Le Canada pendant la Grande Guerre
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affiches, Canada, Grande Guerre, Ypres, Vimy, Mont St. Eloy, Cyril H. Barraud, Somme,
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Les affiches de propagande canadiennes
Les Canadiens (byng boys) pendant la Grande Guerre
Le premier contingent de soldats canadiens, au nombre de 33 000, est arrivé en Grande-Bretagne le 16 octobre 1914.
Affectés en France, ces soldats se sont rapidement retrouvés au centre des batailles.
Au cours des quatre années suivantes, plus de 628 000 Canadiens se sont enrôlés dans les forces armées. Vingt-trois mille de ces hommes ont servi au sein du Corps royal d’aviation de Grande-Bretagne, 1 600 d'entres eux sont morts au combat. Dix des vingt-sept as du Corps royal d’aviation étaient Canadiens. De plus, trois mille Canadiens se sont engagés dans la Marine royale.
À la fin de la guerre, 66 573 Canadiens avaient été tués et 138 166, blessés, ce qui représentait un coût énorme pour le Canada, dont la population était relativement réduite.
Principales batailles sur le front ouest
Le Corps expéditionnaire canadien a pris part à de nombreuses batailles importantes, y compris la bataille d’Ypres, l’offensive de la Somme et les attaques de Passchendaele, de Mons, d’Amiens et de Cambrai.
Bataille d’Ypres, 1915
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Du 22 avril au 25 mai |
Batailles de la Somme 1916
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Du 1er juillet au 18 novembre |
Bataille d’Arras, 1917
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Du 9 avril au 4 mai |
Batailles d’Ypres, 1917
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Du 31 juillet au 10 novembre |
Batailles de la Somme, 1918
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Du 21 mars au 4 avril |
Percée de la ligne Hindenburg, 1918
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Du 12 septembre au 9 octobre |
Voir le lien :
http://www.archives.gov.on.ca/fr/explore/online/mould/battles.aspx
La prise de la crête de Vimy.
L’artillerie de campagne canadienne amène les canons vers le front, 1917
Les affiches canadiennes :
L'emprunt de la victoire
Le gouvernement canadien a vendu des obligations de la Victoire à des citoyennes et citoyens canadiens, à des sociétés privées et à divers organismes pour recueillir de l’argent devant servir à défrayer la guerre.
Ces obligations étaient des prêts accordés au gouvernement qu’on pouvait encaisser avec intérêt dans 5,10 ou 20 ans; on les a émises en cinq campagnes différentes, entre 1915 et 1919.
En 1915, on a émis cent millions de dollars en obligations de la Victoire, que les gens ont vite achetées.
L’affiche VICTORY BONDS WILL HELP STOP THIS (les obligations de la victoire aideront à arrêter ceci), qu’on voit à droite, a été imprimée à environ 60 000 exemplaires.
L’image montre la destruction du Llandovery Castle, un navire-hôpital non armé torpillé le 27 juin 1918 ; 234 personnes ont perdu la vie, dont 14 infirmières canadiennes.
Bring Him Home with the Victory Loan [Canada], [vers 1918]
Créateur inconnu
Let Us Win the Prince of Wales' Flag [Canada], 1919
Créateur inconnu
Accroissement de la production
L’économie canadienne était loin d’être sur le pied de guerre en 1914 : il fallait opérer une transformation considérable. Tout au long de la guerre, on vantait constamment au public les mérites de l'économie et on encourageait l'accroissement de la production manufacturière et agricole.
Les affiches étaient donc conçues pour indiquer clairement que le fait d’accroître notre production non seulement permettrait de soutenir les troupes canadiennes, mais aussi celles de nos alliés et, en particulier, de la Grande-Bretagne.
Pour la première fois, on a encouragé les femmes à remplacer les hommes qui étaient partis s’acquitter de fonctions à l’étranger.
Le corps du service agricole de l'Ontario (Ontario Farm Service Corps), une initiative du gouvernement de l’Ontario, a été créé en 1917 pour remplacer les hommes qui avaient quitté les fermes par des ouvrières agricoles et, durant les vacances d’été, par des filles et des garçons du niveau secondaire.
Canada's Egg Opportunity [Canada], [vers 1918]
Créateur inconnu
Canada's Pork Opportunity [Canada], [vers 1918]
E. Henderson
Come into the Garden Dad ! [Canada], [vers 1918]
J. E. Sampson
La Commission canadienne du ravitaillement a également produit des affiches qui encourageaient vivement la population à se priver volontairement de tout, comme à « se passer de viande le vendredi ».
Aussi, à mesure que des pénuries ont commencé à se produire, il est devenu de plus en plus important pour les gens de produire leur propre nourriture autant que possible : encore une fois, on a conçu des affiches pour transmettre le message.
Recrutement
La production des affiches était généralement financée au niveau local, demandant aux hommes de s’enrôler dans le bataillon de leur secteur pour être en compagnie de gens de leur collectivité qu’ils connaissaient.
Au début de la guerre, le message de recrutement était assez passif, voire jovial
et faisait appel à la fierté des futurs volontaires.
Mais, au fur et à mesure que la guerre progressait, les affiches devenaient plus percutantes
appelant les hommes à faire leur devoir et utilisaient des images appropriées pour renforcer
le message.
Here's Your Chance - It's Men We Want, [Canada],
[entre 1914 et 1918], Créateur inconnu
Send More Men' - Won't You Answer the Call, [Canada],
[entre 1914 et 1918], Créateur inconnu
Bushmen and Sawmill Hands Wanted, [Canada], [entre 1914 et 1918]
Créateur inconnu
En 1916, le gouvernement britannique a en effet demandé au Canada de constituer un bataillon de foresterie pour fins de service outre-mer, puisqu’on manquait de gens possédant ces compétences en France et en Grande-Bretagne. On a recruté plus de 1 600 hommes en six semaines, surtout dans l’Est de l’Ontario.
Le 224e, de même que d’autres bataillons d’infanterie, ont été intégrés au Corps forestier canadien en 1916. Ces gens devaient dégager des terrains d’aviation, préparer des traverses de chemin de fer et produire du bois d’œuvre destiné à la construction de tranchées, de casernes et d’hôpitaux.
Les artistes de guerre de la Première Guerre mondiale
Aux côtés des troupes alliées en France se trouvaient des artistes de guerre de la Grande-Bretagne, du Canada et d’autres pays qui s’appliquaient à reproduire les scènes dont ils étaient témoins.
D’autres artistes de guerre se sont rendus dans des fabriques de munitions et d’autres usines de fabrication pour recréer les efforts déployés par la population civile sur le front domestique en vue de produire le matériel de guerre.
Plus de 60 millions d’obus ont été produits par les fabriques de munitions canadiennes.
The Landing of the First Canadian Division at St. Nazaire, 1915
d'après Edgar Bundy, A.R.A
Edgar Bundy est l’un des artistes anglais qui ont été embauchés par le Fonds de souvenirs guerre canadiens. Vers 1918, M. Bundy a réalisé un grand tableau illustrant l’arrivée de la 3e brigade d’infanterie canadienne à St-Nazaire, en France, en 1915. La reproduction de cette œuvre figurative émouvante de M. Bundy recrée de façon colorée l’arrivée du régiment Black Watch sous les yeux de généraux et de dignitaires canadiens ainsi que d’une foule d’observateurs. On y peut voir le navire à vapeur Novian amarré à l’arrière-plan.
The Night Patrol - Canadian M.L. boats entering Dover, [vers 1915]
d'après Julius Olsson, A.R.A.
Richard Jack, The Second Battle of Ypres, 22 April to 25 May 1915
(La deuxième bataille d’Ypres, du 22 avril au 25 mai 1915),
1917, huile sur toile, 371,5 x 589 cm,
collection Beaverbrook d’art militaire, Musée canadien de la guerre, Ottawa.
Richard Jack, le premier artiste embauché par Lord Beaverbrook, a entrepris sa mission peu de temps après cette bataille pour reproduire cet exploit magnifique. Le tableau de M. Jack mesurait 12 x 20 pieds, une toile immense dont toutes les composantes rappelaient l’art du dix-neuvième siècle : un officier blessé faisant signe à ses troupes d’avancer, un soldat agonisant, etc.
Richard Jack est né à Sunderland, en Angleterre, en 1866. Cet artiste aguerri a rapidement acquis une certaine notoriété pour ses portraits, y compris ceux qu’il a faits des membres de la monarchie anglaise et européenne. M. Jack, qui ne s’est établi au Canada qu’en 1930, a été en novembre 1916 le premier artiste embauché par le Fonds de souvenirs guerre canadiens.
Après avoir été nommé major, il a quitté l’Angleterre pour la France, où il a recréé certaines des campagnes les plus célèbres jamais entreprises par les troupes canadiennes. Les scènes de la seconde bataille d’Ypres et de la prise de la crête de Vimy, celle-ci mesurant plus de 19 pieds de long, constituent une reproduction de ses grands tableaux.
Church ruin, Ablain, St. Nazaire, 1916
Lieut. C. H. Barraud
Bien que d’une très grande simplicité, cette charmante plaque aux dimensions réduites a été faite de main de maître.
Les ruines austères mais grandioses de l’église sont tout ce qui reste du village autrefois très peuplé qui l’environnait.
Né en Grande-Bretagne, Cyril Barraud est arrivé au Manitoba en 1913 et est progressivement devenu un personnage influent au sein de la communauté artistique de Winnipeg. Il a occupé le poste de président de la Manitoba Society of Artists and Craftsmen et a fondé le Winnipeg Art Club en 1915.
Les talents de ce graveur artistique expérimenté ont été exploités sur le front en 1915 pendant son service à titre de lieutenant au sein du 43e bataillon du Corps expéditionnaire canadien.
En 1916 et en 1917, M. Barraud a fait des croquis de la campagne française dévastée par la guerre. Lorsque ses services ont été retenus par le Fonds de souvenirs guerre candiens en août 1917, bon nombre de ses croquis ont été reproduits en éditions complètes.
A view of Ypres from the Bund dugout, 13 mai 1917
Le lieut. C. H. Barraud
Ypres vue du sud-est. Cette gravure délicate d’une beauté saisissante révèle les tours St-Pierre à gauche et St-Jacques à droite, ainsi que la cathédrale d’Ypres et les Halles aux draps au centre de la ville. À l’exception d’une partie des Halles aux draps, tous les autres monuments ont depuis disparu.
The Battle of Vimy Ridge, 1917
d'après Richard Jack, A.R.A.
Les Canadiens ont pris la relève à cette partie de la ligne au cours de l’hiver de 1916 et bientôt les quatre divisions canadiennes composées de 30 000 hommes se sont préparées à participer à une offensive importante qui comprenait la prise de la crête de 60 mètres qui se trouvait devant eux.
Les Canadiens ont tenu bon et le 12 avril, à la faveur de la nuit, les troupes allemandes se sont retirées. Les Canadiens avaient réussi à passer au travers des sections les plus redoutables des lignes, exploit que personne d’autre n’avait réussi à accomplir. Ils avaient infligé de lourdes pertes à l’ennemi et saisi la crête, ce qui représentait un succès tactique des plus importants.
View of Mont St. Eloy, [vers 1916]
Le lieut. C. H. Barraud
Mont St. Eloy from the southeast, 7 mai 1917
Le lieut. C. H. Barraud
The ruins of Ypres, 1917
Bertram Buchanan
The Great Square Ypres, 1917
Lieut. C. H. Barraud
Sur cette plaque importante, la gravure à l’aquatinte illustre peut-être mieux que toute autre la désolation totale d’Ypres, ville auparavant magnifique.
La scène illustrée est bien connue des soldats qui sont passés par là, peut-être même trop. Ce dessin a été réalisé en octobre 1917, au cours de l’attaque de Passchendaele.
Vlamertinghe, from the south west, août 1917
Lieut. C. H. Barraud
Ruins of the Monastery, Mont des Cats octobre 1917
Le lieut. C. H. Barraud
Canadians entering Cambrai, 1918
Le lieut. Gerard de Witt
Sur cette gravure, l’artiste a recréé l’arrivée des Canadiens dans la ville de Cambrai quelques heures après sa chute. Le soleil couchant d’un soir d’octobre ainsi que les épais nuages de fumée qui s’élèvent des sections en ruines de la ville produisent une vive impression que les témoins ne risquent pas d’oublier, et le nom « Cambrai » restera à tout jamais dans le cœur des Canadiens comme une étape importante vers la victoire.
Sources :