Monument aux morts, Noyon
Mots-clés :
Noyon, Emile Pinchon, Eugène Chifflot, René Lefèvre, monument aux morts, Ernest Noël, Cathédrale Notre-Dame, Noyon en ruines, Oise,
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Le monument aux morts de Noyon (60, Oise, Picardie, Hauts de France) est un pilier commémoratif en forme d’obus s’élevant sur le parvis de la cathédrale.
Ce monument est l’œuvre des architectes Eugène Chifflot et René Lefèvre. Le monument comporte un bas-relief sculpté par Emile Pinchon et illustrant des scènes de la vie de Noyon pendant et à l´issue du conflit. Il rappelle notamment la prise d’otages du 29 septembre 1914, l’entrée des français du 18 mars 1917 et Noyon en ruines en 1918.
Ce monument aux morts sera inauguré sous l’égide du Maréchal Joffre le 22 mars 1925.
Le monument aux morts est situé dans les jardins de la Cathédrale Notre-Dame
Décidé à rendre hommage aux deux cent quatorze Noyonnais tombés au champ d’honneur, le sénateur-maire de Noyon, M. Ernest Noël, avait proposé à son conseil municipal des 1922 « d’apposer une plaque de bronze sous la loggia prévue ou a l’intérieur de l’Hôtel de Ville, pour rappeler les noms des enfants de Noyon morts en défendant le pays ». Le 26 mars 1923, alors qu’un second projet prévoyait de porter les noms des victimes militaires sur le monument situé à l’entrée du cimetière, l’association des Anciens Combattants demanda à M. Noël, d’ouvrir une souscription pour l’édification d’un monument aux morts.
La commission municipale adopta l’idée et proposa aux architectes MM. Eugène Chifflot (1872-1966) et R. Lefèvre d’établir ce projet pour un montant de 60.000F à 100.000F dans les jardins de l’abside de la cathédrale, les jardins du Cours ou le square de l’évêché.
Le 21 novembre 1923, les architectes soumirent leur projet à la commission qui l’accepta à l’unanimité malgré sa réticence de voir élever un monument aux morts près du square de l’évêché (square de l’abbé Grospiron). Composé d’une crypte, ou seraient inscrits les noms des victimes militaires et d’une coupole percée de quatre baies éclairant un reposoir, le monument aux morts de Noyon serait surmonté d’un obus haut de sept mètres.
La souscription ouverte peu après permit de réunir 50.000F, somme qui fut ajoutée aux 50.000F donnés par les villes de Béziers et de Noyon. Le 7 août 1924, le conseil municipal approuva le marché avec l’entreprise Pradeau tandis que le sculpteur Emile Pinchon (1872-1933) travaillait à la réalisation de la frise ornant la coupole.
Emile Pinchon (1872-1933) commence sa carrière de peintre et de sculpteur à Noyon, sa ville d’adoption, où il crée son premier grand modèle en plâtre : la réhabilitation de Jeanne d’Arc (1912). Remarqué alors, il sculpte la statue du major Othenin à Compiègne (1914).
Après guerre, il est sollicité pour réaliser des monuments aux morts, dont celui de Clermont, de Noyon (1925) et de Choisy-le-Roi (1928). Il est aussi le sculpteur des 41 panneaux de la grande exposition coloniale de Paris (1931) dont certains sont exposés dans l’hôtel de ville de Noyon.
Il est le frère de Joseph Porphyre Pinchon, célèbre illustrateur et créateur de Bécassine.
Inauguration du monument, 22 mars 1925
Excelsior, 23 mars 1915
Le monument aux morts de Noyon fut inauguré le dimanche 22 mars 1925 sous la présidence du maréchal Joffre, en présence des personnalités civiles et religieuses, d’une nombreuse foule composée entre autres d’anciens combattants et d’écoliers.
Après la Marseillaise, M. Ernest Noël remercia les personnalités, les associations et la population de leur présence: « (…) Ah! chères et malheureuses familles noyonnaises, croyez bien que les vôtres ne seront jamais oubliés, et que vous aurez cette suprême consolation de penser que leurs noms seront transmis aux générations futures comme un exemple d’héroïsme et de suprême dévouement à la patrie (…) Ce Monument dont vous admirez les proportions élégantes et sobres, mes chers concitoyens, à un double but : garder pieusement le nom de nos Morts et inscrire sur la pierre indestructible l’histoire de Noyon à travers la guerre, placé à l’ombre de cette Cathédrale, dans le voisinage de son transept, en bordure de cette vaste place du Parvis qui va être régularisée.
La poésie qui se dégage de ce cadre ou tant de vieilles choses parlent à notre pensée nous obligeait à demander à nos distingués architectes d’en respecter la noble simplicité, de ne pas chercher à imiter l’architecture de la Cathédrale tout en conservant sa belle ordonnance. Le Monument d’une Ville deux fois prise par l’ennemi ne pouvait être semblable à celui d’une autre cité, il fallait qu’il demeure dans l’histoire et ne passa pas inaperçu ; de cette conception est sortie l’œuvre que vous avez devant vous. Comme fondation, une crypte que garde jalousement une femme … la Ville de Noyon ; crypte ou sont inscrits les noms de nos héros, sanctuaire ou le souvenir de l’être cher planera indéfiniment et sur lequel s’élève un Môle à la gloire de tous les combattants et, sur la base, sont sculptées quatre phases mémorables de Noyon pendant la guerre (…) »
Le monument aux morts de Noyon fut endommagé lors des combats de 1940 puis restauré au lendemain du second conflit mondial. Il porte depuis les noms des victimes militaires de la guerre 1939-1945.
Extérieur du monument
Ce monument en béton, ciment et pierre calcaire symbolise un cône d'obus, privé de son amorce, bagué d'une frise ornementale.
Cette dernière est scandée de quatre baies qui éclairent un reposoir, accessible en contrebas par un portail.
Trumeau de la porte : l'ange de la Victoire.
Les bas-reliefs dus au sculpteur Emile Pinchon
Sculpture du monument aux morts de Noyon,
illustrant l’entrée des Français à Noyon le 18 mars 1917.
Bas-relief du monument aux morts de Noyon
représentant la résistance d’Ernest Noël à l’oppression allemande
La remise à la ville de la Légion d'honneur et de la Croix de guerre
le 10 juillet 1920 par le Maréchal Joffre.
Noyon en ruines, 25 août 1918
Intérieur du monument
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