Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Grande Guerre : territoriaux bretons et normands du 87 DIT
Grande Guerre : territoriaux bretons et normands du 87 DIT
Visiteurs
Ce mois ci 2 050
Depuis la création 2 124 142
Archives
Newsletter
10 mars 2016

La "germanisation" de l'Alsace

Mots-clés :

Alsace, Hansi, Zislin, germanisation, le supplice d'un peuple, Emile Wetterlé, Reich,

Lire les articles :

Allemagne à la veille de la Grande Guerre

Hansi : l'Alsace toujours française

Hansi, patriote alsacien français

L'Histoire d'Alsace racontée par l'Oncle Hansi

Les documents de cet article sont tirés de la revue Les Annales.

Les illustrations sont des humoristes Hansi et Zislin.

 19180803-L__illustration-006-CC_BY

 19180803-L__illustration-007-CC_BY

L'Illustration, 3 août 1918

Le Supplice d'un peuple

Le suplice d'un peuple1

 Le supplice d'un peuple2

L'Alsace-Lorraine allait-elle être indépendante, peut-être neutre ? Les Alsaciens et les Lorrains, ayant obtenu ce qu'ils réclamaient, abandonneraient-ils définitivement l'idée d'un retour à la France ? L'obstacle qui, depuis plus d'une génération, séparait la République et l'Empire, était-il définitivement écarté et le chemin était-il libre pour une réconciliation des deux nations ?

Les dépêches que l'agence officieuse allemande répandait en France, malgré les insistances des Alsaciens auprès de la direction de l'Agence Havas, ouvraient de nouveaux horizons à tous ceux qui poursuivaient l'idée décevante du pacifisme.

Les Annales, 5 décembre 1915

 Le supplice d un peuple3

Le supplice d un peuple4

« Depuis trente-sept ans, vous avez pu vous livrer en paix à vos différents travaux. La belle Alsace-Lorraine, pendant cet espace de temps, s'est développée d'une façon inespérée et des plus réjouissantes, à l'égal de l'Empire allemand, et n'a pas cessé de prospérer. Comme habitants de ce pays frontière, vous avez, naturellement, tout intérêt à ce que la paix se maintienne. Je me réjouis de pouvoir vous exprimer, comme ma conviction la plus sincère, que la paix européenne n'est pas en danger; elle repose sur des fondements trop solides pour que Ceux-ci puissent être si facilement renversés par les tracasseries continuelles et les calomnies inspirées par l'envie et la jalousie de certaines gens.

Mais Guillaume II ne se contenta pas de visiter les grandes villes militaires où l'appelaient des revues et des manœuvres.
Le programme de son voyage comprenait Colmar et un bon nombre de bourgs du vignoble alsacien qui se succèdent au pied des Vosges. Le kaiser y fut si bien reçu qu'en entrant au chalet de M. André Hartmann, au col de la Schlucht, il déclara (d'après la Strassburger Post) :
« Je suis un peu pochard, car, dans chaque ville et village, j'étais obligé de boire de ces vins excellents qu'on m'a offerts. »
Cela ne l'empêcha pas, d'ailleurs, d'accepter encore, le même jour, le vin d'honneur qui lui fut offert à la mairie de Colmar, où il répondit à M. Blumenthal: « ... Je suis heureux qu'il me soit donné, aujourd'hui, de vouer ma sollicitude à ce beau pays, dont le développement se
poursuivra sous l'égide pacifique de l'aigle allemand. »

 Les Annales, 4 juillet 1915

 Les supplices d un peuple5

Les supplice d un peuple5

Les supplice d un peuple6

La seconde mesure fut plus générale : une loi imposait à la Délégation d'Alsace-Lorraine l'usage de la langue allemande. Comme les membres du petit Parlement du pays d'Empire ne comprenaient pas tous l'allemand, et comme même ceux qui le comprenaient ne le parlaient qu'imparfaitement et avec peine, cette loi muselait les débats et donnait au gouvernement une supériorité jusque dans l'expression
de sa pensée. Le premier jour où les débats durent se faire en langue allemande, le français ou le latin ne pouvaient plus être que de courtes citations, un député de Metz, Winsback, se leva et prononça ces mots :
Cum eremum faciunt, pacem vocant. (« Quand ils ont fait le désert autour d'eux; ils le nomment paix. »)

Les Annales 21 février 1915

Le supplice d un peuple 6

Le supplice d un peuple7

le supplice d un peuple8

Le supplice d un peuple9

L'Alsace n'a connu l'union des esprits que passagèrement, sous l'influence des circonstances extraordinaires. Je ne la vois vraiment unie que lorsqu'elle fut entraînée par la gloire militaire de Napoléon ou soulevée par l'enthousiasme qui fit naître, à Strasbourg, La Marseillaise.
Elle fut aussi unie devant la brutalité de l'annexion.

Les Annales, date ?

 Le supplice d un peuple10

Le supplice d un peuple 11

La Fête de la Lorraine Fidèle.

L'inauguration du monument, qui eut lieu le 4 octobre 1908, fut l'occasion d'une grande manifestation de la part de la population lorraine. Plus de cent mille personnes y assistèrent et virent, pour la première fois depuis de longues années, flotter librement, sur le champ de bataille, les couleurs tricolores. Dans un dernier geste de générosité, le gouvernement avait promis d'en entourer le monument. Les
autorités allemandes, tant civiles que militaires, assistèrent ou furent représentées à la cérémonie, et le préfet prononça lui même un discours qui, commençant en allemand, se termina en fiançais. 

Mais, le soir même, le général von Prittwitz und Gaffron déclara qu'il saurait prendre les mesures nécessaires pour que le scandale d'une pareille fête ne se renouvelât plus dans la région du XIVe corps d'armée.

La Glorification de la Patrie.
L'inauguration eut lieu le 17 octobre 1909. Elle fut la cérémonie la plus grandiose que l'Alsace ait vue durant toute l'annexion. Plus de soixante mille personnes y assistèrent. De nombreux Alsaciens émigrés en France revinrent à cette occasion et virent avec émotion des drapeaux aux trois couleurs flotter autour du monument. Ce fut un moment poignant, lorsque le voile tomba : toutes les musiques réunies entonnèrent ensemble La Marseillaise, qu'on n'avait plus entendue dans le pays depuis quarante ans. A ces sons, les yeux de tous se mouillèrent...
Parmi les nombreux discours qui furent prononcés, celui fait par M. Preiss, au banquet qui suivit la cérémonie, fut le plus applaudi. Il rappela l'union intime de l'Alsace et de la France. « Le drapeau de la France, dit-il, qui flottait au-dessus de ceux que nous pleurons et glorifions aujourd'hui, était, à Wissembourg, notre drapeau, le drapeau de l'Alsace. Ici, à Wissembourg, le deuil de la France est le deuil de l'Alsace. Il n'est pas possible de séparer la France et l'Alsace.

Les Annales, 3 octobre 1915

 Le supplice d un peuple12

Le supplice d un peuple 13

Le supplice d un peuple 15

Mis à l'Index de l'Empire
Les immigrés n'hésitèrent pas à poser catégoriquement ce principe, que l'Alsace-Lorraine n'avait aucun droit vis-à-vis de l'Empire. Avait-elle jamais eu des droits vis-à-vis de la France, puisque, avant 1870, elle n'avait pas existé et que les départements français ne sont que des
circonscriptions administratives ? En aurait-elle eu, si, comme l'intention en avait existé à un certain moment, elle avait été réunie comme province au royaume de Prusse ? Pourquoi, alors, les Alsaciens-Lorrains se plaignaient-ils de dépendre de Berlin ?

L'Alsace-Lorraine était le pays qu'on exploitait par droit de conquête.

L'Esprit Français du Clergé
Le clergé n'était pas exposé de la même façon aux chicanes administratives. Il fut donc plus libre et put conserver une attitude
d'opposition. C'est ce fait qui explique le grand nombre d'ecclésiastiques engagés dans la politique antiallemande.
Outre ceux de Lorraine, l'Alsace envoyait à Berlin les Oerber, Simonis et Winterer, parmi lesquels le dernier, surtout, était entouré de l'estime même de ses adversaires, pour la droiture de son caractère et l'intransigeance de ses opinions nationales.

Les Annales, 21 mars 1915

Les supplice d un peuple16

Représaiilles Alsace

Les Annales, 7 mars 1915

 Le supplice d un peuple30

Le supplice d un peuple31

Le supplice d un peuple32

Le dessinateur Hansi avait fait le portrait d'un homme maigre, négligé dans sa toilette, portant lunettes, tenant un livre dans une main et levant trois doigts de l'autre pour énumérer les trois points de son discours.

Intitulée « Contre la Francisation », cette image portait cette inscription : « Mais il y a trois raisons qui nous forcent à entreprendre la lutte contre l'enseignement du français et la francisation de notre peuple germanique, à savoir :

1° Les raisons nationales allemandes ;
2° Les considérations pédagogiques et techniques ;
3° Parce que, nous-mêmes, nous ne savons pas le français.

Les Condamnations de Hansi et de M. Wetterlé.
Les juges auraient pu constater que l'effet des débats n'avait nullement été favorable à la cause allemande; ils auraient peut-être pu, en quelque sorte, rétablir les choses, en se montrant cléments.
Ils ne le comprirent pas. Hansi fut condamné à cinq cents marks d'amende ; M. Wetterlé, à deux mois de prison.
Hansi lança immédiatement, pour couvrir son amende, des cartes illustrées : « Assimilation », montrant des Teutons arrivant à Paris dans leurs costumes de touristes allemands et repartant après avoir tenté de s'habiller à la mode parisienne.
Pour comble d'ironie, le caricaturiste offrit le surplus de la recette, en souvenir du procès Gneisse, à la caisse du monument qu'on érigeait alors, à Wissembourg, à la mémoire des soldats français tombés en défendant l'Alsace. Les Allemands n'eurent vraiment pas de raison
de triompher de leur succès.

L'Alsacienne moderne, dont le front nous apparaît auréolé de l'élégant flot de soie, est la digne fille de notre patronne. Elle incarne et perpétue les caractères distinctifs de notre peuple. Elle est l'anneau gracieux qui rattache un glorieux passé à un avenir que, malgré tout,
nous espérons prospère dans l'indépendance reconquise. La fierté des matrones de nos anciennes villes libres revit dans son regard. Elle est vaillante comme ses devancières et nous prépare des générations qui ne renieront rien, absolument rien de ce qui fit la grandeur de leur
pays.

Les Annales, 19 septembre 1915

Emile Wetterlé

wetterlé abbé1

wetterlé abbé2

L'allemagne qu'on voyait1

L'allemagne qu on voyait2

Grossier, violent, émaillant ses commandements d'injures et de termes orduriers, maltraitant ses hommes, le sous-off est le type le plus parfait de la brute. La tradition veut qu'il affiche des manières insolentes et malhonnêtes. Ce tortionnaire à galons d'or imagine tous les jours de nouveaux supplices. Il s'attache à supprimer chez ses hommes tout sentiment de dignité individuelle. Il les frappe, les prive de liberté et de nourriture, les oblige à s'acquitter d'actes dégradants, pour rien, pour la simple satisfaction de son sadisme autoritaire.

Les Annales, 11 juillet 1915

L'Alsace telle qu'elle est.

 Alsace0

Alsace1

N'en déplaise à des juges mal informés, l'Alsacien est Français à ce point de vue comme à bien d'autres, et pas Boche du tout. J'ajoute que, s'il sait, selon les circonstances, être tour à tour moqueur et ému, caustique et joyeux, goguenard et tendre, mordant ou seulement critique averti, il l'est à sa façon. Pour n'être pas tout à fait parisienne, cette façon porte néanmoins l'empreinte latine ; je dirais volontiers qu'elle est française à la provinciale.

L'Alsacien est éclairé. Il l'est même à un degré assez élevé. Sans compter la bourgeoisie, qui parle couramment le français et possède une culture générale très étendue, les Alsaciens de condition modeste, tout comme les Suisses, sont sensiblement plus, instruits que les Français du semblable milieu social. De plus, la fréquentation des écoles est parfaitement assurée, attendu que le mot obligatoire a, sous le régime teuton, une tout autre portée que chez nous. Il l'a d'autant plus que l'Alsacien, je crois l'avoir dit, est par nature ami de l'ordre. Son long contact avec l'Allemagne a encore fortifié en lui l'habitude de la méthode et de la discipline qu'il tenait apparemment de son propre fond. Mais entendons-nous. Si l'esprit alsacien s'est ancré dans cette méthode et dans cette discipline, c'est sans exagération et un peu à la française.

  Les Annales, 10 février 1918

Alsace t elle qu'elle est 7-1

Alsace t elle qu'elle est 7-2

Alsace t elle qu'elle est 7-3

A en croire certains personnages autorisés et appartenant au haut clergé allemand, ils rêvent même d'entreprendre contre elle, en temps opportun, un nouveau kulturkampf, plus terrible encore celui-là que le premier. Il faut le dire à l'honneur de l'Alsace, tous les essais de germanisation, pour dissimulés et perfides qu'ils fussent, ont rendu les Alsaciens réfractaires à jamais à tout sentiment de sympathie à l'égard de leurs tyrans.

A dire vrai, l'Alsace se voit, pour ainsi dire, emprisonnée dans leurs cruelles mains ; mais, en attendant, comme elle sent sa vie religieuse assurée, elle se dit à elle-même : "En somme, il est de notre intérêt de supporter tout cela et pis encore. Il vaut encore mieux vivre en prison que d'être guillotiné. " Elle sait que l'heure de la délivrance approche, et qu'une fois rendue à la France, elle jouira de nouveau de tous ses droits et de toutes ses libertés "

Les Annales, 28 février 1918

 Voir le lien sur les Annales :

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34429261z/date.item

Commentaires