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Grande Guerre : territoriaux bretons et normands du 87 DIT
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9 novembre 2023

Les deux derniers morts de la Grande Guerre

Mots-clés :

Gunther, Vrigne-Meuse, Chaumont-devant-Damvillers, Trébuchon, armistice, 11 novembre 1918, Grande Guerre,

Lire les articles :

Armistice : 11 novembre 1918

La bataille libératrice, 1918 

Augustin Trébuchon, le der de la der

Les combats ont effectivement continué jusqu’au dernier moment.

Le soldat de 1re classe Augustin Trébuchon estafette de la 9e compagnie, titulaire de la Croix de guerre, tué à 10 heures 50 d’une balle dans la tête alors qu’il était porteur d’un dernier message pour  son capitaine, a été le dernier mort de la Première Guerre mondiale dans le secteur. Mais, officiellement, il sera déclaré mort à Vrigne-Meuse le 10 novembre 1918 à 10 heures du matin. Dans la poche de résistance tenue par le 415e RI au nord de la Meuse, ce fut le soldat Delalucque qui eut l’honneur de sonner le « cessez-le-feu » à 11 heures précises.

Le dernier combat : Vrigne-Meuse, 10 et 11 novembre 1918

Appelé par le capitaine Lebreton pour effectuer les sonneries réglementaires, le brave poilu, sans doute ému par la solennité de cette mission, ne se souvenait même plus de cette sonnerie : « La dernière fois que je l’ai joué, c’était en 1911, au champ de tir (…). » Mais son nom ne restera pas dans l’histoire. Il entonna d’abord le refrain du régiment puis les différentes sonneries demandées : « Cessez-le-feu », « Levez-vous », « Garde à vous » et enfin « Au Drapeau ».

Les Allemands aussi sortirent alors des tranchées et, pour la première fois depuis quatre ans, les « Feldgrau » et les « Bleu horizon » se firent face sans chercher à s’exterminer. Ils auraient même chanté ensemble La Marseillaise ! À la 2e compagnie, « (…) cette Marseillaise fut plutôt hésitante car les hommes étaient sous le coup de l’émotion. La nouvelle de l’armistice ne fut pas accueillie avec une explosion de joie mais plutôt avec le soulagement de ne plus vivre avec l’obsession d’être des morts en sursis. Après les durs et violents combats de la veille, il était bien difficile d’imaginer que la guerre pouvait finir comme par miracle. On avait l’impression que c’était un rêve et cependant c’était bien la réalité (…) ». Un profond silence s’établit sur l’immensité du champ de bataille de la veille. Un silence
impressionnant.

Du côté des Allemands, l’Armistice était aussi une délivrance mais leur sentiment de joie avait aussi le goût de la défaite. Certains cherchèrent à fraterniser avec les Français. Généralement sans succès. Ils furent priés de rejoindre leurs lignes. Ne plus échanger de coups de fusil et laisser chacun récupérer ses morts sur le terrain, c’était suffisant dans l’immédiat. Les poilus échangèrent leurs impressions après avoir compté les minutes au cours de la matinée. L’Armistice, c’était d’abord la vie sauve. Il fallait bien qu’il y eût un dernier tué, mais – surtout - ne pas être celui-là : « Je vis, c’est merveilleux ! », « Nous avons eu une sacrée veine », « Tu te rends compte, on n’est pas mort ! », « Croyez-vous que l’opération de forcer le passage de la Meuse s’imposait alors que les pourparlers d’armistice se déroulaient à l’état-major du maréchal Foch ? », « (…) revoir Paname et troquer le casque pour le melon », «
C’est la fin de notre jeunesse », etc. Il faudrait aussi réapprendre à vivre normalement et guérir de la guerre.

La guerre était finie, c’était la paix !

Le dernier communiqué officiel de la guerre, diffusé le 11 novembre à 15 heures, signalait sobrement que : « À l’est de la forêt de Trellon, nous avons atteint la frontière belge. À la suite de durs combats, nous avons forcé les passages de la Meuse entre Vrigne et Lumes. » Officiellement, comme le montre « l’état des officiers et hommes de troupe du 415e régiment d’infanterie tués à l’ennemi aux divers combats de 1914 à 1918 » annexé à l’historique du régiment, il n’y eut aucune perte humaine à déplorer le 11 novembre 1918 dans le secteur de Nouvion, Domle-Mesnil et Vrigne-Meuse.

Les pertes subies par les formations engagées par la 163e division dans l’opération de franchissement de la Meuse et de conquête d’une tête de pont, au cours des journées du 9, 10 et 11 novembre 1918, furent de 96 tués et 198 blessés dont 68 tués et 97 blessés pour le 415e RI. Ces pertes étaient les dernières de la Grande Guerre. Dans l’après-midi du 11 novembre, la population de Dom-le-Mesnil participa activement à la recherche des morts laissés sur le terrain au nord de la Meuse avec les soldats du 415e RI. Ils furent transportés d’abord à Dom-le-Mesnil puis dans l’église de Vrigne-Meuse.

Le soir, 33 corps, dont la majorité d’entre eux appartenait au 3e bataillon, étaient alignés dans l’église de Vrigne-Meuse.

 Auguste Trébuchon

 Auguste Trébuchon

ligne de front 11 nov 18

Lire l'article :

Augustin Trébuchon, le der de la der

Hommage à Henry Gunther, 1895-11 novembre 1918

D’origine allemande, Henry Gunther est né le 5 juin 1895 à Baltimore. Employé de banque à la National Bank de Baltimore avant son incorporation dans l’US Army, il débarque en juillet 1918 en France et est affecté comme sergent-fourrier au 313e bataillon de la 79e division d'infanterie. Antimilitariste, il reçoit un blâme pour avoir critiqué l’Armée dans une lettre adressée à l’un de ses amis resté en Amérique. Dégradé, il se porte volontaire comme estafette et sera blessé plusieurs fois.

Le 11 novembre 1918, son unité, alors en position à Chaumont-devant-Damvillers dans la Meuse, est informée, qu’à 11 heures, la guerre sera finie. Le commandement américain ordonne cependant d’attaquer jusqu’à la dernière minute et Gunther avec quelques soldats attaquent les positions ennemies baïonnettes au fusil. Henry Gunther est alors fauché par une rafale de mitrailleuse allemande le 11 novembre 1918 à 10h59, soit quelques instants avant que le clairon de l’Armistice ne résonne partout sur le front. Son corps est rapatrié en 1923 à Baltimore.

Dans l’ordre du jour, le général Pershing, commandant du corps expéditionnaire américain en France, notifie Henry Gunther comme le dernier soldat américain tué sur le sol français. A titre posthume, il reçoit la « Distinguished Service Cross », médaille attribuée pour un acte héroïque mais pour avoir reçu un blâme il ne peut pas être décoré de la «Medal of Honor», la plus haute distinction militaire américaine.

Le 24 septembre 2008, un monument dressé en hommage au dernier Américain tué pendant la Première Guerre mondiale est inauguré par le secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants Jean-Marie Bockel. Pavoisée aux couleurs américaines, il est érigé à Chaumont-devant-Damvillers.

Présenté sous la forme d’un gros bloc de pierre, le monument, qui rend « hommage à Henry Gunther », est entouré d’un dallage où aux quatre coins figurent de petites obélisques. Une biographie de sa vie en trois langues figure également sur le devant du monument.

carte chaumont

carte chaumont1

 Gunther5

Gunther7

Gunther4

Gunther2

 Gunther6

 Gunther3

Gunther

Gunther1

Lire le document :

Vrigne-Meuse rha 291

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