Théodore Botrel, une vie en chantant
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Les refrains de guerre de Botrel
Rosalie !
1932, Pont-Aven rend hommage au barde Théodore Botrel
Théodore Botrel, le chansonnier des armées
Voyage au canada
L'Ouest-Eclair, 3 mai 1903
Affiches de ses œuvres
http://gallica.bnf.fr/ark:/Contes du Lit Clos
http://gallica.bnf.fr/ark:/Chanson de l'Alsace
http://gallica.bnf.fr/ark:/Chansons en sabots
Chansons de Botrel
Fleur d'ajonc
Ma promise, simple et jolie
N’a pas l’air d’un riche épi d’or
Mais d’une fleur épanouie
Dans la triste lande d’Arvor
Et c’est l’humble fleur de campagne
Que les Bretons aiment le mieux
En l’aimant, j’aime la Bretagne
La Bretagne de nos aïeux !
Ah ! que je l’aime donc
La pauvre fleur d’ajonc !
Ah ! que je l’aime donc !
Que je l’aime donc
La fleur d’ajonc !
Quand la morne lande bretonne
Revêt son grand manteau doré
La pauvre fleur d’ajonc lui donne
Comme un rayonnement sacré
On la voit, le long de la route
Briller d’un éclat sans pareil
Pour elle ayant gardé, sans doute
Les plus purs rayons du soleil
Ah ! que je l’aime donc
La pauvre fleur d’ajonc !
Ah ! que je l’aime donc
Que je l’aime donc
La fleur d’ajonc !
C’est ainsi que, dans ma chaumière
Annaïk, un matin d’été
Jettera la vive lumière
De sa jeune et douce beauté
Ah ! je l’aime du fond de l’âme !
Hélas ! m’aimera-t-elle ainsi ?
C’est la fleur d’ajonc faite femme :
La fleur qui charme et pique aussi !
Ah ! que je l’aime donc
La belle fleur d’ajonc !
Ah ! que je l’aime donc !
Que je l’aime donc
La fleur d’ajonc !
Par le petit doigt
Quand tu revenais de classe,
Tout le long du grand chemin,
Dès que je te voyais lasse,
Vers toi je tendais la main
Et je te ramenais chez toi
En te tenant
Bien gentiment
{Refrain:}
Par le petit doigt, lonla, lonlère,
Par le petit doigt, lonla,
Par le petit doigt, lonla.
Lorsque venait le dimanche,
Tu mettais ton gilet bleu,
Je mettais ma coiffe blanche,
Et nous allions prier Dieu
Au vieux bourg de Saint-Jean-du-doigt
En nous tenant
Modestement
{Au Refrain}
Puis aux bons soirs d'assemblée,
Après la moisson d'août,
Nous dansions la dérobée
Au son du gai biniou,
Et tu ne dansais qu'avec moi
En me tenant
Bien gentiment
{Au Refrain}
Mais un vilain soir d'automne,
Mon Pierre part à Toulon,
Disant : Adieu mon Yvonne,
Quatre ans, marin...C'est bien long.
Moi j'avais l'âme en désarroi,
Te tenant
Bien tristement
{Au Refrain}
Quatre ans passent, quoi qu'on dise,
Tant et si bien qu'un beau jour,
Nous sortîmes de l'église
Tous les deux, unis d'amour,
Le cœur épris d'un doux émoi,
En nous tenant
Bien fièrement
{Au Refrain}
Et nous voici père et mère
D'un mignon petit enfant
Qui se traîne encore à terre
Quoiqu'il ait bientôt un an,
Il ne marche sans trop d'effroi,
Qu'en me tenant
Bien fortement
{Au Refrain}
Il serait doux, il me semble,
Quand nous serons vieux, très vieux,
De fermer, tous deux, ensemble,
Pour toujours nos pauvres yeux,
Dans notre vieux lit clos étroit,
En nous tenant
Bien doucement
{Au Refrain}
Et nous dirons à Saint-Pierre
Ouvre-nous vite les Cieux !
Mais il faut prendre la paire,
Ou nous refuser tous deux.
Car nous voulons entrer chez toi
En nous tenant
Bien gentiment
{Au Refrain}
La Paimpolaise
Quittant ses genêts et sa lande
Quand le Breton se fait marin
En allant aux pêches d'Islande
Voici quel est le doux refrain
Que le pauvre gâs
Fredonne tout bas
"J'aime Paimpol et sa falaise
Son église et son grand Pardon
J'aime surtout la Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton"
Quand leurs bateaux quittent nos rives
Le curé leur dit "Mes bons fieux
Priez souvent monsieur saint Yves
Qui nous voit, des cieux toujours bleus"
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas
"Le ciel est moins bleu, n'en déplaise
À saint Yves, notre Patron,
Que les yeux de ma Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton !"
Guidé par la petite étoile
Le vieux patron, d'un air très fin,
Dit souvent que sa blanche voile
Semble l'aile d'un séraphin
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas
"Ta voilure, mon vieux Jean Blaise,
Est moins blanche au mât d'artimon
Que la coiffe à la Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton"
Le brave Islandais, sans murmure
Jette la ligne et le harpon
Puis, dans un relent de saumure,
Il s'affale dans l'entrepont
Et le pauvre gâs
Soupire tout bas
"Je serions bien mieux à mon aise
Les draps tirés jusqu'au menton
A côté de la Paimpolaise
Qui m'attend au pays breton !"
Mais souvent l'océan qu'il dompte
Se réveille, lâche et cruel
Et, lorsque le soir on compte,
Bien des noms manquent à l'appel
Et le pauvre gâs
Fredonne tout bas
"Pour combattre la flotte anglaise
Comme il faut plus d'un moussaillon
J'en causerons à ma Paimpolaise
En rentrant au pays breton !"
Puis, quand la vague le désigne
L'appelant de sa grosse voix
Le brave Islandais se résigne
En faisant un signe de croix
Et le pauvre gâs,
Quand vient le trépas
Serrant la médaille qu'il baise,
Glisse dans l'océan sans fond
En songeant à la Paimpolaise
Qui l'attend au pays breton !
Réponse de la grand'mère
J'ai bien reçu, mon petit fieu
La lettre où tu me dis : Adieu
Avant de partir en campagne
Et je dicte la lettre-là
Que tu liras bien loin déjà
De la Bretagne.
Je suis fille d'un matelot
J'ai mon homme et trois gars dans l'eau
La vie est quelquefois bien rude
J'en ai tant dit des Au revoir
Que je devrais bien en avoir
Pris l'habitude.
Pourtant j'ai le cœur plein d'émoi
C'est qu'aussi je n'ai plus que toi
Plus que toi tout seul en ce monde
Las, que ferai-je désormais
Si je ne voyais plus jamais
Ta tête bonde !
Mais je console mes chagrins
En me disant que les marins
Ne meurent pas tous à la guerre
Vas-y gaiement, mon petit gars
Et reviens vite dans les bras
De ta grand-mère.
Pense à moi souvent, très souvent
Et chaque fois que le grand Vent
Viendra de la Côte bretonne
Laisse-le bien te caresser
Il t'apportera le baiser
Que je lui donne.
Je prierai la Vierge d'Arvor
Ben que j'invoque, et mieux encor
Sainte-Anne, lorsque je suis seule
C'est elle qui doit, dans les Cieux
Protéger tous les petits-fieux
La bonne aïeule.
Retiens bien ce que je te dis :
Celle à qui tu donnas, jadis,
L'anneau d'argent des accordailles
Sera fidèle à votre amour
Et t'espérera jusqu'au jour
Des épousailles.
Sans adieu, mon petit Yvon
Je dicte ces mots qui s'en vont
Sonner ben doux à ton oreille
À ta cousine Lénaïk
Et je signe : Veuve Rouzik
Ta pauvre vieille.
La chanson de l'Alsace (Les sapins d'Alsace)
Lorsque je franchis la frontière
Pour bonjourer le cher pays
Où depuis la guerre dernière
Tant d’exilés sont endormis
Sur un ton nostalgique et tendre
Dans le vent, les sapins chantaient...
Et je fus surpris de comprendre
Ce qu’entre eux ils se chuchotaient…
Des Vosges fidèles
Sombres sentinelles
Comme aux anciens jours
Les sapins d’Alsace
Parlent, à voix basse
En français, toujours
Toujours !
Le lendemain – c’était dimanche
Et kermesse en plus d’un vieux bourg –
J’arpentais la grand’route blanche
Qui va de Saverne à Strasbourg
Les cloches de chaque village
Carillonnaient à l’unisson
Et je comprenais leur langage
Et leur prière et leurs chansons :
Des vertus chrétiennes
Ferventes gardiennes
Comme aux anciens jours
Les cloches d’Alsace
Sonnent dans l’espace
En français, toujours
Toujours !
Dieu fêté, la journée entière
On valsa dans le chaque hameau
Et, dédaignant la lourde bière
On goûta le vin blanc nouveau
Puis, le vin montant à la tête
Ainsi que l’« eau du cœur » aux yeux
Chacun poussa sa chansonnette
Dans le doux parler des aïeux…
Lorsqu’aux soirs d’automne
On perce la tonne…
Comme aux anciens jours
Le vin blanc d’Alsace
Fait chanter la race
En français, toujours
Toujours !
À Strasbourg, dans la cathédrale
J’allai rêver au cher passé
Son horloge monumentale
Battait comme un cœur oppressé
Quand, redressant sa crête altière
À midi sonnant, par trois fois
Le coq qui fit pleurer saint Pierre
Chanta… comme un vrai coq gaulois
D’une voix ardente
Farouche et stridente
Comme aux anciens jours
Le vieux coq d’Alsace
Claironne, tenace
En français, toujours
Toujours !
Devant Kléber sur la grand’place
Des écoliers à leurs mamans
Récitaient, en sortant de classe
De rudes verbes allemands...
Mais, comme je parlais de France
Un blondinet me dit, tout doux :
— En attendant la délivrance
Vous lui direz bonjour pour nous !
Ah ! vive l’aurore
Qui nous rit encore
Comme aux anciens jours !
Les enfants d’Alsace
Pensent – quoi qu’on fasse –
En français, toujours
Toujours !
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variante :
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Lorsque je passai la frontière
Pour bonjourer le cher pays
Où tous tes aïeux — ô ma mère —
Si loin de toi sont endormis
Sur un ton nostalgique et tendre
Dans le vent les sapins chantaient…
Et je fus surpris de comprendre
Ce qu’entre eux ils se chuchotaient :
Des Vosges fidèles
Sombres sentinelles
Comme aux anciens jours
Les sapins d’Alsace
Parlent, à voix basse
En français… toujours !
Le lendemain — c’était dimanche
Et kermesse en ton coin natal —
J’arpentais la grand’route blanche
Par Marlenheim et le Kronthal
Quand le clocher de ton village
Sonna si clair, là, devant moi
Que, reconnaissant son langage
Avec lui je priai pour toi :
Des vertus chrétiennes
Ferventes gardiennes
Comme aux anciens jours
Les cloches d’Alsace
Sonnent dans l’espace
En français… toujours !
Dieu fêté, la journée entière
On valsa dans le vieux hameau
Et, dédaignant la lourde bière
On goûta le vin blanc nouveau
Puis, le vin montant à la tête
Ainsi que l’« eau du cœur » aux yeux
Chacun poussa sa chansonnette
Dans le doux parlé des aïeux :
Lorsqu’aux soirs d’automne
On perce la tonne
Comme aux anciens jours
Le vin blanc d’Alsace
Fait chanter la race
En français… toujours !
À Strasbourg, dans la cathédrale
J’allai rêver au cher passé
Son horloge monumentale
Battait comme un cœur oppressé
Quand, redressant sa crête altière
À midi sonnant, par trois fois
Le coq qui fit pleurer saint Pierre
Chanta comme un vrai coq gaulois :
D’une voix ardente,
Farouche et stridente
Comme aux anciens jours
Le vieux coq d’Alsace
Claironne, tenace
En français… toujours !
Devant Kléber, sur la grand’place
Des écoliers à leurs mamans
Récitaient, en sortant de classe
De rudes verbes allemands…
Mais comme je parlais de France
Un blondinet me dit, tout doux :
« En attendant la délivrance
Vous lui direz bonjour pour nous ! »
Ah ! vive l’aurore
Qui nous rit encore
Comme aux anciens jours :
Les enfants d’Alsace
Pensent — quoi qu’on fasse —
En français… toujours !
Dans la tranchée
Je vous écris ma chère maman
Durant que, pour un bon moment
Notre section est bien cachée
Dans la tranchée
Tous pas bileux, tous bons copains
On est là, comme des p'tits lapins
Face aux Pruscos, toute une nichée
Dans la tranchée
C'est vraiment le p'tit trou pas cher
Y a pas à dire c'est la grande air
Quoique la vue soit un peu bouchée
Dans la tranchée
Mais par l'orchestre d'un casino
Par les Tziganes ou le piano
On n'a pas l'oreille écorchée
Dans la tranchée
Nos "75", nos "Rimailhos"
Nous berçant à leurs trémolos
On rêve à la France revanchée
Dans la tranchée
Dès qu'apparaît le quart seul'ment
De la moité d'une gu… d'Allemand
Nous la rentrons, très amochée
Dans la tranchée
Alors commencent, sempiternels
Les arrosages de leurs shrapnels
La terre en est toute jonchée
Dans la tranchée
Nous rigolons dans nos clapiers
Quelle collection de presse-papiers
Pour le retour, sera pêchée
Dans la tranchée
L'un d' nous est mort, et mort joyeux
En s'écriant "Tout est au mieux
Voilà ma tombe toute piochée
Dans la tranchée"
Le sergent, qu'est curé, lui dit
"Repose en paix, héros béni
Sur qui la gloire s'est penchée
Dans la tranchée"
Nous te vengerons, nous l' jurons tous
Car la victoire est avec nous
Elle monte la garde, près de nous couchée
Dans la tranchée
Pour nos morts, sonnez clairons
Des morts tombés pour que la France vive encore
Voici l'appel. Après les sourds de profundis
Chantez-leur, ô clairons, de votre voix sonore
Les refrains martiaux qu'ils ont aimés jadis
Ils n'ont pas oublié la discipline ancienne
Qui les jetait debout au lever du soleil
Ils comprendront bien mieux votre voix que la mienne
Clairons, sonnez-leur le réveil !
Vous avez entendu le rude appel du cuivre
Ô vous dont nous parlons en frémissant d'orgueil
Et Dieu pour un instant vous permet de revivre
Devant les bien-aimés qui portent votre deuil
Hors du charnier qui va de la Flandre à l'Alsace
Vous vous êtes dressés silencieux et doux
Officiers et soldats, chacun est à sa place
Clairons, sonnez le garde-à-vous !
Ah, comme maintenant votre âme si vaillante
D'orgueil, d'amour, de joie aussi va tressaillir
Comme tremble un martyr devant la croix sanglante
Pour laquelle il a su longtemps saigner, souffrir
Car c'est pour vous montrer l'étendard tricolore
Pour lequel à vingt ans vous entrez au tombeau
Que je vous ai voulus debout là tous encore
Clairons, sonnez-leur "Au drapeau" !
Mais, hommes morts tombés joyeux pour la Patrie
Afin que son renom soit plus fier et plus grand
Vous espérez encore une autre sonnerie
La dernière par vous entendue en mourant
Celle qui nous promet la goutte à boire, celle
Dont le rythme entraînant fera que nous mourrons
Comme vous si la France au combat nous rappelle
Sonnez-nous la charge, ô clairons !
Ô jeunes dieux tombés pour le salut du monde
Mais à jamais vivants dans notre souvenir
Rentrez tous à présent dans la glèbe féconde
Où grâce à vous plus beau va germer l'avenir
Et vous, clairons ardents, que votre voix rageuse
Se modère un instant, se radoucisse un peu
Pour chanter à nos morts une ultime berceuse
En leur sonnant le couvre-feu.
Le Défilé de la Victoire
C'est le jour de l'apothéose
Derrière leurs chefs à cheval
Nos héros dans le matin rose
Marchent vers l'arceau triomphal
Déridant son front redoutable
Voici Foch à l'œil sibyllin
Pourquoi n'est-il pas connétable
Notre moderne Du Guesclin ?
Près de lui, Joffre, en qui s'incarne
Le miracle du premier jour
Alors qu'il fixa sur la Marne
Son légendaire "demi-tour !"
Voici l'ex-généralissime,
Le vainqueur de Verdun, Pétain,
Complétant le trio sublime
Qui fixa, France, ton destin.
Plus loin, un glaive sur sa manche
Voici le sauveur de Nancy
Castelnau, qui tient la revanche
De ses deuils cornéliens
Voici ceux qui changèrent en déroute
Le dernier assaut du Kaiser,
Maistre, Fayolle, Humbert, Degoutte
Davenet, Gérard, Hirschauer
Renarque, et ses gars impassibles
Terre, et ses sombres artilleurs
Estienne, et ses tanks invincibles
Duval et ses aviateurs
Voici l'entraîneur énergique
Au profil de César altier
Mangin, le compagnon d'Afrique
De Marchand et de Martier
Voici cambrant sa fine taille,
Gouraud, le martyr immortel
Gouraud, l'ange de la bataille
Jeune et beau comme un Saint-Michel
Mais derrière eux brillent des armes
Ce sont les poilus, taisons-nous
Et l'on sent que la foule en larmes
Est prête à tomber à genoux
Car ils sont les grands anonymes
Humbles soldats et caporaux
Choisis parmi les plus sublimes
De nos plus sublimes héros
Sous sa grande arche triomphale
Paris les regarde passer
L'allure grave et martiale
Si grands qu'ils devraient se baisser
Ceux de Champagne, et du Mort-Homme
Ceux de la Meuse et de l'Artois
Des Dardanelles, de la Somme
Des Effarges et du Vauquois
Ceux du Vartard, ceux du Dickmud
Vont passer sous le bras levé
De la Marseillaise de Rude
Leur jour de gloire est arrivé !
Mais tout en chantant l'allégresse
De ceux qui défilent là-bas
Je songe aussi plein de tristesse
À ceux qui ne défilent pas
Je songe aux aveugles sans nombre
Qui vont à tâtons devant eux
Pour que la France en sa nuit sombre
Puisse voir clair par leurs jeunes yeux
Je songe aux mutilés atroces
Dont les saints moignons se tendront
Toujours vers leurs bourreaux féroces
Et pour jamais les maudiront
Je songe à ceux qui sous la terre
Dorment du sommeil de la mort
Dans le grand charnier solitaire
Qui va de l'Alsace à Nieuport
À ceux qui loin de notre rive
Dorment au fond dans leur vaisseau
Ou bien voguent seuls en dérive
À travers l'infini des eaux
Et c'est pour que sur chaque tombe
Sur chaque oublié, chaque mort
Sur chaque aveugle aujourd'hui tombe
Comme un petit brin d'ajonc d'or
Que sur ma lyre armoricaine
Je chante aussi de tout mon cœur
Ceux-là qui furent à la peine
Et qui ne sont pas à l'honneur
Voir le lien :
http://fr.lyrics.wikia.com/wiki/chansons de Botrel
Le Barde national
Les Fleurs d'or, octobre 1915
L'Anticafard, édition du front 1915
Le Chantre des Armées de la République
L'Image de la Guerre, juin 1915
http://gallica.bnf.fr/ark:/Chants du bivouac
http://gallica.bnf.fr/ark:/Les chansons de route
Voir l'article sur les chansons de la Grande Guerre :
http://87dit.canalblog.com/archives/2013/03/09/26603845.html
Voir l'article sur Botrel, chansonnier des Armées :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/12/12/31128708.html
Prière au " Jeune Bon Dieu "
Jeune bon Dieu qui dans la Crèche
Rajeunis ton Éternité,
Toi dont la tendre Loi ne prêche
Que l'Amour et la Charité ;
Doux Roi du plus doux des Royaumes,
C'est Toi que nous invoquerons,
Et non les vieux dieux des Guillaumes,
Des Attilas et des Nérons :
Jeune Dieu rayonnant de gloire,
Aux yeux clairs jamais courroucés,
D'un geste accorde la Victoire
Aux descendants de tes Croisés :
Cette Victoire — très prochaine—
Nous la demandons par Clovis,
Par Jeanne, la bonne Lorraine,
Par Bayard et par Saint Louis :
Tous nos chers blessés en détresse
Te la réclament à genoux,
A Toi dont le gibet se dresse,
Croix rouge, entre le ciel et nous ;
Nous l'implorons de Toi, le Juste
Mort pour expier nos péchés,
Par nos fils au trépas auguste
Sur leur Calvaire, aussi, couchés ;
Par les pleurs de millions d'êtres :
Épouses, vieillards endeuillés ;
Par les massacres de tes prêtres ;
Par tes Sanctuaires souillés ;
Par Louvain, par Senlis croulantes
Et par Reims, qui, près de mourir,
Tend vers Toi ses tours suppliantes
Comme les moignons d'un martyr ;
Par notre farouche endurance,
Par nos otages en exil,
Jeune bon Dieu, rends à la France
Justice et gloire...
Ainsi soit-il !
Théodore BOTREL.
Voir le lien :
http://collections.banq.qc.ca/bitstream/52327/1986946/1/0000125597.pdf
Branle-bas par Botrel