L'affiche allemande pendant la Grande Guerre
Mots-clés :
affiches, Allemagne, propagande, publicité, caricatures, Fritz Erler, Franz Griessier, Johann Vincenz Cissarz,
Ludwig Hohlwein,
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L'affiche et les arts de la publicité
L'affiche pendant la Grande Guerre
Les affiches de la Grande Guerre, c'est de l'Art !
UNE GUERRE DE PROPAGANDE QUI MOBILISE TOUS LES MEDIAS
Diverses techniques de communication ont été utilisées au cours de la guerre :
- des articles de presse dirigés et contrôlés,
- des publicités de presse,
- des cartes postales,
- des calendriers,
- des timbres postaux
- et même les premiers films de propagande.
Mais, dans ce registre, le médium le plus utilisé et le seul permettant aux autorités d’atteindre le public le plus vaste était l’affiche : celle-ci était collée sur les panneaux d’affichage et les murs dans les villes comme dans les plus petits villages.
Avant la guerre, l’affiche avait été surtout un outil de communication pour les spectacles et pour la publicité commerciale.
Au cours de la guerre, l’affiche devint une arme très efficace de propagande.
L’affiche, malgré sa simplicité, a une grande puissance d’évocation. Il s’agit d’un simple soldat debout et épuisé. Ses armes (masque, grenade) évoquent à la fois la modernité et le caractère meurtrier d’un conflit sans précédent. Les barrières de fil barbelé ont souvent été représentées comme un symbole de cette guerre meurtrière sur lesquels viennent mourir des milliers d’hommes, mais ils ont été ici franchis.
L’affiche représente une victoire symbolique mais qui doit se prolonger. Le visage du soldat est caché en partie par le casque et son regard perdu dans le lointain. Il est pourtant éclairé par la fierté, l’espoir et un certain mysticisme. L’artiste a mis ici tous ses moyens afin d’emporter la conviction de l’homme de l’arrière et l’inciter à ne pas abandonner au milieu du champ de bataille les soldats qui, malgré leur épuisement, sont censés avancer et permettre, selon le discours officiel, la survie de la nation allemande.
Avec une certaine économie de moyens, Fritz Erler parvient ici à servir la propagande de l’Empire allemand et lutter provisoirement, mais avec une certaine efficacité, contre le doute qui commence à s’instiller dans toutes les couches de la société allemande.
Source :
Catalogue d’exposition : 14-18 à l’affiche, Strasbourg, 2008.
Les affiches allemandes
Il est étonnant de constater que toutes les affiches de propagande allemandes sont orientées sur l'esprit de sacrifice. On ne trouve que des hommes, des aigles, des serpents, le vent et le feu. Pas de place pour les femmes ni pour les émotions.
Les affiches se veulent tragique voire fantastique. Malgré cette approche très noire, ces affiches galvanisent la population allemande qui n'hésite pas à se sacrifier pour la victoire finale de son armée.
La meilleure caisse d'épargne ! 1917
Affiche d'emprunt, 1917
Affiche d'enrollement
Aidez-nous à vaincre !
Souscrivez à l'emprunt de guerre
Affiche de Fritz Erler.
Une icône : le soldat au casque d’acier. Affiche pour le 6e emprunt de guerre allemand (1917). Jusqu’en 1917, la propagande allemande pour les emprunts de guerre écarte toute recherche iconographique et typographique, jugées indignes des proclamations officielles. Mais les résultats du 4e emprunt ayant été médiocres, les autorités renoncent à leurs préventions.
Sous le titre « Aidez-nous à gagner ! Souscrivez aux emprunts de guerre », le portrait de soldat peint par Fritz Erler (1868-1940) constitue une césure véritable: l’image, employée pour la première fois et diffusée sous forme d’affiches et de cartes postales, assure le succès financier de l’opération (13,1 milliards de marks, un record) et, surtout, elle s’impose comme un archétype iconographique, pendant et après le conflit.
La gamme chromatique à dominante grise et verdâtre, les attributs du guerrier de l’ère industrielle (le casque d’acier, le mas à gaz et les cisailles), le décor limité à un fil barbelé emblématique, suggèrent un réalisme conforme à la nouvelle esthétique du combat, transcendée cependant, sur le visage hiératique du soldat, par le regard tourné vers l’horizon. Horizon de la victoire ? De la mort ? C’est peut-être dans cette ambiguïté que réside la fascination durable exercée par l’image du combattant au casque d’acier, devenu le symbole de ces hommes nouveaux forgés au creuset des grandes batailles de matériel.
Misère et destruction découlent de l'anarchie.
Julius Ussy Engelhand, 1918.
Le futur idéal de l'Allemagne sous la coupe bolchevisme.
M.H. Kassin, 1919
Un jeu pour les Feldgrau.
Christian Bärmann, 1915
Revue navale.
Franz Griessier, 1918
Vendez vos peaux de lapin aux commerçant et aux éleveurs,
l'armée en a besoin !
Julius Gipkens, 1917
« Le charbon c’est du pain. » Artiste inconnu. 1918
Cette affiche est révélatrice des difficultés de toutes natures dans lesquelles se débat une Allemagne soumise à un blocus impitoyable de la part des marines de guerre alliées.
Les historiens estiment à plusieurs millions le nombre de civils allemands et austro-hongrois morts des suites des privations dues à cette entreprise.
Exposition au profit des blessés de guerre.
LLse Hoeltz,1916
Fonds populaires pour les prisonniers de guerre militaires et civils allemands.
Ludwig Hohlwein, 1916
Collecte en faveur des infirmiers de guerre volontaires.
Ludwig Hohlwein 1914
Non jamais 1917 !
Nous les battrons et nous souscrivons à l'emprunt ! 1918
Donnez pour la quête des sous-marins, 1917
Voilà le chemin vers la paix ;
ce que veulent nos ennemis alors souscrivez à l'emprunt de guerre !
Quête Ludendorff pour les mutilés de guerre
Exposition de guerre du Wurtemberg, Stuttgart. Mai-septembre 1916
Cette affiche allemande de la Première Guerre mondiale montre une épée enfoncée dans une butte de terre, avec un aigle perché sur sa garde. Sous l'épée, un homme laboure la terre et une femme sème des graines. De la fumée se dégageant d'usines et des flammes sont visibles en arrière-plan. Le texte annonce une exposition de guerre organisée par la Croix-Rouge du Wurtemberg, sous les auspices du roi et de la reine de Wurtemberg et du ministère royal de la Guerre de Wurtemberg.
L'affiche reflète la structure politique complexe de l'Allemagne impériale. Le Wurtemberg était un royaume (et avant cela un duché) qui fut intégré à l'Empire allemand en 1871. Le royaume conserva une grande autonomie au sein de l'Allemagne, avec sa propre famille royale et sa capitale à Stuttgart.
L'affiche fut réalisée par Johann Vincenz Cissarz (1873–1942), graphiste et peintre allemand qui, après avoir étudié à Dresde et travaillé à Darmstadt, devint en 1909 professeur à l'Académie des beaux-arts de Stuttgart. L'affiche provient de la Rehse-Archiv für Zeitgeschichte und Publizistik, collection d'affiches, de dépliants et de tous types de document de propagande allemande réunie à Munich par Friedrich J.M. Rehse (1870-1952).
Confisquée par les services de renseignements militaires des autorités américaines en 1945-1946, après la défaite de l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, la collection fut par la suite transférée à la Bibliothèque du Congrès.
Fritz Erler, Aidez-nous à triompher, 1917
Source :
https://www.guerre1418.org/html/progres/propagandes.html
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Culture contre barbarie
L’argument souvent avancé – surtout en France – selon lequel la guerre doit être conçue comme un combat de la culture contre la barbarie a le don d’exaspérer les artistes allemands.
Nombreuses sont les charges virulentes contre les prétendus tenants de la culture et de la civilisation. Que de fois est-il question ironiquement de Kultur, Kulturträger, Kulturvölker… (représentant de la culture, peuples civilisés) !
Personne ne supporte d’être taxé de Barbare, de Hun, tous renversent les termes de cet argument comme le dessinateur Arthur Johnson (Kladderadatsch) qui fait proclamer à un jeune héros invulnérable allemand :
« Allons-y, frères allemands, les Huns arrivent ! »