Otto Dix, 23 ans en 1914
Mots-clés :
autoportrait, joueurs de cartes, les Mutilés, Otto Dix, triptyque, trou d'obus, Der Krieg. dadaïsme, la tranchée, Allemagne,
Lire les les articles :
Ludwig Meidner : visions apocalyptiques
Max Beckmann, artiste figuratif allemand
George Grosz
Des poux, des rats, des barbelés, des puces, des grenades, des bombes, des trous d’obus, des cadavres, du sang, de l’eau-de-vie, des souris, des chats, des gaz, des canons, de la boue, des balles, des tirs de mortier, du feu, de l’acier,
c’est ça la guerre ! l’œuvre du Diable !
Otto Dix
Otto Dix (1891 - 1969)
Quand la guerre éclate, il s'engage comme volontaire dans l'artillerie de campagne allemande. L'année suivante, il reçoit une formation de mitrailleur et participe à de nombreuses campagnes en Champagne, dans la Somme ou en Russie d'où il sortira vivant.
Blessé par un éclat de grenade, plusieurs fois décoré, il a fait ce qu’on appelle « une belle guerre ». Sa peinture se fonde donc sur une expérience longue des combats. Il dessine beaucoup sur le champ de bataille et aucun artiste n’a consacré plus de temps ni d’efforts à peindre la Grande Guerre, pendant et après le conflit.
La guerre était une chose horrible et pourtant sublime, disait-il.
Il peignit le côté hideux de la première guerre mondiale.
Il nous a laissé environ 600 dessins, aquarelles, gouache sur la Grande Guerre.
De nombreux de ses tableaux disparurent lors de la seconde guerre mondiale.
Le mouvement dada le compte parmi ses artistes dès 1920.
1914-1918 : Après des études artistiques, Otto Dix s’engage dans l’armée allemande. Il participe à la guerre des tranchées en Artois et en Champagne de novembre 1915 à décembre 1916, ainsi qu’à deux grandes batailles sur les bords de la Somme. Depuis le front, il dessine la guerre sur ses carnets la qualifiant de « retour à l’animalité » (300 au total).
1920-1924 : Otto Dix consacre une série d’œuvres à la Première Guerre mondiale. Avec ce témoignage, il raconte son expérience de soldat et la sauvagerie du conflit. Il critique la guerre, ne ménage pas les anciens combattants et cherche à se sortir ces images d’horreur de la tête.
Otto Dix et ses maîtres
Télescope, N°138 du 5 au 11 octobre 1996
X = Otto Dix dans l'artillerie en France, 1916
Otto Dix, vers 1925
J'ai besoin de me sentir lié au monde physique,
il me faut du courage de peindre le laid,
il me faut la vie dans toute sa densité.
Otto Dix
Autoportraits
Autoportrait avec oeillet, 1912
Autoportrait, 22 ans en 1913
Autoportrait en Mars, 24 ans en 1915
Autoportrait en soldat, 1914
Autoportrait avec casque d'artillerie, 1914
Autoportrait en cible, 1915
Tête rouge (autoportrait), 1919
Autoportrait, 1922
Autoportrait avec modèle nu, 1923
Autoportrait avec muse, 1924
Autoportrait avec chevalet, 1926
Autoportrait avec Jan, 1930,
Autoportrait à la palette devant un rideau rouge, 1942
Autoportrait en prisonnier de guerre, 1947
Ses œuvres
Otto Dix a participé au dadaïsme, puis au mouvement expressionniste qui apparaît en Europe du Nord au début du XXe siècle. Si le mouvement dada se complaît dans la provocation et le rejet de toute contrainte morale et artistique, l’expressionnisme cherche à exprimer la souffrance et le tragique en les exagérant. Sous la République de Weimar, Otto Dix devient, à partir de 1924, un des principaux animateurs d’un mouvement artistique en rupture avec le courant expressionniste, la « Nouvelle Objectivité » qui s’attache à porter un regard réaliste sur la société de l’entre-deux-guerres.
Otto Dix réalise La Guerre entre 1929 et 1932, c’est-à-dire plus de dix ans après l’armistice. Sous la République de Weimar, les idées nationalistes s’affirment en Allemagne. C’est dans ce contexte particulier que le peintre réalise cette oeuvre, afin de rappeler les souffrances de la guerre, la brutalité des combats et le traumatisme du conflit. Dix a composé son oeuvre sur le modèle d’un retable (décor peint ou sculpté, surmontant la table d’autel dans une église) de la Renaissance. Cette oeuvre, composée de trois panneaux principaux et d’une prédelle, est appelée « triptyque ». La technique de la tempera sur bois est un procédé de peinture utilisant le jaune d’oeuf pour lier les pigments.
Le canon, 1914
Guerrier mourant, 1915
Tranchées, vers 1917
Balles traçantes, 1917
Joueur de billard, 1914
Soleil couchant (Ypres), 1918
Trou d'obus avec balle traçante, 1917
Trou d'obus, 1917
Poste, champ de bataille avec arbres, 1917
Guerrier à la pipe, 1918
Tranchée, vers 1918
Trou d'obus, vers 1917
Avancée de soldats à la mitraillette (Somme, nov 1916), 1924
La tranchée, 1923
Flandern (Flanders) after, 1924
Les Mutilés de guerre, 1920
Mort dans une tranchée, 1924
Conversation dans la tranchée, 1924
On the Slopes of Cléry-sur-Somme
Mort dans une tranchée, 1924
Mort (St-Clément), 1924
Cadavre dans les barbelés, 1914
Blessé, 1914
Joueurs de cartes, 1920
Invalides jouant aux cartes
Lire le fichier :
Otto Dix les joueurs de cartes
Métropole, 1928
http://www.lankaart.org/article-otto-dix-triptyque-gro-stadt-kunstmuseum-stuttgart-61263979.html
Panneau de gauche du tryptique "Métropole", 1928.
Mutilés de guerre réduit à la mendicité.
Avancée de soldats à la mitraillette (Somme, Novembre 1916), 1924
Rue de Prague à Dresde, 1920,
oil and collage on canvas.
Lire le fichier :
Le triptyque, la Guerre
La Guerre est une oeuvre réalisée entre 1929 et 1932, plus de dix ans après la Première Guerre mondiale. Composé de trois panneaux principaux que l’on peut replier, sur le modèle des retables de la Renaissance, ce triptyque en bois (panneau central : 204 x 204 cm ; panneaux latéraux : 204 x 102 cm chacun), conservé à Dresde (visible à la galerie Gemäldegalderie Neue Meister), représente un paysage de guerre.
Il présente une image plus réaliste et encore plus sombre de la guerre que ce qu’il avait pu peindre auparavant. Alors que la population commence à oublier les horreur qu’elle a vécues, Otto Dix veut témoigner et rappeler la réalité de la guerre. Il fut exposé que brièvement à Berlin pour l’exposition « Art dégénéré » avant d’être dissimilé pour éviter une éventuelle destruction par les nazis.
La guerre, 1929 -1932
Tempera sur bois, peint entre 1929 et 1932, Gemäldegalerie Neue Meister, Dresde
Panneau central 204 x 204 cm, panneaux latéraux 204 x 102 cm chacun,
Gemäldegalerie Neue Meister, Dresde.
- Le panneau central décris une vision d'épouvante où un soldat, le visage recouvert d'un masque à gaz, demeure seul vivant dans les ruines du champ de bataille. Des cadavres achèvent de pourrir alors qu'un squelette est demeuré accroché à la branche d'un arbre.
- Le panneau latéral de gauche figure le départ vers le front. Les hommes sont représentés de dos équipés de leur paquetage : ils sont en route pour le front.
- Le panneau de droite montre le retour de deux blessés. Trois personnages : un soldat rampant sur le sol au premier plan secouru par un autre soldat qui observe le spectateur.
- La prédelle : soldats morts, les planches qui les entourent sont celles d’un cercueil.
Contrairement à la philosophie de l’époque qui voyait les soldats comme des héros et de braves personnes, le peintre peint avec un grand réalisme toute l’atrocité de la guerre. Otto Dix représente l’impact de la guerre sur le corps de ces soldats, aussi bien les bombardements que les épidémies et les maladies.
L’artiste quant à lui se voit comme un pacifique, un sauveur déterminé souhaitant changer ce monde cruel, sauvage et meurtri par la guerre qui a perdu toute son humanité.
La Guerre d’Otto Dix est une oeuvre engagée : l’artiste dénonce les horreurs de la guerre. Ce triptyque est un constat d’un saisissant et violent réalisme sur les ravages de la guerre, la déshumanisation des combats et la barbarie. Il y montre les réalités du champ de bataille et y exprime le traumatisme du conflit. Otto Dix réalise une oeuvre d’une rare intensité exprimant sa vision désabusée et révoltée de la guerre.
La Tranchée, Der Schützengraben
Représentation du chaos : chute des corps grâce au positionnement des personnages ; les membres s'agittent et expriment la violence de l'assaut, mains aux doigts crochus, bras en ciseaux cherchant une issue vers le haut de la tranchée, jambes aux angles droits se brisant par terre.
De 1920 à 1923, Dix peint Der Schützengraben (La Tranchée), qui est achetée par le musée de Cologne, lequel doit y renoncer en raison des protestations publiques, avant que la toile, saisie en 1933 par les nazis, ne soit probablement détruite.
L'année précédente, Dix a exécuté ce qui demeure l'oeuvre la plus importante qu'ait suscitée la Grande Guerre, un triptyque composé sur le modèle des maîtres anciens. Le panneau central reprend la composition de La tranchée, une vision d'épouvante où un soldat, le visage recouvert d'un masque à gaz, demeure seul vivant dans une tranchée effondrée, près d'un abri renversé. Des cadavres achèvent de pourrir alors qu'un squelette est demeuré accroché à la branche d'un arbre. Les panneaux latéraux figurent le départ vers le front et le retour de deux blessés. Sur la prédelle, des dormeurs - ou des cadavres ? - allongés sous une toile de tente.
Dix introduit des références picturales à Grünewald, Altdorfer et Holbein. Le triptyque, peint sur bois, est exécuté dans leur style, avec une minutie réaliste extrême. Alors que les dessins préparatoires décident seulement des silhouettes et de la construction, la peinture cultive l'illusionnisme jusqu'au morbide insupportable des chairs putréfiées, des vers et de la gangrène. Les jambes d'un mort sont constellées de pustules ou de blessures purulentes, comme les membres du Christ dans le retable d'Isenheim. L'espace est saturé de corps, de débris, de formes déchirées. Il est traversé par des verticales hérissées. Jusqu'aux cieux qui inquiètent : des nuées, des tourbillons rougeâtres y circulent, souvenirs de la Bataille d'Alexandre d'Altdorfer et signes de la catastrophe qui étend son empire à la nature entière.
Lire le document :
Der Krieg (The War) – 1924
Voir le lien :
http://socks-studio.com/2012/08/04/otto-dix-der-krieg-the-war-1924/
« C'est que la guerre est quelque chose de bestial : la faim, les poux, la boue, tous ces bruits déments. C'est que c'est tout autre chose. Tenez, avant mes premiers tableaux, j'ai eu l'impression que tout un aspect de la réalité n'avait pas encore été peint : l'aspect hideux.
La guerre, c'était une chose horrible, et pourtant sublime. Il me fallait y être à tout prix. Il faut avoir vu l'homme dans cet état déchaîné pour le connaître un peu »
Otto Dix
Der Krieg est un recueil d'une cinquante de planches d'un caractère morbide.
La technique employée est celle de l'eau-forte.
Technique de l’eau-forte : gravure obtenue en faisant mordre par l’acide nitrique une plaque de cuivre ou de zinc recouverte d’un vernis protecteur sur lequel on a dessiné à l’aide d’une pointe qui met le métal à nu.
Corps dans les barbelés
Voir les liens :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Der_Krieg_(s%C3%A9rie_de_gravures)
http://rebut.canalblog.com/archives/2006/11/20/3212464.html
http://www.ottodix.org/index/biography
http://martyhg.wix.com/dix Originale
otto dix un regard sur le siecle
Otto Dix appartenait au courant dadaïsme
Autres productions
Le marchand d'allumettes, 1920
Souvenir des galeries des glaces, 1920
Promenade dominicale, 1922
Amants inégaux, 1925
Les sept Péchés Capitaux, 1925
Voir les autres articles sur les peintres pendant la Grande Guerre :
Voir l'article Peintres aux armées :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/06/04/33913037.html
Voir l'article sur Fernand Léger :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/09/14/34321143.html
Voir l'article sur Mathurin Méheut :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/12/26/31199274.html
Voir l'article sur Julien Lemordant :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/02/22/33410524.html
Voir l'article sur Peindre la Grande Guerre :
http://87dit.canalblog.com/archives/2014/02/05/29124759.html
Voir l'article sur Dessins de guerre :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/02/27/33433926.html
Voir l'article sur Francisque Poulbot :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/03/30/33575127.html
Voir l'article sur Henri Henriot :
http://87dit.canalblog.com/archives/2016/05/22/33849546.html