Le 26 juin 1917, les Américains chez nous !
Mots-clés :
St-Nazaire, Brest, Bordeaux, Bassens, Nantes, Lambézellec, Rochester, les Américains chez nous, sammies, doughboys, Amérique, La Rochelle, port La Pallice, Jonas,
L’entrée en guerre des États-Unis est accueillie avec joie tant à l’intérieur des terres que dans les villes côtières. En effet, le département entretient des liens privilégiés avec la côte atlantique américaine. Celles-ci s’apprêtent à recevoir chaleureusement les nouveaux alliés et
s’offrent comme ports de débarquement. Le Conseil municipal rochelais formule le voeu de voir la Rochelle choisi comme lieu de débarquement du corps expéditionnaire américain. Le projet de Joffre reprend cette idée, mais c’est à Saint-Nazaire et Nantes que vont débarquer les premiers soldats américains.
En Europe, l’armée américaine va établir huit bases : une en Italie, une en Angleterre, et six en France, localisées (à l’exception de Marseille) sur la côte atlantique : Saint-Nazaire - Nantes, Bordeaux - Bassens, Brest, La Rochelle - Pallice, le Havre.
ÉVÉNEMENTS AMÉRICAINS :
- 2 ou 6 avril 1917 : entrée en guerre des États-Unis
- 13 juin : arrivée du Général Pershing en France
- 28 juin : débarquement à Saint-Nazaire des premiers soldats américains
Pour le seul mois de juillet 1918, les camps d’instruction fonctionnant en Gironde ont accueilli 14 trains de troupes qui venaient d’être débarquées à Brest.
En 1918 sont arrivés par bateaux en France au mois de :
- mars : 62 000 hommes
- avril : 120 000 hommes
- mai : 214 000 hommes
- juin : 237 000 hommes
- juillet : 246 000 hommes
- août : 279 000 hommes
Cela représentait un total de 1 158 000 sammies.
En octobre 1918, débarquaient chaque minute, en moyenne, 7 hommes, 2 chevaux et 7 tonnes de matériel.
En Gironde, au 1er octobre 1918, l’effectif américain se décomposait comme suit :
- 3 202 officiers
- 89 027 hommes de troupe
- 4 366 civils
- 168 infirmières
En 1918, 2 800 000 tonnes de matériels et marchandises auraient transité par le port de Bassens.
1 500 locomotives à vapeur et 23 000 wagons ont été fournis par les Etats-Unis et cédés pour la plupart à la fin des hostilités. Ce matériel ferroviaire a été utilisés pendant de longues années après la Grande Guerre.
Le 3 juin 1919, le Général Pershing, à l’occasion d’une tournée en France, a rendu visite aux troupes américaines stationnées à Bassens.
Paquebot USS Leviathan
La tenue vestimentaire des Sammies.
Tenue militaire des doughboys
Avec leurs uniformes de draps olive, leurs feutres à larges bords, leurs ceintures à pochettes multiples, cette allure de jeunes cow-boys de l'Ouest américain, ils apportaient une note de pittoresque inédit dans nos décors de guerre.
Journal L'Illustration
Lorsque le fantassin américain débarque en France été 1917, son équipement se révèle inadapté au combat. Aprés une mise au point et une formation assurée par les instructeurs français dans les bases atlantiques, les Sammies se lancent dans les combats en 1918 et assureront la victoire des Alliés.
Les Annales, 28 octobre 1917
2 Avril 1917 : Les États-Unis entrent en guerre contre l’Allemagne auprès des alliés, par la volonté du président W.Wilson, exprimée dans un message au Congrès où il obtient une large majorité le 6 avril. A la fin du mois il nomme J.Pershing au commandement de l’A.E.F. ( American Expeditionary Force).
Pour amener en moins de 18 mois plus de deux millions de soldats, des tonnes de matériels, de munitions, d'armes, de ravitaillement de toutes sortes, les Américains vont créer en France des camps, des ports et des gares. Le général Pershing choisit Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique, comme base de débarquement. C'est là qu'arrivent, le 26 juin 1917, les premiers bâtiments d'un convoi parti de New York qui amène 14 750 hommes. Le 9 août, une deuxième base américaine est créée à Bassens en Gironde, puis en septembre, des travaux d'aménagement commencent à Pontanézen, près de Brest, pour la construction d'une véritable ville qui va accueillir 70 000 militaires américains en transit avant de monter au front. Pour chaque homme qui débarque, une tonne de matériel arrive également en France. À Bassens, les Américains créent un port artificiel capable de recevoir et de décharger vingt navires à la fois.
Bientôt, ils relient chacun de leurs ports et de leurs camps par des voies de chemin de fer qui vont jusqu'à Is-sur-Tille (Côte d'Or) en passant par Bourges et Tours. À Gièvres (Loir-et-Cher), une immense gare régulatrice est installée. Elle comprend deux gares de triage, avec 145 hectares de stockage, un dépôt pétrolier, une usine frigorifique, un arsenal pour les munitions, un atelier de 200 locomotives... En novembre 1918, le personnel américain du chemin de fer s'élève à plus de 30 400 agents pour un parc de 14 000 wagons et de 1 380 locomotives.
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/entree-en-guerre-des-etats-unis-en-1917
http://enenvor.fr/arrivee des américains à saint nazaire.html
http://www.habitantslieuxmemoires.fr/articles/les-americains-a-bassens-1917-1919
Brest, Lambézellec
Les Américains arrivent à Brest le 12 novembre 1917. Ces 12.000 premiers hommes sont chargés d'organiser le débarquement et l'entraînement des troupes avant leur envoi sur le front. Le général Pershing, le commandant en chef des troupes américaines voit les choses en grand et ne veut pas s'engager avant d'avoir suffisamment de troupes, à savoir un million d'hommes. Pontanézen, un quartier de Lambézellec est transformé en vaste camp par le génie américain. En un temps record, des baraques et des entrepôts immenses sont construits, grâce notamment à une scierie importée d'outre-Atlantique. Des travaux sont engagés sur le port de commerce pour agrandir la gare. Des voies de chemin de fer sont posées, notamment pour relier «Ponty», le camp de Pontanézen comme le surnomment les Yankees. Il atteindra près de 700 ha. Les baraques accueillent jusqu'à 50.000 hommes et plus d'une quarantaine de mille autres sous des tentes. Au plus fort de son activité, 90.000 hommes y transitent, soit l'équivalent de la population brestoise d'alors ! Les Américains construisent également des infrastructures, notamment une station de pompage d'eau, à Kerinou. On monte des salles de cinéma, de sport, de théâtre. Après une traversée souvent éprouvante, les soldats US peuvent se détendre avant de rejoindre le front.
1917, Brest devient « ville américaine ».
Plus de 800.000 soldats américains,
275.000 tonnes de matériel vont transiter par Brest.
Intérieur du camp
Camp américain pour 80.000 hommes à Pontanézen au nord de Brest
Brest, principal port d'embarquement pour le retour des troupes américaines.
Américains défilant dans les rues de Brest
Brestoise vendant ses produits aux Américains
Voir le lien :
Saint-Nazaire
Le 26 juin 1917, les premières troupes américaines débarquent à Saint-Nazaire.
Les troupes américaines arrivent dans le port de Saint-Nazaire, transportées par différents navires : le “Havana”, “Saratoga”,”Pastorès”, “Ténorès”, “Neptune”, “Henderson”, “Seattle “et “De Kalb”. Des prisonniers allemands participent au déchargement des paquebots.
L’action se déroule en présence du colonel Stanley, chef de la mission, du général Silver, commandant le corps expéditionnaire, du commandant Appleton et du général Pershing venu pour le débarquement, ainsi que du général Peltier.
Près de St-Nazaire, à Savenay, les américains contruisent un hôpital où 87.454 soldats seront soignés jusqu'en 1919.
Navire le De Kalb
Le Henderson et le De Kalb à l'ancre le 27 Juin 1917
Navire Le Neptune
Navire Le Ténorès
Sur le pont du transport de troupes "Ténorès",
les soldats américains attendent de débarquer dans le port de Saint-Nazaire.
Des soldats américains sur le pont du navire qui les a amenés en France,
photographiés avant leur débarquement.
La Première Guerre mondiale vue de Saint-Nazaire, en cinq dates.
D'août 1914 à février 1915, 120 000 soldats britanniques, les « Tommies », débarquent à Saint-Nazaire, en transit vers la zone des combats.
Début août 1914, le 64e régiment d'infanterie, caserné à la Briandais, monte au front.
Le 7 septembre 1914, le régiment est décimé lors de la première bataille de La Marne.
En mars 1916, le camp de prisonniers allemands installé rue de la Dermurie compte 1 086 détenus, chiffre maximum.
Le 26 juin 1917, les premiers transports de troupes américains arrivent au port à 7 h du matin.
Les « boys » établissent neuf camps autour de la ville et creusent l'étang du Bois-Joalland.
Voir les sites :
http://saint-nazaire.hautetfort.com/Américains
http://centenaire.org/sites/default/files/references-files/44-loire-atlantique.pdf
http://www.unc44.fr/IMG/pdf/Centenaire14-18 Projet dossier mairie St-Nazaire3.pdf
Lire les documents :
Nantes
Nantais, faites bon accueil aux américains
Voir le lien :
http://www.archives.nantes.fr/Nantes pendant la grande guerre
Arrivée des troupes à Bordeaux, port de Bassens
Les premiers navires arrivent en août-septembre. Les appontements de « Old Bassens » et « New Bassens » les accueillent et à partir de mars 1918. Jusqu’en août 1919, 739 navires américains arrivent dans l’estuaire.
Bordeaux et la Gironde sont profondément marqués par les Américains : outre les ports, des camps, des hôpitaux, une station de TSF, « Bordeaux-Lafayette », la première usine Ford en France…et même des cimetières sont installés. Et au-delà des aménagements qu’il a fallu créer, c’est un afflux humain qu’il faut gérer : de 5000 à la fin 1917, le nombre des Américains croît pour atteindre plus de 90000 dans l’été 1918 et 125.000 en avril 1919. Il est aisé alors de comprendre que la sympathie envers les « Sammies » ait pu être refroidie par les multiples conséquences d’une telle présence sur les prix, sur l’emploi et le ravitaillement sans compter les troubles liés à l’alcool et à la prostitution.
Lire les documents :
Troupes américaines en Gironde
Arrivée de L'Orléans à Bordeaux le 27 Février 1917
Le Miroir, 11 Mars 1917
Arrivée du Rochester à Bordeaux le 1 Mars 1917
Le ROCHESTER a été construit par Great Lakes Enginneering Works, Ecorse, Michigan pour la compagnie Ocean Freight Line de Wilmington, Del., USA.
Il a été lancé sous le nom de YAGUEZ en mai 1912
Il a été revendu en 1916 à la compagnie Vacum Oil Co. de New York.
Puis en 1917, il fut à nouveau revendu à la compagnie Kerr Steamship Co de New York et rebaptisé ROCHESTER à l’occasion de cette vente.
Le ROCHESTER est parti de New York le 10 février 1917 en compagnie de l’autre bateau l’ORLEANS.
C’était sans doute son premier voyage sous le nom de ROCHESTER.
Le bateau a été coulé par un sous-marin allemand U-95 le 2 novembre 1917 au large de l’Irlande lors d’un voyage de Manchester à Baltimore. Le capitaine Erik Kekeritz et une partie de l’équipage furent sauvé alors de 18 marins disparurent dans le naufrage.
Lire le document :
La Gironde et la Grande Guerre
La Rochelle, port La Pallice
L’intervention américaine a profondément perfectionné l’équipement portuaire de la Pallice, de Rochefort.
La loi du 21 avril 1914 avait prévu l’agrandissement du port de la Pallice, relié régulièrement aux terres africaines, américaines ou scandinaves et très fréquemment aux autres ports d’Europe, surtout britanniques. Essentiel désormais pour l’approvisionnement général de la France, le trafic de La Pallice dont les travaux sont repoussés, révèle les priorités de l’intendance militaire, qui pourvoit au débarquement et à la réexpédition par voie ferrée. Port de débarquement pour le personnel, le matériel et la cavalerie des corps de troupes, il reçoit un nombre impressionnant de chevaux, en provenance d’Argentine, près de 20 000, ou des Etats-Unis par chargement de 500 et plus souvent 1000 bêtes qu’il faudrait expédier, par voie ferrée, à raison de 8 chevaux par wagon. La pénurie de wagons, qui sévit immédiatement crée un encombrement inhabituel, faisant craindre pour la situation sanitaire.
Le port de la Pallice reçoit du charbon, des céréales, des nitrates, plus nouvelle est l’importation de machines variées pour le transport dont la guerre souligne l’importance accrue : rails, wagons, voitures, automobiles. L’aménagement du réseau ferroviaire permet une évacuation plus rapide : la voie la Rochelle-Pallice est doublée par la voie des usines, une gare de triage est établie à l’est de la Rochelle-Pallice, le manque de matériel roulant reste l’obstacle majeur : la voie ferrée décharge 1200 à 2000 tonnes quotidiennement alors que 3000 à 4000 tonnes sont déchargées.
Le 26 juin 1917, les premières troupes américaines débarquent à Saint-Nazaire. La Rochelle doit attendre octobre 1917 pour accueillir ses premiers contingents américains. En 1918, ils sont 3 390 dans la cité maritime. Les effectifs montent jusqu’à presque 5 800 hommes en 1919. La démobilisation des Sammies est décrétée en mars 1919, mais leur départ officiel n'a lieu qu'en juin de la même année.
Bateaux américains dans le port de La Pallice. Les États-Unis entrent en guerre le 6 avril 1917.
Les Américains débarquent à La Rochelle en octobre 1917 et installent à La Pallice la base d'opération n° 7.
Les Américains déchargent le matériel provenant des États-Unis. Ils reçoivent du matériel de transport, de l'essence, des viandes congelées. D’avril à décembre 1918, presque 600 000 tonnes de provisions et de matériels sont déchargés dans les ports de la Pallice pour le compte du corps expéditionnaire américain.
Vue de la nouvelle gare de La Rochelle. Les Américains y construisent des wagons qu'ils expédient ensuite au front. Le premier wagon est monté le 25 février 1918.
À La Rochelle, les Américains transforment le paysage de la ville. Un véritable chantier de construction de wagon est mis en place dès 1918 devant la nouvelle gare. Un peu partout dans le centre de la cité maritime, les Américains bâtissent des baraquements en bois, notamment sur la Place d'Armes.
Le hall de la nouvelle gare de la Rochelle sert de réfectoire aux Américains. Un groupe de musique divertit les soldats. Les Américains font régulièrement découvrir aux Rochelais de nouvelles sonorités musicales, comme le jazz.
Des Américains au repos, entre le montage de plusieurs wagons. Un des records d’assemblage et de montage serait, en une journée de dix heures de travail et sur une seule voie, la construction de soixante wagons, soit un wagon toutes les dix minutes.
Les Américains étonnent par la rapidité et la modernité de leurs méthodes. Leur apport technique est considérable. Non seulement ils modernisent les équipements portuaires, mais ils assainissent également l'eau dans la ville de la Rochelle.
Voir les liens :
https://exposition-1914-1918.larochelle.fr//index_1.html
Le transport des troupes
Pour transporter l'ensemble des troupes et des approvisionnements débarqués dans les bases maritimes et amener en moins de 18 mois plus de deux millions de soldats, des tonnes de matériels, de munitions, d'armes, de ravitaillement de toutes sortes, les Américains vont créer en France des camps, des ports et des gares.
Les forces armées des Etats-Unis se veulent à la pointe du progrès, elle utilise les technologies les plus modernes concernant l’artillerie, l’aviation, les soins médicaux ou la motorisation. Beaucoup d’innovations apportées par les soldats du Nouveau-Monde vont être des petites révolutions pour les Français. Dans tous les domaines leurs influences se fait sentir, on peut citer les progrès réalisés dans les soins des animaux grâce au concours des vétérinaires américains ou l’utilisation du macadam qui vient améliorer l’état des routes françaises avant qu’elles puissent accueillir les convois américains.
Transport des troupes américaines vert le front :
St Nazaire - Neuchâtel, 852 Km en 37 heures.
L'Oeuvre, 17 juin 1918
Une logistique impressionnante !
L'état-majour américain avait calculé qu'un seul boy devait pouvoir disposer de :
- 4 manteaux
- 4 paires de gants
- 4 pull-overs
- 4 paires de chaussettes
25 millions de chemines de flanelles, 35 millions de gillets, 80 millions de chaussures furent fabriqués
Le SOS (Service Of Supplies) employait 386.000 soldats. Ils étaient chargés de nourrir, d'équiper, et de soigner les hommes du front.
De nombreux techniciens, ingénieurs étaient prévus pour l'agrandissement des ports, le doublement des voies ferrées, l'installation de gares, de stations frigorifiques pour la conservation des aliments, de viandes, de bieres.
Les américains débarquèrent avec 33.000 camions, 150 établissements hospitaliers, une flotte d'ambulance, des camps d'hébergement préfabriqués.
Dessins de boys par Lucien Jonas
Journal des tranchées :
Les caricatures de Decaux Roger
Affiches, les Américains en France
Voir l'article, Les offensives américaines en 1918 :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/01/05/28862639.html
Voir l'article, Lieux de mémoire américains :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/01/21/29004970.html
Voir le lien :
http://centenaire.org/fr/les-etats-unis-dans-la-grande-guerre