Paris sous les bombes allemandes
Mots-clés :
Paris, Gothas, Zeppelins, aviation, bombes, Bertha, obus, canons Krupp, Saint-Gervais, grosse Bertha, Crépy-en-Laonnois, Lange Max,
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Le Camp Retranché de Paris, CRP
Paris a reçu en quatre ans 451 obus et bombes, 243 par l’aviation, 182 par les canons Krupp et 26 par les Zeppelins. Les bombardements aériens allemands sur Paris et sa banlieue pendant quatre ans ont fait malgré tout 266 morts et 600 blessés, soit autant que les deux canons Krupp à longue portée appelés « grosse Bertha » en six mois, en tout cas beaucoup moins de victimes que les accidents de la voie publique dans le même temps.
Par chance pour les parisiens, les Zeppelins se sont révélés être une arme stratégique peu efficace. Ce qu’on ignore généralement, c’est que les Zeppelins de la marine de guerre allemande ont aussi effectué, par tous les temps et en toute saison, 1.145 missions de reconnaissance et sauvetage en mer.
Parmi les Zeppelins rescapés du conflit, certains ont été des prises de guerre : le L30 est allé à la Belgique, le LZ113 à la France, les L64 et L71 à la Grande-Bretagne. Le L37 a été offert par l’Allemagne au Japon.
Source : https://www.hydroretro.net/etudegh/terreursurlaville.pdf
Zeppelin
Le Zeppelin à Lunéville, Avril 1913
Gotha
Les deux moteurs Mercedès D.IV de 220 cv avec des radiateurs frontaux, étaient montés entre les deux ailes et dotés d'hélices bipales ou quadripales. Leurs fuseaux massifs contenaient les réservoirs de carburant et d'huile disposés sous le moteur. Un autre réservoir d'alimentation par gravité était logé dans le tronçon central de l'aile supérieure. Le fuselage était construit avec des longerons de chêne ou de sapin reliés entre eux par des câbles et des haubans d'acier, et revêtu de toile brute.
Seul le nez était recouvert de contre-plaqué. Les surfaces de l'empennage étaient en tubes d'acier et entoilées. Le train d'atterrissage était d'un modèle traditionnel ; un train principal avec deux jambes portant chacune un jumelage de roues et un robuste patin de queue (béquille) qui servait aussi à freiner le roulement à l'atterrissage. L'équipage comprenait le pilote en place gauche, un bombardier mitrailleur à l'avant et un second mitrailleur à l'arrière.
Le long du flanc droit du fuselage, un étroit corridor permettait de relier entre eux les trois postes d'équipage.
En 1917 les bombardiers allemands à long rayon d'action, Gotha G IV et V se substituent aux zeppelins qui n'opéraient que de nuit.
Le 13 juin1917 à midi, 18 bimoteurs Gotha décollent de Gand, traversent la Manche, bombardent Londres, et font près de 600 victimes.
A partir du mois d'avril 1918, les "Gotha" allemands bombardaient presque quotidiennement Paris.
Version équipée d'une troisième mitrailleuse tirant à travers une trappe sous le plancher du poste arrière pour la défense vers le bas.
- Vitesse moyenne : 140 km/h
- Plafond : 4.500 m
- Rayon d'action : 500 km
- Charge utile : 500 à 1200 kg
Hélices à l'arrière
Gotha avec son chargement de bombes
Poste avant avec mitrailleuse
Chargement des bombes
Voir les liens :
www.scalemodelnews.com/2011/01/gotha-heavy-bomber-thunders-in-from.html
http://guerre14.e-monsite.com/medias/files/gotha.pdf
Les destructions
Le Petit Journal, 22 mars 1915
Dégats des zeppelins sur Paris, le mur des otages, rue Haxo.
Raid des zeppelins sur Paris : maison coupée en deux à Ménilmontant
Le Matin, 22 mars 1918
Paris sous les Gothas
La Grosse Bertha
Points d'impacts sur Paris
En 1918, l’armée allemande positionnée en Crécy en Laonnois prit pour objectif l’agglomération parisienne à 120 km des positions de tir, avec au moins trois canons d’une taille jamais vue.
Bertha et ses servants
1-Obusier de 420, la vraie Grosse Bertha
2-Le Lange Max, improprement appelé Grosse Bertha
Les canons de la Grosse Bertha présentaient des caractéristiques hors du commun :
- longueur du tube : 34 m, constitué de deux parties d’égale longueur vissées l’une à l’autre : un tube rayé classique 7, d’un calibre initial de 380 mm chemisé à 210 mm et prolongé par un tube lisse du même calibre de 210 mm, haubané pour éviter le fléchissement ;
- chambre de tir : 5 m de long ;
- diamètre extérieur au tonnerre : l m environ, l’épaisseur annulaire du tube atteignant à cet endroit 40 cm à peu près ;
- poids total : 750 t dont 175 pour le tube ;
- poids maximum du projectile : 125 kg ;
- poids de la charge explosive : 8 à 10 kg ;
- poids de la charge propulsive : 150 à 200 kg (selon la distance de Paris) ;
- vitesse initiale du projectile : 1 500 à 1 600 m/s
- Temps de vol du projectile : 180 à 210 secondes
Le Gaulois, 24 mars 1918
Bombardement de l'église Saint-Gervais, le 29 mars 1918
Eglise St-Gervais, 29 mars 1918
Le 29 mars, un seul obus toucha Paris, en l’occurrence l’église Saint-Gervais pendant l’office du Vendredi-Saint, crevant la toiture et la voûte et détruisant la moitié supérieure d’un pilier. Plusieurs renseignements contradictoires ont été publiés sur le nombre de victimes pendant et après la guerre.
Tenons-nous au libellé du monument commémoratif élevé dans l’église même : 91 tués (dont 52 femmes) et 68 blessés.
Le Petit Journal, 30 mars 1918
1918, Jean-Yves Le Naour
Sous les gothas, chanson de Dranem, 1918
"Dis, mon Adrien, c'est fou c' que j'ai peur !
Tâte plutôt mon cœur, je vais mou-mourir de frayeur...
Ah, nom de nom, j'entends l' canon !
C'est pire que d'être au front !"
Chanson d'Eugène Vivier, chansonnier
Si les Gothas viennent dans la nuit noire
Assassiner les femmes et les enfants,
Nous savons par notre longue histoire,
Que nous serons triomphants,
Pour arrêter la horde criminelle,
N’avons-nous pas nos as et nos canons ?
Fiers gardiens de la ville immortelle,
Nous tiendrons ! Nous tiendrons ! Nous tiendrons !
Le bilan
Bilan de l’année de guerre 1915
Après un an de guerre, les états-majors alliés s’interrogent sur l’utilisation faite par les militaires allemands de leurs dirigeables. Alors que les arsenaux, les grands ports, les usines d’armement, les casernements, les lignes du front, les champs de manoeuvre et les ouvrages militaires sont laissés intacts, les Zeppelins semblent s’acharner sur la population. Pour quelle raison ? Provoquer la panique et retourner la population contre son gouvernement ? Si c’est cela le calcul, il faut constater que c’est un échec profond. Solidaire de son armée, la population britannique et française se réjouit au contraire que doublent les budgets militaires en un an et que le pays produise toujours
plus d’armement.
Pour sa part, l’industrie de guerre allemande a construit 26 nouveaux Zeppelins géants au cours de l’année 1915, 14 étant mis en service dans l’Armée et 12 dans la marine. Les pertes étant de 15 bâtiments, 22 Zeppelins sont disponibles au 1er janvier 1916, soit le double des effectifs de l’année précédente, répartis pour moitié dans chaque arme. Les Zeppelins de nouvelle génération 1915 soulèvent 15 tonnes de charge, composé d’eau, servant de lest, de munitions et de bombes (3 tonnes). Avec leurs quatre moteurs Maybach de 210 ch, ces machines sont capables d’approcher les 100 km/h en vitesse de pointe et elles parviennent souvent à échapper à l’aviation de chasse.
Une nouvelle génération se prépare pour 1916, dotée d’enveloppes de 35 800 m3, d’une force motrice de près de 1 000 ch (quatre moteurs de 240 ch), capables d’emporter dans les airs une charge de 18 tonnes avec une trentaine d’hommes d’équipage.
Bilan de l’année 1916
Caractérisée par les tueries de la bataille de la Somme et Verdun où des millions d’hommes perdent la vie, sans compter l’opération scabreuse des Dardanelles, l’année 1916 est celle du pourrissement des opérations. Plus rien ne semble pouvoir être obtenu par la force. Hommes comme matériel sont épuisés et on attend l’entrée en guerre de la Russie (qui ne viendra pas) et celle des Etats-Unis. Pour les Zeppelins, l’année commence bien mais se termine très mal. Si 23 machines nouvelles sont sorties des usines (c’est trois de moins qu’en
1915), 10 vont à l’Armée - qui se réserve les survols terrestres - et 13 vont à la marine – qui doit survoler les mers - les pertes étant plus importantes dans dernière cette arme. Avec 14 Zeppelins perdus contre 9, les pertes totales sont de 23 machines et les moyens matériels
pour commencer l’année 1917 ne sont pas meilleurs qu’un an auparavant. Pire, la heer refuse maintenant de risquer ses dirigeables dans des opérations où ils sont devenus très vulnérables à la fois à l’aviation et à la DCA. Après le 31 janvier 1917, date de la mise en service du LZ 90, ses Zeppelins sont reversés à la marine ou désarmés. Les machines ont pourtant été améliorées. Emportant des charges militaires de plus en plus lourdes, le cubage atteint 55 millions de litres d’hydrogène par appareil (une véritable bombe), ce qui permet d’enlever plus de 30 tonnes de charge militaire avec l’équipage, la longueur des machines étant portée à près de 200 mètres et six
moteurs de 240 ch (bientôt 260) propulsent l’ensemble de cette masse de trente tonnes à plus de 100 km/h. En 1916, les meilleures machines atteignent 110 km/h.
1917 : la fin d’un mythe ?
Les bombardiers Aviatik et Gotha ont pris le relais des Zeppelins et ravagent, avec une excellente précision, de jour comme de nuit, les sites militaires anglais et français. A l’état-major allemand des Armées, certains n’hésitent pas à parler d’erreur de jugement à propos des Zeppelins. Pour le prix d’une de ces machines, on peut construire cent bombardiers. Les 23 Zeppelins de 1916, dont 80 % ont été détruits, auraient pu devenir 2300 Gotha. D’autant plus que les alliés de l’empire, excepté l’Autriche, ne produisent rien : l’empire Ottoman, la Bulgarie sont à la remorque de l’Allemagne qui doit les équiper intégralement.
Paris a reçu en quatre ans 451 obus et bombes, 243 par l’aviation, 182 par les canons Krupp et 26 par les Zeppelins. Les bombardements aériens allemands sur Paris et sa banlieue pendant quatre ans ont fait malgré tout 266 morts et 600 blessés, soit autant que les deux canons Krupp à longue portée appelés « grosse Bertha » en six mois, en tout cas beaucoup moins de victimes que les accidents de la voie publique dans le même temps. Par chance pour les parisiens, les Zeppelins se sont révélés être une arme stratégique peu efficace.
Voir le lien :
http://www.forum-auto.com/les-clubs/discussions-salon/sujet3567-245.htm
Voir le document :
Paris chronologie guerre 1914 1918
Presse
L'Ouest-Eclair, 25 mars 1918
Abri dans une cave
L'Illustration, 23 mars 1918
Le Gaulois, 28 mars 1918