1917 - la bataille du Chemin des Dames : un fiasco ! Un responsable : le général Nivelle.
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Désastre sanitaire au Chemin des Dames
Général Nivelle, bouffeur de Bretons !
Le Chemin des Dames et L'Ailette, La Malmaison, Laffaux,
La Côte 108
Craonne
Reconstruction des régions dévastées
Le général Nivelle désire concentrer un maximum de troupes sur une partie du front afin de l'enfoncer. Pendant ce temps-là, les Allemands voulant réduire la longueur du front et économiser ainsi des troupes, se retirent sur leur ligne Hindenburg. En ce faisant, ils éliminent l'angle droit de la ligne de front.
Ce n'est qu'après une semaine que les Alliés se rendent compte que les Allemands s'étaient retirés sur une nouvelle ligne de front. Le général Nivelle change quelque peu son plan, mais il décide d'attaquer au Chemin des Dames. Les Allemands sont en hauteur, les Français se trouvent sur les pentes.
Le général Nivelle, artilleur de formation, compte sur l'artillerie pour bien préparer le terrain, détruire les lignes de défense allemandes, et sur les troupes d'infanterie pour s'engouffrer dans les brèches occasionnées par l'artillerie et neutraliser les soldats allemands encore en vie. Le premier jour de l'offensive, les premiers chars français sont envoyés à l'assaut des fortifications allemandes.
A cause du froid, du mauvais temps (chute de neige), des fortifications allemandes et du manque de visibilité pour les observateurs d'artillerie l'offensive fut un échec. Les chars français, trop lourds, trop lents et trop peu blindés, furent très vite mis hors de combat. Les pertes en hommes furent également très élevées :
30.000 tués pour la semaine du 16 au 25 avril 1917 !
L'offensive qui aurait dû abréger la guerre, fut un véritable fiasco.
Le 16 avril 1917, à 6 heures du matin, les troupes du 1er corps d’armée français s’élancent à l’assaut de ce qui est sans aucun doute la position la plus redoutable du Chemin des Dames. Depuis le début de la guerre, les lignes allemandes sont ici juchées sur un plateau (de Californie) qui domine le village de Craonne. Selon les plans du général Nivelle, cette position aurait dû être reprise en quelques heures. Dans les faits, elle ne sera partiellement reconquise que lors de l’attaque du 5 mai 1917.
Vue du plateau de Californie depuis le belvédère
Plateau de Californie vu du Belvédère
Le Chemin des Dames est un plateau calcaire, orienté Est-Ouest, situé entre la vallée de l'Aisne, au sud, et la vallée de l'Ailette, au nord. Ce plateau est un bel observatoire, tant vers le nord et la plaine située à l'est entre Reims et Laon, que celle située au sud depuis Soissons1. Les Allemands sont présents sur le plateau depuis septembre 1914. Ils ont eu le temps de transformer cet observatoire en forteresse en aménageant les carrières souterraines (Caverne du dragon), en creusant des souterrains permettant de relier l'arrière aux premières lignes, en édifiant et camouflant de nombreux nids de mitrailleuses.
Depuis 2013, une tour observatoire en bois, de 20 mètres de haut et librement accessible, offre une vue panoramique sur la vallée de l’Aisne. Elle permet une approche historique des paysages et rappelle l’importance de la prise des points hauts durant la guerre. Un phare bleu s’illumine la nuit en souvenir des soldats tombés au combat.
Craonne vu du belvédère
Chronologie de la bataille du Chemin des Dames
- 25 décembre 1916 : le général Robert Nivelle remplace le général Joseph Joffre à la tête des armées françaises
- 15-20 mars 1917 : opération « Alberich », repli allemand sur la ligne Hindenburg
- 6 avril 1917 : réunion de Compiègne décidant de l’offensive du Chemin des Dames
- 16 avril 1917 : début de l’offensive française sur le Chemin des Dames
- 17 avril 1917 : extension de l’offensive sur les Monts de Champagne à l’est de Reims
- 4-5 mai 1917 : reprise de l’offensive sur le Chemin des Dames, prise du plateau de Californie à Craonne
- 15 mai 1917 : remplacement du général Robert Nivelle par le général Philippe Pétain à la tête des armées françaises
- Mai-juin 1917 : crise des mutineries dans plusieurs divisions françaises
- 25 juin 1917 : reprise de la Caverne du Dragon par les Français
- Juin-août 1917 : bataille des observatoires sur le Chemin des Dames
- 23-25 octobre 1917 : bataille et victoire française de La Malmaison
- 1-2 novembre 1917 : repli allemand sur l’Ailette
Le plateau dit du “Chemin des Dames” est un relief calcaire qui domine toute sa région.
Il se situe au centre du triangle Soisson - Laon - Reims.
Il est borné au sud par le canal de l’Aisne,et au nord par l’Ailette.
La force de la position du Chemin des Dames apparrait d’emblée : de la plaine, on ne voit qu’elle.
Quand on est sur le Chemin des Dames la situation est encore plus claire : non seulement on voit toute la plaine à des km de distance,mais en outre on se rend immédiatement compte qu’un assaut ne peut avoir lieu « partout » mais bien dans certains secteurs seulement, et en outre tout ces secteurs se retrécissent à son approche et font donc des triangles dont la pointe se situe au pied du massif, c'est-à-dire devant 100 à 150 m de terres boueuses à gravir ….
Lire le fichier :
http://coursdhistoiremilitaire.over-blog.com/2015/06/l-offensive-nivelle-avril-mai-1917.html
Les hôpitaux militaires : un désastre sanitaire
S’agissant de l’offensive Nivelle d’avril et mai 1917, l’estimation de 400.000 blessés, dont 120.000 évacués à l’arrière, est discutée.
Pour les seules journées du 16 au 20 avril, le déferlement des blessés aux postes de soins provoqua un tel désordre qu’on le considéra comme un “ Charleroi sanitaire ”, allusion à la déroute meurtrière en Belgique.
Définition des étapes du parcours (en zone d’étapes)
- Poste de secours : local destiné aux premiers soins, au plus près des combats. Situé à environ 3 km du front, au terminus des boyaux d’évacuation, c’est un abri d’une vingtaine de lits avec brancardiers et une petite chirurgie, installé dans une cave ou creute – comme à Vassogne relié par un boyau au plateau de Vauclerc –, avec pour éclairage des lampes à acétylène.
- Ambulance de corps d’armée : petit hôpital qui devait pouvoir suivre l’évolution de la ligne de front où les blessés sont censés trouver des véhicules adaptés. Jusqu’à ce point on soignait très vite le plus de blessés possible pour les renvoyer au combat. Sinon ils devaient atteindre l’HOE réservé à leur corps d’armée.
- HOE: Hôpital d’orientation et d’évacuation comportant environ 700 personnes en chirurgie. Après le tri, l’évacuation des blessés devait se faire en zone d’étapes ou vers l’arrière par trains sanitaires.
- Personnel de chirurgie d’un HOE : 1 chef, 1 assistant, 72 médecins. À l’hospitalisation : 1 médecin chef, 6 médecins trieurs, 3 médecins en salle d’attente, 4 médecins aux dortoirs, 3 radiologues. À l’évacuation : 4 médecins, 2 médecins à l’embarquement, 3 radiologues. Soit 26 médecins en plus du personnel chirurgical et 98 affectés à la gestion. Plus 6 pharmaciens, 1 officier administratif, 3 adjoints du service de santé, 450 infirmiers. Et des infirmières autant qu’on pourrait en loger !
- Autochir (auto-chirurgicale) : ensemble comportant au moins une automobile dotée de deux tables de chirurgie.
Cherchant où se faire soigner, les files de blessés envahissent les postes de secours, puis les ambulances, et quelques heures après les HOE. Partout on improvise. Submergé dès les premières heures, le personnel de santé compense par le dévouement vu le peu de moyens mis à sa disposition. Il est surpris par le nombre important de blessures par balle prétendues aseptiques, alors qu’il était plutôt habitué à soigner des blessures par obus, les plus fréquentes dans les tranchées et reconnues très pathogènes. La section médicale considérait que les plaies de guerre par balle étaient non infectées et échappaient à la nécessité de soins. Cette carence de soins condamna à mort un nombre de blessés équivalent à un corps d’armée. “ Les chiffres véritables montrent que toutes ces fautes ont déjà coûté à la France plus de morts, de mutilés et d’infirmes qu’une grande bataille. ”
Si l’apogée du flux de blessés entrants, soignés ou non, se situe à l’HOE de Prouilly, c’est aux HOE de Saint-Gilles et de Courlandon que furent traités plus des deux tiers des blessés de la VIe armée. À la mémoire de ceux qui y moururent on a érigé à Saint-Gilles, en plein champ, un monument avec l’inscription : Aux morts du Chemin des Dames.
Pour ne pas alerter l’ennemi, on avait attendu le dernier moment pour aménager les postes de soins en première ligne, alors qu’à l’arrière on achevait péniblement les HOE de Mont-Notre-Dame, Courlandon, Montigny, Prouilly,
Saint-Gilles, Bouleuse, et de ceux plus discrets de Vierzy, Ambleny et Muizon.
Le service de santé devait conserver sur la zone des armées les blessés, les malades légers et ceux qu’on ne pouvait pas évacuer, et diriger tous les autres au loin. Mais au loin on ne pouvait envoyer que des blessés ou malades pouvant
supporter des voyages longs dans des trains confortables. Là non plus, les prescriptions ne seront pas suivies et certains hôpitaux se plaignirent de recevoir des blessés à l’état aggravé par le voyage, ce qui entraîna des enquêtes dans une atmosphère de contestation.
Problème de trains :
Des cas concrets auraient dû alerter les responsables. Un train qui devait évacuer 70 blessés vers un hôpital proche, attendu vers 16 h, est annoncé à 18 h comme retardé jusqu’au lendemain matin à 7 h, pour être expédié à Carcassonne ; on dut refaire les pansements car il était dangereux d’envoyer aussi loin des blessés très gravement atteints. Un train de 400 blessés parti de Paris arrive à Dinard cinq jours après car on l’avait oublié sur une voie de garage pendant deux jours.
Sans ravitaillement ni pansements, un certain nombre de blessés graves gisant sur des brancards moururent de faim, de froid, du manque de soins sur des plaies souillées de déjections, etc. Dunkerque reçut en moyenne 1.000 blessés par jour, sans triage suffisant pour leur transfert en Angleterre avec un pansement sommaire, de sorte que les plus gravement atteints succombèrent pendant la traversée.
Lire le document :
http://sahs-soissons.org/pdf_fede/Tome_050_page_143.pdf
La caverne du Dragon
Une ancienne carrière.
À l’origine du site de la Caverne du Dragon, une «creute». Ce mot désignait autrefois dans la région les carrières de pierre creusées dans le calcaire du plateau. Plus qu’un abri de fortune, elle devient un véritable enjeu militaire stratégique.
Le 25 janvier 1915, les Allemands s’en rendent maîtres et aménagent une véritable caserne souterraine avec un réseau
électrique et des postes de tirs et de secours. Ils lui donnent le nom inspiré par la mythologie germanique «Drachenhöle», ou Caverne du Dragon, un nom que les Français lui ont conservé après la reprise de la carrière le 25 juin 1917.
Après des occupations successives française et allemande, quelques traces demeurent dans des espaces parfois inaccessibles, des noms, des dates qui rappellent que dans ces lieux de guerre aujourd’hui vides, des hommes ont séjourné.
Voir le lien :
http://lhistoireenrafale.lunion.fr/2017/06/25/25-juin-1917-lincroyable-prise-de-caverne-dragon/
Moulin de Lafaux
Combien de morts ?
Le Fort de la Malmaison, Chavignon
Le Fort de la Malmaison, ancien fort de défense du système Séré de Rivières, qui contrôle l'accès ouest du Chemin des Dames, est au coeur de l’offensive française lancée le 23 octobre 1917. La préparation d'artillerie est massive et quand les troupes s'élancent, les défenses allemandes sont affaiblies. La victoire française est nette : les Allemands comptent 8 000 tués, 30 000 blessés et 11 500 prisonniers.
Cette victoire ne peut faire oublier le dramatique échec de la bataille du Chemin des Dames au printemps, mais elle
consacre une nouvelle stratégie reposant sur l'utilisation massive de matériels modernes (artillerie, chars) concentrés en un point précis du front.
Le 23 octobre 1917, sept mois après le déclenchement de l’offensive Nivelle sur le Chemin des Dames, le nouveau commandant en chef, le général Pétain, ordonne une offensive limitée dans le secteur du fort de la Malmaison. Prévue initialement en juillet, l’offensive prévoyait de déloger les Allemands des hauteurs occidentales du plateau. En quelques jours, l’opération est couronnée de succès.
Nivelle, l'impuni !
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Général Nivelle, bouffeur de Bretons !
Cartes postales
La chanson de Craonne : icône de la souffrance des Poilus.
Craonne, 5 avril 1917, peinture de François Flameng
Craonne est une commune de Picardie (Aisne) où ont eu lieu des combats au moment de l’offensive déclenchée par Nivelle au Chemin des Dames en avril 1917, sur le plateau de Californie (qui surplombe le village et tenu par les positions allemandes).
Cette bataille se solde par de nombreux morts, sans progrès notable sur le front. Elle suscite l’exaspération des soldats et déclenche des mutineries. Elle symbolise aussi la contrainte imposée aux soldats, l’ordre et la répression disciplinaire pendant la guerre (cf « un long dimanche de fiançailles », « les sentiers de la gloire », « les fragments d’Antonin et « les âmes grises »), le ressentiment et le désespoir des Poilus.
Cette chanson a été diffusée dans les tranchées sous le nom de « Chanson de Verdun » ou « chanson des sacrifiés », et le fait qu’elle soit restée anonyme est évocateur (malgré une récompense d’un million de franc-or) : d’une guerre considérée comme légitime au début à laquelle participent les soldats résignés au nom de la défense du bon droit et de la patrie, a fait place une guerre perçue comme inutile, absurde et suicidaire…
La chanson dite « de Craonne » est popularisée par les combattants au moment des mouvements collectifs de désobéissance du printemps 1917.
La Chanson de Craonne est en réalité issue d’un texte antérieur, La Chanson de Lorette, chantée entre septembre 1914 et septembre 1915 à l’occasion des terribles combats de l’Artois et qui reprend l’air de Bonsoir M’amour, succès du café-concert de 1911.
Ensuite, la chanson est transformée pour évoquer le plateau de Champagne au cours de l’automne 1915 puis la bataille de Verdun en 1916 (« C’est à Verdun, au fort de Vaux… »). Les paroles les plus connues sont celles publiées par Raymond Lefebvre en 1919 dans La Guerre des soldats puis par Paul Vaillant-Couturier en 1934 dans le journal Commune, avec de légères différences.
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