Le casque Adrian M 1915
Mots-clés :
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Tenue militaire
Les baraques Adrian
Le casque Adrian est certainement la coiffure la plus emblématique de la Première Guerre Mondiale. Son succès, à sa création, sera tel que de nombreux pays alliés en passeront commande, comme la Serbie, l'Italie, la Pologne, la Yougoslavie, la Roumanie, la Russie, la Belgique, le Luxembourg ou les Pays-Bas. Mais tandis qu'il sera progressivement remplacé dans la plupart de ces pays peu avant la Seconde Guerre mondiale, par un modèle national propre, la France le préfèrera encore, lors de sa renaissance de 1944, afin de distinguer ses soldats de la masse libératrice équipée à l'anglo-américaine.
Casque Adrien M 1915
Avant le port de ce casque, 77% des blessures de guerre sont à la tête, le taux diminue à 22% ensuite. Un attribut métallique fixé par une agrafe-crampon sur le devant du casque représente le régiment : une grenade surmontée d’une flamme pour l’infanterie, une ancre pour l’infanterie coloniale, une grenade brochant deux canons croisés pour l’artillerie, le caducée pour le service de santé etc.
Au début de la guerre, les soldats portent un képi de toile rouge. Ce couvre-chef offre une protection dérisoire et est peu discret sur le champ de bataille. Face au nombre important de pertes et de blessures à la tête, on imagine plusieurs solutions. Pour gagner en discrétion, les képis reçoivent des manchons de toile bleue, qui les rendent moins visibles aux yeux de l’ennemi. Pour améliorer la protection de la tête, on distribue aux soldats une cervelière, sorte de bol métallique qui se plaçait sous le képi. Cette parade n’est pas satisfaisante : la cervelière est inconfortable et donne fréquemment des migraines. Le casque d’acier réglementaire qui équipe progressivement les soldats à partir de 1915, ou casque Adrian, porte le nom de l’officier qui fut responsable du suivi du projet.
La cervelière
Le 26 août 1915, essayage des casques
C’est à partir du milieu de l’été 1915 que les casques Adrian vont être massivement distribués. Ils sont utilisés pour la première fois lors de l’offensive de Champagne de septembre 1915. Fin 1915, quelques 3 125 000 casques équipent l’armée française. Plus de vingt millions ont été produits et ont aussi servi aux soldats italiens, belges, russes, roumains, etc.
Les premiers casques ont été peints en bleu brillant, mais les reflets du soleil en font d’excellentes cibles. Les soldats les passent ainsi à la boue, puis une peinture mate est distribuée aux unités, ainsi que des couvre-casques de tissu ; le 3 juin 1916, sur la demande du général Joffre, ils reçoivent par mesure d’ensemble une peinture terne destinée à en dissimuler la visibilité.
Les casques en cours de fabrication subissent quant à eux une transformation. Cuits plus longtemps durant la chaîne de montage, ils prennent une teinte qui tend à devenir gris fer au lieu de gris-bleu.
Cela a pour résultat de les rendre plus mats et donc moins luisants au soleil. Dès que l’opération de repeinture est terminée et que les nouveaux casques commencent à sortir des usines (fin 1916), il n’est plus fait usage des couvre-casques en tissu.
Le 16 avril 1917, dans le secteur de Berry-au-Bac, les chars d’assaut français sont utilisés pour la première fois. Le casque Adrian s’avère totalement inapproprié dans un tel espace exigu. Il subit plusieurs modifications sur sa visière avant et son cimier. Il sera après-guerre légèrement amélioré : le "modèle 1926" servira encore en 1940.
Le Mirroir, 5 septembre 1915
Casques Adrien ayant subits des impacts d'éclats d'obus
Voir le lien :
La composition du casque Adrian
Le casque est fait d'acier doux d'une épaisseur de 7/10 mm, il pèse de 670 à 750 grammes.
Il est plus léger que les casques allemands (Stahlhelm) et britanniques (casque Brodie) qui apparurent par la suite (février 1916 pour le casque allemand, fin 1915 pour le casque anglais).
Le casque Adrian est formé de 6 pièces :
- la bombe,
- la visière
- la nuquière
- le cimier
- la coiffe en cuir interne
- l'insigne
La bombe
Le casque est disponible en trois tailles de bombes d'acier ; chaque taille de bombe pouvant recevoir trois tailles de coiffe :
- de 54 à 56 pour la taille A
- 57 à 59 pour la B
- 60 à 62 pour la C
La ventilation est assurée par un trou de ventilation ovale protégé par le cimier, et percé en haut de la bombe.
La visière et nuquière
Remarquez les 2 rivets qui relient la pièce d’avant : la visière à la pièce d’arrière la nuquière.
Ces rivets n'existent plus sur le modèle 1923.
La jugulaire
La jugulaire des officiers est souvent en cuir tressé et achetée dans le commerce.
Fixation de la jugulère
Le cimier
La présence d'un cimier est une réminiscence des casques de cavalerie ; il est destiné à amortir des chocs venant par le dessus (le cimier s'écrase, puis le choc est transmis à la bombe du casque).
La découpe de la partie antérieure du cimier peut légèrement varier selon le fabricant.
La coiffe en cuir
La coiffe en cuir interne séparant le casque (en métal) du crâne du soldat ,constituée d’une seule pièce de cuir mais taillée en 6 morceaux appelés « dents de loup » trouées et rivetées pour permettre le passage d'une cordelette.
L'insigne
Insigne la plus commune : grenade à 12 flammes
Les différents casques français reconnaisables à leur insigne
Casque Adrian 1915, service intendance
Casque Adrian 1915, infanterie
Casque Adrian 1915, service du génie
Casque Adrian 1915, servvice de santé
Casque Adrian 1915, officier d'artillerie, jugulère tressée
Casque Adrian 1915, chasseur
Casque Adrian 1915, officier tirailleur, jugulère tressée
Casque Adrian 1915, aviation
La fabricaton du casque Adrian
En 1915, Louis Adrian (1859-1933), polytechnicien et intendant militaire conçoit avec Louis Kuhn, chef d’atelier aux usines Japy, un casque qui est alors fabriqué à l’échelle industrielle. Plus de 20 millions d’unités sont produites ; en parallèle de l’équipement des soldats français, il fallait également répondre aux commandes de nombreux pays : Italie, Belgique, Serbie, Roumanie, Russie.
Les casques Adrian sont fabriqués dans les usines Japy Frères à Paris (rue Albouy) et à Beaucourt, près de Belfort, et d'autres entreprises : Compagnie Coloniale, Reflex, Société des Phares Auteroche, Dupeyron, Bonnet sur le boulevard Beaumarchais à Paris.
Fabrication des casques Adrian chez Japy
Jeune femme procédant au soudage des casques « ADRIAN » en usine
Les établissements Japy fabriquent aussi gamelles, bidons, plaques d’identité, pièces de précisions pour obus et machines à écrire pour l’armée.
La société Japy, emploie 7000 ouvriers dans l’ensemble de ses filiales (2000 ouvriers employés à Beaucourt au sud de Belfort, maison mère).
Voir le lien :
http://www.armae.com/blog/le-casque-adrian-une-passoire.html
Casques Adrian à l'exportation
Casque Adrian 1915, belge
Casque Adrian 1915, russe
Casque Adrian 1915, chasseur polonais
Défauts du casque Adrian
Les défauts du casque Adrian modèle 15 n'ont pas attendu la fin de la grande guerre pour apparaître, principalement sa trop grande fragilité, due à une fabrication en trois pièces principales et d'un acier trop mou.
L'avenir du casque français passe par l'acier au manganèse, déjà employé par les Britanniques sur leur casque Brodie modèle 16, mais cet acier, aux excellentes caractéristiques balistiques, est malheureusement difficile à emboutir.
Puis apparut en 1923, le casque Adrian modèle 23, dont la coque est formée d'un seul emboutissage (casque + visière + nuquière), (plus le cimier).
Le 1er mai 1926, apparut le casque Adrian modèle 26, qui est un modèle 23 ayant subi les ultimes modifications. Principalement au système de fixation de la coiffe : qui consiste en un support formé de quatre "lamelles-supports de coiffe" en forme de T évidé et rivetés à la coque.
La production en grande série du nouveau casque modèle 26, ne débutera que tardivement . Ce n'est donc qu'à la mobilisation générale de septembre 1939 que le nouveau casque modèle 26 entra massivement en service.
Il fut fabriqué à environ trois millions d'exemplaires avant et pendant la seconde Guerre Mondiale, et équipa dès lors tous les corps d'armée français. Il équipa également les troupes de Vichy sous l'occupation, et certaines unités des forces françaises libres.
La presse
Soldats de l'infanterie dans la tranchée
Casque Adrian adopté par l'armée belge
Les Annales, 23 Juin 1918
Le Flambeau, 15 Octobre 1915
En 1914, le fantassin français ne possède pas de casque en acier, mais une casquette rouge ou un képi. Le premier casque en acier, dit casque Adrian, est fabriqué en 1915 ; c'est une sorte de calotte en métal très épais, 5 à 7 mn, avec une pointe descendant sur le nez, pesant 670 à 750 grammes.
Le casque à pointe allemand était début 1914 en carton bouilli, plus léger certes mais guère plus protecteur que la casquette !
La nécessité du casque se mesure au fait que plus de 80 % des blessures étaient des blessures à la tête.
Attributs des différentes armes :
- Artillerie : grenade brochant sur canons croisés ;
- Artillerie Spéciale (chars) : heaume brochant sur deux canons croisés ;
- Chasseurs alpins : cor de chasse ;
- Génie : Cuirasse et pot-en-tête (casque léger porté par les sapeurs ; ce type de protection a été instauré par Vauban. Tous les officiers du Génie portent ce symbole sur leurs boutons d’uniforme depuis 1775) ;
- Troupes d’Afrique du Nord, communément appelées « Armée d’Afrique » (Il s’agit des Chasseurs d’Afrique, des Spahis, des Zouaves et des Tirailleurs) : croissant ;
- Infanterie : grenade à 12 flammes ; de même pour la gendarmerie (grenade en maillechort nickelé, en laiton pour la garde mobile) ;
- Infanterie coloniale, tirailleurs coloniaux et sénégalais : grenade brochant sur ancre câblée ;
- Troupes de marine : ancre ;
- Corps médical : un caducée entouré de feuilles de laurier et de chêne ;
- Infirmiers : croix rouge ;
- Intendance : épées, drapeaux et faisceau.
Visiter les sites :
http://www.world-war-helmets.com/Casque-Francais-Adrian
http://france3-regions.francetvinfo.fr/playlist-histoires-14-18/Casque à pointre
Jules Isaac : Une Histoire dans la Grande Guerre
Lettre du 18 Avril 1915
Voir le lien :
http://www.world-war-helmets.com/fiche.php?q=casque-francais-adrian-mle-15
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