ou ces eaux qu’abhorre l’œil de Dieu.
De frontières au ciel voyons-nous quelques traces ?
Sa voûte a-t-elle un mur, une borne, un milieu ?
Nations, mot pompeux pour dire barbarie,
L’amour s’arrête-t-il où s’arrêtent vos pas ?
Déchirez ces drapeaux ; une autre voix vous crie :
«L’égoïsme et la haine ont seuls une patrie ;
La fraternité n’en a pas. »
Alphonse de Lamartine, La Marseillaise de la Paix, 1841.
Les Annales, 12 janvier 1919
Voir les liens et documents :
https://deutsche-schutzgebiete.de/wordpress/die-wacht-am-rhein/