Regard sur les missions des peintres aux armées
Mots-clés :
Peintres aux armées, Maurice Denis, Flameng, Bernard Naudin,
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Les missions aux armées
Plus crédibles comme témoignage se voulaient les Missions Artistiques aux Armées, dans un cadre plus institutionnel. Issues dʼune collaboration entre le Secrétariat dʼÉtat aux Beaux-Arts et le Ministère de la guerre, il sʼagissait de "permettre aux peintres de se documenter, aider les futurs historiens de la guerre", réussir plus tard à recomposer lʼimage de la guerre moderne.
12 missions de 6 à 15 artistes sont envoyées aux différents États-majors du front de février à novembre 1917. Ajoutons-y 6 missions maritimes et 3 dans les usines de guerre. En tout 117 artistes. Pas de femmes, pas de sculpteurs, pas de mobilisables ou quelques démobilisés (Georges Bruyer), que des professionnels mais éclectiques.
Lʼarmée ne voulait pas de "boches" (des peintres trop modernes).
On a une majorité de peintres académiques oubliés depuis comme Adler, Friant, Lauth, Zo, Renouard, Couturier, mais aussi quelques modernes, nabis comme Bonnard, Denis, Vuillard, Vallotton, des néo-impressionnistes comme Lebasque, Ottmann, Zingg, même un néo-cubiste (Lhote).
Leurs œuvres firent lʼobjet de 6 expositions au Luxembourg de mars 1917 à mars 1918.
Que nous montrent-ils ? Aucun combat. Restés en lignes arrières, ils nous offrent une majorité écrasante de paysages des terres, des ruines, quelques scènes de cantonnement, de prisonniers. Quelques originalités exceptionnelles : Zingg expose 18 pièces, que des paysages sauf Les Masques, Georges Bruyer saisit le passage étonnant dʼun crapouillot au dessus dʼune tranchée. Plus rare encore cette audace de Georges Capgras, Lʼenlisé, qui ne sera pas acheté par lʼÉtat.
Lʼenlisé, Georges Capgras
Source :
Lettre du Chemin des Dames N°33, novembre 2014