Souvenir de Louis Pergaud
Mots-clés :
Louis Pergaud, Antoine Bourdelle, Marcheville, Fresnes-en-Woëvre, Meuse,
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Le sous-lieutenant Louis Pergaud au 166 RI (ici au centre en veste clair)
est parti pour Verdun le 3 août 1914,
deux ans après avoir publié "la Guerre des boutons".
Il avait alors 32 ans. Il sera tué le 7 avril 1915.
Biographie
Louis Pergaud, 1882 - 1915
Louis Émile Vincent Pergaud est un instituteur et romancier français né le 22 janvier 1882 à Belmont (Doubs) et mort pour la France le 8 avril 1915 à Fresnes-en-Woëvre (Meuse), peu après la bataille de la Woëvre.
Il est l'auteur de De Goupil à Margot, prix Goncourt 1910, et de La Guerre des boutons, paru en 1912 Louis Pergaud est originaire de Belmont, près de Besançon en Franche-Comté. Son père, Élie Pergaud (mort le 20 février 1900), instituteur paroissial depuis 1877, avait épousé le 29 novembre 1879 Noémie Collette (morte le 21 mars 1900), fille de fermiers de la même commune.
Louis est le cadet de trois fils : Pierre (9 août 1880/5 octobre 1880), Lucien (1883-1973) et Louis (22 janvier 1882). En 1900, il se retrouve orphelin à 18 ans, son père et sa mère étant décédés à Fallerans à un mois d'intervalle.
Mobilisé au 166 RI de Belfort, il est un auteur renommé en 1914.
En 1910, il obtient le prix Goncourt pour De Goupil à Margot.
En 1912, il publie La Guerre des boutons et en 1913 Le roman de Miraut.
Le 6 Avril 1915 son régiment lance, dans le secteur des Eparges une attaque contre les lignes allemandes (Cote 233) à l'issue de laquelle il est porté disparu.
Œuvres littéraires
Mercure de France, 1 février 1925
En 1910, Louis Pergaud obtient le prix Goncourt pour De Goupil à Margot.
De Goupil à Margot est un recueil de poèmes et de nouvelles. Louis Pergaud se focalise sur les similitudes entre les instincts amoraux des animaux, et les activités immorales des hommes, une position guidée par son fervent anti-militarisme.
Au temps jadis, ce qui remonte au XII° siècle, le grand pilleur de poulaillers plein de ruse et malice maintenant connu sous le nom de renard, s'appelait un"goupil", terme dérivé de "vulpecula" diminutif du mot "vulpes" par lequel la langue latine, principale ancêtre de la nôtre, désignait cet animal, comme diraient les érudits qu'intéresse l'évolution de notre belle langue; et il dut d'être ainsi rebaptisé au succès du "roman de renart", satire de la société féodale où les hommes étaient dépeints sous le masque d'animaux.
Ce n'est pas dans une intention satirique envers les hommes de son temps que Louis Pergaud a donné le patronyme de Goupil au héros de son premier récit, comme celui de Fuselie, de Nyctalette, de Rana ou de Margot aux héros des récits suivants, mais pour raconter l'histoire des bêtes qui peuplent nos bois et nos champs ; et si les gens y font mauvaise figure, la raison en est qu'ils ne s'y montrent pas à leur avantage. Aveugles comme ceux qui abêtissent Margot la pie, avec un sourd remords comme le braconnier Lisée, qui est à l'origine de la tragique aventure de Goupil. Les bêtes ne sont déjà pas tendres entre elles, le drame du lièvre Roussard le prouve; ainsi le veut la loi du monde que Louis Pergaud nous fait connaître ici avec un admirable talent de conteur et de naturaliste.
Entre les Longevernes, menés par le grand Braque, et les Velrans, du village voisin, la guerre est aussi acharnée qu'immémoriale.
Mais le jour où les gaillards de l'Aztec des Gués surprennent Grangibus et Tigibus et les apostrophent d'une insulte jusque-là inconnue de ceux de Longeverne, il s'ensuit des représailles aussi terribles qu'inattendues : l'impitoyable guerre des boutons est déclarée !
Cela fait des générations que les enfants de deux bandes rivales se font la guerre. Les uns sont du village de Longeverne, les autres de Velrans. Une histoire de tradition pour une guerre qui, bien qu'enfantine, n'en reste pas moins d'un grand sérieux. Dangereuse pour l'amour-propre de ceux qui, prisonniers, se retrouvent à la merci de leurs ennemis !
En effet, le butin de guerre des deux armées est constitué de boutons de culotte et de lacets de souliers. Face à Lebrac, dit le Grand Braque, et ses fidèles lieutenants se dressent l'Aztec des Gués et ses troupes : la guerre des boutons est déclarée !
Cette épopée truculente de Louis Pergaud, devenue un classique, évoque l'amitié, parfois mêlée de cruauté, avec une verve réjouissante. À partir de 11 ans.
"Tel qui s'esjouit à lire Rabelais, ce grand et vrai génie français, accueillera, je crois, avec plaisir, ce livre qui, malgré son titre, ne s'adresse ni aux petits enfants, ni aux jeunes pucelles. Foin des pudeurs (toutes verbales) d'un temps châtré qui, sous leur hypocrite manteau, ne fleurent trop souvent que la névrose et le poison ! Et foin aussi des purs latins: je suis un Celte.
C'est pourquoi j'ai voulu faire un livre sain, qui fût à la fois gaulois, épique et rabelaisien, un livre où coulât la sève, la vie, l'enthousiasme, et ce rire, ce grand rire joyeux qui devait secouer les tripes de nos pères: beuveurs très illustres ou goutteux très précieux. Aussi n'ai-je point craint l'expression crue, à condition qu'elle fût savoureuse, ni le geste leste, pourvu qu'il fût épique. J'ai voulu restituer un instant de ma vie d'enfant, de notre vie enthousiaste et brutale de vigoureux sauvageons dans ce qu'elle eut de franc et d'héroïque, c'est-à-dire libérée des hypocrisies de la famille et de l'école. On conçoit qu'il eût été impossible, pour un tel sujet, de s'en tenir au seul vocabulaire de Racine. Le souci de la sincérité serait mon prétexte, si je voulais me faire pardonner les mots hardis et les expressions violemment colorées de mes héros. Mais personne n'est obligé de me lire.
Et après cette préface et l'épigraphe de Rabelais adornant la couverture, je ne reconnais à nul caïman, laïque ou religieux, en mal de morales plus ou moins dégoûtantes, le droit de se plaindre. Au demeurant, et c'est ma meilleure excuse, j'ai conçu ce livre dans la joie, je l'ai écrit avec volupté, il a amusé quelques amis et fait rire mon éditeur: j'ai le droit d'espérer qu'il plaira aux "hommes de bonne volonté" selon l'évangile de Jésus et pour ce qui est du reste, comme dit Lebrac, un de mes héros, je m'en fous." — Louis Pergaud (Extrait de la préface).
Un film culte
Ce livre paru en 1914, raconte l'émouvante histoire d'un chien, Miraut, et de ses maîtres. Donné à des paysans, il devient tueur de poules et braconnier. On s'en débarrasse en le vendant. Mais il revient toujours près de son ancien maître.
Quand il comprend qu'on ne veut plus de lui, il hurle de faim et de douleur dans les bois, pendant que l'homme et la femme tremblent en silence dans leur maison...
Un grand roman, inoubliable, indispensable à tous ceux qui aiment les animaux.
L'auteur et sa femme Delphine
Le monument à Louis Pergaud à Besançon
Le monument est dans le Parc Micaud, entre l'avenue Edouard Droz et le bord du Doubs.
Ce monument en bronze est une des dernières œuvres du sculpteur et artiste peintre Antoine Bourdelle (1861-1929) qui sera inauguré en 1932, donc après sa mort.
Bien que signant ses œuvres avec un triangle, il n'était pas franc-maçon. A cause des triangles et autres inscriptions non significatives, il fut à l'origine d'une polémique lors de la Seconde Guerre Mondiale. Le maire de Besançon s'opposa à ce que les Allemands fondent ce monument et obtint satisfaction. Les milieux anti-maçonniques protestèrent et dénoncèrent un complot judéo-maçonnique…
Le monument fut remisé et réinstallé après-guerre.
Date d'inauguration : 1932
Type d'oeuvre : haut-relief
Matériaux : bronze
Sculpteur(s) : Bourdelle, Emile-Antoine (Montauban 1861 - Le Vésinet 1929)
Personnage(s) représenté(s) : Pergaud, Louis (Belmont 1882 - Marchéville-en-Woëvre 1915)
Fondeur : Rudier ( 1845 - 1897)
Historique : 1932 : monument inauguré le 19 mai ; érigé à la demande d’un comité constitué sur l’initiative de la Revue ‘Franche-Comté-Monts-Jura’. La maquette a été réalisée par Bourdelle.
Oeuvres en rapport : Obélisque de Fresnes-en-Woëvre
Source : Fonds Debuisson
Bibliographie : 2018, Lalouette, Jacqueline, Un peuple de statues. La célébration sculptée des grands hommes (France 1801-2018), photographies de Gabriel Bouyé, Paris, Mare & Martin, p. 96, 370, 516
Louis Pergaud est né le 22 janvier 1882 à Belmont (à 35 km à l'est de Besançon) et mort pour la France le 8 avril 1915 près de Marchéville-en-Woëvre (55). Il était instituteur, mais tout le monde le connaît comme romancier, auteur de "La Guerre des Boutons", paru en 1912. Il est aussi l'auteur de "De Goupil à Margot", prix Goncourt 1910 et de "Le Roman de Miraut, chien de chasse", en 1913.
https://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=25056_18
Philatélie
Répondant à l’appel de la mobilisation générale du 2 août 1914, Louis Pergaud prend le chemin de la frontière dans les rangs du 166é régiment d’infanterie. Il se bat durant le dur hiver 1914 1915 dans la plaine de la Woëvre. Promu sous-lieutenant le 9 mars 1915, il fait partie de l’une des quatre compagnies qui, dans la nuit du 7 au 8 avril, reçoivent l’ordre d’attaquer la cote 233, au sud de Marcheville. On ne devait plus le revoir vivant, ni retrouver son corps.
Marcheville près Les Eparges
Marcheville, 1915
Combats de Marcheville (18 mars - 27 mars - 8 avril 1915).
Pendant de longs mois, le 166e ne quittera plus la plaine marécageuse de la Woëvre. Un rôle obscur, une tâche austère vont lui être départis. Il sera chargé de garder et d'organiser les avancées des villages de Pintheville et de Riaville.
Le 12 novembre, le 2e bataillon (commandant DES MELOIZES) est appelé à contre-attaquer. L'ennemi avait surpris la vigilance d'un régiment voisin.
L'opération est vigoureusement menée. Pintheville rentre en notre possession. Avec l'hiver commence une douloureuse faction dans la boue glacée. Dans un terrain où le moindre coup de pioche faisait affleurer une eau sournoise, il ne
fallait pas songer à creuser des tranchées ni des abris. Pour se protéger des balles, on se contentait d'une simple gabionnade et, contre le terrible crapouillot qui fait bientôt son apparition, l'on n'avait guère d'autre protection que deux
doigts de terre sur une mauvaise claie.
Le 18 mars 1915, ordre nous est donné d'enlever le village de Marcheville. Le 1er bataillon réussit à prendre pied dans la première tranchée allemande, mais il en est rejeté par une contre-attaque. Nouvelle tentative, le 27 du même mois, par
le 3e bataillon; mais le succès ne vient pas récompenser le mérite d'un combat entrepris avec confiance et mené avec un entrain qui resteront l'honneur des anciens combattants du 166e. Les 11e et 12e compagnies sont citées à l'ordre du
jour.
Le 8 avril 1915, nous sommes de nouveau appelés à sauter le parapet. Il fallait opérer une diversion destinée à assurer le succès de l'attaque de la redoutable et légendaire crête des Éparges. Par une nuit sombre, sur un terrain détrempé par
les pluies et coupé de réseaux de fil de fer, le 2e bataillon se lance contre la cote 233, mais tombe, presque au but, sous les fusils et les mitrailleuses de l'ennemi.
Attaque meurtrière et sans gloire dont le fruit, cependant, fut recueilli par nos voisins : les vainqueurs des Éparges.
Pendant quatre mois encore, le régiment, fort éprouvé, défendra le secteur de Riaville, au nom peu retentissant et qui ne connut guère les honneurs du communiqué. Et pourtant, il nous avait coûté des pertes douloureuses et il avait exigé du 166e une endurance peu commune et un inébranlable esprit de fidélité à l'accomplissement du devoir obscur, sans panache, sans récompense visible, fidélité pourtant la plus difficile de toutes.
Historique du 166e Régiment d’Infanterie
Numérisé par Marc TERRAILLON - 12/08/07
Sur cette sinistre côte 233,
une stèle rappelle cette disparition :
A LOUIS PERGAUD
Reverrons-nous
les champs
reverdir
et les
fleurs repousser
Avril 1915
Parti d'ici à la tête
de ses hommes
Louis Pergaud
prix Goncourt 1910
auteur de La Guerre des boutons
disparut la nuit
du 7 au 8 avril 1915
dans l'attaque
de la cote 233
de Marchéville.
1882 - 1915
La presse
Le Petit Parisien, 9 décembre 1910
Le Journal, 9 décembre 1910
Le Figaro, 9 décembre 1910
Mercure de France, 15 mai 1921
Rue Pergaud, Besançon
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