Charles Le Goffic, l’âme bretonne
Mots-clés :
Charles Le Goffic, fusiliers-marins, Dixmude, Bretagne, Lannion, Bourguignottes, pompons rouges, Niewport, Steenstraete, Ronarc'h, Jean Boucher, poésies,
Lire les articles :
Les Demoiselles au Pompon rouge
L'enlévement du moulin de Laffaux
La brigade des fusiliers marins en Belgique
La bataille de Dixmude, Octobre - Novembre 1914
Charles Le Goffic en compagnie de jeunes Trégonnaises
lors de la sortie de son livre Morganne, 1898
Le 14 mars 1923,
centenaire de la naissance de Théodore de Banville au Luxembourg,
discours de Charles Le Goffic, président de la Société des gens de lettres.
Biographie
Charles Le Goffic est un poète, romancier et critique littéraire français dont l'œuvre tout entière célèbre la Bretagne.
Il est enseignant successivement à Gap, Évreux, Nevers et au Havre. En 1886, il fonde avec Maurice Barrès et Raymond de La Tailhède la revue littéraire Les Chroniques.
Proche de Charles Maurras, il collabore à la Revue d'Action française (1899), qui deviendra L'Action française (quotidien) (1908), ainsi qu'à la Revue critique des idées et des livres.
Il prend la vice-présidence de l'Union régionaliste bretonne, créée en 1898, et lui sert de relais parisien en suscitant la parution d'articles dans la presse.
En 1895 il a introduit en Bretagne la Great Highland Bagpipe (grande cornemuse écossaise) devenue le "biniou bras".
Le Goffic est élu membre de Académie française en 1930 au 12e fauteuil.
RECUEIL DES PUBLICATIONS DE LA SOCIÉTÉ HAVRAISE D'ÉTUDES DIVERSES
Siège social : 56, Rue Anatole-France LE HAVRE
Ancienne Imprimerie Marcel Etaix, 7, rue André-Caplet
Le goffic, académicien
Il est élu à l’Académie française le 22 mai 1930, au fauteuil de François de Curel, fauteuil auquel il s’était présenté l’année précédente, lors d’une élection blanche.
Après deux tentatives infructueuses en 1923 au fauteuil Capus, c’était la quatrième candidature de Charles Le Goffic. Il obtint cette fois-ci 20 voix, contre 8 à Francis de Croisset, et 8 au duc Maurice de Broglie. Henry Bordeaux, qui le reçut le 4 juin 1931, l’accueillit par ses mots :
« Toute la Bretagne veut entrer ici avec vous ».
Le Petit Parisien, 5 juin 1931
L'Ouest-Eclair, 5 juin 1931
Charles Le Goffic, poète
O printemps de Bretagne, enchantement du monde !
Sourire virginal de la terre et des eaux !
C'est comme un miel épars dans la lumière blonde :
Viviane éveillée a repris ses fuseaux.
File, file l'argent des aubes aprilines !
File pour les landiers ta quenouille d'or fin !
De tes rubis, Charmeuse, habille les collines ;
Ne fais qu'une émeraude avec la mer sans fin.
Charles Le Goffic, Printemps de Bretagne
A une Normande
Adieu, mon joli cœur de rêve !
Souvenez-vous du Val-André
Et de l’heure exquise et trop brève
Où le soir mourait sur la grève
Comme un andante de Fauré.
D’où veniez-vous, mon gentil page ?
De Criquetot… ou de Paris ?
Moi j’arrivais d’un long voyage
Au pays des cœurs en veuvage,
Au pays des cœurs défleuris.
C’est là-bas sur une âpre côte,
Chez un vieux peuple aux yeux d’enfant.
À basse mer comme à mer haute,
L’amour à toute heure y sanglote :
Rien qu’à l’ouïr, le cœur se fend.
Avant que le ciel ne se brouille,
Partez, mon cœur, mon cœur joli.
La brume file sa quenouille ;
Craignez l’automne aux doigts de rouille,
Tisseurs de silence et d’oubli.
Novembre
Je suis revenu seul par Landrellec. Voici
Qu’au soir tombant l’ajonc s’est encore épaissi
Et qu’à force d’errer dans le vent et la brume,
Si tard, sous ce ciel bas fouetté d’une âpre écume,
Et d’entendre à mes pieds sur le varech amer
Toujours, toujours ce râle obsédant de la mer,
Et de voir, quand mes yeux retournaient vers la côte,
Des peurs sourdes crisper la lande épaisse et haute
Et la brume flotter partout comme un linceul,
J’ai senti que mon mal n’était pas à moi seul
Et que la lande avec ses peurs crépusculaires.
Et qu’avec ses sanglots profonds et ses colères
La mer, et que la nuit et la brume et le vent,
Tout cela s’agitait, souffrait, était vivant,
Et roulait, sous la nue immobile et sans flamme,
Une peine pareille à la vôtre, mon âme.
Chaque année, à Noël, on prétend que la Vierge
Mystérieusement quitte son beau ciel d’or,
Et, pour rendre visite aux chrétiens de l’Arvor,
Troque son manteau bleu contre un surcot de serge.
Au velours élimé de son étroit justin
Nul diamant n’accroche une lueur soudaine.
Elle est vêtue ainsi qu’une humble Bigoudenne ;
La fatigue et le hâle ont défleuri son teint.
Mais l’accent de sa voix a des douceurs étranges :
Ceux qui l’ont entendu meurent de son regret.
Notre ciel était sombre et, dès qu’elle paraît,
Une allégresse emplit les sentiers et les granges.
Jésus, entre ses bras, repose. On croirait voir,
Avec son devantier d’étoffe rude et terne,
Quelque petit enfant de Penmarc’h ou d’Audierne,
Sans le feu sombre et doux qui couve en son oeil noir.
Une aube évangélique au loin fleurit l’espace
Et, ployant le genou devant ces pèlerins,
Les hommes de l’Arvor, laboureurs et marins,
Sentent confusément que c’est leur Dieu qui passe.
Charles Le Goffic, historien
Le Goffic n'est pas seulement un poète et un Romancier. Il devint par ailleurs un parfait Historien et écrivît sur la douloureuse période de la première guerre mondiale quelques-uns des plus beaux livres qui s'y rapportent.
Parmi ces oeuvres signalons : « Dixmude » (1915), qui eut une grande influence morale et donna le ton aux livres de guerre. Son succès fut tel qu'il valut à l'auteur le prix « Lasserre ».
« Streenstraete » (1917), « Saint-Georges » et « Nieuport » évoquent l'épopée héroïque des Fusiliers Marins. C'est souvent à 1'aide de simples lettres de combattants qu'il a fait revivre l'héroïsme, à travers les pires difficultés, d'une poignée d'hommes.
Dans la même série notons : « Bourguignottes et Pompons Rouges » (1916), « Les Marais de Saint-Gond », « histoire de l'armée Foch à la bataille de la Marne », « La Guerre qui Passe » (1918), « Les Trois Maréchaux » (1919), « La Marne en feu » (1921), « Mes Entretiens avec Foch » (1921).
Son fils Jean engagé comme médecin chez les fusiliers marins durant la première guerre mondiale participa à la bataille de Dixmude en Belgique.
C'est ce qui fut à l'origine de plusieurs romans de son père comme Dixmude et La guerre qui passe.
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6533993x.r=charles%20le%20goffic?rk=128756;0
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k874240d.r=bourguignottes?rk=21459;2
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k8754579.r=charles%20le%20goffic?rk=150215;2
https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k875458p.r=charles%20le%20goffic?rk=171674;4
La presse, 14 février 1932
L'Ouest-Eclair
Le Petit Parisien
Le Matin
L'Ouest-Eclair, 17 février 1932
Tombe de Charles Le Goffic à Trégastel
Décédé le 16 février 1932, Charles Le Goffic repose dans le cimetière de l'église paroissiale Sainte-Anne de Trégastel. Le cimetière fut transféré en 1947, il ne reste que deux tombes : celle du recteur de la paroisse et celle de la famille de Charles le Goffic.
Charles Le Goffic est enterré avec sa femme Julie Fleury et sa fille Hervine-Marie morte à l'âge de 17 ans des suites d'un accident de battage survenu à Trégastel.
Le médaillon de cette jeune fille, réalisé par Antoine Bourdelle (1861-1929), orne la tombe familiale.
Hommage de Lannion à Charles Le Goffic
La Bretagne touristique illustrée, 1933
Église Saint-Jean-du-Baly,
Figure allégorique de la douleur surmontée du buste de Charles Le Goffic.
Œuvre de Jean Boucher.
L'inauguration donna lieu, le 8 septembre 1935, au terme du congrès de l'Union Régionaliste bretonne, à une cérémonie mémorable, marquée, le matin, par une messe, suivie de l'absoute prononcée par le vicaire général Le Bellec, futur évêque de Vannes.
Parmi les officiels, figuraient la veuve de l'écrivain, son fils, le docteur Jean Le Goffic, et l'académicien Georges Lecomte, « parrain » de l'homme de lettres élu à l'Institut de France cinq ans auparavant. Après le concert d'ouverture par la musique des fusiliers-marins, le maire, Edgar Kergariou, retraça la vie de son célèbre compatriote.
L'après-midi, au son des binious, un défilé parcourut les rues de la ville devant quinze mille spectateurs.
L'Ouest-Eclair, 9 septembre 1935
Voir les liens :
https://fr.wikisource.org/wiki/Amour_breton
https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Crucifi%C3%A9_de_Kerali%C3%A8s