Des poilus dans le catalogue des fondeurs
Mots-clés :
fondeurs, fonderies, Val d'Osne, Edouard Rombaux-Roland, A. Durenne, Hector JACOMET, G. Gourdon, GUICHARD Edmond, Vaucouleurs, Fonderies de Tusey, Gaudier-Rembaux, Poilus, monuments aux morts, Pourquet, sculpteurs, Jules Déchin,
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Plus de 30.000 monuments aux morts sont érigés sur tout le territoire, la majorité entre 1920 et 1925.
Quinze monuments par jour sont inaugurés dans les trois premières années d’après-guerre.
La loi du 27 avril 1916 porte la création d’un diplôme d’honneur des soldats morts pour la Patrie.
Ci-dessous la reproduction du diplôme de Paul Martinage.
Les groupes d’anciens combattants deviennent une force politique et morale très influente dans les années 1920-1930.
Ils revendiquent la célébration de leurs camarades morts au combat par des actions à l’échelon local et national.
La loi du 25 octobre 1919 sur « la commémoration et la glorification des morts pour la France au cours de la Grande Guerre » établit le principe d’une subvention aux communes qui envisagent d’honorer le souvenir de leurs disparus.
Le montant de la subvention de l'Etat, est fixé par la loi de finances du 31 juillet 1920. Il est proportionnel au nombre de pertes humaines subies par la commune et à la richesse de cette dernière.
La loi du 29 avril 1925 interrompt le dispositif des subventions.
La loi du 24 octobre 1922 fait du 11 novembre un jour de fête nationale.
Toutes les communes de France veulent honorer leurs morts pour la Patrie en édifiant un monument sur lequel apparaîtront les noms des martyrs.
Pour la réalisation, il faut suivre une procédure particulière, choisir un comité d’érection, engager des fonds, choisir l’auteur du monument, …
Le choix de l'artiste est du ressort du comité. Le plus souvent, il s'oriente sur un artiste local déjà réputé, qui a été formé dans un atelier reconnu. Le comité peut décider aussi d'organiser un concours, la plupart du temps réservé à des artistes régionaux. Rarement, mais pour des projets d'envergure dans les grandes villes, le comité lance un concours de portée nationale. La renommée de l'artiste compte de manière décisive dans la sélection du maître d’oeuvre.
Le projet de construction doit faire l´objet d´une délibération du conseil municipal. Celle-ci est soumise à l’approbation préfectorale. Le projet doit ensuite recevoir l´accord d’une commission d´examen créée au niveau départemental pour veiller à l´esthétique des productions.
Pour le choix du "Poilu" la plupart des communes font appel à des fonderies.
Les fonderies vont proposer des Poilus sur catalogues, c'est ce qu'on appellera, le marché de la mort.
Le Poilu est présent dans la moitié des communes.
Les fondeurs proposent des poilus en ciment (1.800 à 2.400 F) ou en fonte (3.500 à 4.500 F) avec un enrobage de bronze (épaisseur de cet enrobage ?).
Les sculpteurs proposent des poilus en granit de kersanton-kersantite, en grès, en calcaire, en marbre blanc (8.000 à 12.000 F).
Les poilus des fondeurs pèsent entre 400 et 500 kg pour une hauteur de 1,60 à 2,15 m.
Les 2 modèles les plus vendus sont :
- Le poilu au repos d'Etienne Camus à 700 exemplaires
- Le poilu triomphant d'Eugène Benet
Les principales fonderies
Les fonderies vendent des effigies en fonte de fer ton bronze patiné (rarement en bronze), ou ton pierre, ou peintes en couleurs naturelles, tirées en série à partir de modèles d'artistes dans les fonderies d'art du Val d'Osne, Durenne et Tusey, entre autres.
Les poilus du sculpteur Charles-Henri Pourquet rencontrent un vif succès, tout comme le "soldat mourant" de Jules Déchin, fondu par Durenne, ou le "poilu au repos" d'Etienne Camus, produit aussi bien par la fonderie Tusey que par l'établissement E. Guichard et Cie.
- Marbreries Générales Gourdon, à Paris
- Fonderies du Val d'Osne à Paris (siège) et Osne-le-Val, Haute-Marne (usines)
- Etablissements artistiques Edmond Guichard à Castelnaudary, Aude
- Fonderies de Tusey près de Vaucouleurs, Meuse
- Etablissements métallurgiques Antoine Durenne fondeur à Paris (siège), Sommevoire et Wassy, Haute-Marne (usines)
- Etablissements métallurgiques Antoine Durenne à Sommevoire (Ht-Marne) et Bar-le -Duc (Meuse)
- Fonderies Corneau-Deville à Charleville, Ardennes
- Fonderie Salin à Dammarie-sur-Saulx, Meuse
- Société Grannitière Gaudier-Rembaux à Aulnoye, Somme
La fonderie du Val d'Osne
En 1878, le Val d'Osne rachètera le fonds, de modèles de la fonderie d'art Ducel et l'intégrera dans ses catalogues. Repris par la fonderie d'art Durenne en 1931, le Val d'Osne fermera ses portes en 1986. Le personnel, les savoir-faire et une partie du fonds de modèles seront repris par la fonderie d'art GHM.
Présentes dans le monde entier (une soixantaine de pays et une centaine de villes recensées à ce jour), les productions du Val d'Osne forment aujourd'hui une collection universelle, qui entre dans les musées et fait l'objet de mesures conservatoires.
Planches du catalogue de la fonderie Val d'Osne, 1921
Il fallait compter 4.800 francs pour une statue de poilu en fonte bronzée et 2.000 F pour un simple buste de poilu à la fonderie du Val d’Osne (tarif de 1921).
Fonderie du Val d'Osne, catalogue 1921
Voir les liens :
http://e-monumen.net/categorie/volumen/val-dosne-monuments-aux-morts/
http://www.monumentsauxmorts.fr/cariboost1/crbst_356.html
L'entreprise Edouard Rombaux-Roland, Jeumont.
ROMBAUX-ROLAND (Jeumont) : Maison fondée par Edouard Rombaux-Roland, et possédant des carrières de «granit de Belgique » à Ecaussines et à Soignies ; à l´époque des commandes de monuments aux morts, gérée par la veuve et son fils Léon.
Communes commanditaires : Athies, Buire-Courcelles, Damery, Ennemain, Estrées-Mons, Fieffes, Lesboeufs, Liancourt, Licourt, Marquaix, Mesnil-Martainsart (x 2), Mons-en-Chaussée, Montigny-les-Jongleurs, Montrelet, Morcourt, Plessier-Rozainvillers, Pys, Roisel, Saint-Quentin Lamotte, Sancourt, Soyécourt.
Planches d'obélisque
Catalogue Edouard Rombaux-Roland, 1 er janvier 1923
Granit bleu de Lanhelin (35)
Voir le lien :
http://www.monumentsauxmorts.fr/cariboost1/crbst_354.html
Société Grannitière Gaudier-Rembaux, Aulnoye (80)
Communes commanditaires :
Andainville, Aumatre, Beauchamps, Behencourt, Bernaville, Berteaucourtlès-Thennes, Bonneville, Bouvaincourt-sur-Bresle, Breilly, Brouchy, Cagny, Canaples, Candas, Chilly, Cocquerel, Dargnies, Dreuil-lès-Amiens, Embreville, Estrées-en-Chaussée, Fresnoy-Andainville, Fricamps, Gueschart, Hornoy-le-Bourg, Jumel, Lanchères, Maizicourt, Le Meillard, Miraumont, Moislains, Molliens-Dreuil, Monchy-Lagache, Naours, Revelles, Saint-Maulvis, Salouel, Sorel-le-Grand, Tours-en-Vimeu, La Vicogne.
Planche du catalogue Sept 1921, N° 2055
Poilu au fusil levé
Monument en marbre de Carrare de Beauchamps, Somme
prix du poilu : 8.500 Fr
Prix total du monument : 12.700 Fr
Ansouis, Vaucluse
GUICHARD Edmond, Fonderie de Castelnaudary
Cette fonderie située à Castelnaudary (Aude) a produit, après la guerre de 1914-1918, le célèbre Poilu "Montant la Garde" créé par le sculpteur E. Camus.
Ce modèle a été produit concurremment par la fonderie de Tusey (Meuse).
Les établissements métallurgiques Antoine Durenne
"buste de poilu" n° 503 de la page du catalogue Durenne
Monument aux morts de St-Suzanne (53270)
Scuplture d'Eugène Benet fondue par les Etablissements Durenne
Planches du catalogue de la fonderie A. Durenne, 1921
Extraits de l'album N°8, 1921
Statue dénommée : Poilu Armistice, 11 novembre 1918
Oeuvre de Jules Déchin
Voir les liens :
http://e-monumen.net/categorie/volumen/durenne-monuments-aux-morts/
http://www.monumentsauxmorts.fr/cariboost1/crbst_139.html
Établissements Hector JACOMET de VILLEDIEU dans le Vaucluse.
Installés dans le Vaucluse à Villedieu, ces établissements se consacrèrent exclusivement à l'édition de ce poilu sculpté par Etienne Camus (1867-1955) dont le succès n'eut d'égal que celui de Bénet ou de Pourquet.
Ce poilu au repos connu une grande diffusion : au moins 680 exemplaires recensés.
Cette fonte existait également en version peinte, ce qui accentuait le réalisme.
Oeuvre d'Etienne Camus,
produit aussi bien par la fonderie Tusey que par l'établissement E. Guichard et Cie.
Tinténiac (35)
Isfron, Le Poilu au repos, les deux mains sur le fusil.
Chitray (36), Le Poilu baïonnette au canon
D’un caractère exclusivement commémoratif de gloire et d’héroïsme, ce monument est de nature à satisfaire tous les goûts et toutes les tendances.
Qu’il soit érigé sur une place publique, dans un square ou au cimetière, il est d’une allure imposante et, dans sa simplicité, ce monument représente exactement ce que l’on veut qu’il représente.
Le projet que nous soumettons conviendra, nous en sommes certains, au plus grand nombre, parce qu’il est grandiose et simple en même temps.
Ce « Poilu » est en fonte de fer ciselée.
Notre modèle est établi dans une seule grandeur de 1 m 60.
Nous pouvons livrer aussi, sur demande, ce même « Poilu », en ton pierre de taille ou peint couleurs naturelles. Mêmes prix et conditions.
La fonte de fer, inutile de le dire, est d’une résistance sans égale. Lorsque la pierre de taille et même le marbre auront subi les altérations du temps, la fonte sera toujours intacte et aussi belle qu’au jour de l’inauguration. Les générations passeront devant le monument sans que la moindre atteinte des intempéries l’ait effleuré, et ceci est un point capital sur lequel nous attirons tout particulièrement l’attention.
Le piédestal peut-être fait sur place, par les tailleurs de pierres ou maçons du pays, avec plus ou moins d’embellissement, selon les ressources dont on dispose.
Nous nous chargeons de l’exécution de tous projets de monuments, sur plan ou croquis donnés, en pierre dure ou tendre ou en marbre : R.F., Palmes, Croix de Guerre en bronze
Patiné garanti. -Plaques de marbre gravées, etc…- Prix et devis sur demande.
Le prix de ce Poilu au repos [les deux mains sur le fusil] est de 3000 francs au 10 juillet 1920.
Voir les liens :
http://lycees.ac-rouen.fr/anguier/memoire/spip.php?article147
http://monumentsmorts.univ-lille3.fr/auteur/205/jacomethector/
http://www.monumentsauxmorts.fr/cariboost1/crbst_352.html
UNION ARTISTIQUE INTERNATIONALE DE VAUCOULEURS, Fonderie de Tusey
Œuvres : Poilu à l'écu (portant les noms des principaux champs de bataille de la guerre)
Pontorson (50)
Les marbreries générales G. Gourdon
Les Marbreries générales Gourdon à Paris ont proposé des monuments pour particuliers, pour collectivités dont des monuments aux morts. Elles pouvaient sous-traiter la fourniture des parties en bronze ou en fonte, sans que les fondeurs apparaissent. La statuaire pouvait être aussi bien française qu’étrangère, italienne, notamment. Un certain nombre de monuments documentés par l’Inventaire des monuments historiques montre cette sous-traitance à Carrare et le recours à des ateliers de sculpture mécanique.
Adresse : rue Poussin à Paris
GOURDON : Marbreries Générales de Paris, dirigées par U. Gourdon ; possèdent des carrières de granit en Bretagne, Normandie, Anjou et Vosges, et des ateliers de sculpture mécanique à Carrare.
Communes commanditaires : Allenay, Beuvraignes, Carrepuis, Le Crotoy (x 2), Curlu, Douilly, Fescamps, Fouquescourt, Hancourt, Hombleux, Marchelepot, Marquivillers, Mont-Saint-Quentin, Neufmoulin, Pozières, Proyart, Saint-Blimont, Saint-Quentin-en-Tourmont, Templeux-la-Fosse.
Productions :
- Ange porteur de lauriers
- Buste de grenadier
- Coq
- Urne
- France remettant une couronne de lauriers
- Médaillon
- Poilu combattant
- Poilu mourant en défendant le drapeau
- Pro Patria
- Victoire
- Victoire soutenant un poilu mourant
Catalogue Gourdon, 1921
Le catalogue des Marbreries générales Gourdon, installées à Paris, propose ainsi en décembre 1921 un large éventail de produits destinés à orner le futur monument aux morts.
En fonction des besoins et des ressources financières de la commune, elles peuvent ainsi lui fournir un panneau d’inscription pouvant recevoir 400 noms de 3 m de hauteur pour une somme allant de 5 500 F (en marbre) à 1 840 F (en pierre et granit silicaté) ; une statue de « Poilu combattant » de 1,95 m de haut coûte 13 400 F en granit, 15 900 F en bronze, 11 900 F en marbre, mais seulement 2 350 F en pierre silicatée ; de son côté, le très demandé « Poilu sentinelle » (2 m) ne se vend qu’en marbre, pour 10 800 F ; encore faut-il y ajouter quelques ornements tels qu’une « croix de guerre » (4 800 à 1 560 F), une « palme avec couronne » (900 à 180 F), sans oublier les chaînes destinées à entourer le monument (50 F le m).
Projets de monuments
Voir le lien :
http://www.fontesdart.org/fonte-d-art/les-themes-de-la-fonte-d-art/79-monuments-aux-morts.html
Poilu mourant défendant le drapeau
Tarif, décembre 1921
Entreprise basée 33 rue Poussin à Paris et dirigée par Urbain GOURDON qui signa un certain nombre des oeuvres éditées par son entreprise.
Cette firme avait à son catalogue plusieurs dizaines de modèles qu’elle réussit à vendre à plus de 500 communes.
Elle a ainsi fournit Azé, Changé, Craon, Jublains.
Une statue de 1,50 m en marbre représentant “La France Victorieuse” était vendue 7.500 Francs,
“Le Poilu mourant en défendant le Drapeau” se négociait à 8.800 Francs franco de port, emballage en sus.
Le Crotov
Voir le lien :
http://www.monumentsauxmorts.fr/cariboost1/crbst_353.html
Ornements les plus courants
- la couronne de feuilles de chêne (ou la branche de chêne), symbole des vertus civiques
- la couronne de feuilles de laurier (ou la branche de laurier), symbole des vertus militaires
- la palme de victoire en métal ou gravées dans la pierre
- la croix de guerre 1914-1918, plus ou moins épurée au point de n'être parfois qu'une simple croix pattée
Le poilu lui-même peut être représenté, en buste ou à la taille réelle (avec son équipement, et dans diverses attitudes).
Assez souvent, peuvent figurer des civils (tels qu'une femme veuve et un(e) enfant) penchés sur une tombe ou tenant un bouquet.
Ponctuellement, le civil représenté peut être muni d'un signe particulier en référence à la région ou à une activité spécifique, générale (comme une charrue tirée par un cheval évoquant de toute évidence le monde agricole), ou bien plus précise, comme un outil (un louchet à tourbe à La Faloise).
Le coq est un des motifs assez fréquents parmi les ornements des monuments aux morts de France. Le coq était le symbole des Gaulois. Au début du 20e siècle, il représente la patrie.
Il peut être représenté :
- de face ou de côté
- les ailes plus ou moins déployées
- en train de chanter ou pas
- perché éventuellement sur une sphère
- dominant le sommet pyramidal de l'édifice en forme d'obélisque.
Le casque Adrian représente les soldats français, les poilus.
Il est le symbole de l'invisibilité, de l'invulnérabilité et de la puissance.
La coronne de chêne : le chêne est le symbole universel de la force, de la puissance, de la majesté, de la longévité et de la résistance.
Le rameau d'olivier : il est le symbole de la paix et de la gloire.
Il est souvent associé à une colombe.
Les monuments aux Morts portent rarement des marques religieuses, mais la croix de Guerre apparaît sur 1/3 des monuments.
Elle rappelait la croix aux catholiques mais était pour tous une décoration, un honneur officiel rendu aux combattants (médaille remise aux soldats valeureux).
Les palmes sont le symbole du martyre. Elle représente la mort.
On plaçait une palme sur les cercueils des défunts.
C'est une sorte de vase qui contient généralement les cendres d'un mort.
Sur les monuments aux morts, l'urne symbolise la mort.
Voir les liens :
https://www.monumentsauxmorts1418somme.com/menu/
https://e-monumen.net/patrimoine-monumental/tusey/
http://monumentsauxmorts.fr/crbst_137.html
Monument aux morts insitu 11551
http://www.monumentsauxmorts.fr/