Les Gueules Cassées. Sourire quand même.
Mots-clés :
gueules cassées, Raphaël Freida, Otto Dix, Loterie Nationale, Loterie,
Lire les articles :
Chirurgie de guerre
Blessures de guerre
Les associations des Anciens Combattants
Les grands blessés de la face (environ 10 000 à 15 000 hommes en France) ne sont pas seulement confrontés à des souffrances physiques. Méconnaissables, ils doivent faire face au regard de leurs proches et apprendre à vivre avec un nouveau visage : "Certains n’ont plus voulu retourner chez eux car ils ont pensé qu’ils allaient faire peur à tout le monde. D’autres ont été rejetés par leur famille".
Après quatre ans de conflit, beaucoup de Français préfèrent détourner le regard pour ne plus penser à cette période tragique. "On a voulu les oublier car on s’est dit que cela faisait tache dans la population. Ils ont été laissés pour compte car tout le monde voulait reprendre sa vie", résume François Xavier-Long.
Pour dépasser cette détresse morale, ces grands mutilés peuvent toutefois compter sur une incroyable solidarité. Très rapidement, ces broyés de la guerre s’organisent pour ne pas s’effondrer. Dès 1921, alors qu’ils ne sont pas reconnus comme invalides, une quarantaine de blessés au visage fondent l'Union des blessés de la face.
Le président de cette association, le colonel Yves Picot, surnomme alors ces hommes les "gueules cassées". Non sans humour, ils prennent pour devise "sourire quand même". Sur le plan financier, l’association innove également pour récolter des fonds destinés aux opérations médicales et à la création de centres d’accueil. Elle participe notamment au développement de la Loterie nationale. Aujourd’hui encore, elle est actionnaire de la Française des jeux, dont elle détient 9,23 % du capital.
L’association ne s’est pas éteinte avec la disparition des derniers poilus. Chaque conflit, de la Seconde guerre mondiale aux opérations extérieures contemporaines, a engendré de nouvelles Gueules cassées. "Ce sont des blessés militaires, mais aussi ceux qui sont touchés dans le cadre de leur service comme les policiers et les pompiers", précise le docteur François-Xavier Long. "
L’argent sert désormais pour ces blessés, une autre partie pour l’entretien de la mémoire et puis surtout pour la recherche scientifique sur la chirurgie maxillo-faciale". Pour ce membre de la Fondation des Gueules cassées, cet esprit de famille et d’entraide, initié par le colonel Picot, ne s’est jamais éteint : "C’est cette humanité qui a permis de les sauver. Pour les blessés d’aujourd’hui, c’est encore une planche de salut. Il y a vraiment une ambiance spéciale. Ils savent qu’ils peuvent toujours téléphoner si besoin, et qu’ils seront toujours épaulés".
Inscription sur la carte postale :
« Congrès de la Paix. Versailles, 28 juin 1919. Délégation des mutilés français »
En 1921, trois hommes : Albert JUGON (1890 - 1959), Bienaimé JOURDAIN (1890 - 1948) et le Colonel PICOT (1862 - 1938) fondent une association pour venir en aide à leurs camarades atrocement défigurés au cours de la première guerre mondiale.
Ils choisissent de s'appeler "Les Gueules Cassées", terme rude et provocant pour le grand public mais affectueux pour eux-mêmes.
Ils se dotent d’une devise porteuse de promesse et d’espérance "Sourire quand même".
L'association des Gueules Cassées, fondée en 1921 vient en aide à l'origine à 500 000 blessés de la face.
L’Association tire ses ressources de son actionnariat dans La Française des Jeux dont elle est le second actionnaire, après l’Etat.
En effet, les « Gueules Cassées » eurent l’idée géniale, dans les années 30, de créer les fameux dixièmes de la Loterie Nationale, puis furent en 1976 les promoteurs du LOTO en France.
https://www.gueules-cassees.asso.fr/les-fondateurs-_r_7.html
Première souscription-tombola dite « de la reconnaissance en faveur des gueules
cassées », en 1927.
Représentations des gueules cassées par les peintres
Georg Scholz, Paysans industriels, 1920
Georges Grosz, Souvenez-vous de l’oncle Auguste, le malheureux inventeur, 1919
Otto Dix, Le marchand d’allumette, 1920
Otto Dix, Les Joueurs de skat, 1920
Techniques mixtes : peinture et collage
Otto DIX a représenté des visages estropiés dans ses peintures, comme Kriegskrüppel (Les Invalides) ou encore Die Kartenspieler (Les joueurs de cartes).
Dans cette oeuvre, l’une des mains des joueurs est remplacée par un pied, un autre a perdu un oeil, le troisième a une prothèse métallique à la place de la mâchoire. La scène est éclairée par une ampoule dans laquelle apparaît une tête de mort.
Les joueurs de cartes d'Otto Dix
Art dégénéré :
les artistes de l’expressionnisme et de la Nouvelle Objectivité seront dépréciés par le régime nazi, et assimilés aux « dégénérés ». L’expression d’ « art dégénéré » (« Entartete Kunst ») sera en effet employée pour désigner sans grande distinction la production artistique d’avant-garde, regroupant également les oeuvres cubistes, surréalistes, abstraites, etc.
En 1937, à Munich, sont réunies les oeuvres de ces artistes dits « dégénérés » (tels qu’Otto Dix, Max Beckmann…) et exposées avec celles de malades mentaux, suggérant qu’elles sont comparables en ceci qu’elles représenteraient un danger pour l’idéal nazi, que prône par ailleurs l’art officiel.
Otto DIX. Transplantation (1923-24)
ou Gueule cassée réparée par plusieurs greffes osseuses et cutanées
(Musée du Val-de-Grâce)
Raphaël Freida, 1877 - 1942
Freida réalise de véritables portraits des gueules cassées. Le portrait ne vise pas à représenter seulement un être humain, mais témoigne d’un intérêt pour l’individu en particulier dont l’identité gravite autour du regard que saisit Raphaël Freida.
Ce regard est souvent absent, tourné vers l’intérieur.
C’est le même regard que l’on voit dans la représentation d’une gueule cassée que donne
Otto Dix avec l’eau-forte Transplantation.
Georges Grosz, 1893 - 1959
La Loterie nationale
De 1931 à 1933, La Dette, tombola privée, lancée par les Gueules Cassées, les Ailes brisées et d’autres Associations d’Anciens Combattants et Victimes de Guerre (ACVG), récupère de nombreux dons en faveur des handicapés de la face..
Suite à l’initiative des Gueules Cassées, l’État crée, en 1933, la Loterie nationale.
Voir les liens et documents :
https://www.gueules-cassees.asso.fr/
Centenaire des gueules cassées
La construction des Gueules Cassées
Affiche de Boucher, Lucien (1889-1971)