Gloire à nos Poilus, morts pour la France
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Soldats inconnus
Bilan humain mondial :
9,4 millions de morts/disparus
Le Petit Journal, 07 Novembre 1920
Le culte du souvenir :
Pour qu'ils ne meurent pas une seconde fois.
LA PATRIE AUX SOLDATS MORTS
Vous ne reverrez plus les monts, les bois, la terre,
Beaux yeux de mes soldats qui n’aviez que vingt ans
Et qui êtes tombés, en ce dernier printemps,
Où plus que jamais douce apparut la lumière.
On n’osait plus songer au réveil des champs d’or
Que l’aube revêtait de sa gloire irisée ;
La guerre occupait tout de sa sombre pensée
Quand au fond des hameaux on apprit votre mort.
Depuis votre départ, à l’angle de la glace,
Votre image attirait et les coeurs et les yeux,
Et nul ne s’asseyait sur l’escabeau boiteux
Où tous les soirs, près du foyer, vous preniez place.
Hélas ! où sont vos corps jeunes, puissants et fous,
Où, vos bras et vos mains et les gestes superbes
Qu’avec la grande faux vous faisiez dans les herbes ?
Hélas ! la nuit immense est descendue en vous.
Vos mères ont pleuré dans leur chaumière close ;
Vos amantes ont dit leur peine aux gens des bourgs ;
On a parlé de vous tristement, tous les jours,
Et puis un soir d’automne on parla d’autre chose.
Mais je ne veux pas, Moi, qu’on voile vos noms clairs.
Vous qui dormez là-bas dans un sol de bataille
Où s’enfoncent encor les blocs de la mitraille
Quand de nouveaux combats opposent leurs éclairs.
Je recueille en mon coeur votre gloire meurtrie,
Je renverse sur vous les feux de mes flambeaux
Et je monte la garde autour de vos tombeaux,
Moi qui suis l’avenir, parce que la Patrie.
Émile Verhaeren, Les Ailes rouges de la guerre, 1916.
Le 11 Novembre
Voilà déjà longtemps qu'ils se rassemblent
C'est la journée du souvenir
De ces hommes tombés comme des martyrs
Déchiquetés par la mitraille
Ou transpercés par les balles
C'est aussi la journée du combattant
De cette multitude d'hommes partis en chantant
Croyant aller faire la guerre tambour - battant
Et qui furent si nombreux à rester inanimés dans les champs
Pour ces victimes de la grande guerre
Bien plus meurtrière que celles de naguère
La bataille faisait toujours rage
De partout le feu et la mitraille
Et pour se donner du cœur à l'ouvrage
Le tord - boyaux* était le bienvenu dans leurs entrailles
Les survivants marchaient sur les morts
Haletant trébuchant dans les flaques de sang
Parmi les cris et les râles des agonisants
Et quand parfois survenaient des moments d'accalmie
Les brancardiers ainsi que ceux de l'ennemi
Entassaient tous ces corps pêle-mêle
Comme des tas de feuilles mortes qui s'entremêlent
Les uns sont disparus par monts et par vaux
D'autres sont enterrés avec leurs chevaux
Combien d'enfants n'ont pas revu leur père
Laissés en partant dans les bras de leur mère
Combien de fils en tombant
Ont appelé désespérément maman !!!
Combien de pères et de mères ont pleuré leur enfant
Combien de maris arrachés à leur bonheur
Ont laissé de femmes dans les pleurs
Et quand maintenant l'on entend parfois un peu de silence
Pensons à ces victimes de la démence
Et que l'on soit seul ou comme aujourd'hui réunis
Oeuvrons pour que ces tueries soient abolies
Oeuvrons pour que les vampires de l'argent
Deviennent à jamais impuissants
Oeuvrons pour que l'humanité
Puisse enfin vivre dans la paix, la fraternité.
*alcool de betterave mélangé avec de l'éther
Louis REBUFFET
Paysan à Laval dans Belledonne (Isère)
La tombe du fils, dessin d'Alexis de Broca.
Le Flambeau, 17 juillet 1915
Les hommes du jour, 7 décembre 1914
Le Miroir, 31 octobre 1915
L'Evénement Illustré, 28 octobre 1916
L'Evénement Illustré, 03 novembre 1917
L'Evénement Illustré, 01 juillet 1917
Le panorama de la guerre, 25 novembre1915
Le panorama de la guerre, 31 décembre 1914
Le Miroir, 17 janvier 1915
L'Image de la Guerre, décembre 1916
L'Evénement Illustré, 03 mars 1917
Canadiens enterrant leur mort
L'Evénement Illustré, 28 octobre 1916
Vitré 1919, des soldats viennent rendre hommage et se recueillir
sur les tombes de leurs camarades.
Les prélats bretons au monument aux morts.
Sainte-Anne-d'Auray
LA VOIX DES MORTS
Si de mélancolie, tout mon être se pâme,
Lorsqu'une feuille morte apportée par le vent,
Vient tomber à mes pieds ! Si j'évoque à la flamme,
De l'âtre familier, mes espoirs décevants !
Si je suis triste enfin, c'est que la pâle automne,
A fait place à l'été, sans que l'affreux fléau,
Soit vaincu à jamais ! Et si le tocsin sonne,
Alors mon âme pleure et se meure en sanglot !
J'entends les trépassés de leur voix sépulcrale,
Exhaler leur martyr, pendant la sombre nuit,
Tandis que diaphane et languissant et pâle,
Mon être dédoublé. vers les ombres a fui !
Oh ! glorieuses voix, qui demandez vengeance,
Contre vos vils bourreaux, contre vos assassins,
Que de fois, vous entend-je ! Oh ! Voix de notre France,
Lancinante élégie ! Œuvre inique des Huns !
Et si mon âme seule, en vibrant s'échevèle,
Dans l'harmonie mystique où flottent les esprits !
C'est qu'elle se ronge. L'âme sœur viendra-t-elle ?
Un monstre a immolé. mes parents, mes amis !
Et seule, ma pauvre âme, attend toujours l'aurore,
Du jour libérateur, du jour trois fois béni,
Ou planant dans la joie, elle verra s'éclore,
La paix du genre humain, dans le clair infini.
Marie Noël