Correspondance de guerre
Mots-clés :
lettre, courrier, colis, franchise militaire, correspondance militaire, censure, carte en franchise, carte-lettre de l'espèrance, lettres du front, wagon poste, poste, vaguemestre,
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Postes et Télégraphes pendant la Grande Guerre
Almanachs des Postes et des Télégraphes
Le courrier maintient le contact entre le soldat et ses proches. Il est indispensable pour le moral du combattant. Il prend toutes sortes de formes : lettres, cartes postales, bulletins de santé... Cette correspondance est gratuite : il suffit d'expédier son courrier avec la mention FM= Franchise Militaire ou Correspondance militaire.
Les colis sont importants car il permettent d'améliorer l'ordinaire du combattant. Ils viennent de la famille, des marraines de guerre. Ils se composent le plus souvent de nourriture : charcuterie, chocolat, sucre, boites de lait, de vêtements chauds : chaussettes, manteaux, de petits matériels : papier, encre, enveloppes, fil, aiguilles...
En 1915 ...
(22 juin) Loi qui autorise les familles de 4 enfants, qui bénéficient des allocations militaires à envoyer gratuitement et une fois par mois, un paquet de moins d’1 kg, vers le front.
(Décembre) Loi qui autorise l’envoi gratuit de colis /paquets aux militaires de la zone des armées pour la période de fin d’année.
(29 décembre) 590.000 colis/paquets traités ce seul jour (Pic de l’année).
Le Petit Journal, 24 décembre 1916
Le vaguemestre, 1915
Carte de Louis Coutellec d'Etampes,
prisonnier à Munster remerciant le maire de son colis, le 4 mars 1917
Carte de Marcel Bosc d'Etampes, prisonnier à Landshut
demandant au maire un colis de provisions, décembre 1915
Le règlement
Applicable au 10 Août 1915
Toutes les lettres ou cartes sont soumises au contrôle d’un officier d’état-major régimentaire, puis à chaque étape de son acheminement.
Les courriers prélevés sont remis aux autorités supérieures pour un contrôle statistique, puisqu’aucune indication stratégique, de lieu, d’opérations ou de mouvements de troupe ne doit être mentionnée.
Un rapport est par ailleurs établi chaque semaine sur le moral des troupes au vu de la teneur des lettres examinées. C’est sans compter sur les codes utilisés par certains soldats pour contourner le contrôle et communiquer avec leurs proches, d’autres écrivant dans un patois difficile à traduire par l’officier de relecture.
La censure (Anastasie) est mise en place dès août 1914. Des officiers sont chargés de contrôler, au hasard à cause du trop grand nombre de lettres, une partie des correspondances venant du front et de l'arrière. Les soldats ont interdiction de mentionner leur numéro de régiment, le lieu où ils se trouvent, d'évoquer les combats, de donner les chiffres des pertes, de porter un jugement sur un officier, d'avoir des propos défaitistes ou pacifistes.
La censure a pour objectif de maintenir le moral et de ne pas divulguer des informations à l'ennemi. Chaque semaine, les censeurs établissent un rapport sur le "moral des troupes" après la lecture des lettres. Les familles craignent de recevoir leur courrier avec la mention "le destinataire n'a pu être touché à temps". Cela signifie que le soldat est mort, blessé, disparu ou prisonnier.
Carte en Franchise de type A1 (14,4x9cm) avec drapeaux.
Cette carte de type A1 comporte 6 drapeaux : ceux de la France, Belgique, R-U, Russie, Serbie, Monténégro.
Certaines en comportent 7 puis 8 avec l’augmentation du nombre d’alliés (Italie, Japon, Etats-Unis).
Le dessin des drapeaux, les textes ainsi que les papiers présentent une multitude de différences.
Carte en Franchise de type B.
Carte-Lettre de l'espérance
Carte-Lettre de L’espérance
comportant au verso un dessin «en Alsace récompenses méritées»
De nombreuses Cartes-Lettres dites «de l’espérance» ont été émises. Sur le recto un timbre est pré-imprimé en médaillon, représentant une semeuse ou l’effigie de Joffre. Tantôt des dessins figurent au recto ou au verso. Des modèles doubles, issus de carnets ont été disponibles. Il y eut également des formats type cartes postales.
Le Petit Journal, 13 août 1916
Elément décoratif de style « Art nouveau » Sigle PTT, 1900-1920
L'Image de la guerre N°161 de décembre 1917
Dépôt de colis et paquets dans un « bureau de poste » aux Armées
sur le front (non daté)
Bureau du vaguemestre du QG de la 5e armée. Marne, 14 mai 1916.
Lettres du front
L'Image de la guerre, juin 1915
L'Image de la guerre, mai 1915
La lettre du soldat, par Théodore Botrel
Hier matin, notre commandant
Nous a dit que le régiment
S'en allait partir à la guerre
Par la présente, votre fieu
S'en vient vous dire son adieu
Bonne grand-mère !
J'aurais bien voulu, 'core un coup
Mettre mes bras à votre cou
Tout comme au temps de mon enfance
Mais, l'un et l'autre, oublions pas
Qu'à présent votre petit gâs
Est à la France !
Les camarades du pays
À leurs parents, à leurs amis
Font aussi leurs adieux, bien vite
Espérant que la lettre-ci
Vous trouvera vaillante ainsi
Qu'elle nous quitte
Paraît qu'on va voir les Prussiens
Avec tout un tas d’autres chiens :
Ils seront battus par les nôtres !
Si je vas au front… faudra voir !
Je saurai faire mon devoir
Comme les autres !
Toujours d’attaque et point bancal
Je veux revenir caporal
Ou, mieux encor, sergent peut-être !
Avec mes galons frais cousus
Je rirais si vous n'alliez plus
Me reconnaître
Embrassez pour moi, voulez-vous
La Marie aux bons yeux si doux
Celle à qui, chaque jour, je pense
Qu'elle me conserve son cœur :
Il sera, si je suis vainqueur
Ma récompense !
Adieu pour de bon cette fois
D'autant que, vraiment, je ne vois
Plus rien autre chose à vous mettre…
Jean-Louis, votre petit dernier
Qui, sans finir de vous aimer
Finit sa lettre !
{Parlé :}
Post scriptum :
Si je meurs - dam ! faut tout prévoir !
Priez Dieu pour moi, chaque soir
Et réconfortez la Marie :
Dites-vous - fières de cela
Que je suis mort en bon soldat
Pour la Patrie !
La guerrre censurée, Frédéric Rousseau
Sous la direction d’Agnès Guillaume et Thierry Hardier, aux éditions EDHISTO
Il est âgé de 38 ans lorsque la guerre éclate et mobilise Félix Braud en tant
que sergent vaguemestre au 1 er bataillon du 72 ème régiment d’infanterie
territoriale (R.I.T.) de Cholet.
Son travail consiste en la réception, le tri et la distribution du courrier et des colis. Il utilise comme moyen de transport la bicyclette pour les courses rapides et la voiture attelée de deux chevaux pour les livraisons plus importantes. Même s’il ne combat pas dans les tranchées, il est néanmoins en contact permanent avec le danger incarné par les obus tirés par l’artillerie et les bombes larguées par les avions.
Le 22 juillet 1918, Félix est affecté au Bureau du payeur au 1 er corps d’armée. Peu après l’Armistice, son régiment ayant été dissous, il est nommé payeur aux armées toujours au 1 er corps d’armée. Il séjourne en Rhénanie avec l’armée Mangin.
Sa démobilisation survient le 2 février 1919. Il rentre à Cholet, retrouve sa famille et reprend son poste d’employé de banque au Crédit de l’Ouest. Il meurt dans sa ville natale le 30 juillet 1951.
Son récit, entre le carnet de guerre et le journal intime, est pour lui, une parenthèse réconfortante dans le tourbillon de la guerre : « La guerre est une affreuse chose et les spectacles horribles, vus, lus ou entendus chaque jour s’effacent comme par enchantement au souvenir de vos charmants visages. »
Ses deux premiers carnets sont bien tenus (presque au jour le jour), très rédigés et bien remplis. Les suivants sont plus courts et aérés, avec des notes prises à la volée.
Il écrit seulement quand un fait marquant s’est produit et joute assez fréquemment des précisions supplémentaires qui viennent compléter la prise de note initiale. Un nouveau carnet est repris généralement après une permission ou une nouvelle année. L’écriture est un moment de répit qui lui permet de prendre du recul, de noter ses réflexions, ses interrogations et de mettre des mots sur ce qu’il vit.
N’étant pas en première ligne, il sait finalement peu de choses sur les opérations militaires, mais il mentionne régulièrement les mouvements et les emplacements occupés par les compagnies de son unité, particulièrement celles du 1 er bataillon dont il est le vaguemestre. Il suit les évènements à distance, entendant la canonnade au loin et supposant telles ou telles attaques, menées ou subies.
Félix décrit principalement son métier de vaguemestre et détaille ses tournées : l’infirmerie, les différentes compagnies, le poste de secours et le poste de commandement (8 octobre 1915). Son service postal se compose de cinq hommes qui se répartissent les secteurs à distribuer (24 février 1916).