Monument aux morts, Strasbourg
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Le monument aux morts de Strasbourg a été inauguré, le dimanche 18 octobre 1936, par le président de la République Albert Lebrun. La Mère, représente la ville de Strasbourg, elle tient ses deux fils mourants sur ses genoux. L'un regarde en direction de la France, l'autre vers l'Allemagne. Ils sont tombés après avoir combattu l'un contre l'autre mais devant la mort, ils se donnent la main. L'absence d'uniforme rend le drame de Strasbourg et de l'Alsace encore plus pathétique.
La seule inscription sur le monument est : "A nos morts". En dépit de la sobriété de l’inscription « à nos morts », les mots utilisés par le président du comité qui évoque la paix et l’union des peuples, ont un sens prémonitoire à un moment où le développement du système nazi s’apprête à jeter l’Europe et le monde dans l’horreur de la deuxième guerre mondiale.
Le Monument aux Morts de Strasbourg est considéré comme un monument pacifiste. En effet, on y voit une mère qui pleure ses deux fils tombés au combat.
Sculpteur : Léon-Ernest Drivier
Inauguration du monument : le 18 octobre 1936 en présence du Président de la République, Albert Lebrun
L'Ouest-Eclair, 19 Octobre 1936
Le Petit Parisien, 19 Octobre 1936
En 1914, l’Alsace-Lorraine est allemande depuis quarante-trois ans. À l’entrée en guerre, les hommes appelés à prendre les armes pour la défense du Reich sont ainsi, dans leur écrasante majorité, nés allemands. Ils ne connaissent de la France que ce que certains de leurs parents ou grands-parents ont voulu leur transmettre, un lien affectif que l’école et l’armée se sont employés à contrarier tout au long de leur apprentissage scolaire puis militaire. Si la mobilisation se déroule globalement sans encombre, une minorité parvient à s’enfuir vers la France et manque à l’appel 1.
L’action de ces déserteurs a un impact inversement proportionnel à leur nombre : elle cristallise en effet la méfiance d’une partie des autorités militaires allemandes à l’égard de l’ensemble des Alsaciens-Lorrains. Pour prémunir l’armée contre toute tentative de trahison, ces derniers sont bientôt soumis à des mesures d’exception appliquées à plus ou moins grande échelle 2, concernant notamment le contrôle postal et l’octroi des permissions, l’un et l’autre rendus plus contraignants, la limitation de l’accès à des fonctions et postes stratégiques et, surtout, le transfert d’un grand
nombre de ces soldats sur le front est. De ce point de vue, les Alsaciens-Lorrains ont pu ressentir, à des degrés divers dans le temps mais aussi en fonction de leur sensibilité nationale, le désagréable sentiment d’être traités en soldats de second rang, en dépit d’expériences quotidiennes de la guerre et du combat en tout point comparables à celles de leurs pairs venus d’autres contrées de l’Empire.
En France, le cas de ces déserteurs et des engagés volontaires alsaciens-lorrains ne manque pas d’être utilisé par une propagande qui veut y voir la preuve des profonds sentiments français de l’ensemble de la population d’Alsace-Lorraine dont le retour à la « mèrepatrie » est justement devenu l’un des buts de guerre.
1. On estime que 17 500 Alsaciens-Lorrains se sont engagés volontairement dans l’armée française au cours de la guerre, parmi lesquels quelque 12 000, qui se trouvaient en France depuis plus ou moins longtemps au moment de l’entrée en guerre, choisissent d’y rester et de s’engager, tandis qu’environ 3 000 auraient fui la mobilisation allemande quand celle-ci s’est précisée. Le reste est constitué des prisonniers de guerre et des hommes mobilisables capturés par les troupes françaises lors des offensives en Alsace en août 1914, qui décident également de s’engager plutôt que de rester internés.
Dans l’armée allemande, le chiffre habituellement retenu est celui de 380 000 Alsaciens-Lorrains mobilisés entre 1914 et 1918. En réalité, il comprend aussi les nombreux Allemands installés en Alsace-Lorraine, dont beaucoup quitteront le territoire après 1918.
Le nombre des Alsaciens-Lorrains sous uniforme allemand se situerait plutôt autour de 300 000, voire moins.
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