Bois de la Gruerie
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Bois de la Gruerie, gruerie, Apremont, Mathurin Méheut, Vienne-le-Château, Argonne, La Harazée, Bernard Citroën, Bois de la Tuerie, Binarville, ossuaire,
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Mathurin Méheut au Bois de la Gruerie, 1915
Gruerie : privilège royal ou seigneurial sur les bois. Donner une assignation à la gruerie, pour raison de dommage de bestiaux dans les bois.
Le bois de la Gruerie se situe à la bordure occidentale de la forêt d’Argonne, sur le territoire du département de la Marne. Il tient son nom d’un droit royal, la gruerie ou grurie, par lequel le souverain percevait une partie des coupes de bois. De septembre 1914 à l’automne 1918, le bois se trouve sur la ligne de front et est l’objet de combats acharnés.
Depuis l'automne 1914, le massif forestier de l'Argonne fait l'objet d'âpres combats. La forêt, épaisse et coupée de multiples ravins, rend les actions difficiles. Mais la lutte s'intensifie par la volonté du commandement allemand qui souhaite prendre pied sur la route Châlons-sur-Marne - Verdun.
Le 13 juillet 1915, la 3e armée allemande du général von Mudra attaque sur un front de 3 km, de la Gruerie à la Haute-Chevauchée, avec des moyens adaptés : emploi massif d'engins à tir courbe et d'obus chimiques. Des chênes et des hêtres séculaires sont broyés, les défenseurs annihilés. La première ligne française est emportée. La situation est difficilement rétablie sur la deuxième ligne et un nouveau front se dessine un peu plus au sud. Le front d'Argonne s'apaise et fait place à la guerre sournoise des mines.
La forêt d'Argonne a joué un rôle défensif déterminant et les adversaires savent désormais que son relief ne permet que des opérations limitées.
Le bois de la Gruerie, situé entre Vienne-le-Château et Binarville présente de très nombreux vestiges des combats de l'année 1915. Ceux-ci ont conservé une grande force évocatrice : rendus à la forêt d'Argonne, ils constituent une empreinte encore sensible de l'âpreté des combats qui s'y sont déroulés. Outre les vestiges de tranchées, on peut y découvrir un camp de repos allemand, dit "de la Vallée Moreau" et la stèle funéraire du frère d'André Citroën.
A Vienne-le-Château, on peut également visiter une chapelle utilisée par les poilus, et située dans les soubassements du bâtiment appelé "Le Tulipier" - du nom de l'arbre sanglant sous lequel ont péri près de 60 soldats français suite à l'explosion d'un obus à proximité.
Mathurin Méheut
Bois de la Gruerie, les pommiers, 27 septembre 1915 - Coll. Part.
Le bois de la Gruerie se situe à la bordure occidentale de la forêt d’Argonne, sur le territoire du département de la Marne. Il tient son nom d’un droit royal, la gruerie ou grurie, par lequel le souverain percevait une partie des coupes de bois. De septembre 1914 à l’automne 1918, le bois se trouve sur la ligne de front et est l’objet de combats acharnés.
A la fin août 1914, la guerre de mouvement règne sur l’ensemble du front occidental et elle est favorable aux armées allemandes qui progressent partout. A l’est de Verdun, les IV. et V. Armeen allemandes débordent largement l’aile gauche de la 3e armée française. Même si elle n’est pas occupée, la forêt d’Argonne se trouve alors dans l’arrière front allemand. Néanmoins, en septembre 1914, le sort des armes s’inverse avec la bataille de la Marne et les troupes du Kaiser battent en retraite.
La nouvelle ligne de front qui se cristallise passe par la zone difficile d’accès de l’Argonne. Elle marque également la zone de contact entre la IV. et la V. Armeen. Le 24 septembre, les premiers coups de feu sont échangés dans le bois de la Gruerie lorsque des Landser tentent d’y pénétrer pour couvrir l’aile gauche de l’Armée du duc de Wurtemberg.
Le 29 septembre, une importante décision intervient dans le camp allemand. Le général von Mudra, avec le XVI. Armeekorps et la 27 I.D., détachée de la IV. Armée, reçoit pour mission de s’emparer du massif forestier d’Argonne.
A partir d’octobre, les Allemands prennent la route de Varennes pour objectif et lancent des assauts meurtriers dans le bois de la Gruerie par lequel passe les lignes françaises. Une violente offensive allemande se déclenche dans le bois, le 29 janvier 1915, à 6 heures 30. Les fantassins de la 27. I.D., parmi lesquels on compte un certain Oberleutnant Rommel, heurtent les Poilus de la 40e D.I., particulièrement surpris par la brièveté de la préparation d’artillerie.
Les Allemands déplorent plus de 400 tués et les Français 3.000 hommes hors de combat en deux jours. Le bois gagne un nouveau nom : « Bois de la Tuerie ». Une nouvelle tentative allemande d’importance intervient, le 13 juillet 1915. Dans la perspective de l’attaque, la 86. Infanterie Brigade reçoit l’appui de plusieurs lance-flammes. Les hommes de la 42e D.I. encaissent le choc et tiennent bon. Le lendemain, les soldats français franchissent les parapets pour passer à la contre attaque, en vain.
Le Petit Parisien, 3 février 1915
Les villages détruits
L'église, juillet 1916
Le village, juillet 1916
La Harazée
Dans le Ravin des Pommiers,
cloche d'alarme aux gaz asphyxiants provenant de l'église de La Harazée.
Le village, La Harazée
Apremont
Mairie en ruines
Soldats allemands dans les rues
Maisons en ruines
Binarville
Une rue de Binarville occupée par les Allemands
Abris allemands à l’entrée de Binarville
Binarville après le bombardement des 22 et 26 septembre 1916
Ossuaire de la Gruerie
La nécropole nationale "Ossuaire de la Gruerie" est située à la sortie de Vienne-le-Château sur la D63 conduisant à Binarville, en face de la nécropole nationale de Saint-Thomas-en-Argonne.
Il s'agit d'un ossuaire de 850 m3 créé en 1923 pour recueillir les restes d'environ 10.000 soldats non identifiés provenant du Bois de la Gruerie. Le monument porte comme seule mention « Aux Morts de la Gruerie 1914-1918». La cérémonie d'inauguration a eu lieu le 7 juillet 1929.
Au centre d'un mur en pierre de taille lisse se dresse une victoire sculptée. Elle est enchâssée en haut-relief à l'intérieur d'une niche recouverte de palmes. Drapée à l'antique et droite comme une khorè grecque, elle prend le visage d'une Marianne coiffée du bonnet phrygien. Ses ailes sont repliées dans le dos, une main présente la flamme du souvenir et un bras levé à l'horizontal indique la sépulture collective des morts.
Stèle en mémoire du Caporal Bernard Citroën
Inscription :
Pieux souvenir
A la
mémoire
de
BERNARD CITROEN
Caporal
Au 51 Régiment d’Infanterie
Tué à l’ennemi
Dans ce voisinage
Le 9 octobre 1914
A l’age de 39 ans
Le 9 octobre 1914, les hommes du 51° Régiment d’Infanterie continuent leurs travaux et subissent des jets de pétards et de grenades dans la journée. Le Caporal Bernard Citroën est tué au cours de cette journée.
André Citroën est informé du décès de Bernard le 15 octobre 1914 et il fera érigé cette stèle après la guerre.
Citation à l’ordre de la IV° Armée :
« Citroën Bernard, Caporal au 51ème d’Infanterie,
Engagé pour la durée de la guerre à l’âge de 39 ans, quoique réformé antérieurement, a demandé à venir sur le front dans un régiment actif.
S’est toujours fait remarquer par son entrain, son dévouement et sa bravoure.
A été tué le 9 octobre 1914 en allant porter secours à un de ses hommes blessé en avant des tranchées. »
Dessins de Mathurin Méheut
En août 1915, le 136e R.I., dans les rangs duquel on compte l’artiste-peintre Mathurin Méheut, y tint garnison.
En août 1915, le 136e R.I. relève un régiment colonial au bois de la Gruerie. Le sous-lieutenant Méheut y séjourne en première ligne et prend rapidement conscience du caractère acharné des combats :
« Les attaques boches succèdent aux attaques des nôtres – grenades toujours, toujours, et dans le bois quel vacarme. C’est vraiment pour qui ne connaît pas l’artillerie quelque chose d’effrayant. Ne t’effraie pas, belle, je serai prudent tout en remplissant mon devoir de soldat, de Français. Quelles luttes pour un coin de bois, tu n’as pas idée. Les tranchées changent continuellement, quelquefois même plusieurs fois par jour de propriétaire […] pan ! les fascines sur lesquelles j’écris me tombe sur la figure et tachent le papier, j’aime mieux cela qu’une marmite. »
Son séjour en Argonne s’étend jusqu’à mai 1916 et il prend le temps de peintre certaines de ses plus belles œuvres.
Voir le lien :
http://www.college-madamedesevigne-mauron.ac-rennes.fr/spip.php?article994
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Mathurin Méheut 1882 - 1958, peintre des tranchées.
De 1914 à 1918, Mathurin Méheut (1882-1958), peintre, décorateur et céramiste breton a combattu sur presque tous les fronts. De 1914 à 1916, en Artois et en Argonne, il participe en 1 ère ligne aux violents combats de la guerre de tranchées. En 1916, ses talents d’observateur et de dessinateur ajoutés à la qualité de ses relevés topographiques le conduisent au Service topographique de l’Armée à Sainte-Menehould dans la Marne.
Entre chaque assaut, l’artiste consacre l’essentiel de son temps libre à « croquer » les poilus. Quotidiennement et par tous les temps, en première ligne, dans les tranchées comme au cantonnement, il fait des croquis, peint des aquarelles et des gouaches. Il s’attache aux détails, à ces petits riens qui racontent la vie telle qu’elle est.
De ses visions de l’enfer, Méheut restitue les scènes familières avec une grande pudeur. Son œuvre est un témoignage d’une rare précision sur la vie quotidienne du front.
Boches au travail
http://centenaire.org/fr/print/11133
Six mois en Champagne ou le « très long 1915 » du 47e régiment d’infanterie. 1er janvier – 25 juin 1916
Lire En Envor N°7 :
Six mois en Champagne ou le « très long 1915 » du 47e régiment d’infanterie. 1er janvier – 25 juin 1916
Humour
Humour de poilu autour du Bois de la Gruerie