La « démobilisation » des morts
Mots-clés :
défunts, démobilisation, morts, exhumations, décès, tombe, Poilus,
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Avis de décès, restitution des corps
1919-1921 : la démobilisation de nos Poilus
Bilan mondial, français, belge 14-18. Tant de morts !
La tombe du fils
Aux Eparges, dessin de Georges Leroux
La tombe du fils, dessin de Alexis de Broca
Le jour des morts, 7 novembre 1914, dessin de Lucien Jonas
Souvent, on enterre les hommes à proximité du front dans de petits cimetières, parfois même les tombes sont isolées et seront regroupées après-guerre en des ensembles funéraires plus importants voire en de gigantesques ossuaires, à Notre-Dame de Lorette ou à Douaumont par exemple.
En lieu et place des charniers, les combattants creusent donc des tombes individuelles et gravent les noms des défunts sur des croix de bois de fortune ou encore les écrivent sur des bouts de papier qu’ils glissent dans des bouteilles.
Au total, un tiers des militaires identifiés ont été ramenés à l’arrière et « démobilisés » (à titre posthume s'entend). Pour les familles qui souhaitent conserver le corps de leurs défunts au front, sur la terre où ils sont tombés, l’État se fait un devoir de payer une fois par an le déplacement du domicile au cimetière.
En France, le droit à une tombe clairement individuelle et identifiée est inscrit dans la loi du 29 décembre 1915. Ainsi se construit ainsi une nouvelle pratique funéraire fondée sur l’identification des défunts, l’inhumation dans un cercueil, l’information de la famille, l’organisation si possible d’obsèques respectant la religion de l’individu, le suivi et l’entretien de la tombe.
Les journaux parisiens révèlent les conditions particulièrement pénibles et humiliantes que doivent endurer les familles souhaitant récupérer les dépouilles des soldats morts au front afin de leur offrir une sépulture digne.
La Presse, l'un des premiers grands quotidiens populaires français, expose sans détours, dans son article Le scandale des exhumations militaires, les faits et les défaillances inconcevables des pouvoirs publics...
La Presse, 26 Avril 1922
Film que l'on peut voir :
La vie et rien d'autre de Bertrand Tavernier (1989).
Une réflextion sur le deuil collectif.
C’est la chronique d’un pays en deuil au lendemain de la Première Guerre mondiale que nous proposait Bertrand Tavernier en 1989 dans La vie et rien d’autre.
Avec son érudition historique et les intuitions qu’il en tirait, le réalisateur interrogeait les blancs de l’histoire, les manières d’être et de faire, pour nous proposer sur grand écran les trajectoires croisées de deux femmes à la recherche de leurs amours perdus dans les tranchées.
Deux femmes accueillies sur les champs de bataille désertés de l’Est de la France par le commandant Delaplane (Philippe Noiret) en charge de ranger la guerre après sa fin. La grande bourgeoisie incarnée par le personnage d’Irène de Courtil y rencontre l’institutrice Alice qui se soutiennent pour scruter les effets personnels retrouvés dans les charniers à ciel ouvert à la recherche d’un objet minuscule, une tasse ou une chevalière, qui signalerait que les hommes qu’elles attendent encore ont terminé leur parcours ici.
Leur quête interroge Delaplane, chargé de lister, d’identifier, de restituer les soldats disparus, une tâche obsessionnelle, un décompte permanent devenu son enjeu primordial, une obsession qui lasse ses supérieurs rendus insensibles aux 20, 50 ou 250 000 matricules sans corps parmi le million et demi de morts sur les champs de bataille.
Sources :
https://www.herodote.net/La_demobilisation_des_morts-synthese-2310-435.php
https://www.herodote.net/De_la_fosse_commune_a_la_tombe_individuelle-synthese-1961-435.php
https://www.dessins1418.fr/portfolio/alexis-de-broca-la-tombe-du-fils/