Joseph-Félix Bouchor (1853-1937), illustrateur
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Bouchor, illustrateur, cathédrale de Soissons, Vieux Thann, Poilus, Joseph-Félix Bouchor,
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Joseph-Félix Bouchor (1853-1937)
Dégagé de toute obligation militaire.
Types et vues de terrains.
Joseph-Félix Bouchor est l’auteur des premières oeuvres de la guerre entrées au musée de l’Armée, relatives à l’arrivée aux Invalides des premiers emblèmes pris à l’ennemi, en octobre 1914.
Joseph-Félix Bouchor gagne la région de Reims avec la première mission du musée, en décembre, en compagnie de Flameng et Jacquier, puis on le retrouve près de Verdun et de Nancy.
Début janvier 1915, il est en Argonne, puis dans le sud de l’Alsace, repasse en Argonne, puis y revient en mai-juin, avant de repartir pour l’Alsace en juillet. Fin octobre-début novembre, il est en Artois et en Belgique.
En 1917, il est à Verdun, entre juin et septembre.
Nombre de ses oeuvres de la guerre sont reproduites ans les ouvrages qu’il a publiés, seul, Souvenirs de la Grande Guerre (1914-1915), Paris, s.d. [vers 1916], et en collaboration avec le capitaine Delvert, Verdun, Paris, 1920.
Les musées de l’ordre de la Légion d’honneur, à Paris, et de la Coopération franco américaine, à Blérancourt, conservent nombre de ses oeuvres de guerre.
Autoportraits
Joseph-Félix Bouchor (1853-1937), artiste peintre paysagiste et portraitiste, aujourd'hui qualifié de "petit maître", naît à Paris dans une famille aisée. Il reçoit un enseignement académique auprès de Jules Lefebvre ou Benjamin-Constant. Épris de voyages, il part à l'aventure et décrit dans sa peinture les paysages exotiques qu'il a le souci de faire découvrir. À Paris, il accompagne son frère, le poète Maurice Bouchor (1855-1929), dans la vie de bohème montmartroise.
Lorsque la guerre éclate en 1914, Joseph-Félix Bouchor est - à 61 ans - trop vieux pour s'engager, mais il a des relations. Le Général Niox, directeur du Musée de l'Armée aux Invalides depuis 1905, l'autorise à se rendre sur le Front pour peindre. Bouchor n'a pas le statut officiel de peintres des armées, ce qui lui permet d'échapper à certaines contraintes (dont Félix Valloton se plaindra). Vêtu de l'uniforme d'officier d'artillerie, il se déplace à l'arrière des lignes, principalement dans la Somme, pour y peindre paysages (maisons bombardées, églises en ruine...), scènes de la vie quotidienne des soldats (déplacements de troupes, camps de prisonniers...) ou portraits (le Général Joffre, le poète italien d'Annunzio, Néozélandais et Maoris, prisonniers bulgares...).
Cathédrale de Soissons après les bombardements
Enterrement d'un officier dans les Vosges, juillet 1915.
En juillet 1915, Joseph-Félix Bouchor est dans les Vosges où il immortalise les obsèques d’un officier, probablement tué dans les combats livrés au nord de Munster pour atteindre la crête du Linge. La cérémonie funèbre se déroule dans une clairière que dominent les pentes verdoyantes de la montagne vosgienne.
Devant une assistance de militaires figés dans un garde-à-vous recueilli, le prêtre officie près du cercueil recouvert d’un drapeau tricolore.
Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France et, dès le lendemain, chacun des deux belligérants engage le combat selon les modalités prévues par son état-major. L’Allemagne met en oeuvre le plan Schlieffen - prêt depuis 1898 : elle pénètre en Belgique, pays neutre, et envahit le Nord-Ouest de la France. Sans se préoccuper des mouvements de l’ennemi, Joffre commandant en chef des troupes françaises, applique le plan XVII : il déploie l’essentiel de ses unités au Nord et à l’Est du pays et engage deux offensives, l’une pour libérer l’Alsace et la Lorraine, l’autre dans les Ardennes.
Ces deux offensives échouent et, à partir du 24 août, les armées françaises battent en retraite tandis que l’armée allemande infléchit sa progression vers le Sud-Est plutôt que de poursuivre son avancée vers Paris. Ce changement de direction permet alors au général Joffre d’engager une contre-offensive générale : la bataille de la Marne est déclenchée le 6 septembre 1914. Elle oblige les Allemands à se replier sur l’Aisne et entraîne la stabilisation du front sur 800 kilomètres, des Vosges à la mer du Nord.
Les combattants s’enterrent dans des tranchées et, pendant près de quatre ans, ils vont tenter de revenir à la guerre de mouvement au prix de pertes considérables. C’est le cas en 1915 dans les Vosges. Le Hartsmannwillerkopf domine la plaine d’Alsace du haut de ses 600 mètres. Baptisé “le Vieil Armand” par les Français, ce terrain escarpé, boisé et hostile est repris et perdu tour à tour. Il reste finalement aux mains des Français, mais 100 000 hommes - Français et Allemands confondus - y ont laissé la vie.
Sillonnant le front d’Est en Ouest son carnet de croquis à la main, Joseph-Félix Bouchor a immortalisé les émouvantes funérailles d’un officier anonyme, victime de ces combats meurtriers et dérisoires, dans le cadre agreste et verdoyant de la montagne vosgienne.
Le poste le plus avancé devant le « Vieux Thann », Vieux Moulin, 26 avril 1916.
L’année suivante, Joseph-Félix Bouchor est à nouveau sur le front de l’Est où les troupes françaises sont retranchées à l’entrée de la vallée de la Thur, aux portes de l’Alsace.
Au poste placé devant le Vieux Thann, à peu de distance de Mulhouse – ville deux fois perdue, mais deux fois reprise par les Allemands –, il fixe sur la toile des combattants au repos entre deux offensives. Derrière un rempart de planches étayé par des poteaux entre lesquels ils ont mis leur linge à sécher, les soldats vaquent à de prosaïques occupations : lessive, jeux de société…
Poilu gazé alertant les soldats américains.
En 1918, en un lieu non précisé du front, Joseph-Félix Bouchor peint Poilu gazé alertant les soldats américains. Les gaz asphyxiants sont d’autant plus dangereux que, plus lourds que l’air, ils s’insinuent dans toutes les cavités et en particulier dans les abris. L’ypérite – ou gaz « moutarde », ainsi surnommé en raison de son odeur – provoque la terreur et a des conséquences physiologiques souvent irréversibles pour ceux qui l’inhalent.
Victime de cette arme chimique, le poilu porte la tenue bleu horizon et la « bourguignotte », casque d’acier qui s’est substitué au képi rouge en 1915. À l’exception des zouaves et tirailleurs vêtus de kaki, toutes les troupes françaises portent désormais cet uniforme peu voyant qui remplace la tenue du « biffin » de 1914, trop colorée et mal adaptée à la guerre moderne.
https://histoire-image.org/fr/etudes/vie-soldats-tranchees
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