Le camouflage, c'est de l'Art !
Mots-clés :
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L'art du camouflage pendant la guerre
André Mare, artiste camoufleur
La section de camouflage, officiellement créée en 1915 par l’armée française, a pour vocation de dissimuler aux yeux de l’ennemi les troupes et le matériel militaire. Ce procédé marie les beaux-arts à la stratégie de guerre en profitant du talent d’artistes venus de tous horizons.
Dès la fin du mois d’août 1914, les premiers vêtements camouflés naissent d’une collaboration fructueuse entre Louis Guingot, peintre décorateur nancéen, et Eugène Corbin, administrateur des Magasins Réunis de Nancy. Pour dissimuler les couleurs voyantes des uniformes français en ce début de guerre, Guingot, à partir d’une veste simple en toile, la peint selon une technique issue de son travail de décorateur. Il l’envoie par l’intermédiaire de Corbin aux Services des Armées de Paris qui découpent un échantillon de drap camouflé avant de le lui retourner mais la veste léopard n’est pas adoptée car dans le même temps l’armée française crée un uniforme bleu horizon plus discret. La découverte de Guingot voit cependant dès 1915 une application dans le camouflage de l’artillerie.
Au cours de la guerre, sont créées différentes sections de camouflage dans laquelle sont mobilisés de nombreux artistes :
- peintres : André Mare, Jean-Louis Forain, Dunoyer de Segonzac, Jacques Villon (Gaston Duchamp, dit, 1875-1963).
- illustrateurs : Auguste Roubille
- sculpteurs : Paul Landowski
Certains deviennent de véritables experts du camouflage à la fois des tenues et du matériel.
Artistes camoufleurs célèbres :
Atelier d'Amiens, remise de décorations, le 14 avril 1916
Guirand de Scévola, Jean-Louis Forain, Abel Truchet
Henri Bouchard 1875-1960 :
Sculpteur français, né en 1875, Prix de Rome en 1901, il est engagé dans la section camouflage entre 1915 et 1918.
« Nous faisons ce que les Allemands n’ont pas encore trouvé, ils sont peut-être plus scientifiques, nous sommes plus ingénieux. »
Le sculpteur Henri Bouchard est une figure importante de la section de camouflage. Sa maîtrise de la technique du trompe-l’oeil lui permet d’inventer des leurres plus vrais que nature. Qui se douterait que cet arbre en carton-pâte dissimule un soldat qui épie ? Prenant du galon au sein de la section camouflage, Bouchard participe à l’installation d’ateliers en Italie à l’automne 1917 et donne des conférences qui ont fait dire qu’il a été « l’un des meilleurs théoriciens de l’art du camouflage ».
Auguste Herbin, 1882-1960 :
Peintre d’avant-garde proche des fauves et des cubistes, il est engagé dans la section camouflage en 1917, dans une usine d’aviation de la région parisienne. À la rigueur utilitaire de Bouchard s’opposent les licences poétiques d’Herbin. Dans ses projets de camouflage pour
avions, il utilise des procédés cubistes pour brouiller le regard : décomposition du réel, géométrisation des formes, fragmentation des ombres et des lignes, création d’une illusion de mouvement par le jeu dynamique des couleurs. Sans doute trop fantaisiste, sa proposition reste à l’état de dessin préparatoire.
Camouflage d'un aéroplane 3, 1917, Aquarelle et encre sur papier.
Auguste Herbin, Aéroplane, 1917
Oeuvre d'Auguste Herbin, affecté pendant la guerre à des travaux de camouflage dans une usine d'aviation. Sur ce biplan maquillé, on devine en dessin stylisé, champ, bosquets et une rivière sinueuse.
Jean-Louis Forain, 1852-1931 :
Classe 1872. Engagé volontaire à l'âge de 62 ans, le 12 février 1915. Caporal, puis sergent, puis sous-lieutenant au 1 er génie, inspecteur général de la section de camouflage. Croix de guerre, une citation, Chevalier de la Légion d'honneur à titre civil.
Carte d'inspecteut des équipes de camouflage sur le front, 1915-1918
Forain (à gauche) peignant un canon de 75 à Sailly-aux-Bois, Somme, hiver 1914-1915
Voir l'article sur Jean-Louis Forain :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/06/07/33928885.html
André Mare, 1885 - 1932
Voir l'article :
André Mare, artiste camoufleur
Autoportrait, 1914
Autoportrait, 1916
André Mare (1885-1932), dont le travail était de préparer et d'organiser le camouflage des positions d'artillerie, se présente comme un soldat. Il vivait près des lignes de front dans les mêmes conditions qu'un poilu ordinaire. Son style d'art était le cubisme, un style qu'il utilisait depuis 1912, initié par son ami Léger. Il met en évidence la minceur de son visage et de la casquette et autour du visage il organise des éléments symboliques pittoresques dominés par l'harmonie tricolore du drapeau français. Peu de temps après cet autoportrait, André Mare fut gravement blessé par un obus en installant des postes d'observation en Picardie. Il fit opéré par le médecin et auteur Georges Duhamel à Ressons.
Elie-Jules Le Goff, 1858-1938 :
Camoufleur à l'atelier de Nancy.
Elie Le Goff père est au centre, entouré de ses fils morts à la guerre
Cimetière Saint-Michel, St-Brieuc.
Voir l'article sur les monuments aux morts en Bretagne :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/02/03/29111160.html
Georges Mouveau, 1878-1959 :
Mobilisé au 74 RIT de St-Brieuc. Sous-lieutenant au 1 er génie, il fait partie dès février 1915, de la 1 er équipe de camouflage. Il est l'inventeur du grillage de fil de fer revêtu de raphia coloré. Croix de guerre, une citation.
Autres artistes camoufleurs :
- Joseph Pinchon, créateur de Bécassine
- André Mare, atelier d'Amiens
- Louis-Abel Truchet, directeur de l'atelier des Buttes-Chaumont, mort pour la France, le 9 septembre 1918.
- Charles Berthold-Mahn, atelier d'Amiens
- André Dunoyer de Segonzac, ateliers d'Amiens et Chantilly, croix de guerre, 4 citations.
- Jean-François Flameng, atelier de Nancy
- Paul-Maximilien Landowski, installe de nombreux arbres-observatoires dans la Somme, ateliers d'Amiens et Chantilly.
Les ateliers de camouflage :
En 1918, 3.000 officiers et hommes de troupes sont affectés au camouflage.
Les ateliers emploient des prisonniers de guerre allemands, des annamites, et plus de 10.000 femmes.
Les ateliers :
- Paris
- Chantilly
- Epernay
- Châlons-sur-Marne
- Nancy
Les sections de camouflage :
- Bergues
- Noyon
- Gueux
- Bar-le-Duc
- Belfort
- Soissons
- Epinal
Atelier de Châlons-sur-Marne, avril 1916
Fabrication de guérites, visibles à gauche.
Fabrication d'arbre-observatoires blindés, au centre.
Atelier de Nancy, 1 er mai 1918
Ouvrières travaillant à la confection de filets tendus sur des cadres posés au sol.
Atelier de Nancy, 1 er mai 1918
Gauche : ouvrières peignant des toiles.
Droite : ébouillantage des toiles peintes pour fixer les couleurs.
Femmes confectionnant des filets avec de l'herbe qui serviront à recouvrir des pièces d'artillerie.
Exemples de camouflage
Les exemples sont nombreux :
- Dissimulation des combattants
- Dissimulation des voies de communication
- Dissimulation des villes et usines
- Edification de faux arbres, de fausses meules
- Camouflage de pièces d'artillerie, d'avions, de bateaux, d'animaux, de bâtiments
Dès les premiers mois de guerre, deux lorrains, Eugène Corbin, administrateur des Magasins réunis de Nancy et Louis Guingot, peintre décorateur, réalisent des uniformes de camouflage : vareuse de toile, manteau, pantalon, combinaison à cagoule....
Ces vêtements n'obtiennent pas un grand succès.
Veste Léopard
Croquis d'Henri Bouchard
Poste d'observation et de mitrailleuse dans une meule de paille.
Croquis d'Henri Bouchard.
Coupe transversale du camouflage d'une tranchée avec observateur.
Croquis d'Henri Bouchard. Périscope camouflé
Meule de foin transformée en observatoire, Font italien 1917
Poste téléphonique camouflé.
Forêt de Laique (Oise)
Canonnière camouflée près de Verdun, 1917
Deux obervateurs à l'intérieur d'un arbre-observatoire blindé, Oise, mars 1917
Faux arbre
Leon Underwood, installation d'arbres de camouflage, 1919
Pose de faux arbres de nuit pour éviter les tirs ennemis.
Le Miroir, 10 février 1918
Arbre-observatoire de Bitry (Oise), juillet 1917
Baraque camouflée, près d'Oulches (Aisne)
Croquis d'Henri Bouchard.
Camouflage d'une pièce d'artillerie grâce à la mise en place d'une fausse butte de terre recouverte d'herbe, réalisée avec du grillage.
La Guerre mondiale, 23 mars 1917
La frise des camoufleurs de Villain Henri (1878-1938)
Le camouflage dans la presse
Haye et Paul d'Espagnat, La Guerre documentée N°49
Cahiers d'illustration sur des exemples de camouflage et de tromperie.
Etapes de la fabrication d'arbres d'observation blindés.
La Guerre documentée N°49 p. 37
La Guerre documentée N°49 p. 33
Silhouettes de soldats disposées sur le parapet d'une tranchée
donnant l'illusion d'une vague d'assaut.
La Guerre documentée, N°49 p. 34
Fausses têtes de soldats
Groupe de soldats occupés à maquiller la robe d'un cheval.
L'Image de la Guerre, décembre 1914
Excelsior, 19 mars 1917
Reconstitution du relief en le surélevant d'une hauteur suffisante pour dissimuler une pièce d'artillerie à l'aide de toiles de camouflage.
Lire les documents :
http://centenaire.org/fr/une-arme-qui-trompe-mais-qui-ne-tue-pas
http://bibliotheque.ecolecamondo.fr/pdf/DE-PENFENTENYO_Margaux.pdf
De nombreuses photos de cet article proviennent de l'ouvrage de Cécile Coutin : Tromper l'ennemi.
Lectures pour tous du 1 er mai 1918
Le Miroir
Le Miroir, 11 février 1917
Le Miroir, 27 mars 1918
Le Miroir, 10 février 1918
Le Miroir, 3 mars 1918
Le Miroir, 26 mai 1918
Le Miroir, 2 juin 1918
La Baïonnette, N°112 du 23 août 1917
Désenchanté.
Oui, mon vieux, mais...les Boches camouflent mieux...les communiqués.
La Ballade des Camoufleurs
Baudry Pierre François Marie Léon (1897-1918)
Lire le document :
Le camouflage pendant la Première Guerre mondiale
Lectures pour Tous, Octobre 1917