Norton Cru, poilu
Mots-clés :
Norton Cru, Poilu, Témoins,
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Jean Norton Cru, 1879 - 1949
Il est le fils d’un pasteur protestant d’origine paysanne de la Drôme et d’une anglaise issue d’une famille bourgeoise.
De 1883 à 1890, il vit en Nouvelle-Calédonie, dans une ile où son père est missionnaire. Il ne va pas à l’école, son éducation est prise en charge par ses parents.
De retour en France il suit des études secondaires au lycée de Tournon puis devient enseignant. Il exerce à Loriol puis Aubenas et ensuite aux Etas Unis dont il ne reviendra qu’en 1945.
Marié en 1908, il a un fils né en 1911.
L’influence familiale a fait de lui un protestant libéral et sa vocation de pédagogue l’a rendu soucieux de transmettre du concret, détestant le mensonge et les phrases creuses.
Mobilisé pour la Première Guerre mondiale, il participe à la bataille de Verdun.
Il écrit « Témoins » qui parait en 1930.
Le livre suscite de vives réactions car il décrit l’histoire vue d’en bas.
Il est le premier historien à promouvoir les témoignages. Précédemment, les ouvrages des généraux et des politiciens avaient été les plus influents. Il n’y avait eu que quelques publications de carnets et de lettres, mais ces écrits n’intéressaient pas.
Il développe l’idée que le soldat, qui vit jour après jour dans les tranchées, a conscience de ce qui se passe autour de lui et de ses conséquences.
Il se met ainsi à dos les historiens traditionnels.
Dans Témoins, Jean Norton Cru décrit les conditions de vie très dures des soldats: les pieds gelés, la faim, la mort, les cadavres qu’on ne peut aller chercher.
Il s’insurge contre les médailles délivrées aux soldats qu’il appelle « trophées de guerre ». « J’ai la phobie des souvenirs de guerre dont on est si friand. […] Que ceux qui veulent des souvenirs viennent donc en ramasser où il y en a. »
Jean Norton Cru n’a pas voulu écrire son témoignage personnel sur la guerre, mais, interpellé par les mensonges proliférant dans la presse et dans beaucoup de livres, il a pensé que, parmi les millions de combattants, on trouverait des « esprits justes, épris de vérité simple ».
Il meurt à Bransles (Seine-et-Marne) d’une hémorragie cérébrale à 69 ans, le 21 juin 1949.
Sources :
https://www.cafeyn.co/fr/publication/14-18-la-grande-guerre/21561003
Jean Norton Cru, lecteur des livres de guerre
https://www.decitre.fr/livres/temoins-9782366340730.html
En août 1929 paraît, en France, un lourd pavé de plus de 700 pages qui ne se propose rien moins que de passer au crible de la véracité 251 témoignages écrits relatifs à la Grande Guerre. Son auteur, Jean Norton Cru, est un illustre inconnu dont aucun grand éditeur parisien n'a pris le risque de cautionner l'entreprise. Il prendra donc à sa charge l'impression de l'ouvrage. Une version abrégée paraîtra néanmoins en 1930 aux Éditions Gallimard, sous le titre Du témoignage.
Norton Cru (1879-1949) est né dans un petit village de l'Ardèche, Labatie d'Andaure, d'un père pasteur de l'Église Réformée et d'une mère anglaise, elle-même issue d'une Église protestante congrégationaliste de Winchester. C'est au patronyme de sa mère qu'il empruntera son second prénom. Cet aîné de six enfants va connaître une enfance peu ordinaire, marquée par le séjour de la famille dans l'île de Mare dans l'archipel des îles Loyauté, à l'est de la Nouvelle Calédonie, où son père est nommé pasteur et où le jeune Norton Cru va partager la vie primitive des petits Canaques pendant sept ans. De retour en France, il est interne au lycée de Tournon. Il y obtiendra son baccalauréat à l'âge de 20 ans. L'« Affaire Dreyfus », qui secoue la France depuis 1894, est alors de toutes les conversations, aussi bien chez les élèves que chez les professeurs. Elle va marquer profondément et durablement le jeune lycéen, comme beaucoup de sa génération.
N. Cru va se marier, occuper différents emplois d'enseignant, avant, sur les conseils de son frère Robert, d'intégrer un poste d'assistant de français au Williams Collège, dans le Massachusetts. C'est là que se déroulera toute sa carrière de professeur de littérature française. C'est là aussi qu'il écrira Témoins.
Mobilisé en 1914, il rejoint la France où il est affecté au 250e Régiment d'infanterie. C'est dire combien il se trouve en première ligne et combien, pendant deux ans, rien ne lui échappera des combats et de la vie quotidienne dans les tranchées. Devenu caporal, il terminera le conflit comme sous-officier affecté à des missions de liaison et d'interprétariat auprès des troupes alliées.
L'auteur examine les œuvres littéraires traitant de la grande guerre. Fort pédagogiquement, il les a triées par types : souvenirs, témoignages, lettres, romans… Au terme de ce travail de bénédictin le lecteur a une vision certainement plus fine et plus objective de toute la production occasionnée par la grande boucherie mondiale.
Tous les jugements sont étayés, les œuvres analysées, comparées, disséquées. Sans complaisance, bien au contraire. Il éreinte de bon cœur les deux célèbres plumitifs Barbusse et Dorgelès, un vrai régal !
Sa plume acerbe vante les auteurs “qui savent de quoi ils parlent, ceux qui ont vécu la guerre, et les autres sont conduits au bucher littéraire.