Les emprunts de la Reconstruction, 1920-1921
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Emprunts français. Pour la France versez votre or
Les affiches de la Grande Guerre, c'est de l'Art !
Pour la Victoire, 3 ème emprunt de la Défense Nationale
La France ressort affaiblie, dévastée et endettée du premier conflit mondial. Pour faire face aux dommages de guerre, rembourser ses emprunts et relancer l’économie, l’Etat a de nouveau besoin de ressources financières exceptionnelles. Aussi, les banques sont encore appelées à se mettre au service de la reconstruction du pays. Pour s’adapter à ce contexte nouveau, elles développent notamment leur présence territoriale et partent à la conquête de nouvelles clientèles.
La Banque nationale de crédit (1913-1932), ancêtre de la BNP, s’est particulièrement illustrée par sa stratégie d’implantation régionale et sa combativité commerciale inédite dans le paysage bancaire. Proche du milieu industriel et des affaires, elle se hisse en à peine deux décennies au 4e rang des banques de dépôt françaises.
Ainsi, au lendemain du conflit, les banques s’attachent à la fois à drainer l’épargne des ménages pour soutenir les emprunts de la reconstruction et à offrir des solutions de financement aux entreprises.
Pour la décoration des affiches on fit appel aux artistes peintres :
Poulbot, Jonas, Scott, Sem, Chavannaz, Steinlen, Hansi, Abel Faivre, Ernest Gabard, Lelong, Fouqueray, etc...
Les principaux thèmes des affiches sont :
- Thème 1 : L’esprit de revanche
- Thème 2 : De l’or pour la guerre
- Thème 3 : Solidarités
- Thème 4 : Des restrictions
- Thème 5 : Sortir de la guerre
Pour être efficace, l’affiche doit envoyer un message clair et frappant. Dans les affiches, l’appel au civisme et au patriotisme repose sur le parallèle établi entre le soldat se battant sur le front et le civil qui soutient financièrement l’effort de guerre.
Le message est évident : comme le «poilu» verse son sang, le Français resté à l’arrière doit «verser son or».
En France, ces campagnes sont couronnées de succès puisque les emprunts d’État souscrits par les épargnants ont couvert la moitié des dépenses de guerre.
Evolution des dépenses de propagande (publicité) pendant la guerre en regard des sommes collectées par chaque emprunt :
- 1915 : 900 000 F pour 15 milliards
- 1916 : 1 696 000 F pour 11 milliards
- 1917 : 2 369 000 F pour 14 milliards
- 1918 : 4 063 500 F pour 27 milliards
Cinquième emprunt (emprunts pour la reconstruction des régions dévastées), 1920 et 1921
En 1920, deux nouveaux emprunts sont proposés pour la reconstruction des régions dévastées.
Taux d'emprunt pour l'année 1920 :
- 5 % de février à mars
- 6 % d'octobre à novembre
Sommes récoltées en 1920 :
- le 5 % apporte à l'État 15 257 000 000 F,
- le 6 % apporte à l'État 27 888 417 000 F
Soit 43 milliards
Le Petit Journal illustré, 31 Octobre 1920
Carte postale, un jour de souscription à l’agence du CNEP à Oloron, 1918
Archives historiques BNP Paribas
La foule se presse à l’agence du CNEP d’Oloron pour souscrire au 4e emprunt de la Défense nationale. L’agence a bien mis en évidence sur sa devanture la célèbre affiche Alsace-Lorraine.
Pour assurer le succès de l’émission, aucun frais de banque n’est prélevé, comme le rappelle la grande banderole courant sur le balcon.
Emprunt national 1920, souscrivez – Archives historiques BNP Paribas
Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953), peintre, sculpteur et céramiste symboliste français a imaginé cette affiche en faveur de l’emprunt de la reconstruction, pour le compte de la Banque de Paris et des Pays-Bas.
Il s’agit d’une allégorie de la production industrielle et agricole, ainsi que du commerce. En effet, à l’arrière-plan, on aperçoit une usine d’où s’échappent des volutes de fumée et au premier plan, on note la présence d’un râteau, d’une tenaille, d’un marteau et d’une grue symbolisant la reprise de l’activité économique.
René Préjelan, imprimerie Devambez, 1920
La Banque française et italienne pour l’Amérique du Sud, plus connue sous le nom de Sudameris, est créée en 1910 par la Banca Commerciale Italiana en association avec Paribas.
Son siège est à Paris, rue Halévy, alors que son activité s’exerce principalement en Amérique latine.
Sem, imprimerie Devambez, 1920
Georges Goursat dit Sem (1863-1934) est un caricaturiste et affichiste français qui s’oriente aussi vers la chronique mondaine et l’écriture.
Il est correspondant de guerre de 1914 à 1918. Sem a réalisé quatre affiches pour la BNC entre 1916 et 1920. La maison Devambez, créée en 1826, est installée dans le passage des Panoramas. Graveur des cours royales et impériales, cet atelier renommé édite les prospectus et affiches du Comité de propagande dès le début du conflit
Sénéchal, imprimerie Vieillemard, 1921
Delarue-Nouvellière, imprimerie Crété, 1921
Constant Duval, imprimerie Joseph Charles, 1920
L’affiche : Le soleil se lève sur les ruines de l’église entourées de maisons détruites. Le coq est toujours présent sur le clocher… Le coeur du village, c’est aussi le coeur de la vie quotidienne qu’il faut reconstruire.
Constant Léon DUVAL, dit CONSTANT-DUVAL (Champlay, 1877 – Saint-Piat, 1956). Artiste peintre et professeur de dessin français. Il débute au salon d’Automne en 1904 et expose ensuite au Salon des Indépendants, au salon des artistes Français et au salon d’Hiver à partir de 1910. Il réalise des affiches pour le gouvernement tunisien, différents Syndicats d’Initiatives ainsi que pour des stations thermales.
Elles représentent des sites et monuments de Bretagne, de Normandie (Mont Saint-Michel), des Châteaux de la Loire, des vues d’Auvergne, du Quercy, des Pyrénées etc… Il réalise l’affiche officielle pour la première émission du Crédit National (créé le 10 octobre 1919).
Emprunt pour la reconstruction de l'église d'Albert
Imprimerie Joseph Charles
Avec cette affiche, F.Galais, artiste français, invite à souscrire à l’emprunt de 25 millions de francs émis par la ville d’Albert pour financer sa reconstruction.
Située dans la Somme, en plein champ de bataille, Albert est totalement dévastée par le conflit.
L’artiste met en exergue sur l’affiche la Basilique Notre-Dame de Brebières, totalement détruite avec sa statue de la Vierge sur le point de s’écraser au sol en avril 1918.
Affiche de Julien Lacaze
Affiche de Renaucourt, Henri
Affiche de Hansi
Georges Scott, imprimerie Devambez, 1920
Appel des Galeries Lafayette à ses clientes pour le 5e emprunt national
Pour soutenir la reconstruction, l'Etat lance un 5e emprunt en 1920. Tandis que de nombreuses affiches mettent en scène les Français de nouveau au travail, celle des Galeries Lafayette s'adresse à la générosité des élégantes parisiennes.
Cet appel solennel lancé aux écoliers de France par le ministre de l’Instruction publique, André Honnorat (1868-1950), comporte deux aspects très différents. Dans un premier temps honorer, lors du 11 novembre 1920, la mémoire des enseignants morts pour la patrie par une lecture de certains de leurs écrits.
Puis, dans un second temps, poursuivre les campagnes de générosité pour la reconstruction des régions dévastées.
15 octobre 1920
Les gages de l'emprunt 1920
Victor Menu, imprimerie Devambez, 1920
Cappiello, imprimerie Devambez, 1920
Leonetto Cappiello (1875-1942) est un illustrateur et affichiste d’origine italienne. Il commence sa carrière d’affichiste en 1899 et la poursuit jusqu’aux années 1930.
Considéré à l’époque comme le rénovateur de l’affiche française, il commence à travailler pour l’imprimeur Devambez en 1920 et signe avec lui un contrat d’exclusivité de 1921 à 1936.
Marcel Vuillaume, imprimerie Gallais, 1920
A. Galland, imprimerie Devambez, 1920
Roubille, imprimerie Devambez, 1920
Lucien Levy-Dhurmer, imprimerie Devambez, 1920
Lucien Lévy-Dhurmer (1865-1953) est un peintre, sculpteur et céramiste symboliste français. Il a également réalisé quelques pièces de décoration et de mobilier Art nouveau.
Certaines de ses œuvres sont conservées au Musée d’Orsay à Paris et au Metropolitan Museum à New York. Comme nombre de ses contemporains, il met son talent de dessinateur au service de la Nation en guerre
Auguste Leroux, imprimerie Goupy, 1920
Marcel Vuillaume, imprimerie Gallais, 1920
Abel Faivre, imprimerie Devambez, 1920
Aidez-le à reconstruire.
Rin, imprimerie Devambez, 1920
Léchaudel, imprimerie Nationale, 1920
Carlu, imprimerie Devambez, 1920
Anonyme, imprimerie VladJilek, 1920
Boignard, imprimerie Lapina, 1920
Boris, imprimerie Lapina, 1920
Jaulmes, imprimerie Devambez, 1920
Gustave Louis JAULMES (Lausanne,1873 – Paris,1959). Artiste français éclectique qui a réalisé des fresques monumentales, des tableaux, des affiches, illustrations, cartons pour tapis et tapisseries et des décors pour différents objets (émaux, décors d'assiettes, mobilier...). Il est représentatif de la tendance néo-classique au sein du mouvement Art déco.
Il a fait la guerre de 1914-1918, rappelé sous les drapeaux à 41 ans, dans la territoriale. Il commence au front en Champagne dès octobre 1914, mais il finit la guerre au Ministère des Beaux-arts, service de la propagande. C’est dès 1902 qu’ il se tourne vers la peinture. Il entend appliquer son art à la décoration des monuments ou des habitations.
Maurice Toussaint, imprimerie Joseph Charles, 1920
O.N. , imprimerie Champenoix, 1920
L’auteur de cette allégorie n’est pas identifié à ce jour. L’imprimerie Champenois, une des plus importantes de l’époque, est créée en 1878 par Ferdinand Champenois à partir de l’atelier de chromolithographie de luxe Testu et Massin, qu’il a racheté en 1874.
Cette affiche est sans doute l’une de ses dernières productions puisqu’il cesse son activité en 1920, n’ayant pu s’adapter à l’évolution des procédés d’impression.
Charles Fouqueray, imprimerie Lapina, 1920
Lucien Boucher, imprimerie Aliband et Salade, 1920
Bruno Chavannaz, imprimerie Crété, 1920
Au cœur de la forge, l’ouvrier frappe le métal de son marteau.
Il symbolise la valeur du travail et le renouveau industriel.
G. Seignac, imprimerie Joseph Charles, 1920
Lucien Métivet, imprimerie Duruy, 1920
La Patrie élève un rameau d'ollivier, est suivie d'un groupe d'ouvriers.
George Meunier, 1920
Anonyme, imprimerie Crété, 1920
Des Chinois s'amarrent à un port où se trouvent de nombreux bateaux.
Lucien Jonas, imprimerie Devambez, 1920
Lucien Jonas, imprimerie Joseph Charles, 1920
Le France en armes (allusion à la monnaie) est une des rares allégories encore guerrières de la période de reconstruction. Ici, la foule l’empêche de couler en faisant contrepoids dans la balance grâce à l’épargne apportée à l’emprunt.
Lucien Jonas (1880-1947) était un habitué des sujets militaires en sa qualité de peintre agréé par le Musée de l’Armée.
Lucien Jonas, imprimerie Devambez, 1920
Lucien Jonas, imprimerie Joseph Charles, 1920
C. Hazan, Office d'Editions d'Art, 1920
Chavannaz, imprimerie Crété, 1920
Après une surenchère d’allégories guerrières employées durant le conflit, l’illustrateur Chavannaz choisit un thème champêtre pour illustrer l’emprunt de la paix lancé en 1920 : le casque remplacé par un chapeau et le fusil par un outil, un ancien poilu couve sa famille du regard.
Le mot « pax » donne le ton de l’affiche.
Jean Droit, imprimerie Gallais, 1920
René Lelong, imprimerie Joseph Charles, 1920
René Lelong, imprimerie Joseph Charles, 1920
René LELONG (Arrou, 1871 – 1933). Illustrateur et peintre français. Médaillé au Salon des artistes français de 1895, il a réalisé des affiches publicitaires et illustré de nombreux livres et textes, notamment dans la collection Nelson ou les magazines Je sais tout, l’Illustration et Fémina.
René Lelong, imprimerie Joseph Charles, 1920
La République armée forge un soc de charrue tel que l’utilise le laboureur en action à l’arrière-plan. Le soleil levant rayonne à l’horizon.
En bas à droite : une femme (mère ou institutrice ?) enseigne la lecture à un enfant. Travail et éducation sont ici mis en avant.
Le Crédit national est créé en 1919. Il est d’abord chargé de financer la reconstruction des régions dévastées avant de se spécialiser dans les prêts à moyen et long termes pour les entreprises.
Roch, imprimerie B. Sirven, 1920
Castro, imprimerie Devambez, 1920
Lucien Jonas, imprimerie Joseph Charles, 1920
L. Dappé, imprimerie Devambez, 1920
Raemaekers, imprimerie Alibaud et Salade, 1920
C. Boiry, imprimerie Devambez, 1920
Anonyme, imprimerie Draeger, 1920
Le CNEP a choisi pour illustrer cette affiche, une perspective du quadrilatère qu’occupe son siège social 14 rue Bergère à Paris. Alors que s’ouvre la période de l’après-guerre, peut-être a-t-il voulu rappeler à sa clientèle qu’entre 1900 et 1912, il a considérablement agrandi ses locaux par acquisition des immeubles adjacents.
A sa façon, le CNEP montre qu’il est prêt pour la reprise de l’activité.
Charles-Albert Walhain, imprimerie Champenois, 1920
L’affiche de la Banque Adam pour l’emprunt de 1920, due au portraitiste et sculpteur Charles-Albert Walhain (1877-1936), s’inscrit dans le courant des affiches de la reconstruction, en mettant en valeur la reprise de l’activité économique. La touche régionale est apportée par le pêcheur (le siège de la banque se trouve à Boulogne-sur–Mer). La banque a été absorbée en 1937 par la Banque nationale pour la commerce et l’industrie, banque ancêtre de BNP Paribas.
Henri Visconte, imprimerie Avenir Publicité, 1920
Abel Faivre, imprimerie Devambez, 1921
Orsi, imprimerie Publicité Phogor, 1920
Voir d'autres affiches :
Siège du Comptoir national d’escompte de Paris, banque ancêtre de BNP Paribas
Voir le document :
http://media.bnpparibas.com/fluidbook/catalogue expo/data/document.pdf
Poulbot, imprimerie Chachoin, 1920
Francisque Poulbot (1879-1946 est un artiste français, devenu célèbre pour ses gamins de Paris. Il a réalisé cette affiche pour la Banque de Paris et des Pays-Bas, ancêtre de Paribas.
La France est représentée sous les traits d’une petite fille à la robe déchirée au milieu des ruines : le pays est dévasté mais cette enfant incarne l’avenir de la France.
Affiche de Villain, Henri (1878-1938)
Voir le lien :