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Grande Guerre : territoriaux bretons et normands du 87 DIT
Grande Guerre : territoriaux bretons et normands du 87 DIT
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18 septembre 2023

Charles Oberthür, imprimeur et aquarelliste

Mots-clés :

Bretagne, Charles Oberthür, imprimerie, Rennes, almanachaquarelles,

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Charles Oberthür11    Charles Oberthür9

François-Charles Oberthür

Né à Strasbourg, François-Charles Oberthür (1818-1893) débarque à Rennes à 20 ans en 1838 et effectue son apprentissage chez l’imprimeur Joseph Landais.

Très vite, il fait ses preuves au sein de l’entreprise et devient quatre ans plus tard l’associé de son patron, qui lui cède entièrement ses parts en 1852. C’est ainsi que naissent les célèbres Imprimeries Oberthür.

La vie des Oberthür n'est pas un long fleuve tranquille. Pas plus que celle de l'imprimerie (jusqu'à 1 000 salariés), marquée par des conflits sociaux, comme lors de l'incroyable fermeture de l'usine en 1983, après une liquidation judiciaire.

 

Imprimeurs, les fils du fondateur, Charles et René, étaient des collectionneurs d'insectes mondialement connus. Une séquence entomologiste enrichit une expo rattrapée aussi par la guerre.


Les petits-fils de François-Charles Oberthür ont combattu en 1914-1918. L'expo présente des aquarelles de guerre du capitaine Charles Oberthür (1871-1934). Sa correspondance familiale vient de faire l'objet d'un livre, Charles Oberthür, lettres de guerre (1914-1918), aux Presses universitaires de Rennes. L'expo Oberthür est une encyclopédie, qui réveille aussi beaucoup de mémoires.

Charles Oberthür4

 Charles Oberthür

Charles Oberthür8

En 1914, Charles Oberthür avait 42 ans, était père de trois enfants et travaillait à l'imprimerie.

Il n'était pas obligé de partir à la guerre. Mais patriote jusqu'au bout, l'ancien polytechnicien avait réussi à se faire mobiliser dans des régiments d'artillerie rennais (50eRac, puis 7e), où il était chargé du ravitaillement en munitions.

 

Certes, Charles Oberthür n'était pas en première ligne, mais il a subi stoïquement la guerre. Tout en étant un précieux témoin, grâce à ses lettres, mais aussi ses aquarelles.

Au front, Charles Oberthür n'oubliait pas l'imprimerie. Il vendait des almanachs et se préoccupait dans ses courriers de la marche financière de l'industrie de la rue de Paris.

 

Le 5 juillet, dans une lettre adressée à ses parents, l'officier, chargé du ravitaillement en munitions, écrit ceci du bois du Thierville : 

« L'endroit où je suis n'est pas gai et il n'y fait pas bon, je vous assure. Je ne suis plus un embusqué. Il y a de quoi y contracter le cafard, même si on n'avait pas de tristesse et d'inquiétude chez soi. Enfin, j'espère y résister tout de même. J'ai de l'occupation, ne fût-ce qu'en bouchant les trous de mon terrier et en empêchant l'eau de l'envahir [...]. Les journées sont longues à passer. Heureusement, nous avons les communiqués, qui, depuis quelques jours, nous réchauffent le coeur et les pieds. »

 

En août, le capitaine Oberthür retrouve un secteur plus calme. Mais lui aussi aura fait Verdun et en aura été marqué.

 

Les aquarelles de Charles Oberthür

Charles Oberthür1

Scènes de guerre, Le passage de la Marne à Dizy-Magenta,

Charles Oberthür (1871-1934), aquarelle, septembre 1914.

Cette guerre de mouvement qu’inaugure le début du conflit est pour les Français synonyme de retraite, ce dont témoigne l’aquarelle de Charles Oberthür. Début septembre, son régiment, le 7e régiment d’artillerie, doit bloquer l’avancée allemande.

Par conséquent, les soldats, avec leurs canons de 75 mm, doivent repasser la Marne et se diriger vers le Nord. Au premier plan, des cavaliers ferment la marche. Ils terminent de traverser à gué.

L’attitude de leurs chevaux couplée à l’agitation des hommes (soldats mais aussi civils) encadrant l’attelage traduisent les difficultés qu’a eues le régiment à traverser le lit boueux de la rivière mais elles illustrent aussi la guerre de mouvement en ce début de conflit. Cette aquarelle montre, enfin, un décalage entre la guerre industrielle mise en place par la Première Guerre mondiale qui inaugure de nouvelles armes (canon du 1er plan) et leurs capacités destructrices (destruction à l’arrière plan du pont) avec le manque de préparation de l’armée française (désordre de part et d’autre de l’attelage, officiers dans l’attente à l’arrière-plan ; cavalerie ; uniformes bleus et rouges).

Charles Oberthür2

Messe de la Toussaint, Charles Oberthür, aquarelle, 1914

Les témoignages de la foi des combattants bretons sont nombreux, comme cette aquarelle de Charles Oberthür.
Il relate aussi dans son journal intime, à la date du 11 octobre 1914, alors qu’il est en Artois, qu’il est « assailli de
demandes de ses subordonnés d’aller à la messe » :

« Alors on vit s’acheminer de tous les bivouacs environnants, des hommes brossés et décrottés de leur mieux, suivant les chemins messiers, les longs des champs et se dirigeant vers l’église. Quand j’y entrai, elle était déjà comble, remplie d’hommes hirsutes et déguenillés, à la barbe inculte, qui ressemblaient plutôt à des brigands qu’à des chrétiens et qui répandaient une odeur de faunes. Mais quelle impression de piété et de foi on éprouvait en pénétrant parmi ces brigands à l’air farouche. »

Charles Oberthür3

La libération de l’Alsace, Charles Oberthür, aquarelle, 1918

L’annonce de l’armistice amène à des scènes de liesse parfois compromises par l’épidémie de grippe (la grippe espagnole atteint son pic en octobre 1918). La joie ne s’exprime pas complètement car l’armistice signifie l’arrêt des combats mais non la fin de la guerre. Les soldats sont encore mobilisés. Certains d’entre eux sont envoyés en Allemagne ; d’autres en Alsace pour effectuer des travaux routiers ou agricoles.

Ainsi, les soldats du 41e R.I, du 7e RAC de Rennes, du 248e R.I de Guingamp ou le 13e hussard de Dinan entrent dans Strasbourg ce qui permet au capitaine Oberthür (Rennais mais d’origine alsacienne) de peindre une « journée inoubliable », comme il l’écrit à son épouse, le 22 novembre 1918 (aquarelle ci-dessous).

La démobilisation française comme alliée est progressive. Elle concerne 5 millions de soldats en France dont 6 à 700 000 Bretons, des classes les plus anciennes aux plus récentes sauf dérogation. Celle-ci s’obtient si le soldat est père d’au moins 4 enfants, s’il est veuf ou bien s’il a perdu au moins 2 frères à la guerre.

L'imprimerie Oberthür, Rennes

Des dates :

  • 1818. Naissance de François-Charles Oberthür
  • 1852. L’imprimerie Landais (18 salariés) est cédée à François-Charles Oberthür.
  • 1854. Edition du Premier almanach postal.
  • 1870. Construction de la Grande Halle de l’imprimerie, par l’architecte Martenot.
  • 1983. L’imprimerie ferme, 950 salariés au chômage.

Charles Oberthür6

Charles Oberthür12

Vue perspective des usines Oberthür, vers 1890

Charles Oberthür5

Charles Oberthür7

Charles Oberthür10

Pliage manuel dans l'atelier de façonnage, bâtiment Jobbé-Duval, juin 1946.

C’est en 1852 que François-Charles Oberthür devient l’unique propriétaire de la typographie rennaise qui, depuis lors, porte son nom. A l’époque, les commandes d’imprimés administratifs et commerciaux étaient importantes. Même si aujourd’hui, l’entreprise devenue Editions Oberthur propose une large gamme de papeterie, d’écriture et de maroquinerie, au départ, c’est-à-dire en 1854, elle produisait essentiellement du calendrier postal.

Cela a énormément aidé l’imprimerie Oberthur qui va connaître un nouvel essor avec la création et la production de « l’almanach postal ». Pour rendre son œuvre unique, F.-C. Oberthür agrémente le calendrier des postes de dessins sur le recto où se trouvent les 12 mois de l’année.

Charles Oberthür14

Edition du premier almanach postal en 1854.

Charles Oberthür13

1914

Almanach postes 1914 

 1915

 Almanach Poste 1915-1

Almanach postes 1915ptt2

 Calendrier 1915 hussards

 1916

Almanach 1916

  Calendrier 1916-9

 Almanach Poste 1916-9

 Calendrier 1916-8

calendrier 1916-3

 Almanach poste 1916ptt4

1917

Alma Poste 1917

Almanach 1917

 Almanach Poste 1917-1

Almanach Poste 1917-3

calendrier 1917-7

Calendrier 1917-6

 Almanach Poste 1917-4

 1918

Almanach 1918-1

 calendrier 1918-7

 Alman Poste 1918-1

Alman Poste 1918-2

Calendrier 1918-6

  Almanach Poste 1918-1

Almanach Poste 1918 

Almanach postes 1918 écossais

1919

Almanach 1919

 Calendrier 1919-9

Calndrier 1919-6

 Calendrier postes 1919

Tambour français et bag-piper écossais

En arrière-plan des soldats hindous sous commandement anglais

 Almanach poste 1919ptt5

1920

Calendrier 1920-10

Le baiser de l'Alsacienne

Le thème du baiser au soldat, lieu commun des scènes de libération, est renforcé par une partition des genres et des âges pouvant suggérer l’union d’une Alsace féminine et d’une France masculine : les soldats, sourire aux lèvres, sont des hommes jeunes auxquels leur qualité de cavaliers confère une puissance accrue.

L’Alsace est représentée par des femmes, un vieillard et un enfant. La scène ne montre pas la libération de Strasbourg mais celle d’une petite commune rurale, comme en témoignent les canards au premier plan, signe de l’adhésion à la France de l’Alsace tout entière.

https://histoire-image.org/etudes/baiser-alsacienne?to=animation

 Calendrier 1920

Voir les  liens :

Notre histoire | Oberthur

L’histoire de l’imprimerie Oberthur à Rennes - InfoRennes

http://elec.enc.sorbonne.fr/imprimeurs/node/24075

https://www.ecomusee-rennes-metropole.fr/app/uploads/2021/11/DP_Oberth%C3%BCr.-Imprimeurs-%C3%A0-Rennes.pdf

https://www.ouest-france.fr/bretagne/oberthur-une-exceptionnelle-saga-industrielle-3946563

 BZH dossier  pédagogique grande guerre

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