Maurice Denis, 1870-1943
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Maurice Denis, vitraux, Bretagne, le Prieuré, Granville,
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Maurice Denis, 1870-1943
Portrait à 18 ans
Portrait de l'artiste devant le Prieuré, 1921
Élu le 30 janvier 1932 à l'accadémie des beaux-arts
Maurice Denis est né à Granville (Manche) sur fond de guerre franco-prussienne, le 25 novembre 1870, il est mort à Paris, accidentellement, en pleine Seconde Guerre mondiale, le 13 novembre 1943, et la Grande Guerre correspond à un tournant dans son œuvre.
Le 31 octobre 1914, il reçoit son ordre de mobilisation, reçu non sans une certaine émotion par sa famille, sa femme est enceinte de leur sixième enfant. Ayant été exempté du service militaire pour raisons de santé, Denis, vu son âge, est jugé inapte à rejoindre le terrain des hostilités et affecté comme garde-voie à Conches-en-Ouches (Eure), comme avant lui Vuillard à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).
Le Ministère de la guerre craignait en effet de voir Paris encerclée par les Allemands comme cela avait été le cas en 1870 et avait choisi de protéger les voies de communication menant à la capitale pour des raisons stratégiques. L’artiste ne semble pas peu fier de gagner enfin l’uniforme militaire et d’être doté d’un fusil. En Normandie, il retrouve son ami l’architecte Maurice Storez (1875-1959), avec lequel il va partager ses gardes. Le Pont garde-voie est un des témoignages de ces moments d’attente le long des voies ferrées, essentiellement occupés en conversations.
Au pied du viaduc, une silhouette de militaire en train d’attendre certainement Storez, suggère le relatif ennui de leur mission. L’artiste occupe son temps en couvrant les pages de ses carnets de croquis, de dessins et d’annotations, qui seront autant de sujets à peindre une fois rentré à l’atelier.
L’activité de Denis est loin d’être mise entre parenthèses entre 1914 et 1918. Il entreprend de grandes décorations et la réalisation de vitraux dans des églises, notamment en Suisse romande. Il participe à des manifestations artistiques de « bienfaisance » liées à la guerre, et présente ses derniers travaux dans les grandes expositions du moment comme le Salon de la Triennale. Il publie également plusieurs textes influencés par le contexte de la guerre, où il essaie en particulier de déterminer l’influence des événements sur les arts. Malgré tout, la guerre demeurera presque absente de son œuvre, si on excepte quelques images in memoriam et illustrations pour des livres, jusqu’à sa mission de peintre aux armées en octobre 1917.
La vie du peintre et théoricien Maurice Denis
Parmi un champ de ruines
Maurice Denis en garde-voie à Conches-en-Ouches (Eure), fin 1914
Le pont garde-voie, 1914
Squelettes d’arbres sur le plateau de Quennevières, octobre 1917
La position. Près de Coucy-le-Château (au fond), octobre 1917.
Vers Barisis (Aisne), octobre 1917.
Barbarie, Maternité de Marthe, vers 1915
Denis esquisse, au dos d’une touchante Maternité de Marthe avec François, son fils, une image de Barbarie qui détonne dans le corpus denisien.
L’Allemand y est caricaturé en cochon pour montrer toute sa grossièreté et sa lubricité. Portant le classique casque à pointe, il s’assied sur la « Kultur » et écrase avec ses pattes une enfant, symbole de l’innocence martyrisée par la barbarie.
Amour, Foi, Espérance ou Les Trois couleurs, 1915
Les yeux levés vers le Ciel, les femmes appellent avec confiance l’amour de Dieu et sa miséricorde pour les soldats combattants, et promettent la résurrection aux défunts dont on aperçoit les cadavres sur le champ de bataille à l’arrière-plan.
Ces trois silhouettes aux allures angéliques rappellent aussi les femmes ou jeunes filles – mères, épouses, sœurs – qui pleurent leurs morts. Au loin, le paysage de Conches.
Sucrerie de Flavy-le-Martel, 1917-1918
Messe à Verneuil, 1917-1918
Dans l’église de Verneuil, Maurice Denis assiste à un office dominical. La nef au toit éventré et aux vitraux brisés est presque vide, avec seulement « une douzaine de poilus ». Pour le peintre comme pour les soldats, la messe offre un moment de recueillement, où on sublime, par la communion, la désolation ambiante.
Vue prise à Benay, octobre 1917
Des sépultures se retrouvent dans la Vue prise à Benay. Le cimetière militaire y occupe le premier plan d’un no man’s land montrant des terres vierges de toute végétation, labourées par les obus allemands, baigné d’une lumière lunaire.
Batterie de 155 en forêt de Coucy, 1917-1918
La Batterie de 155 en forêt de Coucy montre, par sa composition même, la dynamique et l’organisation qu’imposent ces manœuvres d’artillerie. Quatre canons en train d’être chargés ou en phase de tir sont le centre du sujet.
La plupart des hommes s’affairent pour mettre en branle les lourds engins, pendant que d’autres, aux silhouettes juste esquissées, attendent.
La gamme chromatique faite de vert, bleu gris, jaune sali, terre et noir rappelle celle des camoufleurs.
Soirée calme en première ligne 1917.
Le tableau le plus ambitieux par son format issu de cette mission aux armées représente une Soirée calme en première ligne (Barisis). Denis figure des soldats qui « se délassent, accomplissent des corvées avec tranquillité ou bâtissent, construisent des ouvrages de bois avec ardeur ». Ce sujet, assez anecdotique de prime abord, donne lieu à une peinture savamment construite, comme les croquis préparatoires le laissaient présager.
La composition calme et équilibrée s’articule autour d’un pan de mur écroulé, centre du sujet et donc centre géométrique du tableau et point de mire coloré. La lumière rougeoyante éclairant cette ruine, aussi reflétée à la surface de l’étang en contrebas et sur les collines à l’arrière-plan, se répercute à l’ensemble de la scène et contraste avec le vert-bleu des uniformes des soldats.
Les vitraux
Maurice Denis est intervenu dans la réalisation de près de soixante-dix verrières, autant dans le vitrail civil que religieux, et a eu, par ses prises de position en la matière, une influence considérable sur les peintres-verriers de son temps.
De nombreuses œuvres sont restées à l'état de projet.
Voir : Exposition des Cartons de Maurice Denis, Eglise St Pierre St Paul de Villenauxe-la-Grande.
In memoriam. Aux morts de la paroisse de Gagnyou [La Bataille de la Marne],
1920, huile sur toile marouflée, 390 x 387 cm.
Aux morts de la guerre,
première maquette pour le vitrail de l’église Saint-Roch de Paris,
vers 1920, huile sur carton, 72 x 52,5 cm,
Aux morts pour la patrie,
projet pour le monument aux morts de l’église Sainte-Marguerite du Vésinet,
vers 1919, huile sur toile, 180 x 150 cm,
Lire le document :
Carton : Saint Paul, 337,5 cm x 150 cm,
fusain et craies sur calque. Arch.dép.Aube
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https://diocese-quimper.fr/fr/component/k2/story/5175/la-grande-guerre-dans-les-vitraux-du-finistere
http://www.mesvitrauxfavoris.fr/Supp_c/musee_maurice-denis_saint-germain-en-laye.htm
Maurice Denis et la Bretagne
Lire le document :
Régates à Perros-Guirec
Coin de plage à Perros-Guirec, 1926
Régates à Ploumanach, 1921
Port de l’île Tudy au soleil, 1894
Folgoët, le soir, 1929
The Breton Dance, vers 1891
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