La Grande Guerre en chansons et poésies
Mots-clés :
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Lire les articles :
Chants publiés par le bulletin des Armées
Théatre et revue aux armées
Lucien Durosoir, violoniste
Théodore Botrel, le chansonnier des armées
Les Chansons de la Grande Guerre, par Albert Larrieu
MUSIQUES DE LA GRANDE GUERRE : 1914-1918
À Paris, aux Abbesses et aux Grands-Boulevards, se joue une musique moderne pour l’époque, dont le tube It’s a long way to Tipperary va devenir l’air préféré des soldats britanniques. Elle annonce le jazz et le blues qui révolutionnent la musique du XXe siècle. Un autre genre musical venu de l’étranger divise la bonne société française : le tango. Longtemps synonyme de bouges et de tripots, il attire de plus en plus de jeunes Parisiens qui souhaitent s’égayer.
Après le silence du recueillement lors de l’entrée dans la guerre, les spectacles reprennent peu à peu. Les spectateurs se divertissent devant les chansonniers à la mode, des artistes alternant chansons et sketchs comiques. Les stars se nomment Dranem, avec son veston trop court et ses grosses chaussures ; Polin qui reprend Ah ! je t’attends, une vieille rengaine qui reste d’actualité avec son patriotisme et son faux air de marche militaire.
Charles-Joseph Pasquier, dit Bach, chante la Madelon au caféconcert l’Eldorado à Paris, dans une indifférence presque générale. Il faut que les soldats, grâce au chansonnier Sioul, s’échangent les paroles sur le front lors des marches et des longues heures d’attente dans les tranchées, pour qu’elle triomphe, plus tard, reprise par les comiques troupiers (les Tourlourous) et enregistrée sur phonographe.
La « Reine du phono », Emma Liebel, chante Bonsoir m’amour, succès énorme sur le front et à l’arrière qu’un soldat anonyme reprendra avec d’autres paroles pour en faire une chanson antimilitariste, la Chanson de Craonne. Interdite par l’armée française, elle critique les gradés « planqués bien au chaud ».
Charles Armand Ménard dit Dranem, 1869-1935
Au cours de la Grande Guerre, Dranem est versé au théâtre des armées : il chante dans les hôpitaux.
A chaque évènement de la Grande Guerre, une chanson peut être associée.
1914
La mobilisation, Août 1914
Petits pioupious ! Soldats français
Épris de lauriers et de gloire
Gardez la foi dans le succès
Enfants du Père "La Victoire"
Aux durs combats pour quelque temps
Partez gaiement pleins d'espérance
Petits pioupious, braves enfants !
Allez vous en sauver la France
1
Quand les clairons et les tambours
Pour le combat sonnent la charge
Les coeurs émus battent toujours
Et les All'boches n'en mènent pas large
Car en France comme au Maroc
Tu n'as pas peur de la mitraille
Coeur de français dur comme un roc
Quand vient l'instant de la bataille !
2
Petit soldat remplit ton coeur
Plein d'ardeur et plein de courage
De tous combats reviens vainqueur
Sachant tenir tête au carnage
Petit pioupiou fier et joyeux
Qui regarde la mort en face
Reste digne de tes aïeux !
Allons mon gars ! Rend nous l'Alsace !
Réplique du soldat :
Refrain:
Petits pioupious ! Soldats français
Épris de lauriers et de gloire
Nous partons tous, sûr du succès
Vrais fils du Père "La Victoire"
Aux durs combats pour quelque temps
Nous allons, remplis d'espérance
Tous bons soldats, tous bons enfants !
Nous allons défendre la France
1
Quand les clairons et les tambours
Pour le combat sonnent la charge
Nos coeurs émus battent toujours
Et les All'boches n'en mènent pas large
Mais en France comme au Maroc
Nous ne craignons pas la mitraille
Coeur de français dur comme un roc
Quand vient l'instant de la bataille !
2
Dans nos âmes pleines d'ardeur
Nous portons tous force et courage
Avec l'espoir d'être vainqueurs
Sachant tenir tête au carnage
Oui nous partons le coeur joyeux
Et regardons la mort en face
Dignes enfants de nos aïeux !
France ! Nous te rendrons l'Alsace !
Ah ! C'est la guerre, 1914
X- Musique de E. jaquinot
Les cris populaires
Des " faut pas s'en faire"
"Nous on les auras"
Où "Tu marches dans les bégonias"
T'abîmes les plate-bande
Descends on te demande
"Les ? ou les rubans"
Ou bien "T'occupe pas des cancans"
"Et bouscule le pot d'fleur "
"Où encore est ta soeur ?"
"Est-ce qu'elle bat l'beurre ?"
Mais le cri le plus réputé
Est celui qu'on vient de lancer
C'est la guerre !
Quand on s'plaint chez les commerçants
Que tout augment ils disent vivement,
C'est la guerre !
Chez l'charcutier, chez le bougnat
Et même chez Mme Tiremoid'là
C'est la guerre !
Et la grand Coquotte maintenant
Au lieu d'quatr' sous vous prend vingt francs
C'est la guerre !
S'plaignant de la vie chère
Quelques ménagères
Disaient l'autr' matin
En f'sant la queue d'vant de chez Potin
Ah vrai ! Tout augmente
Et ceux qu'on pas d'rente
Peuvent se brosser l'nombril
Où l'passer à la toile d'émeri
Il parait qu'l'on va
Taxer les chiens, n'est ce pas ?
Et même les chats
Ah ! Pour ça
Dit Mme Durondard
J'ferai du pétard :
C'est la guerre !
J'ai pas d'chien, j'm'en fouts
Mais qu'on touche pas à mon matou
C'est la guerre !
Pour qu'y soit content, mon poilu
Quand y r'viendra on n'd'ira plus
C'est la guerre !
Et je n'ai plus rien ajouté
Car la censure me l'a coupé
C'est la guerre !
Entrée des Britanniques le 13 Août 1914
It's a Long Way to Tipperary
C'est loin jusqu'à Tipperary
Ecrite en 1911 par Jack Judge et Harry Wiliams, It’s a long, long way to Tipperary était au départ une ballade irlandaise sentimentale et que Florrie Forde, une artiste de music hall populaire à l'époque, décida d’intégrer dans son tour de chant lors de sa tournée de l'île de Man en 1913. Cette chanson fut ensuite popularisée par les Connaught Rangers lorsqu'ils traversèrent Boulogne-sur-Mer le 13 août 1914. L'air est dès lors régulièrement repris par d'autres soldats de l'Armée britannique et cette chanson d’amour devint alors un des plus célèbres chants de marche des troupes alliées anglo-saxonnes lors de la Première Guerre mondiale.
(Chorus)
It's a long way to Tipperary,
It's a long way to go.
It's a long way to Tipperary
To the sweetest girl I know!
Goodbye, Piccadilly,
Farewell, Leicester Square!
It's a long long way to Tipperary,
But my heart's right there.
Up to mighty London
Came an Irishman one day.
As the streets are paved with gold
Sure, everyone was gay,
Singing songs of Piccadilly,
Strand and Leicester Square,
Till Paddy got excited,
Then he shouted to them there:
(Chorus)
Paddy wrote a letter
To his Irish Molly-O,
Saying, "Should you not receive it,
Write and let me know!
If I make mistakes in spelling,
Molly, dear," said he,
"Remember, it's the pen that's bad,
Don't lay the blame on me!"
(Chorus)
Molly wrote a neat reply
To Irish Paddy-O,
Saying Mike Maloney
Wants to marry me, and so
Leave the Strand and Piccadilly
Or you'll be to blame,
For love has fairly drove me silly:
Hoping you're the same!
(Chorus)
Version française
Refrain
C'est loin jusqu'à Tipperary,
C'est bien loin pour y aller.
C'est loin jusqu'à Tipperary,
À la plus douce fille que je connaisse!
Au revoir, Piccadilly,
Adieu, Leicester Square!
C'est loin jusqu'à Tipperary,
Mais mon cœur est là-bas.
Jusqu'à la puissante Londres
Est un jour venu un Irlandais.
Comme les rues sont pavées d'or,
Bien sûr, tout le monde était gai,
Chantant des chansons de Piccadilly,
Strand et Leicester Square,
Jusqu'à ce que Paddy s'énerve,
Puis il leur a crié là-bas :
(Refrain)
Paddy a écrit une lettre
À son irlandaise Molly-O,
Disant : "Si tu ne la reçois pas,
Écris et dis-le moi !
Si je fais des fautes d'orthographe,
Molly, ma chérie, dit-il,
Souviens-toi, c'est que la plume est mauvaise,
Ne rejette pas la faute sur moi !"
(Refrain)
Molly a bien répondu
À l'irlandais Paddy-O,
Disant Mike Maloney
Veut m'épouser, aussi
Quitte le Strand et Piccadilly
Ou ce sera de ta faute,
Car l'amour m'a rendue bien bête :
J'espère que c'est pareil pour toi !
(Refrain)
La Baïonnette N°50, 15 Juin 1916
L'invasion de la Belgique, Août 1914
Bataille de la Marne, 6-12 Septembre 1914
J.Lenoir - Willems
Le ciel est clair et bleu c'est dimanche
Et tout Paris a déserté le nid
Chacun sort et met sa toilette blanche
De grand matin le pêcheur est parti
A la Marne tout rayonne tout chante
Comme des vieux encore amoureux
Et les femmes sont toutes plus charmantes
On boit on rit on danse on est joyeux
Quand le soir descend silencieux
L'on entend un bruit mélodieux
C'est le chant des flots berceurs
De la Marne rieuse
Rythme qui charme le coeur
C'est la chanson joyeuse
Elle nous parle d'amour
A cette heure bénie
Bercez bercez les amants tout un jour
Aux flot joyeux de la Marne jolie
Mais certains jours de la Marne attristée
On vit s'assombrir les jolis flots d'or
Car l'ennemi dans une folle poussée
Jusqu'à chez nous osa venir encore
Chacun connaît la célèbre bataille
L'effet complet de leur sinistre plan
Pourtant chez eux canons obus mitraille
Se fabriquait depuis quarante quatre ans
Aussi quand le combat fut fini
On disait en écoutant ce bruit
C'est le chant des flots berceurs
De la Marne rougie
Rythme qui brise le coeur
C'est la chanson meurtrie
Elle parle de combats
A cette heure émouvante
Pleurez pleurez nos chers petits soldats
Aux flots rougis de la marne sanglante
Depuis la rivière a repris sa lumière
Et sa splendeur et sa gaieté d'antan
Près des parents et des bons vieux grands-père
Les enfants jouent, c'est un tableau charmant
Sur les genoux ils écoutent l'histoire
De la Marne, de ses fiers défenseurs
Émerveillé par ce récit de gloire
Bébé s'écrie : Honneur à nos vainqueurs !
Maintenant sous l'étoile qui luit
Un murmur' monte de l'infini
C'est le chant des flots berceurs
De la Marne rêveuse
Rythme qui grise le coeur
C'est la chanson glorieuse
Elle parle des succès
De la France si belle
Chantez chantez la Liberté, la Paix
O flots sacrés de la Marne immortelle !
1915
Incorporation par anticipation de la classe 16
Les bleuets, 1915
Botrel
I
Les fiers soldais de France,
Du falzard au képi
Etaient jadis garance :
Ils sont bleus aujourd'hui !
Refrain en chœur :
V'ià les bleus, les bleus, les bleus,
Les bleuets bleus des champs de France,
V'ià les bleus, les bleus, les bleus.
Les bleuets bleus victorieux !
Pour nous rendre invisibles
Sur les lignes de feu
C'est Joffre l'invincible
Qui nous a voués au bleu !
Via les bleus...
III
Les Poilus bien en forme.
Nos « Terribles Toriaux »,
Sont «bleus» sous l'uniforme
Comme les Bleus nouveaux !...
V'ià les bleus...
IV
L'Acier des « Rosalie »
Domine les bleuets :
C'est la moisson fleurie
De célestes reflets !
V'ià les bleus...
V
Fuyant à notre approche
Quand nous fondrons sur eux,
Eux aussi les sal's Boches
En resteront tout bleus !
V'ià les bleus...
Voir l'article : Théodore Botrel, chansonnier des armées
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/12/12/31128708.html
Première bataille de Champagne, 12-16 février 1915
Hurlez , canons !
René Lecoeur
Bérard
Devant soudain l'orage, une armée accourue
Puis une autre est entrée
L'écho s'éveille et gronde aux lointains horizons
Hurlez canons
Voici le régiment, c'est la cavalerie
On charge, on s'échauffe, et l'on crie
Puis tout à coups dans l'air éclatent les clairons
Hurlez canons, hurlez canons !
Ardente est la mêlée, et sombre la fournaise
Dans la lutte que rien n'apaise
Un appel retentit : Rendez-vous !
On répond : Hurlez canons !
Sous les balles de plomb, plus d'un homme succombe
Et meurt, et la boue est sa tombe
Et ce martyr est mort sans qu'on sache son nom
Hurlez canons, hurlez canons !
La guerre est monstrueuse, et lâche barbarie
Elle prend ses fils en batterie
Pour assouvir l'orgueil d'un grand Napoléon
Hurlez canons
Pauvre soldat couché dans la haute herbe noire
Soldat, ouvrier de la gloire
Sur vos os décharnés, les siècles passeront
Hurlez canons, hurlez canons !
Batailles de l'Artois, 9 mai-18 juin 1915
2 grandes batailles soldées par des charges patriotiques sans espoir qui firent 100.000 fantassins et 2.200 officiers morts.
Le Cri du Poilu
Nine Pinson
V'là plus d'une année
Nos petits soldats,
Loin de tout l' monde, sont là-bas
Seuls dans la bataille
Ils bravent la mitraille
Ils n' pensent plus à rien
Qu'à tirer sur ces sales Prussiens
Mais quand ils sont au repos
Et qu'ils n'ont plus d' flingot
Couchés sur l' dos
À nos poilus qui sont su' l' front
Qu'est-ce qu'il leur faut comme distraction ?
Une femme, une femme !
Qu'est-ce qui leur ferait gentiment
Passer un sacré bon moment ?
Une femme, une femme !
Au lieu d' la sale gueule des Allemands
Ils aimeraient bien mieux certainement
Une femme, une femme !
Cré bon sang ! Qu'est-ce qu'y donneraient pas
Pour t'nir un moment dans leurs bras
Une femme, une femme !
Quand, en ribambelle,
Ils bouffent la gamelle
C'est vite avalé
En deux temps, ça n'a pas traîné
Penchés sur la paille
Allons-y, ils bâillent
Se f'sant, nous le tenons,
Presque tous la même réflexion
Et dans ces moments-là
À quoi pensent-ils tout bas ?
Ne cherchez pas !
À nos poilus qui sont su' l' front
Qu'est-ce qu'il leur faut comme distraction ?
Une femme, une femme !
Quand ils ont bouffé leur rata
Qu'est-ce qu'ils demandent comme second plat ?
Une femme, une femme !
Sapristi, pour calmer leurs nerfs
S'il leur arrivait comme dessert
Une femme, une femme !
Qu'elle soit grande ou petite, ma foi
Ça fait rien pourvu que ce soit
Une femme, une femme !
Quand, dans la tranchée,
Ils passent la journée
Par les p'tits créneaux
Ils envoient aux Boches des pruneaux
Puis ils se reposent
Pensent à des tas d' choses
Qui leur font, cré nom
Passer dans tout l' corps des frissons
Avant de s'endormir
Ils ont dans un soupir
Le même désir
À nos poilus qui sont su' l' front
Qu'est-ce qu'il leur faut comme distraction ?
Une femme, une femme !
Il y a tant d'amoureux là-bas
Qui pourraient faire plaisir à
Une femme, une femme !
À ce moment, c'est l'essentiel
Il faudrait qu'il leur tombe du ciel
Une femme, une femme !
Et comme prière du soir
Bon Dieu d' bon Dieu, fais-nous donc voir
Une femme, une femme !
Verdun, 1916
Pertes françaises : 300.000 morts, 500.000 blessés.
Les troupes allemandes sont commandées par le Prince héritier.
POUR VERDUN
Elle est toujours debout, l'héroïque cité.
Opposant aux Germains, le mur infranchissable,
Des poitrines de nos preux, elle a résisté,
Sous un bombardement infernal, intenable.
Prodige de vaillance elle a improvisé,
Sous le feu des teutons, des travaux de campagne,
Il fallait se blottir. pour ne pas succomber.
Dans les trous des obus, et la faim pour compagne,
Nuit et jour, stoïque, sans ravitaillement,
Soutenir de l'airain, la plus grande avalanche,
Que l'on ait jamais vue! dans la neige et le sang,
Miracle d'héroïsme et superbe revanche,
De Verdun martyre, mais tenant sous son feu,
Les régiments entiers, qu'un César en furie.
Envoyait au combat, Horreur, « au nom de Dieu! »
Ce démon commandant l'infâme boucherie.
Excitait ses hordes, à se ruer sur nous !
Mille monstres d'airain, semaient les hécatombes,
Cet horrible charnier, rendait les vivants fous !
Un tumulte d'enfer tirait les morts des tombes !
Si Verdun, la martyre, a souffert et pleuré,
Elle n'a pas fléchi,sous la tragique épreuve.
Elle a vengé le Droit, l'Honneur, la Liberté,
De sa vallée ombreuse et pleine de sanglots,
Une voix a jailli, du fond de la fournaise.
Et cette jeune voix, promet des renouveaux
Écoute-là Kaiser, c'est notre Marseillaise.
(Août 1917)
Verdun !! On ne passe pas, 1916
Bérard
Un aigle noir a plané sur la ville,
Il a juré d'être victorieux.
De tous côtés, les corbeaux se faufilent
Dans les sillons, dans les chemins creux,
Mais tout à coup, le coq gaulois claironne:
Cocorico, debout petits soldats,
Le soleil luit partout, le canon tonne,
Jeunes héros, voici le grand combat.
Refrain :
Et Verdun la victorieuse
Pousse un cri que portent là-bas
Les échos des bords de la Meuse,
Halte là ! On ne passe pas.
Plus de morgue, plus d'arrogance,
Fuyez, barbares et laquais,
C'est ici la porte de la France
Et vous ne passerez jamais.
Les ennemis s'avancent avec rage
Énorme flot d'un vivant océan
Semant la mort partout sur son passage
Ivres de bruit, de carnage et de sang,
Ils vont passer... quand relevant la tête,
Un officier dans un suprême effort
Quoique mourant crie : à la baïonnette,
Hardi les gars, debout, debout les morts !
Mais nos enfants, dans un élan sublime
Se sont dressés, et bientôt l'aigle noir
La rage au coeur impuissant en son crime,
Vit disparaître son suprême espoir,
Les vils corbeaux devant l'âme française
Tombent sanglants, c'est le dernier combat.
Pendant que nous chantons La Marseillaise,
Les assassins fuient devant les soldats.
L'Angélus de Verdun
Marcelly
Fiers soldats de Verdun, c'est l'angélus qui sonne
Ouvrez vos coeurs, tous vos espoirs
Vous verrez fuir les aigles noirs
Et d'immortels lauriers, votre front se couronnent
C'est l'angélus, c'est l'angélus qui sonne
D'un coteau de Verdun, l'aube blanchit le faîte
Debout soldats français !
Une cloche ignorant la peur et la défaite
Prélude à son succès
Il la brandit, un jeune camarade
Qui parmi vous a fait le coup de feu
Et dédaignant l'atroce canonnade
A votre secours appelle son Dieu
Fiers soldats de Verdun, c'est l'angélus qui sonne
Ouvrez vos coeurs, tous vos espoirs
Vous verrez fuir les aigles noirs
Et d'immortels lauriers, votre front se couronnent
C'est l'angélus, c'est l'angélus qui sonne
Reprises le 24 Octobre 1916 du fort de Douaumont, 2 Novembre 1916 du fort de Vaux.
Victoires du Général Mangin.
Les Coqs d'or
Botrel
Coq d'Or, du clocher de Calais
Que vois-tu là-bas dans les Flandres ?
Je vois tout un pays en cendres
La reine et le roi s'envoler
Coq d'Or, du clocher amiénois
Que vois-tu qui te désespère ?
Je vois la Vierge de Brebières
Sur son Jésus crisper ses doigts
Coq d'Or, du clocher de Soissons
Que vois-tu dans nos hautes plaines ?
Je vois des hordes inhumaines
Ramper à travers nos moissons
Coq d'Or, du clocher de Senlis
Vois-tu Reims et sa basilique ?
Je vois flamber la ville antique
De Jeanne d'Arc et de Clovis
Coq d'Or, du clocher de Verdun
Que vois-tu dans les Hauts de Meuse ?
Je vois une ruée affreuse
Qui se déclenche à vingt contre un
Coq d'Or, du clocher de Vitry
Que vois-tu là-bas dans l'Argonne ?
Je vois la forêt qui frissonne
Comme pour un second Valmy
Coq d'Or, du clocher de Strasbourg
Ne vois-tu rien venir de France ?
Je vois venir la délivrance
Qui s'avance au son du tambour
Coqs d'Or, prenez vite l'essor
Qu'attendez-vous là dans l'espace ?
L'heure proche où l'aigle rapace
Épuisé, s'offrira demi-mort
Aux ergots des Coqs d'Or
Bataille de la Somme, 1916
Anglais ( Rawlonson) et Français (Fayolle) sont sur un front de 30 kilomètres.
Pertes considèrables côté anglais.
La butte Rouge
Francis Marry
1917
L’offensive du Chemin des Dames et de Craonne en avril 1917.
Les Héros de Craonne
J. Lanusse
Chanson de Craonne, 1917
auteur anonyme
http://www.youtube.com/watch?v=z-yRaEYQNQs.
http://lhistgeobox.blogspot.fr/2010/11/226-la-chanson-de-craonne.html
http://www.crid1418.org/espace_pedagogique/documents/ch_craonne.htm
Lire le document :
8 Août 1917, les allemands se replient sur la ligne Hindenburg.
Les troupes franco-anglaises attaquent sur la Somme, la résistance allemande faiblit, des unités entières se rendent.
Entrée en guerre des Etats-Unis, 1917
Vive l'oncle Sam
Marcelly
Partant pour la guerre
L'Tommy d'Angleterre
Chantait le joyeux "Tipperary"
La belle république
La grande Amérique
A son chant de victoire elle aussi
Tout ses soldats magnifiques
Viennent de lancer ce cri
Le plus joyeux refrain
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Qui vient d'Amérique
Le plus grand citoyen
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Il est sympathique
L'plus grand républicain
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Vive la république
Chantons avec entrain
Vive les améris
Les amériquis
Américains !
Et quand ils défilent
A travers la ville
En chantant ces couplets entraînants
Leurs yeux lancent des flammes
Et toutes les p'tites femmes
Leur lancent des baisers en les suivant
La foule partout les acclame
Et d'un air triomphant
Tous reprennent ce refrain :
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Qui vient d'Amérique
Chanteurs et musiciens
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Il est sympathique
Tout le long du chemin
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Vive la république
Chantons avec entrain
Vive les améris
Les amériquis
Américains !
A cette jeune armée
Les nations alliées
Envoient leur plus fraternel salut
Et tous nos gavroches
Leur ont dit, qu'les boches
Ils n'parlent que d'ces nouveaux poilus (?)
C'est mal parti pour les boches
Guillaume II est foutu
Notre meilleur copain
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Qui vient d'Amérique
La terreur des germains
C'est mon oncle Sam, Sam Sam
Il est sympathique
La victoire de demain
C'est mon oncle Sam, Sam, Sam
Vive la république
Chantons avec entrain
Vive les améris
Les amériquis
Américains
1918
La revanche française.
Cocorico ! ou l'aigle et le coq, 1918
M.Bloch-L.Maubon / Musique de L.Daniderf
Il était un aigle puissant
Qui faisait des rêves de sang
Et qui voulait tenir le monde
Entre ses deux griffes immondes
Il roulait vers le coq gaulois
Ses gros yeux fourbes et sournois
Et l'entourait, diplomatique,
D'ambassadeurs trop pacifiques
Mais le jour où l'on a compris
Qu'il fallait prendre le fusil
Cocorico ! Le coq a chanté
Notre Marseillaise immortelle
Et quand il a battu des ailes
Au soleil de la liberté
L'aigle a compris dans un long sursaut
Que devant ses vaines menaces
Le coq lançait vibrant d'audace
Son appel à tous les échos
Debout les gars ! Debout les gars !
Cocorico !
Et quand l'aigle bouffi d'orgueil
De la France a violé le seuil
Il crut serrer la capitale
Dans ses deux griffes triomphales
Mais brisant l'élan du pillard
Du pays surgit en rempart
De milliers de fières poitrines
Qui lui firent courber l'échine
Et pour mieux le blesser au cœur
Dans un mâle frisson vainqueur
Cocorico ! Le coq a chanté
Notre Marseillaise immortelle
Et quand il a battu des ailes
Au soleil de la liberté,
L'aigle a compris qu'un mot, rien qu'un mot
Lancé sur notre territoire
Suffit pour que, couvert de gloire,
Tout soldat devienne un héros
Hardi les gars ! Hardi les gars !
Cocorico !
Désormais l'aigle est dépouillé
Et le sol qu'il avait souillé
Porte la fière cicatrice
De tout l'immense sacrifice
Ce n'est pas pour rien que des gars
Sont tombés bravement là-bas
Leur sang fait que dans tout le monde
La terre est déjà plus féconde
Pour saluer cet avenir
Et tous ceux qui surent mourir
Cocorico ! Le coq a chanté
Notre Marseillaise immortelle
Et quand il a battu des ailes
Au soleil de la liberté
L'aigle a compris que ce coq plus beau
Et toujours plus grand que la veille
Sait faire encore mille merveilles
Quand il lance à tous les échos
Cocorico ! Cocorico !
Cocorico !
30 Janvier 1918, attaque allemande sur Paris.
14 tonnes de bombes sont déversées sur Paris.
Sous les Gothas
Dranem
Quand les Gothas viennent sur Paris
J'vais à la cave me mettre à l'abri
Je retrouve là
En pyjama
Un tas de gens
Assis sur des pliants
Le long du mur
Dans un angle obscur
J'vis dernièrement
Un couple étonnant
Deux bons vieux bourgeois
Madame aux abois
Criait à pleine voix
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !
Ça leur suffit, et le lendemain
Nos deux bourgeois avaient pris le train
D'un coeur léger,
Ils ont logé
Dans le plus beau
Des hôtels de Bordeaux
Mais le mari
Durant toute la nuit
A quel écueil
N'a pu fermé l'oeil
Madame dans l'plumard
Ayant des cauchemars
Criait l'oeil hagard
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !
Neuf mois après tous ces incidents
Bien qu'la dame ait plus d'soixante quinze ans
Elle donna l'jour
A un amour
De petit loupiot
Qui f'sait cinq kilos
Les deux bon vieux
Furent tellement heureux
Que chaque nuit
Dès qu'on fait du bruit
Pour recommencer
Il faut s'embrasser
Et crient sans s'lasser
Sers moi contre toi
Sers toi contre moi
Sers moi bien bien bien
Dis mon Hadrien
C'est fou c'que j'ai peur
J'sens plus mon coeur
Je vais mou, mou,
Mourir de frayeur
Ah non de non j'entends l'canon
C'est pire que d'être au front
Et toujours plus fort
Il redisait encore
Sers moi dans tes bras
Sers toi contre moi
Car voilà les Gothas !
L'armistice, 11 Novembre 1918
Gloire à nos libérateurs
Albert Geis
Des héros comme jamais le monde n’en a connus
Tu as donné, ma France, à l’humanité
Des géants et des titans
Qui n’avaient pas peur de l’ennemi
Et qui n’ont jamais chancelé
Ni dans la tourmente, ni dans le vent
Fiers comme des sapins dans la tempête
Jamais ils n’ont recherché ni la puissance, ni l’argent
Ils ont combattu toujours pour un monde libre
Géants et titans
Ils ont souffert maintes années
Durs comme l’acier dans la misère et le danger
Fiers comme des sapins dans la tempête
Ils nous ont rendu la liberté
Ils ont infligé un sort terrible aux Boches
Géants et titans
L’Alsace restera reconnaissante aux Poilus
Qui sous le feu nourri de leurs armes
Ont repoussé les Boches au‐delà du Rhin
Forts comme des sapins dans la tempête
Ils ont rendu l'Alsace et la Lorraine, 1919
Ch Borel-Clerc/Ch.Potier
Quand le bien aimé trésaille d'aise
Au bruit des fers de nos chevaux
Entend vibrer la Marseillaise
Au bord du Rhin coulant ses eaux,
Nos régiments dans les rues de Saverne
Chantent gaiement nos airs nationaux
Et leur gaité dans les vieilles tavernes
A fait pâlir les sinistres bourreaux
Ils ont enfin rendu l'Alsace et la Lorraine
Eux qui raillaient la France et qui disaient "jamais ! "
Ils n'avaient su là-bas que déchaîner la haine
Mais le coeur de l'Alsace était resté français
Oui le coeur de l'Alsace était resté français
Metz et Strasbourg on vous pavoise
Grisez vous donc des trois couleurs
Aux toits pointus couverts d'ardoise
Flottez gaiement drapeaux vainqueurs
Vieux alsaciens, soldats et blondes filles
Passent légers sous des couches de fleurs
Et lentement voient dans les yeus qui brillent
La douce joie qui fait couler les pleurs
Ils ont enfin rendu l'Alsace et la Lorraine
Eux qui raillaient la France et qui disaient "jamais ! "
Ils n'avaient su là-bas que déchaîner la haine
Mais le coeur de l'Alsace était resté français
Oui le coeur de l'Alsace était resté français
La Madelon de la Victoire, 1919
Ch Borel-Clerc/Boyer
Refrain :
Madelon, emplis mon verre,
Et chante avec les poilus,
Nous avons gagné la guerre
Hein ! Crois tu, on les a eus !
Madelon, ah ! verse à boire
Et surout n'y mets pas d'eau
C'est pour fêter la victoire
Joffre, Foch et Clemenceau !
I
Après quatre ans d'espérance
Tous les peuples alliés
Avec les poilus de France
Font des moissons de lauriers
Et qui préside la fête ?
La joyeuse Madelon,
Dans la plus humble guinguette
On entend cette chanson :
Oui Madelon !
A boire et du bon !
Refrain
II
Madelon la gorge nue
Leur versait le vin nouveau
Lorsqu'elle vit toute émue
Qui ? le général Gouraud.
Elle voulut la pauvrette
Se cacher dans la maison
Mais Gouraud vit la fillette
Et lui cria sans façon :
Ohé, Madelon !
A boire et du bon !"
Refrain
III
Alors ce fut du délire
Chacun reprit ce refrain
Que l'écho se fut redire
A ceux du brave Mangin
Cette clameur enflammée
Courut le long du front
Et boentôt toute l'armée
Répétait à l'unisson :
Ohé, Madelon !
A boire et du bon !"
Refrain
IV
Sur les marbres et dans l'histoire
Enfants vous verrez gravés
Les noms rayonnants de gloire
De ceux qui nous ont sauvés
Mais en parlant de vos frères
N'oubliez pas Madelon
Qui versa sur leur misère
La douleur d'une chanson
Chantez Madelon
La muse du front !
Refrain
Le poème « La Victoire » écrit et déclamé par Mme Pascal Cazalis sera couronné par la Société Archéologique Scientifique et Littéraire de Béziers. Il est extrait du livre « Ecrit dans l’Ombre », Sommières 1918-1933 :
La Victoire
Elle sourit enfin aux combattants du Droit,
Dont les yeux éblouis regardent avec foi,
Dans un ciel empourpré, se dresser la Victoire !
O soldats, ô guerriers, c’est à ne pas y croire !
Ses ailes faisant l’arc sont le dais glorieux
Sous lequel passeront les hommes valeureux,
Ses bras sont surchargés de branches et de palmes
Qu’elle laisse tomber, sur leurs pas, lourds et calmes.
Elle marche en avant des troupes en renom,
Et sa force indomptée arrête le canon.
Son regard lumineux découvre tout l’espace,
En un rite sacré son geste plein d’audace
Fait surgir à nos yeux les pays reconquis ;
Sur l’Alsace debout plane un frisson exquis !
C’est le souffle vainqueur qui traverse la France,
Strasbourg, Metz et Colmar, voici la délivrance !
Dans le cri frémissant des peuples libérés,
La Victoire a mêlé ses hymnes préférés.
Sa grande voix s’étend jusqu’aux confins du monde,
Le Rhin qui vient à nous roule plus fort son onde,
L’ennemi terrassé mesure avec effroi
L’écroulement total du rêve de son roi,
L’humanité sauvée acclame la lumière,
Et les femmes en pleurs achèvent leur prière.
Venez, tous les soldats, venez vous apaiser,
La Victoire, aujourd’hui, vous donne son baiser.
Vous avez mérité l’heure d’apothéose,
Sur chacun de vos fronts, sa lèvre en feu se pose
Pour vous dire « merci » d’avoir voulu mourir,
D’avoir beaucoup souffert pour la reconquérir.
La traîne de sa robe a bravé la mitraille,
Ainsi que les drapeaux, elle a vu la bataille,
Dans le sang des martyrs, elle a rougi ses pieds ;
Sur sa tête, pourtant, sont restés les lauriers !
Peuples ! pour l’escorter servez-vous du délire,
De l’histoire écrivez une page à relire ;
Et vous aussi, debout, debout, ô tous les Morts !
Pour vivre l’Epopée animez-vous encore !
Vous, qui fûtes fauchés aux jours des hécatombes,
En ce jour triomphant, quittez un peu vos tombes.
Dans l’air impondéré, montez en unisson,
Vous avez une part de la riche moisson !
Et le long défilé suit la route guerrière,
Les troupes ont repris toute leur foi première,
La race délivrée en sa noble fierté
De la Mère-Patrie attend la Liberté !
1919
L'armistice, 11 Novembre 1919
Les troupes alliées défilent sous l'arc de triomphe et descendent les champs-Elysées.
Le Défilé de la Victoire
Leur jour de gloire (14 juillet 1919)
Botrel
C'est le jour de l'apothéose
Derrière leurs chefs à cheval
Nos héros dans le matin rose
Marchent vers l'arceau triomphal
Déridant son front redoutable
Voici Foch à l'oeil sibyllin
Pourquoi n'est il pas connétable
Notre moderne Du Guesclin ?
Près de lui, Joffre, en qui s'incarne
Le miracle du premier jour
Alors qu'il fixa sur la Marne
Son légendaire " - demi-tour !"
Voici l'ex généralissime,
Le vainqueur de Verdun, Pétain,
Complétant le trio sublime
Qui fixa, France, ton destin.
Plus loin, un glaive sur sa manche
Voici le sauveur de Nancy
Castelnau, qui tient la revanche
De ses deuils cornéliens
Voici ceux qui changèrent en déroute
Le dernier assaut du Kaiser,
Maistre, Fayolle, Humbert
Degoutte, Davenet, Gérard, Hirschauer,
Renarque, et ses gars impassibles
Terre, et ses sombres artilleurs
Estienne, et ses tanks invincibles
Duval et ses aviateurs
Voici l'entraîneur énergique
Au profil de César altier
Mangin, le compagnon d'Afrique
De Marchand et de Martier
Voici cambrant sa fine taille,
Gouraud, le martyr immortel
Gouraud, l'ange de la bataille
Jeune et beau comme un Saint-Michel
Mais derrière eux brillent des armes
Ce sont les poilus, taisons nous...
Et l'on sent que la foule en larmes
Est prête à tomber à genoux
Car ils sont les grands anonymes
Humbles soldats et caporaux
Choisis parmi les plus sublimes
De nos plus sublimes héros
Sous sa grande arche triomphale
Paris les regarde passer
L'allure grave et martiale
Si grands qu'ils devraient se baisser
Ceux de Champagne, et du Mort-Homme
Ceux de la Meuse et de l'Artois
Des Dardanelles, de la Somme
Des Effarges et du Vauquois
Ceux du Vartard, ceux du Dickmud
Ont passé sous le bras levé
De la Marseillaise de Rude
Leur jour de gloire est arrivé !
Mais tout en chantant l'allégresse
De ceux qui défilent là-bas
Je songe aussi plein de tristesse
A ceux qui ne défilent pas
Je songe aux aveugles sans nombre
Qui vont à tâtons devant eux
Pour que la France en sa nuit sombre
Puisse voir claire par leurs jeunes yeux
Je songe aux mutilés atroces
Dont les saints moignons se tendront
Toujours vers leurs bourreaux féroces
Et pour toujours les maudiront
Je songe à ceux qui sous la terre
Dorment du sommeil de la mort
Dans le grand charnier solitaire
Qui va de l'Alsace à Nieuport
A ceux qui loin de notre rive
Dorment au fond dans leur vaisseau
Ou bien voguent seuls en dérive
A travers l'infini des eaux
Et c'est pour que sur chaque tombe
Sur chaque oublié, chaque mort
Sur chaque aveugle aujourd'hui tombe
Comme un petit brin d'ajonc d'or
Que sur ma lyre armoricaine
Je chante aussi de tout mon coeur
Ceux là qui furent à la peine
Et qui ne sont pas à l'honneur....
Pour nos morts ! Sonnez clairons !
Botrel
Des morts tombés pour que la France vive encore
Voici l'affaire :
Après les sourds "de profondis"
Chantez leur, oh clairon de votre voix sonore
Des refrains martiaux qu'ils ont aimés jadis
Ils n'ont pas oublié la discipline ancienne
Qui les jetait debout au lever du soleil
Ils comprendront bien mieux leur voix que la mienne
Clairons sonnez leur le réveil
Vous avez entendu le rude appel du cuivre
Oh ! vous dont nous parlons en frémissant d'orgueil
Et Dieu pour un instant vous permet de revivre
Devant les bien-aimés qui portent votre deuil
Hors du charnier qui va de la Flandre à Alsace
Vous vous être dressés silencieux et doux
Officiers et soldats, chacun est sa place
Clairon, prenez le garde à vous !
Ah comme maintenant votre âme si vaillante
D'orgueil, d'amour, de joie aussi va tressaillir
Comme tremble un martyr devant la croix sanglante
Pour laquelle il a su longtemps saigné, souffrir
Car c'est pour vous montrer l'étendard tricolore
Pour lequel à vingt ans vous entrez au tombeau
Que je vous ai voulus, debout là, tous encore
Clairon, sonnez leur vos drapeaux
Mais à nos morts tombés joyeux pour la patrie
Afin que son renom soit plus fier et plus grand
Vous espérez encore une autre sonnerie
La dernière par vous entendue en mourant
Celle qui vous promet la goutte à boire, celle
Dont le rythme entraînant fera que nous mourrons
Comme vous si la France au combat nous rappelle
Sonnez nous la charge, oh ! clairon
Oh ! jeunes Dieux, tombés pour le salut du monde
Mais à jamais vivants dans notre souvenir
Rentrez tous à présent dans la glaise féconde
Où grâce à vous demain va germer l'avenir
Et vous clairons ardents, que votre voix rageuse
Se modère, se radoucisse un peu
Pour chanter à nos morts une ultime berceuse
En leur sonnant le couvre feu
Les traités de 1920 : des traités de compromis.
Qui a gagné la guerre ?
C. Pothier, C. Borel-Clerc, 1919
C'est une question, qui devient populaire
On entend partout sur des tons différents
Quel est donc celui qui gagna cette guerre
Dont le monde entier souffrait depuis longtemps ?
Les uns disent : c'est l'Amérique !
Au blocus, dit l'autre, va l'honneur.
Moi je réponds, cessez vos polémiques
Car le vrai, le seul grand vainqueur,
Refrain :
C'est le Poilu, soldat de France
Qui sans peur marchait au combat
Bravant la lutte et la souffrance
Le Poilu était toujours là!
Le sac au dos, couvert de terre
Oui c'est lui qui fit nos succès
C'est lui qui l'a gagné, la guerre
Le Poilu, le soldat Français!
Le civil s'écrie, j'ai tenu, j'imagine
En faisant la queue au tabac, au charbon,
Le sucre a manqué, j'ai bu d'la saccharine
J'ai gagné la guerre avec mes privations!
Du tout, dit un' jolie marraine,
C'est l'amour qui fit t'nir jusqu'au bout.
Taisez vous donc, clame un vieux capitaine,
De tout temps, qui donna le grand coup ?
refrain
Voir les liens :
http://www.chansons-net.com/histoire/index.php?param1=MI0296.php
http://darkmp3.ru/album-voix-et-chansons-de-l-histoire-1914-1918-9462454.html
http://www.le-blog-de-roger-colombier.com/2014/11/ma-grande-guerre.html
Voir l'article : chansons de la Grande Guerre
http://87dit.canalblog.com/archives/2013/03/09/26603845.html
Carte postale, dessin de Steinlen
La chanson des poilus