Théâtre et revue aux armées
Mots-clés :
Polin, Mayol, Dranem, Bach, Emma Liebel, chansons, théâtre aux armées, revue, Botrel, Bousquet, camp du Souniat,
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Chants publiés par le bulletin des Armées
La Grande Guerre en chansons et poésies
Théodore Botrel, le chansonnier des armées
Le public des soldats et la scène, camp du Souniat (Argonne), 15 juillet 1916
Les revues des armées s’adaptent aux maigres moyens du front. Au programme : des
spectacles de music-halls ou de café-concert, des pièces de vaudeville assurées par des comédiens, des chanteurs, des comiques, amateurs ou professionnels, sous les drapeaux.
Les revues alternent saynètes comiques qui font explicitement référence au quotidien du poilu, et chansons légères, gaies, souvent teintées de grivoiseries.
Le soldat décompresse avec ironie, se moquant de ses propres congénères. Comparable aux revues des armées, le théâtre des armées naît à l’initiative d’Émile Fabre, administrateur général de la Comédie-Française et d’Alphonse Séché, homme de lettres.
Apparu plus tardivement en février 1916, il reprend le fonctionnement des revues tout en souhaitant offrir aux soldats des spectacles de meilleure qualité artistique et assurés par des professionnels. Au fur et à mesure des représentations, les conditions matérielles s’améliorent. La qualité des équipements dépend souvent du commandement.
La notoriété plus ou moins grande des artistes, tout comme la couverture médiatique de l’armée, expliquent la variété des moyens matériels alloués à ces spectacles récréatifs.
À Paris, aux Abbesses et aux Grands-Boulevards, se joue une musique moderne pour l’époque, dont le tube It’s a long way to Tipperary va devenir l’air préféré des soldats britanniques. Elle annonce le jazz et le blues qui révolutionnent la musique du XXe siècle. Un autre genre musical venu de l’étranger divise la bonne société française : le tango. Longtemps synonyme de bouges et de tripots, il attire de plus en plus de jeunes Parisiens qui souhaitent s’égayer.
Après le silence du recueillement lors de l’entrée dans la guerre, les spectacles reprennent peu à peu. Les spectateurs se divertissent devant les chansonniers à la mode, des artistes alternant chansons et sketchs comiques. Les stars se nomment Dranem, avec son veston trop court et ses grosses chaussures ; Polin qui reprend Ah ! je t’attends, une vieille rengaine qui reste d’actualité avec son patriotisme et son faux air de marche
militaire. Charles-Joseph Pasquier, dit Bach, chante la Madelon au caféconcert l’Eldorado à Paris, dans une indifférence presque générale. Il faut que les soldats, grâce au chansonnier Sioul, s’échangent les paroles sur le front lors des marches et des longues heures d’attente dans les tranchées, pour qu’elle triomphe, plus tard, reprise par les comiques troupiers (les Tourlourous) et enregistrée sur phonographe.
La « Reine du phono », Emma Liebel, chante Bonsoir m’amour, succès énorme sur le front et à l’arrière qu’un soldat anonyme reprendra avec d’autres paroles pour en faire une chanson antimilitariste, la Chanson de Craonne. Interdite par l’armée française, elle critique les gradés « planqués bien au chaud ».
https://gallica.bnf.fr/html/und/histoire/chansons-et-musiques?mode=desktop
Chansons de la vie quotidienne du poilu
Plusieurs chansons rythment la vie quotidienne des poilus, que ce soit des chansons composées avant la guerre (La Boiteuse du régiment, la Marche aux gros souliers...) ou pendant la guerre (La Garde de nuit de l'Yser, La Roulante...)
Si l’Arrière chante pour soutenir ses Poilus, il conte également à travers la musique ses propres préoccupations et souffrances dans une France dévastée.
Plusieurs enregistrements de chansons anglophones sont disponibles dans Gallica.
Ecrite en 1912 par Jack Judge (1872-1938) sur un air de music-hall, It's a long way to Tipperary devient mondialement connu pour son refrain deux ans plus tard. Le premier enregistrement est chanté par John McCornack en novembre 1914.
L'enregistrement s'effectue à New York avec le soutien d'un orchestre sous la direction de Walter B. Rogers.Le 13 août 1914, les Connaught Rangers l'entonnent lors de leur passage à Boulogne-sur-mer en direction du front, et le correspondant du Daily Mail Georges Curnock le relate dans un article publié le 18 août. La chanson est ensuite régulièrement reprise tout au long du conflit par les troupes anglaises. Over there est une chanson patriotique américaine composée par George M. Cohan, entonnée par les soldats américains partant pour la France en 1917.
Un enregistrement du 11 juillet 1918, en français et en anglais, chanté par Enrico Caruso, est notamment disponible. Semper Fidelis, devise du corps des Marines des États-Unis depuis 1883, est aussi une marche, composée en 1888 par John Philip Sousa (1854-1932). Il compose aussi Stars and stipes forever march, son plus grand succès, et aujourd’hui la marche nationale officielle des États-Unis.
L’arrière participe à l’effort de guerre et souhaite manifester sa solidarité envers les poilus. La chanson se fait le relais de ce message. Par l’intermédiaire des artistes et de leurs représentations au Théâtre aux Armées, la société française toute entière proclame sa confiance absolue envers les soldats du front.
Source :
Temps de guerre, seconde partie.
Conseil départemental, Val d’Oise.