Pierres des monuments aux morts
Mots-clés :
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Les matériaux utilisés dans l’édification des monuments aux morts de la Grande Guerre sont ceux de la construction funéraire traditionnelle. La pierre et le métal sont largement plébiscités. Ce choix n’est pas anodin. Il traduit le recours à certains critères se situant sur le plan symbolique. Parmi les moyens variés dont dispose une œuvre d’art pour communiquer un message, les types de matériaux employés sont en effet essentiels.
Aussi les municipalités ont-elles choisi précautionneusement les matériaux de construction en tenant compte du symbolisme qui leur était attaché. Ce n’est ainsi pas un hasard si les monuments aux morts sont en pierre, en bronze ou en fonte. Tous ces matériaux, en plus d’être résistants aux intempéries, sont pour reprendre l’expression employée par Olivier Descamps, des matériaux « nobles, ceux qui servent à matérialiser les lois, les traités, les frontières. Ceux sur lesquels sont gravés les écrits historiques. »
La pierre revêt ici une double dimension symbolique. La première symbolique, celle de l’immortalité, liée à la pérennité de la matière, est consubstantielle à la seconde symbolique, plus spécifiquement liée à sa fonctionnalité, qui tend à conférer à la pierre une forme de noblesse et de grandeur. A l’inverse, les matériaux dont la fonctionnalité est trop importante (brique, parpaings etc.) sont très rarement utilisés par les marbriers et les entrepreneurs.
La pierre d’Euville est la plus sollicitée. Elle est du reste utilisée dans la construction de nombreux bâtiments. C’est une pierre calcaire à entroques (élément fossilisé de tige ou de bras des crinoïdes) du Jurassique supérieur, formée presque entièrement de débris d’encrines. Elle se caractérise également par son extrême blancheur, due à l’absence d’oxyde. D’un grain très fin, elle est exploitée dans sa région d’origine, à Euville, mais également à Sorcy, à Lérouville ainsi que dans les côtes de la Meuse et aux abords de Commercy en Meuse (Lorraine).
Facile à travailler et résistante aux intempéries, elle est le matériau privilégié des sculpteurs et des marbriers.
On la retrouve également sous l’appellation "pierre dure de Lorraine" et "pierre d’Euville de la Meuse"
La pierre de Savonnières remporte également de nombreux suffrages. Extraite dans la Meuse, ses teintes, multiples, vont du blanc au gris et du beige à l’ocre.
D’autres types de pierre, sont employés sporadiquement par les sculpteurs : la pierre de Chauvigny, granit de Belgique.
Le granit est également utilisé dans la confection de nombreux édifices. La symbolique qui lui est associée est sensiblement différente de celle de la pierre. Il attire ainsi selon Yves Hélias le chaînon "importance sociale-construction monumentale-art funéraire ".
Roche éruptive provenant du magma solidifié des volcans, le granit est la pierre naturelle la plus dure et la plus résistance. C’est aussi la plus chère. Elle se distingue par ses différents tons, du gris pâle au rouge en passant par le bleu et le vert, ainsi que par son aspect tacheté.
Certaines pierres calcaires acceptent un beau poli sans avoir pour autant un métamorphisme important. Ces pierres sont dites "marbrières" Vosges. C’est également dans une "pierre des Vosges" qu’est taillé l’édifice dédié aux Baulnois « Morts pour la France ».
Le grès est une roche détritique (roche qui résulte de la désagrégation d’une roche préexistante), issue de l’agrégation et de la cémentation de grains de sable. Il s’agit donc d’une roche cohérente et dure.
C’est une excellente pierre de construction non gélive, facile à travailler. Selon la provenance, la roche peut être colorée dans une infinité de nuance : de l’ocre au violacé en passant par le rose, le jaune et le gris.
Moins solide et moins résistant que le granit, le marbre est majoritairement employé dans la réalisation des plaques commémoratives. Plus fortement encore que pour la pierre, le marbre est associé à la symbolique de l’éternité, du souvenir et de l’immortalité.
Ne dit-on pas, pour qualifier un fait ou un événement établi de façon sur et définitive, qu’il est gravé dans la pierre ou inscrit dans le marbre ?
Le granit de Bretagne
Le Kersanton ou la Kersantite, dite "pierre de Kersanton": pierre des sculpteurs bretons.
La kersantite, ou pierre de Kersanton (improprement appelé granite de Kersanton), est une roche magmatique filonienne, de composition proche du granite, de couleur sombre gris vert très foncé, présentant un intérêt certain pour la sculpture, principalement celle à faciès sombre, qui a largement été utilisé dans l'architecture religieuse.
Propriété : la Kersantite est facile à tailler, mais plus la roche sera exposée à l'air, plus elle durcit et devient résistante à l'érosion.
Le Kersanton est largement utilisé dans l'architecture religieuse :
- calvaires bretons : Plougastel-Daoulas,1602-1604,
- porches d'église : Lampaul-Guimiliau,1533, Le Folgoët,1423.
- gisant de saint Ronan à Locronan...
Au 19e et 20e, il sert pour les habitations, les tombeaux et monuments aux morts, et les phares (Creac'h à Ouessant, le phare de l'Ile Vierge).
Lire le document :
le kersanton une pierre bretonne
Localisation du kersanton
http://kersanton.blog4ever.com/
http://www.volcanogeol.com/kersanti/kersant.htm
Exemple de réalisation en pierre de kersanton : l'enclos paroissial de GUIMILIAU :
http://lili-polo.kif.fr/l-enclos-paroissial-de-guimiliau-a98946823
Exemple de monument aux morts en granit de Kersanton :
Crozon (29), Michel Kervevan, sculpteur
Poilu et Fusilier marin
AUX GLORIEUX ENFANTS DE CROZON MORTS POUR LA PATRIE
Ô VOUS QUI PASSEZ, NE NOUS OUBLIEZ JAMAIS
Lire le document :
La pierre d’Euville
La pierre d'Euville est une entroquite, formée de sédiments marins (Jurassique, Oxfordien), principalement de fragments d'animaux, les Crinoïdes. Son aspect peut varier en fonction du lieu et du banc d'où elle est extraite, les nuances sont de gris à beige, d'un grain fin à plus anguleux, avec des reflets scintillants.
Elle est non gélive et est résistante à l'écrasement1. L'utilisation de cette pierre va rapidement dépasser les limites régionales. Du Château de Commercy où elle prend une certaine renommée, cette pierre est utilisée pour la réalisation de la Place Stanislas, voyage jusqu'à Paris pour des ouvrages comme le Palais Garnier, Le Louvre, le Pont Neuf, s'échelonne le long du Canal de la Marne au Rhin ou la voie ferroviaire Paris-Strasbourg pour les ouvrages d'art.
La pierre d'Euville s'exporte aussi hors de France.
Carrière de l'entreprise Rocamat
Le granit de Belgique
La Pierre Bleue du Hainaut® est une pierre naturelle calcaire, très compacte, de teinte naturelle gris-bleu à noire et est caractérisée par la présence de nombreux résidus marins fossilisés. L’aspect scintillant des éclats de la roche qui rappelle celui des granits lui vaut l’appellation ‘petit granit’.
La pierre bleue belge est un matériau noble et naturel dont l’origine remonte à 345 millions d’années, quand une mer tropicale baignait nos régions. La faune et la flore aquatiques fossilisées – les crinoïdes, profondément ancrés dans la masse de calcite microcristalline - sont devenues, par sédimentation, une roche calcaire homogène et très compacte, de couleur allant du gris bleu au gris noir.
Comme pour renforcer son caractère exceptionnel, la pierre bleue n’est présente que dans une nervure géologique carbonatée bien précise. Celle-ci traverse la Belgique d’est en ouest, dans les profondeurs de la Manche jusque dans les îles britanniques, et affleure dans la région de Soignies, en Hainaut, siège principal de la production belge. Le bassin sonégien représente en effet 90% de la production belge.
https://www.pierrebleuebelge.be/la-pierre-bleue/
Monuments aux morts
Monument de Puiselet-le-Marais (91), pierre d’Euville
Monument de Chamarande (91), pierre des Vosges
Monument de La Norville (91), pierre de Savonnières
Monument aux morts, Coray (29), pierre de kersanton
Monument avec la statue d'un poilu debout au repos et d'une bretonne avec feuilles de laurier à la main.
Monument aux morts de Bailleulval (62), pierre de Belgique
Voir les liens :
http://www.commercy.org/euville.htm
https://www.biblio.univ-evry.fr/memoires/2008/2008_MM2_Histoire_Beauhaire_T1.pdf
http://www.jlfrance.net/pages/lorraine/carriere-d-euville-meuse.html
https://www4.ac-nancy-metz.fr/base-geol/fiche.php?dossier=006&p=3descrip