Louise de Bettignies, la "Jeanne d'Arc du Nord", 1880-1918
Mots-clés :
Antoine Redier, Louise de Bettignies, Marie Léonie Vanhoutte, Maxime Réal del Sarte.
Membre de l'Intelligence Service qui dirige une centaine de personnes recueillant des renseignements sur les mouvements des troupes, les emplacements des batteries d'artilleries, les stocks de munitions, etc... Elle est arrêtée en octobre 1915 ; elle mourra en prison en septembre 1918.
Après 3 années de détension, Louise de Bettignies meurt à Cologne le 27 septembre 1918 de suite d'un Abcès pleural mal opéré. Son corps repose dans le caveau familial dans la ville natale de Saint-Amand les Eaux, Aujourd'hui, la croix de bois qui marquait sa sépulture allemande à Cologne de 1918 à 1920 et maintenant exposée dans la basilique de Notre Dame de Lorette.
Sépulture allemande à Cologne de 1918 à 1920
Le Temps, 20 Mai 1920
Voir les liens :
http://beh.free.fr/npc/hcel/bettignies.html
http://www.cheminsdememoire.gouv.fr/fr/louise-de-bettignies
http://france3-regions.francetvinfo.fr/Louise de Bettignies
biographie Marie Léonie Vanhoutte
Monument aux morts à Lille, Louise de Bettignies
Malgré les protestations des anciens combattants, c’est un monument dédié aux Lillois morts pour la Paix, et non pour la Patrie, que choisit le conseil municipal en 1924 sur proposition de l’architecte Jacques Alleman. Erigé place Rihour sur les vestiges de l’hôtel de ville incendié en 1916, le monument devient le point de départ d’un parcours commémoratif dédié aux grandes figures résistantes lilloises de la Grande Guerre, telles Louise de Bettignies, Léon Trulin ou les membres du Comité Jacquet.
La Voix du Nord, 25 septembre 1988
BREYE Vincent, Le Nord-Pas-de-Calais à travers cent statues, Voix du Nord, 2000, p. 54
Louise de Bettignies, née à St-Amand-les-Eaux s'engagea dans l'Intelligence Service à la déclaration de la guerre.
En octobre 1915, elle fut arrêtée dans les environs de Tournai. Après son jugement, les Allemands la condamnèrent à être emprisonnée dans la forteresse de Siegburg, en Prusse rhénane. [...] Elle y mourut le 17 décembre 1917.
L'inscription portée sur le monument mentionne "À Louise de Bettignies, et aux femmes héroïques des pays envahis". Le monument de Maxime Réal del Sarte, installé depuis 1927, à l'entrée du boulevard Carnot, célèbre ces femmes.
À l'époque, on a reproché au sculpteur de ne pas avoir représenté Louise de Bettgnies, mais une allégorie dans laquelle toutes les femmes pouvaient se reconnaître. Si Miss Cavell est inscrite sur le bas-relief gauche, celui de droite présente une femme guidant un groupe. Lousie de Bettignies est adossée à une stèle, les yeux levés vers le ciel, la tête auréolée de branches et des épées de la croix de guerre, tandis qu'un poilu lui embrasse les mains en signe de reconnaissance. Louise de Bettignies a libéré de ses chaînes le soldat. Maxime Réal Del Sarte est un artiste intéressant car la majorité de son oeuvre se situe pendant la période de l'entre-deux-guerres."
L'inauguration du monument eut lieu le dimanche 13 novembre 1927.
C'est à 10 h 30 que s'étaient rassemblées les sociétés, place de la Gare.
Près de la sortie de la gare se trouvaient massée une compagnie d'honneur du 43e R.I., la musique divisionnaire et l'harmonie municipale.
Parmi les personnalités citons : M. Louis Marin, ministre des pensions ; le général et Mme la générale Weygand ; M. Hudelo, Préfet du Nord ; et de nombreux sénateurs, députés, généraux, et des représentants d'universités, etc.
À 10 h 54 le train de Paris entra en gare amenant M. le Maréchal Foch et Madame ; le Général Gouraud, gouverneur militaire de Paris ; M. le Général Du Bois, attaché militaire belge ; et le colonel Neidham, représentant l'armée britannique. Après avoir passé les troupes en revue et s'être recueilli devant le monument aux morts, les personnalités se dirigèrent en automobile vers le monument.
Autour du monument étaient groupés M. Roger Salengro, maire de Lille, et ses adjoints. En face se tenaient Madame de Bettignies, mère de l'héroïne, MM. Albert et Henri de Bettignies, ses frères.
Au nom du comité, Mme la Générale Weygand remit le monument à la ville, salua les autorités et dit sa reconnaissance aux auteurs de l'œuvre : MM. Réal DelSarte et Cordonnier. M. R. Salengro, après avoir déposé une gerbe au pied du monument, et salué les membres de la famille, prit la parole pour rendre hommage à Louise de Bettignies. Puis M. Antoine Redier, auteur de "Guerre des femmes" évoqua la vie de l'héroïne.
M. René Wibaux, M. l'abbé de Bettign , Melle Thuilliez, compagne de Louise de Bettignies parlèrent tour à tour.
Enfin M. Louis Marin, termina la série des discours.
De nouvelles gerbes de fleurs furent déposées au pied du monument.
Puis le cortège se referma et se dirigea vers les fossés de la citadelle pour aller déposer une gerbe de fleurs au pied du mur des fusillés lillois.
À 14 heures, un banquet fut servi salle des Ambassadeurs, Square Jussieu, en l'honneur des personnalités officielles.
La presse anglaise et la presse belge avaient envoyé des représentants à la cérémonie de l'inauguration.
Le livre d'Antoine Redier, Histoire de Louise de Bettignies et de ses compagnes, 1924
ÉPILOGUE
Quand les Britanniques entrèrent à Cologne, ils trouvèrent la tombe encore fraîche de celle qui les avait si vaillamment servis sous le nom d'Alice, et la fleurirent. Mme de Bettignies ayant demandé que sa fille lui fût rendue, nos alliés décidèrent de rendre à son corps, au moment de s'en dessaisir, les plus hauts honneurs. Le 20 février 1920, les états-majors français et britannique, avec les généraux Degoutte et Simon, et le major général Fuller, représentant le général William Robertson, commandant les forces britanniques du Rhin, accompagnèrent sa dépouille à travers les rues de Cologne. On l'avait placée sur un canon français ; un drap à nos trois couleurs couvrait le cercueil. Les troupes de la garnison rendaient les honneurs. À la gare, des discours furent prononcés par des officiers généraux des deux armées. Derrière le corps, un soldat portait sur un coussin les quatre médailles de la morte. Car nos alliés lui avaient décerné leur médaille de guerre et la croix d'officier de l'ordre de l'Empire britannique (O.B.E.) ; et la croix de la Légion d'honneur avec la croix de guerre lui avaient été offertes par la France, avec cette citation. « S'est volontairement dévouée pendant plusieurs mois, animée uniquement par le sentiment patriotique le plus élevé, pour rendre à son pays un service des plus importants pour la défense nationale. A affronté avec un courage inflexible toutes les difficultés périlleuses de sa tâche patriotique. A surmonté pendant longtemps ces difficultés grâce à ses capacités et à son dévouement, risquant sa vie en plusieurs occasions, assumant les plus graves responsabilités, déployant, en un mot, un héroïsme qui a été rarement surpassé. »
À Lille, le 4 mars, ses compatriotes lui firent de magnifiques funérailles. Le cardinal Charost, lors évêque de cette ville, prononça un panégyrique émouvant ; et, entourée des honneurs militaires et de la piété de toute une population attristée et reconnaissante, elle traversa une dernière fois la grande cité, pour s'en aller reposer, parmi les siens, dans le petit cimetière de Saint-Amand.
Les Britanniques l'ont donc honorée ; les Lillois aussi ; et les autorités françaises ont publié et récompensé son héroïsme. Mais les hommages officiels sont froids ; et la mémoire de Louise de Bettignies, qui méritait l'amitié de la foule, n'est pas satisfaite.
Voir l'article sur les héroïnes de la Grande Guerre :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/10/15/30769815.html