Ceux de Vauquois
Mots-clés :
Vauquois, lance-flammes Schilt, Argonne, butte de Vauquois, soldat du feu, crapouillot, Mamelon Blanc, Cigalerie,
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Vauquois, village perché en Argonne
Nous autres à Vauquois, d'André Pézard
Vauquois, paysages de guerre
Occupant chacun une partie de ce qui était un promontoire stratégique, Français et Allemands firent exploser mille tonnes d’explosifs dans les entrailles de la colline. L'association, Les Amis de Vauquois a restauré les galeries. On découvre les kilomètres de tunnels creusés dans des conditions dantesques par des mineurs de fond recrutés par les armées des deux camps.
Côté allemand, 17 kilomètres de galeries furent réalisés, avec des casernements où logeaient 1.500 soldats. Côté français, les tunnels, longs de 5 kilomètres, servaient uniquement à placer des charges explosives (jusqu’à plusieurs dizaines de tonnes chacune) dans des cavités appelées «fours». Les 519 mines qui explosèrent en tout furent dévastatrices.
Aujourd’hui, 8.000 corps sont encore ensevelis sous la butte de Vauquois.
Vue aérienne d'aujourd'hui.
Vauquois avant la Grande Guerre
L'Argonne
Vanquois
Vanquois ! sombre colline émergeant des guérets,
Nos héros t'ont reprise un matin, pierre à pierre.
Tu te gorgeas de sang, au fracas du tonnerre
Dont le roulement sourd emplissait les forêts.
Colline d'épouvante et pleine de secrets,
Petite dans la paix, énorme par la guerre,
J'irai m'agenouiller sur ta funèbre terre
Et porter aux héros le tribut des regrets.
Un jour que ton sommet se changeait en fournaise,
Ils te prirent d'assaut, hurlant la Marseillaise,
Troupe de lionceaux guidés par des lions.
Dormez, dormez, nobles guerriers, sur la colline,
La gloire vous a ceints de ses plus purs rayons,
Et la patrie est là qui vous pleure et s'incline.
M. BOIGEY (?)
Vauquois, aujoud'hui
Vues de l'observatoire de la butte
Ici se trouvait la mairie...
Ici se trouvait l'église...
La bataille de Vauquois
Vauquois est un des points fameux du champ de bataille d’Argonne.
Les Allemands l’avaient occupé en septembre 1914, lors de leur violente poussée sur la 3° armée française, quand ils cherchaient à encercler Verdun.
La butte masquait leurs opérations au nord de Varennes, couvrait leur ravitaillement du front d’Argonne par la route du Four-de-Paris et constituait par surcroît un excellent observatoire d’artillerie. Les Allemands transformèrent cette im- portante position en une vraie forteresse. Des caves furent creusées dans le roc et reliées par des boyaux souterrains, les rues furent excavées pour que les soupiraux des caves devinssent des meurtrières, à hauteur d’homme, les murs des maisons et des jardins furent crénelés, des tranchées furent établies en avant du village sur les pentes. La position fut appuyée et flanquée par les feux des bois de Cheppy, de Montfaucon et d’Argonne. L’accès en était difficile ; de tous côtés, des ravins et des glacis, offrant d’admirables champs de tir aux mitrailleuses, l’entouraient.
Cette formidable position, qui, au début de la guerre, avant les progrès de l’artillerie française, pouvait passer pour imprenable, fut prise par la 10e D. I. (Valdant) à force d’héroïsme et aussi de sacrifices répétés ; les premiers assauts surtout, menés sans préparation ni accompagnement d'artillerie, furent meurtriers pour les magnifiques fantassins français.
Le premier assaut fut donné le 28 octobre 1914 par deux bataillons du 46e de ligne. Les premières lignes françaises étaient alors sur le Mamelon Blanc, face à Vauquois. Deux compagnies, sorties du Bois Noir, s’engagèrent sur les pentes ouest de Vauquois, les sections déployées en lignes de tirailleurs, sans aucune préparation d’artillerie, sans même qu’un coup de canon français fût tiré sur le village. Les hommes, qui avançaient par bonds sur le glacis, furent fauchés par les tireurs allemands, bien abrités ; ils progressaient quand même sous les balles quand une avalanche de gros obus allemands les dispersent et les écrasa ; au bout de trente minutes, ils furent presque tous hors de combat.
Le deuxième assaut fut mené dès le lendemain 29 octobre, après une très courte préparation d’artillerie qui ne lança sur Vauquois que quelques obus dont beaucoup n’éclatèrent même pas. De nouvelles compagnies attaquèrent plus à droite, près de la Cigalerie. Les hommes s’élancèrent à la baïonnette ; comme la veille, ils furent fauchés par les mitrailleuses et les fusils allemands et échouèrent après de grosses pertes. La nuit, on tenta de relever les blessés restés sur place ; malgré la lanterne de la Croix-Rouge, l’ennemi tira impitoyablement sur les brancardiers et empêcha la relève.
Le troisième assaut fut exécuté le 17 février 1915. L'opération faillit réusir. La préparation par pièces de 75, de 95, de 155 et de 270, dura plus d’une demi-journée. Avant l’attaque, trois mines devaient sauter et bouleverser les lignes ennemies. Une seule explose : mais trop peu creusée sous la colline, elle fait fougasse et les pierres qu'elle projette retombent en grande partie sur la tranchée de départ, tuant ou blessant 30 hommes. Malgré le désarroi produit par la mine, les hommes escaladent les échelles et partent à l’assaut. La musique du 31 e de ligne, groupée sur le Mamelon blanc, en pleine vue de l’ennemi, joue la Marseillaise ; en quelques minutes, plusieurs musiciens tombent tués ou blessés, mais les vagues d’assaut sont parties et les musiciens survivants jouent la charge ; le colonel du 31" qui dirige l’attaque tombe mortellement blessé, mais les compagnies de tête lancées escaladent les pentes de Vauquois. Le 31e pénètre à la charge dans Vauquois et atteint les ruines de l’église, mais, sous les batteries de l’Argonne et de Montfaucon, sous les mitrailleuses de Clieppy, il doit reculer après de grosses pertes, redescendre le plateau et s’accrocher à mi-pente de la colline.
Un quatrième assaut, est exécuté le 28 février 1915 sans plus de succès. Enfin le 1er mars, l’attaque décisive est menée par le 31e, soutenu par le 46e et le 89e. La préparation est encore en progrès. Un plan du village, dont il ne restait que des ruines, a été distribué aux troupes ; chaque compagnie a ses objectifs précis ; pour la première fois, les hommes ont reçu le premier engin à main, le pétard à mélinite.
Le bombardement commence à l’aube ; de grosses pièces écrasent les abris, des 75 hissés au sommet du Mamelon Blanc, ravitaillés par les fantassins à dos d’hommes, tirent de plein fouet sur le village.
Le départ est splendide. D’un bond, une ligne étincelante de baïonnettes se dresse sur le flanc de la butte. La pente est dure à monter. Debout sur un parapet, un clairon sonne éperdument la charge jusqu’à ce qu’une balle l’abatte. A son observatoire, le général Sarrail, qui suit l’attaque, se tourne ému vers ses officiers, enlève son képi et dit : « Saluez, Messieurs ! » La bataille fut rude ; deux fois les troupes atteignirent le plateau après avoir sauté de trou en trou ; la deuxième fois elles s’y maintinrent, enlevèrent les maisons une à une et poussèrent jusqu’à l’église. Il n’y avait plus de village, mais des trous, des amas de pierres, des bouts de mur, des caves éventrées. Le lendemain, les Allemands soumirent leurs adversaires, qui n’avaient que leurs fusils, à un crapouillotage continu. Débordés, les Français durent céder ; ils se replièrent lentement de trou en trou en combattant toujours ; mais leur ligne de résistance organisée sous le feu au bord du plateau, arrêta l’ennemi ; à 14 heures, les fantassins français, repartaient à l’assaut du village, emportaient les tranchées allemandes, entraient dans les ruines, à 14 h.35, et refoulaient l'ennemi à la baïonnette. A 15 heures, à 16 heures, à 17 heures et à 17 h. 30, les Allemands contre -attaquèrent, lançant successivement des troupes de 14 unités différentes ; ils ne purent déloger les Français de la rue médiane.
Dans la nuit, par deux fois, ces derniers essayèrent en vain d’enlever l’église ; pendant quatre jours et quatre nuits, sous le pilonnage incessant des percutants et l’arrosage des fusants ennemis, les troupes françaises tinrent sans ravitaillement, obligées pour manger de prendre les vivres des morts. L’infanterie coloniale, qui releva un moment les troupes d’attaque, fut décimée en quelques jours. Les Allemands utilisaient déjà des minenwerfer à grosses torpilles ; à ces engins n’étaient opposés que des crapouillots rudimentaires faits d’un corps d’obus de 77 dont le médiocre projectile ne portait qu’à 100 ou 150 mètres ; la lutte n’était pas égale. Presque chaque nuit, les Allemands attaquaient. On les repoussait à la grenade et au fusil, parfois à la baïonnette. La position était intenable : il fallait reculer ou se donner de l’air. Les Français attaquèrent encore une fois.
Le 4 mars 1915, dans l’après-midi, le 76e de ligne s’empara des tranchées allemandes à l'ouest de l’église, atteignit le mur du cimetière, malgré les fougasses éclatant sous ses pas et les engins des grenadiers ennemis.
Le 5 mars 1915, une contre-attaque allemande fut refoulée. La prise de Vauquois par les Français était définitive. Dans la nuit du 15 au 16, une nouvelle tentative allemande fut facilement repoussée.
Le 16 mars 1915, à la Cigalerie, où pendant les assauts de février et de mars, fonctionnait un poste de secours, le porte-drapeau du 46° de ligne, le conseiller d’Etat et ancien secrétaire général de la Présidence de la République, Collignon, engagé volontaire à 58 ans, fut tué d’un éclat d’obus en allant relever un blessé du 76° de ligne. Depuis, aux appels du régiment, son nom suit celui de La Tour d’Auvergne et l’on répond : « Mort au champ d'honneur ».
C’est à Vauquois aussi que mourut, écrasé dans un abri, un autre engagé volontaire de 54 ans, Cazeneuve, de l’Opéra-Comique, adjudant au 46 e de ligne.
Vauquois resta longtemps agité par des coups de main fréquents, par la lutte de mines et par un bombardement continu. Les Allemands ne se résignèrent pas à la perte de cette position qui donnait aux Français des vues sur Varennes et sur la route prolongeant la voie ferrée étroite, construite par eux entre Montfaucon et Spincourt. Le 22 mars 1915, près des ruines de l’église, ils lancèrent des liquides enflammés dans une tranchée. Presque chaque mois, des mines sautaient et on se battait autour des entonnoirs.
La bataille de Verdun amena un calme relatif dans le secteur ; les adversaires renoncèrent pour ainsi dire à la lutte de mines.
En 1917, ils ne se livraient guère qu’à des coups de main ou à des reconnaissances plus ou moins importantes. Dans les trois premiers mois de 1918, par trois fois, les Français exécutèrent dans la région des raids importants.
Le 17 mars 1918, notamment, sur un front de 1.400 mètres, ils pénétrèrent dans les lignes ennemies jusqu’à 800 mètres en profondeur et ramenèrent une centaine de prisonniers.
Le 20 septembre 1918, dès le premier jour de l’offensive franco-américaine, les abords nord de Vauquois furent largement dégagés et Boureuilles conquis conquis par les Américains.
Guide Michelin des champs de bataille, l'Argonne
Images de guerre
Le marronnier de Vauquois, arbre remarquable de 4 m de circonférence.
Il sera détruit par les Allemands.
Dans une tranchée de première ligne
Crapouillot dans une tranchée de première ligne
Voir les liens :
http://www.paysagesenbataille.be/le-lance-flamme-de-vauquois/
http://www.fortlitroz.ch/index.php?page=vauquois
https://www.ouest-france.fr/Vauquois
http://archives.orleans-metropole.fr/a/3427/vauquois/
Les soldats du feu dans l’enfer de Vauquois :
http://sam2g.fr/les-soldats-du-feu-dans-lenfer-de-vauquois/
Les soldats du feu à Vauquois
Mag N°6, Musée de la Grande Guerre
Essai des lance-flammes Schilt, 1915