L'alcool, le pinard et les femmes
Mots-clés :
alcool, pinard, femmes, vin, absinthe, mœurs sexuelles,
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L'alcool pendant la Grande Guerre
Le pinard pendant la Grande Guerre
Et l'alcool !
Affiche de l'Union des Françaises contre l'alcool, 1918
L'Humanité, 8 janvier 1915
Affiches de B. Chavannaz
Affiche de Steinlen
Affiche d'Eugène Burnand, imprimée par Berger-Levrault de Nancy, 1920
Cette image effrayante de l'artiste Eugène Burnand capture l'agonie et la souffrance d'un homme perdant sa bataille contre les effets d'années d'abus d'alcool,
alors que sa famille le regarde à la fois impuissante et en colère.
Et le pinard !
Rigolboche, 30 août 1917
Et les femmes !
Jeune soldat ! Soyeux sérieux !
- Ne vous laissez pas entrainer par la débauche !
- Conservez à votre Patrie, à l'Armée, et votre Famille un corps sain et vigoureux !
- Méfiez-vous des maladies vénériennes !
Dessin de Steinlen
Lithographie de Berger-Levrault, Paris-Nancy
Lithographie de Steinlen, 1916
Il se trouve toujours des femmes pour répondre au désir des hommes, assouvi « parfois sur une route, derrière une haie, dans un grenier ou derrière une meule de paille. La peur d’être surpris, la rapidité du rapport ont concentré toute leur attention et ils ne savent ni le nom ni la profession ou la couleur des cheveux de la femme rencontrée ». Ils s’étonnent même de leur bonne fortune.
Un soldat raconte le 17 mars 1915 : « J’étais sur le bord du canal. Une femme est venue. Elle avait des sabots. Elle m’a donné rendez-vous à la nuit derrière une maison. L’opération a eu lieu contre un mur. J’ai voulu lui donner vingt sous. Elle n’a rien voulu! » Profitant de quelques heures de permission, le sous-lieutenant Maurice Genevoix se rend à Verdun. À l’occasion d’une emplette il reçoit la proposition d’une demoiselle de magasin qui lui dit : « Moi, je n’ai personne… Je m’appelle Lucette. »
Le soldat et l'amour
Au début de la guerre, la propagation des maladies vénériennes est fort éloignée des problématiques qui agitent le gouvernement et l’état-major. Il faut attendre que le front s’installe durablement et que l’on commence à comprendre que la guerre va se prolonger pour que les services de santé alertent les autorités sur les risques sanitaires engendrés par le développement de la prostitution clandestine.
Pour faire suite aux mesures préconisées par la commission permanente d’hygiène et de prophylaxie sanitaire du 28 décembre 1915, le préfet Léon Briens sensibilise les maires du Pas-de-Calais sur l’ampleur du phénomène et leur demande de prendre des arrêtés municipaux pour réglementer la prostitution dans leur commune afin de conjurer ce "véritable péril national".
Jean-Yves Le Naour,
Misères et tourments de la chair
Les mœurs sexuelles des Français (1914- 1918)
A partir d’un angle d’étude apparemment réduit – les mœurs sexuelles des Français en 1914-1918 – le livre de Jean-Yves Le Naour apporte un éclairage original et stimulant à la Première Guerre mondiale…
Jean-Yves Le Naour s’intéresse d’abord à ce qu’il appelle la « guerre moralisatrice ». Il exhume les écrits stupéfiants d’hommes en proie à la crainte de la dégénérescence et convaincus que la guerre sera une expérience collective favorable au renouveau national…La lutte contre la pornographie ou la débauche considérées comme d’inspiration allemande (avant-guerre, on accuse Guillaume II d’exporter massivement des préservatifs pour affaiblir la natalité française), les débats sur l’avortement en temps de guerre, le rôle dévolu aux marraines de guerre et aux infirmières sont autant d’aspects étudiés avec soin…
La dernière partie ouvre de nombreuses perspectives sur le brouillage des rôles sexuels et des normes, où le poilu, magnifié par les combats, est également fragilisé par un sentiment d’incompréhension et d’abandon de l’arrière. Le mythe de la guerre salvatrice et rédemptrice a vécu, avant de renaître quelques décennies plus tard.
L’HISTOIRE, N°262, AVRIL 2002
Sources :